Triangle rouge – passage d’un livre en construction.

Attention, passage douteux, limite horrible:

J’ai de la peine à me souvenir de la première fois que j’ai accroché ce petit triangle rouge au revers de ma veste, acheté au sortir d’une représentation théâtrale sur le thème des camps. Il suffit que je dise camps, généralement, pour que la profondeur qui l’englobe transperce. Il n’y a aucune souffrance qui peut l’emporter sur celle-là ; toutes les douleurs qui ont précédé, toutes celles qui ont suivi, sont écrasées par celles que ce terme implique. L’ironie est que la pièce que j’avais vue parlait des homosexuels enfermés et massacrés par les Nazis, et non des juifs. Des homosexuels qui étaient, même aux yeux des autres prisonniers, comme des gardes, considérés comme les pires sous-hommes qui puissent exister (si l’on excluait, pour les gardiens, les Slaves). Je n’ose imaginer l’état d’esprit de ce juif homosexuel et communiste qui se connaissait des ascendances tziganes ou slaves. Si en plus il souffrait d’un handicap quelconque… Et s’il avait le malheur d’être une femme… Se peut-il que celle-là souffrît d’une souffrance plus grande encore que celles et ceux qui passaient les barrières des camps pour la dernière fois.

Des âmes pures prétendront sans doute que ce passage était au mieux maladroit, au pire révélateur de l’état d’esprit « rouge-brun » qui ne manque pas d’être latent chez quelqu’un qui traine entre deux eaux, malodorantes, anti-démocratiques, souillées de cet anti-parlementarisme qui nous caractérise si bien, nous, les extrémistes, les radicaux… De dérives en dérives, je me fermais aussi aux cercles de la contestation, du moins celle qui se voulait acceptée -et peut-être pas si contestatrice que cela.

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