La Crise, c’est normal, nous dit le bon docteur

Suite des posts précédents sur la crise…
Les réflexions de Deng Xiaoping,
Les plan économiques et nous,
Les riches et eux,
Le socialisme et les riches (encore eux),
Le libéralisme et tout ça

Une autre perle : la crise fait partie du système, il s’en nourrit, il s’en sert pour se perfectionner et devenir chaque fois plus fort. Combien de fois ne l’ai-je pas lu, cet autre poncif. Dernièrement, c’est Antonio Delfim Netto, conseiller de Lula, qui nous a sorti cette petite vérité toute faite dans le CartaCapital du 22 octobre1. Pour avoir été ministre sous la dictature juste avant la crise de 1973 et pour être parti avant la fin du « miracle économique du Brésil », il sait sans doute de quoi il parle.

Eh quoi ? Selon ce genre de théorie, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Serait-ce de nouveau une métaphore du genre vaccin qui nous blinde contre le microbe ? Mais alors, de crise en crise, comment se fait-il que nous ayons toujours un milliard de personnes continuellement menacées par la faim2 ? Et surtout, comment expliquer que la crise de 1973 nous ait amené à tout déréguler, après que celle de 1929 nous a au contraire incité à tout réguler, et que maintenant on en revienne à des solutions interventionnistes, tout en sachant parfaitement bien que c’est le système qui est malade, et non ses circonstances qui sont difficiles.

Et donc, M. Delfim Netto en est à se réjouir que les crises soient structurelles au système, et de ce qu’elles existent pour renforcer un appareil qui a fait multiplier le PIB des USA 50 fois depuis 1790 -Tout en notant qu’il a bien grimpé sous la guerre civile et la Première guerre mondiale et qu’il a carrément explosé pendant la Deuxième, selon les propres sources de ce personnage. Il faut le faire, évidemment, mais déblatérer ce genre de choses est sans doute plus facile depuis sa retraite dorée que d’un siège d’employé ou d’un poste de soudeur dans une usine

Un autre gugusse, catalogué à gauche (‘fin, au centre-gauche, mais qui est de gauche de nos jours?) par wikipedia, c’est l’économiste français Élie Cohen, qui avait sorti de belles tirades en août 2007.
Parmi lesquelles:

Il faut s’habituer à l’idée qu’elles ne constituent pas des cataclysmes mais des méthodes de régulation d’une économie mondiale que l’on n’arrive pas vraiment à encadrer par des lois ou des politiques.

que l’on peut retrouver à la fois dans le Nouvel Obs et sur Challenges, qui publiaient exactement la même entrevue (comme quoi, on peut se prétendre magazine de gauche et fôlatrer avec l’économie suisse).

Dire que la crise est une bonne chose, c’est rien moins que criminel, surtout pour ceux qui, dans le monde, ont vu le prix des denrées exploser sans alternative, et qui ont été les premiers à se prendre la crise sur la tête, avant les courtiers et les banquiers, qui continuent à vivre gentiment dans des cités dortoires occidentales. Certes, ils devront peut-être revendre l’un de leurs vehicules ou hypothéquer leur seconde résidence. Mais, franchement, je ne vois toujours pas pourquoi j’irais les plaindre. Les moins chanceux d’entre eux devront sans doute renoncer à leur retraite à 45 ans pour la retarder jusqu’à 50. La belle affaire, quand dans le monde la plupart des gens travaillent jusqu’à la mort et ne savent même pas ce que signifie épargner…

Le système se nourrit de la crise et celle-ci le rend plus fort…

On en a décapité pour moins que ça en 1793… On en a fusillé pour bien moins en 1917 et en 1936…

Et si je continue ce post, je serai probablement arrêté pour incitation au crime…

  1. Et il l’a répétée dans celui du 12 novembre. []
  2. Même que selon la FAO, ce repère de gauchistes, évidemment, ça augmente. []

One Response to “La Crise, c’est normal, nous dit le bon docteur”

  1. skalpa Says:

    Une petite image?
    http://img375.imageshack.us/img375/7944/revolutionjo9.jpg

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