Souvent, je réfléchis aux situations actuelles « comme si » j’étais un de mes collègues du futur. Et je me pose la question: mais comment les gouvernements ont-ils pu s’aligner sur une position de principe complètement dépassée pour laisser un « allié » détruire une société dominée et pratiquement sans défense?
(Rassurez-vous, je me pose ce genre de questions pour bien d’autres situations dans bien d’autres pays, y compris le mien)
Nous nous posons parfois la question du manque de réactivité des gouvernements entre 1933 et 1939, 1940, 1941… 1943, 1944 pour les plus lents.
Mais nous avons la réponse sous nos yeux:
– très peu de représentantes ou représentants sont prêts à faire partie de ce convoi de lanceuses et lanceurs d’alerte qui se sont pris des accusations d’antisémitisme dès le 8/10 pour les raisons les plus OBJECTIVEMENT mauvaises;
– les Etats alliés d’Israël sont bourrés d’assoc’ chargées de défendre les intérêts de « la seule démocratie du Proche-Orient » (voire jusqu’au Moyen-Orient et pourquoi pas jusqu’en Extrême-Orient, soyons fous!), càd des organisations de défenses des intérêts X ou Y…
– les pires à mes yeux: les « amis d’Israël », dont le seul objectif est de défendre des positions commerciales, industrielles, financières, quand bien même ce serait dans le sang de millions de personnes.
Fait est qu’entre 1933 et 1939, 1940…, ces éléments, avec des petites variantes, existaient déjà… La variante la plus grosse étant « le nazisme nous défend contre le communisme ».
Résultat: une guerre de 80 M de morts, et un génocide a presque mis fin à l’existence d’un peuple en Europe; paradoxe des paradoxe, ce sont des descendantes et descendants de ce peuple qui aujourd’hui sont sur le banc d’infamie. Heureusement, c’est loin d’être une position générale… Honneur et force aux Refuzniks, aux journalistes, aux historiennes et historiens, aux penseuses et penseurs, et à toutes et tous les anonymes qui manifestent contre l’action du gouvernement qui affirme les représenter – « Not in their names! »
Aujourd’hui, mes collègues qui travaillent sur la Shoah sont strictement limités par des lois mémorielles dans de nombreux pays, ce qu’ils et elles dénoncent régulièrement: l’histoire n’a pas besoin de loi pour être défendue – au contraire, nous avons besoin de pouvoir remettre en question toutes les données, c’est important, comme n’importe quelle science, dans l’intérêt même de la vérité, qu’importe si quelques malades en profitent pour nier l’existence de la Shoah, car l’histoire finira par l’emporter, de même que ce ne sont pas quelques platistes qui parviendront à retourner la rotondité relative de la Terre.
Des lois qui interdisent la remise en question de faits historiques sont autant de précédents dangereux qui permettent aujourd’hui à des imbéciles et des crapules de proposer qu’il soit interdit d’utiliser le terme « génocide » pour évoquer la situation actuelle en Palestine.
Ces trois dernières années en particulier, mais en fait aussi ces 6 dernières décennies, nous avons assisté, historiennes et historiens, à un exercice de falsification de la vérité qui ne résistera pas au travail de nos collègues du futur.
Inquiétez-vous, membres des gouvernements du monde, car vous serez bien plus dénoncés que Daladier et Chamberlain; eux au moins ont tenté le coup.
Vos atermoiements, votre passivité devant les livraisons d’armes, votre refus de considérer les déclarations d’instances importantes, comme les historiens israéliens Pappé, Goldberg, la rapporteuse de l’ONU Albanese, Amnesty International, etc., etc., votre complicité.
Vous aviez tout en main pour arrêter le massacre.
Vous ne l’avez pas fait.
L’histoire vous jugera.
Peut-être que vous vous en foutez.
En attendant, n’imaginez pas que nous nous soumettrons au « ministère de la Vérité ». Il y a trop de preuves. Vous êtes fichues, vous êtes fichus.