Un journal qui vaut le coup…
Un appel à ceux qui parlent un peu ou beaucoup italien…
Je vous écris d’Italie. L’Italie dont vous n’avez sans doute d’échos bien vivants que trop souvent par l’intermédiaire de la Rai ou de l’un ou l’autre quotidien bien établi. Une Italie que l’on moque trop souvent entre les berlusconeries, Parmalat, la corruption et les fausses blondes aux dents blanches.
L’Italie est trop loin pour se défendre, quand on vit en Belgique -ou ailleurs. Pourtant, il y a largement moyen de dépasser les bêtises de la télévision et l’horizon limité du Corriere della Sera ou de la Gazzetta dello sport.
Depuis 35 ans, le Manifesto relate l’Italie de façon critique, enjouée, plaisante et sérieuse. Journal indépendant des partis (bien que se déclarant “Quotidiano Comunista”, il s’est créé en dehors du Parti Communiste de l’époque et a chèrement défendu son autonomie), il n’hésite pas à défendre des points de vue différents, à mettre en évidence certains côtés de l’Italie que les courants autorisés ne veulent pas trop promouvoir (la lutte du Val de Susa ou l’affaire Calipari, par exemple).
Le Manifesto est probablement l’un des seuls journaux professionnels au monde, aussi, à se targuer d’un salaire identique pour tous ses employés (pas très élevé, mais raisonnable) et à se prévaloir d’un fonctionnement entièrement démocratique, non fondé sur l’actionnariat.
Journal d’une grande qualité, il bénéficie d’une estime comparable à celle du Canard Enchaîné en France, par exemple, seuls à ma connaissance à tenir la distance au niveau critique, qualité, mais aussi capacité. En effet, les journaux indépendants d’investigation sont rares, à l’instar du Manifesto ou du Canard Enchaîné, à avoir été capables de durer aussi longtemps (pas loin de cent ans pour le Canard) et à proposer des informations aussi larges. Le Manifesto a réussi le pari du quotidien critique et acerbe, sans être univoque. On n’hésite pas à y trouver des voix différentes, plus ou moins modérées, plus ou moins radicales.
Pourquoi est-ce que je vous parle de ce journal, moi qui ne suis pas Italien, et pourquoi maintenant? Je n’y ai aucun intérêt particulier, en fait, sauf un seul: j’apprécie ce journal et ce dont il est capable; or, il est aujourd’hui menacé de disparition. Ce n’est certes pas la première fois que le Manifesto subit une crise financière. Et quand on connaît les problèmes de Libération (désormais propriété de Rotschild) ou les difficultés que subit la presse quotidienne en Belgique (toujours plus molle et plus consensuelle, elle aussi), on ne s’étonne pas.
Aider ce journal à survivre, et surtout à assurer toujours la même qualité d’information et de débat, c’est quelque part s’aider soi-même. S’aider à conserver dans ce monde de plus en plus uniforme et de moins en moins critique.
C’est pour l’aider que je vous envoie cette information, afin de vous proposer de vous abonner ou de soutenir le journal comme vous le pouvez. Le Manifesto a lancé une campagne de souscription. La meilleure façon de le soutenir est probablement encore de s’abonner. De Belgique, le plus facile est de souscrire à un abonnement par internet et par carte de crédit. Un abonnement classique (pour recevoir le journal chez vous) coûte malheureusement très cher. Mais recevoir le Manifesto au sein d’un groupe, d’une locale, d’une équipe, peut être une option intéressante. Le Manifesto est une source d’informations à partager, un excellent journal qui permet d’en savoir plus et plus profondément sur la vie italienne, mais aussi sur le reste du monde.
Je vous invite, vous qui êtes sur internet, à vous rendre sur leur site: www.ilmanifesto.it