L’Union contre les peuples – glossaire et bibliographie

May 28th, 2019

Voilà, on est tout près de la publication. Notre livre sur les Traités de l’UE, leur critique et nos propositions est presque fini. Enfin, presque… M’ouais…

La publication se fera en deux fois: une fois sur le net (ici) et une fois sur papier (éditions Le Cerisier).

La version internet sera probablement plus complexe, plus fouillée, mais aussi peut-être moins lisible. J’attends vos commentaires, soit par e-mail (thierry1thomas arobaz gmail point com), soit sur un réseau social quelconque où on s’est déjà rencontrés. Au fond, tout commentaire pourra être utile pour améliorer la version finale sur papier.

Je vais commencer par… la fin. Pourquoi? Parce qu’il s’agit du glossaire et de la bibliographie, lesquels sont indispensables pour lire l’ensemble. En effet, vous aurez l’occasion de le voir, nos définitions ne sont pas nécessairement les vôtres.

Voici donc le glossaire et la bibliographie de notre livre à paraitre.

A propos, on cherche toujours un titre

Le prochain post sera consacré à la table des matières, également très importante, en ce qu’elle vous permettra de me proposer de publier d’abord tel ou tel passage, sachant que tous les chapitres sont déjà écrits.

Pour les illustrations, elles sont toutes de moi et elles risquent fort de passer à la trappe dans le livre.

C’est peut-être pas plus mal 🙂

L’Union Européenne dans ses oeuvres

May 14th, 2019

Voici en lien et en pdf les dernières pages du livre que je suis en train de terminer.
Etant donné qu’il doit encore être retouché dans tous les sens, ce n’est sans doute qu’une version alpha ou béta, comme disent les informaticiens.

Je terminais ici par un exemple frappant de l’inutilité de l’UE, voire de son caractère contre-productif, quand il s’agit d’avancer sur le thème de l’environnement ou du social à l’échelle internationale.

L’UE s’assied sur les paysans comme sur l’environnement (test pdf)

toute référence, etc.

April 28th, 2019

Fin juin 1789 : des soldats des Gardes Françaises, accusés d’insubordination, sont enfermés dans l’Abbaye et le bruit court dans la population qu’ils pourraient être envoyés dans la terrible prison de Bicêtre.

Une foule envahit l’Abbaye et libère les prisonniers. Sous la menace d’une intervention militaire pour les récupérer, une députation de citoyens de Paris se rend à l’Assemblée pour lui demander d’interférer auprès du roi.

La cour est accusée d’être à l’origine de ces violences. La députation envoyée auprès du roi réclame sa clémence.

Le roi accorde sa grâce, mais, dans son discours, en profite pour associer l’Assemblée aux violences à venir. Ainsi, le pouvoir exécutif dit à son opposition: si des violences surviennent, je vous en accablerai.

8 juillet: le roi renvoie tous les ministres modérés : Necker, Montmorin, Saint-Priest, la Luzerne. Selon Jaurès ((Histoire socialiste de la Révolution socialiste.)), le roi ne peut pas ignorer l’effet qu’aura le renvoi de Necker sur la population, car il est très populaire.

Jean Jaurès estime dès lors que, ce faisant, c’est le roi qui est responsable des violences qui viendront dans les jours suivants. Il rassemble des troupes autour de Paris qui agitent la population, laquelle, énervée, se lancera sur les barrières autour de Paris qui avaient été construites pour lever des impôts sur les denrées qui y rentraient. Le même jour, Camille Desmoulins et d’autres orateurs haranguent la foule afin qu’elle s’arme contre les troupes rassemblées.

Dans les deux jours qui suivent, les Parisiens vont chercher des armes et tenter de prendre la poudre qui se trouve dans la Bastille.

C’était un certain 14 juillet… L’événement qu’on sait.

Citoyenneté fiscale

April 15th, 2019

Je faiblis sur les titres au fur et à mesure que je me sens plus fort dans les concepts. Si quelqu’un se sent de m’envoyer un bon titre, n’hésitez pas à m’écrire…

Horizontales et verticales

Du diable si je me serais attendu à traiter de ce sujet il y a encore dix ans. Mais depuis lors, je suis passé par le Brésil libéral -et on voit ce que ça donne.

J’ai vieilli sûrement.

La réalité de l’Union Européenne m’accable aussi de plus en plus. La toute petite chance qu’elle pût être porteuse d’une démocratie internationale et sociale -mais vraiment toute petite-, n’a jamais existé. C’est une immense tromperie. Il est temps que notre fibre sociale et internationale s’en rende compte.

Il n’y a pas d’Europe sociale à espérer. Ni d’Europe démocratique. Ni même d’Europe.

Alors, la plus horizontale, la plus valable possible des réalités démocratiques doit être envisagée. La plus sociale aussi. Pour qu’une telle chose puisse avoir lieu -pour que la démocratie puisse être réelle, juste, sociale, horizontale, et qu’elle corresponde aux besoins de la plupart des gens-, je crains que l’anarchie ne soit pas la solution.

Je ne dis pas que la nature humaine ne puisse la supporter, non, puisque je la supporte et que je suis humain. Je connais plein de libertaires et d’anarchistes. L’anarchie est donc une réalité. Mais elle n’est pas généralisable à l’humanité entière.

La nationalité, c’est le fait de faire partie de la nation

La nation est un concept vertical, évidemment. Cependant, il s’agit d’un mécanisme à double entrée.

Première entrée: la lutte contre le nationalisme est légitime lorsqu’il déborde et devient impérialisme. Cependant, on peut s’interroger sur la légitimité de la translation “nationalisme” => “impérialisme”. Je suggère de ne pas en discuter ici.

Deuxième entrée: à l’origine, le nationalisme était un véritable progrès historique. La nation était l’ensemble des individus associés sous un seul terme; ils se distinguaient à la fois négativement -par rapport aux autres nations-, mais aussi positivement -en ce qu’ils jouissaient de la même qualité. Le développement de la nation est donc un facteur d’égalité.

Il n’y a pas à dire: s’il y a bien un phénomène dont nous sommes redevables à la Révolution française, c’est bien de la réalisation de ce que tout le monde peut participer à la réalité politique et sociale de la nation.

Et quand je dis tout le monde, c’est tout le monde.

La nationalité, c’est la citoyenneté

Article 4 de la Constitution de 1793. – Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; – Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année – Y vit de son travail – Ou acquiert une propriété – Ou épouse une Française – Ou adopte un enfant – Ou nourrit un vieillard ; – Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’humanité – Est admis à l’exercice des Droits de citoyen français.

Les femmes n’étaient malheureusement / évidemment pas incluses dans l’exercice politique. Le patriarcat ambiant n’y avait pas préparé la plupart des révolutionnaires ((Mais contrairement à ce que l’on a l’habitude de penser, les plus progressistes dans le domaine n’étaient pas les Girondins. Robespierre avait plaidé pour le vote “par feu” -c’est-à-dire par foyer, ce qui signifiait que dans de nombreuses localités les femmes étaient souvent admises au vote lorsque le foyer était monoparental. Il faut aussi noter qu’en cela il n’innovait pas: la coutume donnait fréquemment l’occasion aux femmes de s’exprimer. Ce qui nous amène d’ailleurs sur un autre sujet, abordé par François Bégaudeau: la démocratie se fait-elle dans le silence de l’isoloir ou dans la délibération collective?)). Cependant, on notera le caractère novateur de cet article: le citoyen n’est pas celui qui est né sur le sol de la patrie, mais bien celui qui s’y rend utile pour la collectivité.

Pourquoi se limiter à “vingt et un ans accomplis”? Les “young for climate” sont en train de nous montrer qu’il y a plus à attendre de leur génération que de toutes les boules de billard qui pourraient remplacer Charles Michel.

La grande Révolution réunissait en 1789 des ressortissantes et ressortissants de nombreuses origines différentes: Suisses (comme Jean-Paul Marat), Anglais (Thomas Paine), pré-Belges (le fantasque Cloots), pré-Italiens (tel Philippe Buonarotti), etc. Théroigne de Méricourt aussi venait de chez nous.

Ils étaient reconnus ‘nationaux’, elles étaient reconnues nationales, parce qu’ils s’étaient engagés dans la Révolution qui venait, parce qu’elles agissaient pour la République.

Aujourd’hui, celle ou celui qui paie ses impôts contribue à l’enseignement des enfants et au paiement des pensions. De fait, il ou elle vit de son travail -au pire, travaille à en trouver -mais en attendant paie bien des impôts de toute façon -et agit pour la collectivité. Qu’est-ce qui justifierait de ne pas l’intégrer à la vie politique?

Le paiement de l’impôt, c’est la condition de la citoyenneté

Je me fais l’écho de Frédéric Lordon qui pose souvent le débat de la nationalité -et pour lequel on l’assimile parfois au camp “rouge-brun”.

Dans le livre “La Malfaçon. Monnaie européenne et souveraineté démocratique”, publié chez Babel ((Après Les Liens qui libèrent.)) en 2015, il pose comme base de la citoyenneté le fait de payer des impôts. Qui ne paie pas d’impôts (il prenait l’exemple, pour la France de Bernard Arnault, Jérôme Cahuzac, Johnny Hallyday et Gérard Depardieu) devrait être privés de la nationalité française, alors que Mamadou et Mohammed qui triment et paient leurs impôts régulièrement en dépit de leur naissance étrangère, eux, devraient en bénéficier automatiquement.

Ainsi, qui paie ses impôts sur l’ensemble de ses revenus (capital et travail réunis) est déclaré citoyenne ou citoyen de plein droit: expression politique, droits civiques, droit aux soins, droit à l’instruction de ses enfants, etc. De fait, au lieu de fixer un âge à l’exercice des droits civiques, on pourrait tout simplement l’associer à la paperasse rose saumon sur fond blanc.

A contrario, qui ne les paie pas ou est surpris à ne pas en payer la juste qualité perd ses droits civiques.

Les riches chassés

Si la fiscalité chasse les riches, ou en tout cas celles et ceux dont la cupidité est plus forte que la citoyenneté, cela ne signifie pas qu’elle chasse les talents.

Le talent, c’est l’envie de faire quelque chose. Ca, c’est du Brel. Il faut avouer que c’est balaise. Ce qui nous intéresse, c’est le talent brélien de gauche: l’envie de faire quelque chose pour la collectivité.

Que les fuyards chers et infidèles nous quittent! Nous n’en voulons pas. Si la citoyenneté ne les intéresse pas, les droits et avantages nationaux ne devraient pas plus leur revenir.

Par “nationaux”, nous entendrons “qui se rapportent à la collectivité entendue comme telle par l’ensemble de ses membres”. Je vous avoue que je n’ai pas tiré ça de mon pouce, mais de celui de Shlomo Sand, pour qui peut se définir “peuple” tout ensemble d’individus qui aspirent à être rassemblés comme tel.

Le principe ethnique du peuple ne nous intéresse pas, mais bien celui de choix délibéré des individus à faire partie d’un ensemble, quel que soit le nom que l’on donne à cet ensemble. Communauté, collectivité, cité, pays, peuple, nation…

La légitimité de cet ensemble repose sur le désir d’en faire politiquement partie -rien d’autre. L’histoire, la religion, la géographie devraient au mieux être seconds.

Le talent de la citoyenne et du citoyen, c’est le désir d’appartenir à la cité et d’exprimer ce désir par le fait de participer pleinement à son existence par le juste retour sur les avantages qu’il en retire, retour exprimé, dans mon esprit, sous forme de l’impôt sur l’ensemble de ses revenus. En toute égalité.

Les riches refusant de passer à la caisse auront d’ailleurs une récompense à la mesure de leur civisme: un jet de catapulte vers la mer. Sans yacht ni bouée.

“Qu’est-ce qui est jaune et qui n’attend plus?”

March 18th, 2019

Si on me l’avait dit, je dois avouer que je n’aurais pas cru que le jaune aurait été vraiment la couleur qui m’identifie… Le rouge, le noir, le mauve, oui; à la rigueur le vert… Bon, pas le bleu, sinon celui du ciel… Mais le jaune… Surtout parce que le jaune a un sens symbolique politique fort: c’est la couleur du briseur de grève. Donc, jusqu’au mois de novembre dernier, on ne peut pas dire que ce soit évident.

Bien entendu, c’est aussi la couleur du soleil. De plein de soleils différents.

Mais de toute façon, rien ne prépare l’importance d’une couleur dans l’histoire. Le drapeau français était inattendu, le drapeau rouge pas plus… Alors s’il faut porter du jaune -en plus il est dispo dans la voiture, obligation légale -le ver dans le fruit est toujours caché et le pouvoir porte toujours en lui ce qui le détruira de l’intérieur.

On ne lâche rien.

On ne condamne pas “les violences”, en tout cas pas celles des gens qui portent cette colère. Pas question! La violence, c’est celle du grand patronat et de ses sbires aux commandes.

Il faudrait d’ailleurs qu’ils fassent tout doucement attention: qu’ils préparent soigneusement leurs portes de sortie, parce que je ne garantirais pas que toutes et tous les GJ soient dans le même état d’esprit qu’un Jérôme Rodrigues, qui est capable de rester calme et posé devant des présentatrices et présentateurs de chaines d’information.

On n’a pas affaire aux Nuits-debout, ici, mais bien à des gens qui sont en souffrance. Ce ne sont pas de gentils étudiants qui peuvent alterner une garde à la Bastille (ou ailleurs) et un verre en terrasse. Non, ce sont des gens pour qui les 5 euros de baisse d’APL compte, pour qui une augmentation de taxe carburant est une de trop, ce sont des gens qui pleurent de ne pouvoir engager personne parce qu’ils sont incapables de planquer leur argent en Suisse ou au Luxembourg -et qui ne le veulent pas non plus. Je ne suis pas en train de les dorer -ils l’ont fait tous seuls-, parce qu’il n’y a pas que des anges parmi eux. Mais justement, ce ne sont pas des anges qui ont pris la Commune (anniversaire), ni non plus qui ont mis la Montagne au pouvoir.

Ce n’est pas avec des anges qu’on fait la Révolution, parce que la Révolution est une violence contre une violence.

Il n’y a pas de Révolution s’il n’y a pas une violence qui la déclenche -celle du pouvoir.

Il ne reste plus qu’à attendre, du côté des intellos qui se posent en soutien, une alliance improbable entre Delaume, Plenel, Ancelin, Onfray, Chouard, Mélenchon et les siens,…

Il faudrait qu’ils et elles oublient qu’ils sont devant et qu’ils et elles doivent suivre les GJ, et non pas les précéder. Ca, certains l’ont déjà compris (Perret, Todd, Branco, Pinçon-Charlot et son mari, Bégaudeau, et bien d’autres…).

Arrière-garde d’intellos ((Bon, pas Perret, évidemment.)) pour les soutenir -et surtout pas pour les récupérer!

Et il faut encore que ce soit la France qui montre l’exemple, bordel!

Les limites de l’espace de discussion

February 6th, 2019

Ce qui vient ci-dessous est une hypothèse de travail. Les limites des cercles et des rectangles ne sont pas scientifiques, c’est de l’à-peu-près qui doit être affiné, évidemment. J’ai volontairement évité de mettre des noms de personnes ou de partis.

Par contre, l’UE et ses traités sont là et bien là.

Cliquez pour agrandir:

liberté, égalité, protectionnisme?

December 16th, 2018

Exercice de style.

Comme je suis sur le point de terminer une publication papier, je pose quelques bases, en guise de test.

***

En économie, rien n’est simple, pas plus qu’en politique. Pourtant, s’y intéresser est crucial. Cela nous permet de comprendre le fonctionnement de nos adversaires. Et, avant même cela, de les identifier.

Est-il notre ami, celui qui défend l’ouverture des frontières?

Oui, s’il s’agit des frontières interdisant le passage des êtres humains. Mais qu’en est-il du libéral bleu-noir pour qui toute contrainte au marché des biens et des services est une abomination?

Si par ami on entend l’agréable convive capable de raconter des blagues de bon goût et de faire une critique constructive du dernier film à la mode, c’est probablement un ami.

Si par ami on entend quelqu’un qui nous veut du bien, le doute est permis.

Le libre-échange n’est pas une source d’égalité et de satisfaction des besoins. Le libre-échange est le développement de la concurrence entre toutes les travailleuses et les travailleurs du monde entier. Le libre-échange n’est pas source de prospérité partagée, mais de concentration des richesses entre des mains toujours moins nombreuses et plus égoïstes. Le libre-échange, c’est l’augmentation des opportunités pour celles et ceux qui en débordent déjà. C’est l’occasion de faire pression sur les plus pauvres en les menaçant de délocalisation.

Même au sein des forces conscientes du capitalisme et de la politique dominante, il arrive que l’on s’en rende compte. La conscience du danger que représente le libre-échange est vieille comme le capitalisme anglais. La prospérité de l’empire britannique s’est faite sur un espace séparé du reste du monde. Pareil pour l’empire étatsunien, dont le succès à la fois économique et démocratique fut le fait du parti républicain (anti-esclavagiste et protectionniste) contre le parti démocrate (esclavagiste et libre-échangiste).

1884: “Le parti républicain étant né de la haine du travail d’esclave et du désir que tous les hommes soient libres et égaux , il est irrévocablement opposé à l’idée de placer nos travailleurs en concurrence avec quelque forme de travail asservi que ce soit, en Amérique ou à l’étranger” ((Cité par Serge HALIMI dans Les puissants redessinent le monde, in Le Monde Diplomatique, juin 2014, p. 11. Halimi ajoute: “A l’époque, on pensait déjà aux Chinois.”))

On peut douter de la sincérité du parti républicain, que ce soit à cette époque ou aujourd’hui. Pour autant, le raisonnement tient. Les Chinois utilisés par les compagnies ferroviaires étaient sous-payés et maltraités. Les actionnaires de ces entreprises se gorgeaient sur leur dos pendant que les ouvriers terrassiers étatsuniens végétaient dans le sous-emploi. Le raisonnement se tenait et il se tient toujours: du côté ouvrier, ni les Chinois, ni les Etatsuniens n’y gagnaient.

Nous nourrissons le désir de voir -un jour- l’ensemble des travailleuses et travailleurs du monde entier jouir des mêmes droits et libertés, que ces droits et libertés soient les plus élevés possibles, qu’il n’existe plus de concurrence, que la coopération et l’entraide soient la règle, mais nous savons qu’aujourd’hui l’ordre international, mené tant par l’OMC que par l’ONU, ne permet pas de concrétiser ce rêve.

Nous pensons que, stratégiquement, le protectionnisme social et environnemental est une clé pour le développement humain et mondial. Une clé, pas une solution définitive.

Si un territoire A représente un lieu de marché de consommation pour un territoire B, il nous semble juste que la population A, également productrice, ne soit pas confrontée à une concurrence déloyale, due au fait que la population B, également productrice, soit sous-alimentée, sous-protégée et qu’elle utilise des modes de production moins chers parce que plus polluants.

Qu’on le veuille ou non, poser des conditions à l’importation de biens dans un territoire sous prétexte de protections sociales ou de critères environnementaux, cela s’appelle du protectionnisme.

Qu’on le veuille ou non, la démocratie s’est développée dans des territoires séparés des autres par des frontières. Les empires se développent, autoritaires et expansionnistes. Les démocraties définissent des corps de citoyennes et citoyens, ce qui n’a pu se faire, dans l’histoire, que dans des réalités structurées, relativement étroites, dans lesquelles les gens parlaient un nombre de langues limitées, avaient des critères de fonctionnement social et économique relativement similaires. Les solutions acceptées par une population fonctionnant de manière démocratique tournent autour de concepts établis historiquement, géographiquement et anthropologiquement. On peut -et on doit- les faire évoluer, vers plus de démocratie, plus d’égalité, plus de liberté. On peut même imaginer de les révolutionner, mais cela doit se faire dans l’esprit que nous agissons pour la population, et non contre elle.

La coopération internationale, entre petits groupes, est tout à fait légitime: il est juste et bien de se parler entre syndicalistes de tous pays, de tenter d’aider des forces de résistance qui correspondent à nos idées; de même qu’il est raisonnable et humain de soutenir et d’aider, individuellement, les personnes en fuite ou en détresse, quel que soit le nom que la presse ou les politiques leur donnent.

Mais cela n’a rien à voir avec la diplomatie entre États ou le commerce international. Ce sont des lieux de pensée radicalement différents. Et cela ne signifie pas non plus que nous nous pliions aux règles du plus souple pour faire plaisir aux travailleuses et travailleurs les plus exploités.

Si nous voulons développer des systèmes économiques et sociaux justes, ici et ailleurs, nous ne pouvons pas encourager la concurrence entre ce que nous estimons juste et ce que nous estimons injuste. Nous devons toujours encourager le système le plus égalitaire et le moins impactant sur l’environnement.

Il ne s’agit pas d’interdire les relations commerciales avec des pays moins-disant fiscalement et moins exigeants sur le plan environnemental, mais de les encourager à s’améliorer sur ces points.

***

Mais il y a plus, bien plus.

Comme on l’a vu avec les négociations du TAFTA (qui n’ont à ce jour pas abouti et qui pourraient bien ne pas le faire tant que le camarade Trump reste aux commandes), le libre-échange tend à faire disparaitre (à “aplanir”) les règles de fonctionnement du marché: toute règle est une entrave; moins il y a de règle, plus la concurrence entre les forces productives est importante ((Le TAFTA était autant une menace pour les populations européennes qu’étatsuniennes.)). Les marchés s’ouvrent, mais c’est pour mieux détruire les entreprises socialement et environnementalement plus développées.

Détruire les règles qui entravent le commerce, poser dans le droit international cette destruction, c’est tenter de passer outre la démocratie qui a pour objectif de servir les populations et non l’économie.

Quant aux règles restantes, les grandes entreprises et fonds d’investissement aspirent à ce qu’elles soient arbitrées par des cours indépendantes des États.

Le libre-marché est une menace pour la démocratie.

Mes collègues profs et leur passivité

December 15th, 2018

“Les enseignants, qui constituent l’un des coeurs sociologiques de la gauche, sont faiblement menacés par l’évolution économique. Contrairement à ce que suggère la rhétorique ultralibérale, qui insiste pour que toutes les conduites humaines soient déterminées par l’appât du gain ou la peur de la perte, les professeurs font fort bien leur travail, en l’absence de risque de marché. Mais, n’ayant pas à craindre au jour le jour le licenciement ou une compression de leur salaire, ils ne se sentent pas menacés d’une destruction économique, sociologique ou psychologique. Ils ne sont donc pas mobilisés contre la pensée zéro. Sans être le moins du monde “de droite”, statistiquement, ou favorables au profit des grandes entreprises, ils sont atteints de passivisme et peuvent se permettre de considérer l’Europe monétaire et l’ouverture aux échanges internationaux comme des projets idéologiques sympathiques et raisonnables. Ils ne sont aucunement “bénéficiaires” car, si aucune souffrance économique directe ne les atteint, ils subissent de plein fouet les effets sociaux indirects du chômage, à travers des élèves difficiles, rendus violents par le contexte de décomposition sociale et familiale. L’acceptation implicite de la gestion économique par cette catégorie sociale, idéologiquement et statistiquement beaucoup plus importante que les “bourgeois” ou les haut fonctionnaires, assure la stabilité européiste et libre-échangiste du Parti socialiste, dans ses tréfonds militants et non pas simplement parmi ses dirigeants. On peut ici formuler une prédiction de type conditionnel: si les enseignants viraient sur les questions de la monnaie unique et du libre-échange, la pensée zéro serait, du jour au lendemain, morte, et l’on verrait se volatiliser les prétendues certitudes du CNPF et de Bercy.”
(Emmanuel TODD, L’illusion économique, Gallimard Folio, Paris, 1999, p. 316-317)

négocier avec le capital…

December 11th, 2018

« Qu’est-ce que je regrette ? Je regrette d’avoir choisi pour partenaires des personnes qui n’étaient pas de confiance et qui m’ont trahi. Je regrette aussi que lorsque nous avons tenté d’éviter que le Brésil entre en crise économique, nous avons décidé de mettre en place d’immenses exonérations fiscales. Mais les bénéficiaires [de ces exonérations] ont profité de ces gains avec les réductions d’impôts. Et, en échange, ils n’ont pas créé d’emplois ni investi. Je le dis aujourd’hui pour que les autres pays ne soient pas tentés de faire des politiques d’exonérations fiscales. Celles-ci  ne donnent pas de résultat ni de bénéfices pour la société. »

Dilma Rousseff, 7 septembre 2016

On ne négocie pas avec le capitalisme… sous peine de tout perdre.

Souvenir écrit

October 15th, 2018

à l’encre bleue, odeur de veine,
de cette peur dont on s’empare
avant qu’elle ne nous enchaine
l’enfant écrit le nom de celle.
Il y désire chaque lettre
dont chaque boucle semble épare (sic)
et l’encre ne suit où se mettre :
entre les traits claudique-t-elle ?

Hic, hâve image, ôtée d’ine ;
on ne peut dire où elle pose
ses fesses -chaise heureuse- fines
au cours à dia comme à hue.
Des Grâces Marie à la source
enterrée, fertile -j’ose
la métaphore usée-, course
sous les pierres qu’on ne la hue.

Excalibur ? Qu’on ne s’affole !
Il ne faudrait qu’on la devine,
que la rumeur d’elle s’alcoole,
qu’on ne la chasse, honte !, d’Éie.
Belle idée ? A l’ise, ô Caïne,
Les mots peut-être aussi s’avinent
et multiplient les combines.
De trois-quarts dos, ils se dé(l)ient.

L’enfant alors qu’il se rappelle
que comme tout enfant il joue
sérieusement vous appelle
à le rejoindre sur la scène.
Il sait que de vos mille têtes
il n’était que deux autres joues,
mais pour son encre, vous, vous êtes…
l’une des douze de sa cène.