Le hérisson révolutionnaire Le monde selon thitho

juin 24, 2012

Démocratie sélective

Filed under: politopics — tito @ 8:51 am

Ferme soutien de mon ami Bahar, je vous propose aujourd’hui un de ses récents articles (écrit à la 3e personne du singulier, ce qui est une marque de grande humilité, à l’instar de Jules César):

De la torture, en veux-tu en voilà
Bahar Kimyongür

A notre connaissance, jamais un bureau des droits de l’homme n’a occupé autant de place dans la presse mainstream. Nous parlons bien sûr de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), cette officine située à Londres, en très bons termes avec l’administration Cameron et animée par un homme d’affaires, Oussama Ali Souleimane alias Rami Abdel Rahmane. Dans ses communiqués repris comme parole d’évangile par les agences de presse, l’OSDH fait régulièrement passer des combattants armés pour des victimes civiles, classe les victimes « pro-Bachar » de l’insurrection parmi les victimes de l’armée gouvernementale et gonfle sa liste nécrologique avec de décès « apolitiques », notamment des accidentés de la route. Surfant sur le succès de l’OSDH et dans l’espoir que les victimes du terrorisme de l’Etat turc soient un peu plus entendues, notre collaborateur et ami Bahar Kimyongür qui milite depuis plus de quinze ans pour la démocratisation de la Turquie, s’est autoproclamé « directeur de l’Observatoire turc des droits de l’homme » (OTDH). Les deux seules fois où il est passé à la télévision belge pour expliquer la situation en Turquie lui ont valu d’être poursuivi pour terrorisme. Syrie-Turquie, deux poids deux mesures ?

Voici des images qui ne feront pas le tour du monde (libre) :

http://www.youtube.com/watch?v=a3ED4-z-3QY&feature=related

Et pour cause, elles montrent un lynchage policier qui ne s’est déroulé ni en Iran, ni en Syrie mais en Turquie.

La Turquie, cette magnifique destination de vacances est aussi une belle dictature islamo-libérale placée sous la férule du Parti de la justice et du développement (AKP) depuis 10 ans et le garde-chiourme du monde « libre » depuis 60 ans, 1952 étant l’année de son adhésion à l’OTAN.

La victime de ce lynchage policier est un chauffeur pressé de conduire une femme enceinte à l’hôpital.

Pendant son contrôle d’identité, Ahmet Koca a eu le malheur de parler en kurde, la « langue des terroristes » selon ses tortionnaires.

Il subira une véritable ratonnade pendant de longues minutes devant la femme enceinte qu’il conduisait et devant ses enfants.

Ahmet Koca sera assommé par une volée de coups de poings, de coups de pied, de coups de matraque et de ceintures.

Le cas d’Ahmet Koca est loin d’être isolé. L’an dernier, au moment où la presse occidentale nous rivait les yeux sur la Syrie, la Ligue turque des droits de l’homme (IHD) a enregistré 3.252 cas de torture et de mauvais traitements dans les centres de détention turcs.

Voici quelques données chiffrées concernant l’ampleur du terrorisme d’État sévissant dans ce pays qui, paradoxalement, se situe à l’avant-garde de la guerre pour la démocratie en Syrie :

– Avec 96 journalistes emprisonnés (chiffres publiés le 18 juin 2012 par la Plate-forme de solidarité avec les journalistes emprisonnés – TGDP), la Turquie compte le plus grand nombre de journalistes incarcérés au monde. Ces derniers sont accusés à tort et à travers de terrorisme d’extrême-gauche, de terrorisme séparatiste ou de complot putschiste.

– La Turquie compte actuellement 8.010 prisonniers politiques (chiffres officiels de 2011) soit le plus grand nombre de prisonniers politiques au monde

– Les prisonniers politiques sont tués à petits feux dans le silence des cellules d’isolement (prisons de type F). Quant aux prisonniers de droit commun, ils sont tués à grandes flammes, parqués comme du bétail dans des dortoirs surpeuplés (prisons de type E) où règne une chaleur de plus de 40 degrés. Le 16 juin 2012 à Urfa, une mutinerie s’est soldée par la mort de 13 détenus, victimes de l’incendie qu’ils ont eux-mêmes allumés pour protester contre leurs conditions de détention inhumaines. La plus jeune des victimes avait 18 ans. La plus « âgée » : 34 ans. La révolte carcérale s’est propagée vers les prisons d’Adana, Osmaniye, Gaziantep où l’on dénombre de plusieurs blessés.

– Pas moins de 2.200 étudiants et lycéens croupissent dans les prisons pour avoir manifesté pacifiquement pour un enseignement gratuit et démocratique ou pour le respect de leurs droits nationaux et culturels
– D’après les chiffres publiés par le ministère turc de la justice en avril dernier, 2.281 enfants se trouvent derrière les barreaux. Ils subissent régulièrement des abus sexuels notamment à la prison de Pozanti.

– En dix ans de règne de l’AKP, 171 enfants auraient été tués par les forces de sécurité d’après la Ligue turque des droits de l’homme (IHD)

– L’armée turque utilise des armes chimiques et du napalm contre les maquisards kurdes. Le 22 octobre 2011, 24 combattants kurdes ont perdu la vie sous les bombes chimiques interdites larguées par l’aviation militaire.

– L’armée turque utilise des drones israéliens Heron ou des drones américains Predator contre la rébellion kurde. De nombreux villageois sont victimes de ces opérations meurtrières. Le 28 décembre dernier, 34 civils kurdes ont été tués à Uludere/Roboski.

– La police exerce une violence létale contre les rassemblements démocratiques à travers l’usage de matraques ou de gaz lacrymogènes hautement toxiques. Le 28 mai dernier, Cayan Birben, 31 ans, est mort asphyxié par les bombes à gaz de la police. Birben est la 6e victime de ces gaz en un an.

– Le parlement turc compte huit députés de l’AKP réputés proches des djihadistes qui ont bouté le feu à l’hôtel Madimak le 2 juillet 1993 tuant 34 intellectuels. Il s’agit de Zeyid Aslan, Hüsnü Tuna, Ali Bulut, Ali Aslik, Halil Ürün, Haydar Kemal Kurt, Bülent Tüfekçi et Ibrahim Hakki Aksar.

Malgré la terreur que fait régner cette dictature pro-occidentale et membre de l’OTAN sur nos peuples, l’opposition turque n’a jamais sollicité la moindre intervention de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ni celle des États-membres de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA).

Consciente que seule la lutte sociale permettra de faire de la Turquie une patrie libre et démocratique, l’opposition turque remercie cette autre communauté internationale (dont se gausse bien entendu l’Occident nombriliste et « humanitaire ») pour son respect envers notre droit de disposer de nous-mêmes.

Observatoire turc des droits de l’homme (OTDH)
otdh.turquie@yahoo.fr
Le 21 juin 2012

mai 14, 2012

Quand ils sont venus jeter la Grèce, je n’ai rien dit…

Filed under: économie mon amour,politopics — tito @ 4:54 pm

Et si, au lieu de mettre la Grèce dehors, on y réfléchissait à deux fois…

Quel pays fait pression sur nos salaires sous prétexte qu’il est le pays le plus compétitif et qu’il exporte plus qu’il importe?

Dans quel pays un chef d’Etat « social-démocrate » a-t-il permis que les entreprises engagent des mandaïs à 1 euro de l’heure?

Quel pays est un modèle de traitement des étrangers en Europe?

Le chef d’Etat de quel pays est actuellement le blocage principal à une politique un chouia différente histoire de considérer la crise autrement qu’à l’aune de la rigueur?

Alors, certes, je ne me fais guère d’illusion sur les dirigeants des autres pays de l’UE, mais, à tout prendre, s’il faut sortir un pays de l’UE, si on considère que l’important dans une Union Internationale, c’est la solidarité, et pas la compétitivité, alors, c’est les Teutons qu’il faut sortir, et pas les Grecs.

Si on sortait l’Allemagne Fédérale, que se passerait-il?

On donnerait un signal fort que ce sont les partenaires les moins intéressants socialement qui risquent le plus gros;
L’Euro se prendrait un grand coup dans les dents et on aurait en retour plein de touristes et les exportations reprendraient de plus belle;
Les moins forts de l’UE se sentiraient plus à l’aise dans la discussion, et il me semble que dans une organisation qui se veut collective, marcher au rythme des moins rapides est plus intelligent que de faire courir tout le monde;
De la même manière, les petits pays gagneraient en poids pour rééquilibrer le dialogue, aujourd’hui dominé par quelques grosses pointures.

En plus, il paraît qu’elle y pense…

Alors, aidons-la…

mai 8, 2012

Carnavals (25 juin 1999)

Filed under: lectures dispensables — tito @ 8:46 pm

Dans les ornières
Dans les refuges
Il y a des corps
Endimanchés.

Tous les flambeaux
Se sont éteints.
Les grondements
Sourdent plus loin.

Les routes éparpillées de cortèges tout vibrants de la ferveur enragée de peuples qui n’existent pas.

Les lumières étaient chaudes -crépitants flashs multicolores tout à leur joie.
Une fois finie la bringue, ballent les bras le long des corps décomposés -gueules de bois infernales -on ne se sent pas dessouler.

Puis le soir tombe
Sur les campagnes,
Les défilés
Se désagrègent.

Les masques jaunes
Les masques rouges
Grisent de vie
Dans les ornières.

Dans les refuges, les belles-mères effectivement montrent leurs langues autour des pantins sacrifiés à de meilleurs printemps.

Les rues se massent d’ivresses discontinues -Chacun se presse, pour effleurer l’agneau qui emporte avec lui le malheur de la cité.

La nuit s’achève enfin sur ce qu’il n’est même pas drôle d’appeler un rite de purification.

mai 6, 2012

Elections, tu nous parles

Filed under: politopics — tito @ 10:10 am

Ce soir, un nouveau président en France… Ou un ancien qui se renouvelle, enfin, on s’en fout, puisque la démocratie, étant en marche, le président n’est jamais que le chef de l’exécutif qui doit faire tout ce que le législatif lui dit de faire là où il lui dit de le faire quand il lui dit de le faire.

Non?

Ah! Ou alors, c’est vraiment important? Ah ben oui, on n’est pas encore dans la VIe République-où-c’que-le-pouvoir-personnel-ben-y-s’ra-aboli-y-s’rait-temps. Et, dans ce cas, les 50,1% de votants qui s’esbaudiront de la victoire de leur poulain ne manqueront pas de faire -tous- la fête dans les rues de France, se moquant gentiment des 49,9% qui se seront ramassés dans leur choix. Ben oui, puisque l’homme qui les représentera pile-poil comme ils veulent, ben, il sera élu. Et ce seront les aut’s qui l’auront dans le fion. Si tout se passe donc comme prévu une bonne dizaine de millions de bobos à lunettes ou de beaufs intégraux devraient danser la guinguette des Champs Elysées jusqu’à la Promenade des Anglais1… Logique, non?

Tout chiffre inférieur serait immanquablement la preuve qu’une proportion des votants ne sont rien que des tièdes qui n’assument pas leur vote. Il faudrait donc les envoyer à la guillotine, comme la tradition révolutionnaire, modèle républicain, l’exige. En passant, ça ferait de la place dans les dernières usines et ça ferait du boulot dans les orphelinats. Je ne vois pas les inconvénients.

Le retour aux principes révolutionnaires m’apparaît comme une évidence, à une époque où la crise économique, la menace de conflits toujours plus nombreux, la multipolarisation des forces en présence, le rejet de plus en plus affirmé (en comparaison avec quand?) de l’autre « qui n’est pas soi forcément puisqu’il est différent », tout ça implique des solutions radicales telles que, dans le désordre:

-mettre plus de flics dans les rues (on n’y avait pas pensé);

-mettre plus d’étrangers dans des pullmans (ça ne s’était jamais fait);

-mettre plus de chômeurs au boulot (oh, ben, ça c’est chic);

réenchanter le rapport au monde (vive la philosophie consommée);

vendre plus de choses -y compris des trucs gratuits2 jusque là- à plus de gens même s’ils n’ont pas d’argent (ça, c’est de la bonne);

-donner plus de pouvoir à moins de gens qui savent plus et mieux que nous (ça, j’ai l’impression qu’on l’a déjà fait, aussi, mais je ne me rappelle plus quand… ça fait un peu pyramide, non?);

-faire plus de lois qui coûtent plus cher et faire des économies là où le privé peut faire moins bien pour le même prix (ça nous rappellera le XIXe Siècle).

Ca, c’est radical différent. Ca va nous faire rêver. Mais pourquoi on n’y avait pas pensé tout seuls? Qu’est-ce qu’on a à foutre d’une santé et d’une éducation bon marché si on n’a pas le droit de nous acheter toutes les consoles de jeu et les outils de communication radieuse dont on se passait jusque là -on se demande encore comment.

En fait, l’avantage, c’est qu’on n’a même pas besoin d’y penser tout seuls, vu que là, comme ils nous l’expliquent si bien, c’est la crise. La criiiiiiiiiiiiise… LA CRISE, BORDEL!

C’est la crise!

Et donc, tes élections… Elles te parlent…

Vote.

Et va faire la guinche.

Là où on te dit de faire.

Oublie pas le péage.

  1. Sans compter les Froggies qui se sont réfugiés dans notre paradis fiscal d’Outre-Quiévrain. []
  2. D’ailleurs, la gratuité, ça n’existe pas, on te l’a dit, c’est sûrement vrai, sauf dans les boîtes de céréales. []

avril 25, 2012

Brève de comptoir, mais alors vraiment de comptoir

Filed under: politopics — tito @ 7:16 pm

Reprise du Canard Enchaîné de ce 25 avril, cette information sur le barouf du Parti Socialiste français à Lille, ce 17 avril dernier, dont je ne parlerais pas si, de notre côté de la frontière, les libéraux n’en avaient fait un tel caca nerveux concernant la présence d’Elio Di Rupo, dont le noeud-pap’ voulait soutenir l’ex-humoriste (de deuxième catégorie) qui vient d’arriver au deuxième tour des zélections présidentielles françaises.

A la fin dudit Congrès, « La plupart des (…) ténors du PS ont vidé les lieux rapidement (…). Ne restent avec le candidat que Jospin (…), Pierre Moscovici et le Premier ministre belge, Elio Di Rupo. (…) Le lendemain, Hollande raconte la scène à ses lieutenants au QG de campagne: « Martine (Aubry) avait disparu, rien n’avait été prévu pour que l’on puisse se restaurer, pas même un sandwich. Je me suis retrouvé seul avec Lionel, Elio Di Rupo et Pierre devant une assiette de cacahuètes. »

Elio, pilier de bar, a donc fait la fermeture dans une boîte de Lille avec quelques copains…

Et c’est pour ça qu’on a fait un tel foin? Comme si la charge de Premier devait aussitôt empêcher not’ brav’ Elio de s’amuser un peu en faisant la tournée des bars chez les Chtimis…

avril 4, 2012

Si les mots sont importants…

Filed under: discussions piquantes — tito @ 10:05 pm

L’Etat-Providence aurait, dit-on, fait son temps…
Il serait même, ose-t-on, contre-productif, conservateur, opposé au progrès.
On l’a lu.
On l’a entendu.
Le croirait-on?

Mais qu’est-ce que l’Etat-Providence?

L’Etat-Providence, c’est cette construction idéologique d’une collectivité représentée par un gouvernement dont la fonction aurait dépassé les seules prérogatives régaliennes (justice, police, défense), et qui se serait arrogé le droit d’étendre ses fonctions à une série de services à la population tels que l’assurance-chômage, la pension vieillesse, la santé publique, voire, pour les plus inconscients, la distribution du gaz, de l’électricité, de l’eau, du courrier… Et que sais-je encore?

Voilà donc ce que serait cette horreur réactionnaire selon les normes libérales.

Providence…

Etat-Providence…

Tiens, pourquoi Providence?

Que signifie Providence?

La Providence, mon-z’ami, c’est, eh oui, une espèce d’esprit (saint) qui penserait à notre place ce qui serait bon pour l’humanité et y pourvoirait de manière transcendante et automatique, sans qu’on n’y ait pris part, ni qu’on y ait aucune responsabilité, ni surtout qu’on ait travaillé pour. On lui doit les décès précoces de nos enfants, mais aussi les victoires de nos armées; les famines et les épidémies (les voies du seigneur sont, on le sait, impénétrables), mais aussi les moissons abondantes et les guérisons miraculeuses.

La Providence, on la représente souvent par cette espèce de conque tenue par une allégorie féminine et qu’on nomme « corne d’abondance ». Un machin auto-produit et auto-alimenté, d’où tout tombe indéfiniment.

Mais en quoi cela ressemble-t-il un instant à ce que nous connaissons de, euh, l’Etat-Providence?

Un, l’Etat-Providence (appelons-le encore un instant ainsi) est alimenté par nos impôts, c’est-à-dire par le fruit de notre travail;
Deux, loin d’être infini, il est limité dans ses bienfaits par des décisions immanentes -certains parlent même de démocratie, mais, chut, rien n’est moins sûr;
Trois, rien n’est automatique, rien n’y est considéré comme un dû: pour bénéficier des « bienfaits » de l’Etat-Providence, ses « usagers » (de moins en moins… de plus en plus « clients ») doivent le plus souvent faire la preuve qu’ils ont droit à ses avantages -on appelle ça l’administration;
Quatre, cette fameuse Providence, que l’on croyait immortelle, est en train de se liquéfier tout doucement (encore que, de plus en plus vite), on réalise peu à peu qu’elle reposait sur un compromis malade entre patronat et syndicats dans les sociétés occidentales, principalement européennes, et sur une espèce de partage inégal des revenus du reste du monde -surtout du Sud…

Bref, rien à voir avec une Providence…

Pourquoi l’a-t-on appelée ainsi? Selon toute vraisemblance, ce terme doit être attribué à Emile Ollivier, un conservateur français du XIXe Siècle, un « libéral », comme on dit; il l’a inventé, ou en tout cas lui a donné de l’importance, pour critiquer ce rôle paternaliste de l’Etat, en 1864, à une époque où, franchement, cela prêtait encore à sourire. Jamais il n’aurait dû se pérenniser, surtout dans les bouches des partisans des travailleurs. Le terme Etat-Providence indique que les travailleurs sont des enfants à qui une Mère Nourricière doit tout en raison de leur statut d’enfants de la République, ou de la Nation. C’est un terme éminemment débilitant, déresponsabilisant.

Certes, il n’est pas seul à avoir joué ce rôle: une centaine d’années de contrôle social-démocrate de l’Etat se sont chargées de délier les travailleurs de leur rôle de surveillants de la machine publique, ou mieux de titulaires d’icelle.

Les mots sont importants, car ils ont contribué à la professionnalisation de la politique, partenaire de l’économie, dont les travailleurs ont été éloignés. Leurs représentants, syndicalistes et députés, sont devenus les partenaires de leurs exploiteurs. En échange, ils ont obtenu quelques assurances, histoire de calmer leurs troupes. Aujourd’hui, ces sécurités disparaissent peu à peu.

Pourvu qu’au moins ces heures sombres réveillent nos esprits embrumés. Que l’on détruise la notion même d’Etat-Providence -que l’on restaure la mutuelle, la coopérative, l’esprit même du syndicat, des cercles, des bases, des horizontales, et que s’abattent les pyramides, que disparaissent les représentants professionnels, que s’effondrent les structures verticales…

Godwin, Proudhon, Fourrier, Bakhounine, Michel, Jones, Kropotkine, Goldman, Malatesta, Durutti,… que ces noms résonnent comme des glaives sur des cloches de bronze.

mars 17, 2012

La Communauté Française a besoin de VOUS!

Filed under: discussions piquantes,professions protégées — tito @ 1:55 pm

Il paraît qu’on manque de profs…

C’est une rumeur…

Je ne l’ai jamais vérifiée…

En tout cas, la Communauté Française de Belgique manque de souffre-douleur, ça, c’est un fait.

chaque emploi nouveau dans l’enseignement réclame une administration pesante de la part du postulant, alors que le dossier existe à la Communauté -en tant que nouvel enseignant, vous devrez fournir un acte de naissance à chaque nouvel engagement, copie de vos diplômes, attestation des services précédents en tant qu’enseignant (ils ne doivent pas avoir ça quelque part, non?) -je répète: à chaque nouvel engagement… Qu’est-ce qu’ils font avec notre dossier entre-temps? ils le jettent? ils en font des cocottes?;

-les enseignants non nommés sont payés avec un minimum d’un mois de retard. J’ai connu quelques cas de 3, voire 4 mois de retard -on suppose qu’entre-temps, les jeunes enseignants sont capables de vivre d’eau fraîche -quelle entreprise privée peut se permettre ce genre de comportement sans s’attirer les foudres de l’inspection du travail et les colères légitimes des syndicats?;

-par ailleurs, les frais de déplacement ne sont remboursés qu’à la fin de la période de votre éventuel abonnement, contrairement à de nombreuses entreprises qui fournissent une attestation à la SNCB afin de permettre un remboursement immédiat: le privé serait-il plus attentif au bien-être de ses employés?;

-les vexations concernant l’engagement d’un enseignant sont légion. Exemple: dans quelle entreprise privée vous réclamera-t-on un certificat médical un mois et demi après votre engagement avant de valider enfin votre contrat?;

-comment un intérimaire de l’enseignement (on dit un « temporaire ») peut-il devenir « autre chose » (temporaire prioritaire, avant d’être nommé)?
Il doit accumuler,
au sein du même Pouvoir Organisateur,
une expérience de 300 jours étalés sur 5 ans maximum,
dans la même fonction,
au moins en mi-temps.
Cela signifie que si vous acceptez un remplacement de deux semaines dans l’enseignement officiel, puis un mois dans le privé, puis un trimestre à la Ville de Bruxelles, vous venez d’accumuler, au mieux, trois mois d’expérience à la Ville de Bruxelles -donc, mieux vaudrait-il refuser certains emplois par ces temps de crise?
Par ailleurs, si vous recevez un horaire avec six heures d’histoire, six heures de géographie et le reste de bric et de broc, vous n’entrez pas dans les critères pour une saine accumulation, puisque vous n’avez pas un mi-temps dans une fonction précise. Bonne chance, les jeunes;

les jeunes enseignants sont généralement en charge des classes les plus difficiles, forcément, puisque ce sont celles dont ne veulent pas ceux qui peuvent choisir leurs charges (et on les comprend), et en outre ce sont les classes dont les profs tombent le plus facilement malades (on ne se demande pas pourquoi);

Il y aurait encore pas mal de choses à dire sur le système des inspections, sur le fonctionnement des Ressources Humaines (qui accumulent les intermédiaires et éloignent l’employé de son « patron » réel le plus possible) ou sur la verticalité de l’enseignement.

Mais je crois que vous avez dû saisir l’essentiel…

La Communauté Française de Belgique, employeur modèle à vous faire regretter ce facho d’Henry Ford…

février 18, 2012

Et vice versa…

Filed under: discussions piquantes,politopics,Uncategorized — tito @ 3:35 pm

Le Soir est-il politiquement engagé?

Certes, oui, mais dans quelle direction? Analysons un article mis en ligne ce samedi pour s’en faire une petite idée:

Des navires de guerre iraniens franchissent le canal de Suez

Rien que le titre devrait nous mettre la puce à l’oreille: serait-ce que lorsque ce même canal est traversé par un navire étatsunien, britannique, français, israélien ou issu d’un autre pays de l’axe du bien, même non démocratique (tout peut se discuter), le Soir écrit-il un article? Vous allez me dire: c’est le contexte… L’Iran, les avancées nucléaires, le Détroit d’Ormuz…

De fait, ce contexte devrait nous être rappelé, avec toutes les bases étatsuniennes et alliée qui encerclent l’Iran, les prétentions civiles du nucléaire iranien, les deux à trois cents têtes nucléaires avérées de la première puissance militaire de la région (Israël)1, et le fait que le Détroit dOrmuz se trouve dans les eaux territoriales de l’Iran bien plus que dans celles de n’importe quel Etat qui lui conteste le droit d’y envisager un blocus. Dont acte.

C’est la seconde mission en un an que les navires de guerre iraniens effectuent dans la Méditerranée.

Ciel! Et la première s’est bien passée? Que peut-on craindre de celle-ci?

Des navires de guerre iraniens sont entrés samedi en Méditerranée après avoir franchi le canal de Suez, a annoncé le commandant en chef de la marine l’amiral Habibollah Sayyari, cité par l’agence officielle Irna.

Il n’a pas donné de précisions sur la destination ou la mission de ces bâtiments, se bornant à indiquer qu’ils portaient « un message de paix et d’amitié » aux pays de la région mais « montrent également la puissance de la République islamique d’Iran ».

Jusqu’à preuve du contraire, ces navires iraniens (à moins qu’on nous ait menti depuis des décennies sur la puissance de feu de l’Otan) ne constituent en rien une menace pour aucune nation « libre » du monde. Le message de paix proclamé, il est vrai, serait sans doute plus crédible avec un navire de plaisance, un bateau-école ou un canot de Greenpeace, mais, bon, on a vu pire avec des messages similaires transportés par des porte-avions occidentaux2.

Les navires ayant traversé samedi le canal de Suez pourraient être le destroyer Shahid Qandi et le bâtiment de soutien et de ravitaillement Kharg.

C’est pas pour dire, mais question précision de l’information, on a fait mieux… Cela dit, si le plus gros machin que les Iraniens nous envoie est un destroyer, même nos dragueurs de mines nationaux pourraient leur contester la prééminence en Mare Nostrum -on peut rire un peu…

Lors de la première mission en Méditerranée de la marine iranienne, les deux navires s’étaient rendus en Syrie pour une escale au port de Lattaquié avant de regagner la mer Rouge et l’Iran.

Ah ben revoilà la mission de l’an dernier… On peut pas dire qu’elle ait brillé par ses exploits guerriers… Et pourtant:

Cette première mission avait suscité de vives réactions de la part d’Israël qui l’avait qualifiée de « provocation » et avait mis sa marine en état d’alerte, tandis que Washington avait lancé un avertissement aux navires iraniens en leur demandant de « se conformer aux lois internationales et n’entreprendre aucune action qui pourrait compromettre la sécurité ».

Les Zuessa mettent-ils aussi en garde dans les mêmes termes les navires de guerre canadiens quand ils quittent un port proche des côtes du Maine ou de Colombia? Renâclent-ils à l’idée d’un baleinier japonais proche des eaux territoriales de l’Alaska? Sûrement pas: les Iraniens, ce sont sans doute de grands enfants qui ne respectent les règles QUE si on les leur rappelle…

Quant à Israël, oui, certes, bon… Ben oui… Mais on ne peut rien dire sur Israël, sinon on est antisémite, alors, bon, rien…

La nouvelle mission iranienne en Méditerranée intervient alors que les tensions entre Israël et l’Iran sont au plus haut, alimentées par la crise autour du programme nucléaire iranien et les récents attentats anti-israéliens en Inde et en Thaïlande attribués par l’Etat hébreu à Téhéran.

Tiens, et ça n’a pas de lien avec les attentats attribués au Mossad et ayant touché des scientifiques iraniens sur le sol iranien? Ah ben non. Ou alors le Soir n’est pas au courant. Ni AFP, dont le journal reprend la dépêche.

Est-ce que le Soir, par ailleurs, ou AFP, font le décompte de l’ensemble des navires occidentaux qui manoeuvrent du côté d’Ormuz? des troupes qui patrouillent autour de la République, certes islamique, mais dotée d’un parlement élu, d’un président élu, qui ne nous réjouissent peut-être guère, mais bon, sommes-nous VRAIMENT une référence démocratique? Le Soir a-t-il véritablement produit un message intéressant, apaisant, propre à informer ses lecteurs autrement qu’en leur foutant la trouille-genre-attention-les-vilains-Perses-sont-à-deux-doigts-de-nous-envahir-avec-une-flotte-innombrable-d’au-moins-2-(deux!)-navires-de-GUERRE, oui, de guerre, de guerre, ça dit bien ce que ça veut dire, non?

Allez, ils nous ont déjà fait le coup avec Saddam, Mouamar et les autres… C’était sans doute des coups d’essai: si ça marche contre des dictateurs laïcs, ça marchera contre des présidents fondamentalistes: quelle différence après tout? Et puis, c’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes…

  1. Jimmy Carter a récemment émis l’hypothèse que l’Iran puisse effectivement mentir et construire deux ou trois ogives nucléaires. Sa réaction était en réponse qu’il n’y voyait guère la moindre menace considérant la masse nucléaire que représente l’Etat d’Israël. Carter aurait pu aussi bien évoquer les milliers de têtes nucléaires étatsuniennes dont une grande quantité se trouvent stockées sur des navires dans la région dont question. []
  2. Vu qu’ils ne sont pas des gens comme nous, on les imagine mal utiliser une colombe, évidemment. []

Bravo, Emile

Filed under: lectures dispensables — tito @ 2:27 pm

Juste pour vous manifester mon affection récente et tardive pour un auteur de bandes dessinées pas banal, en dépit de ses principes a priori peu novateurs; Emile Bravo tente de retrouver les chemins de la bédé pour enfants, ou en tout cas pour jeunes, à travers sa vision de Spirou (Le Journal d’un Ingénu, largement primé) ou son personnage maintenant fétiche des épatantes aventures de Jules. Et pourtant, rien n’est simpliste, ni linéaire, dans les scénarios de cet excellent dialoguiste, au demeurant graphiste de grand talent.

Le trait un peu gras donne un beau relief à l’ensemble qui hésite avec subtilité entre ligne claire et nervosisme à la Franquin. Les ellipses narratives sont nombreuses et bien situées, et permettent d’équilibrer de longues sections de dialogues complexes, rendus très naturels par des coupures liées au contexte, comme un coup de téléphone qui hache le raisonnement d’une scientifique ou l’arrivée à destination des personnages occupés à discuter sur le mythe d’Orphée dont on n’aura le fin mot qu’en conclusion de volume.

L’auteur n’hésite pas à sacrifier ou faire disparaître un personnage secondaire avec plus de naturel que ceux qui ont tendance à les conserver par fidélité ou par souci d’efficacité. Ainsi, autour de Jules, il arrive qu’on ne voie pratiquement pas sa petite amie pendant presque tout un album -alors qu’elle est si attachante-, que tel ami, devenu trop grand (Jules vieillit moins vite que son entourage en raison de ses voyages spatiaux), disparaisse, que ses amis extraterrestres soient carrément absents au cours de telle ou telle aventure, en dépit du ressort comique potentiel qu’ils représentent et de l’évidence qu’ils ont acquise dans le vécu de notre héros.

Bravo étale avec sympathie et brio toute sa science, qui est grande, pour familiariser les enfants aussi bien avec la politique (dans le Journal d’un ingénu), avec la philosophie, la cosmologie, ou la physique, et même un brin de « théologie pour les nuls » (dans l’excellent « La question du père »). La science-fiction n’hésite pas à flirter avec le réalisme et Jules se retrouve de fait à cheval sur les deux styles, mais avec autant de bonheur que d’humour.

Les morales déversées par des extraterrestres délirants sont autant de possibilités de réflexions pour les jeunes, les plus jeunes et les moins jeunes. Enfin, il n’hésite pas à se mettre en danger en présentant une thèse scientifique en début de volume pour ensuite la démolir par la bouche (invisible) d’un autre personnage. Cette dialectique interne, accueillie par Jules auquel le lecteur ingénu (tel Spirou) peut s’identifier, enrichit encore le monde vivant, mobile, fluide de l’auteur.

On hésite toujours à fixer l’âge du public d’Emile Bravo. Parfois, on a un peu l’impression qu’il est plus jeune que soi; parfois, que la masse de dialogues s’avère inaccessible aux enfants; l’action de certaines pages tranchant avec l’inertie de beaucoup d’autres pourraient s’avérer un obstacle marketing à ses scénarios, mais ce n’est pas moi qui m’en plaindrai: j’adore.

Emile Bravo s’est également amusé à massacrer les contes traditionnels, mais je m’abstiendrai d’en dire trop, car je n’ai pour l’heure parcouru que l’un de ses volumes qui, pour drôle qu’il était, me convainquait moins.

J’en reviens à mon titre: Bravo, Emile.

janvier 28, 2012

Exclusif! Un politique propre sur lui!

Filed under: économie mon amour,lectures dispensables — tito @ 11:24 am

Van Quickenborne : « La grève ne servira à rien « 

Le vice-Premier ministre VLD estime que le gouvernement donnera une mauvaise image de la Belgique. Car le grand nettoyage a bien lieu et il va aboutir.

Entretien

Le vice-Premier ministre et ministre des ménagères de moins de 50 ans, Vincent Van Quickenborne (Open d’Australie), a fait le déplacement à Davos, le pays des gens propres, où il a assisté, ces deux derniers jours, au Forum des Maîtres de l’Univers. Est-ce là qu’il puise ses idées pour ranger son grenier ? Nous l’avons interrogé entre deux exposés.

Quelle belle idée allez-vous nous ramener de Davos ? Comment mieux organiser le grand nettoyage de nos maisons ?

Le nettoyage, chez moi, a lieu quasiment tous les jours depuis le 2 janvier. Ma présence à Davos est importante. Davos est un des plus importants meetings entre Maîtres de l’Univers. Il y a notamment Monsieur Propre, Madame Net, la Mère Denis, et Hercule, qui a nettoyé les écuries d’Augias, comme vous le savez. C’est ici que l’on discute de nouvelles méthodes de nettoyage de la planète après les flots de boue que l’on a connus. Notre voix, celle de la Belgique, doit être entendue: on est super bons pour le recyclage des boues. J’ai pu ainsi rencontrer des Chinois, potentiellement intéressés par nos idées pour le rangement des caisses de détergents: on est performants là-dedans aussi. J’ai aussi eu des entretiens avec le « chief executive officer » de Thaï Cleanways, qui a ouvert une ligne de produits de vaisselle super cool, une ligne qui a encore beaucoup de potentiel éco-vert. Je dois également rencontrer ce samedi Olli Rehn, le commissaire européen aux lubrifiants et aux dégraissants.

Ah…1 Vous allez devoir le rassurer quant à la position de la Belgique après les critiques cinglantes de Paul Magnette à l’égard de la propreté aux bureaux de la Commission européenne… ?

Je vais lui répéter, bien évidemment, que nous respecterons nos engagements quant à la propreté des locaux parce que la Belgique aime la blancheur et l’odeur de citron. Il faut rétablir au plus tôt l’équilibre entre citron et javel et le déficit de propreté ne doit pas dépasser, cette année, les 3 % des espaces urbains. C’est ce qui est prévu et c’est ce que nous ferons.

Il y a une grève générale des femmes de ménage ce lundi 30 janvier en Belgique. Cela n’était plus arrivé depuis 50 avant Jésus-Christ. Pour justifier leur action, les bonniches pointent le manque d’attention des usagers des toilettes et de votre cabinet en particulier. Vous sentez-vous responsable de cette grève ?

Si j’avais eu plus de temps fin décembre 2011, j’aurais sans doute fait caca différemment. Mais tout est allé très vite. Le 22 décembre, il y avait déjà une grève des laveurs de vitre: on ne voyait plus la ville de mon bureau. Depuis le 2 janvier, le nettoyage a lieu de manière optimale avec les étrangers employés au noir (rire), du secteur public et du secteur privé. Et je peux vous dire qu’on est tout près de conclure un récurage total avec le secteur privé. Je ne vois donc pas pourquoi les bonniches organisent une grève avec le secteur public. Je ne comprends pas pourquoi les récureurs s’associent à la grève. D’ailleurs, le mot récureur n’est même pas sur mon correcteur orthographique. La grève était dirigée contre les Maîtres de l’Univers, comme Monsieur Propre, Hercule, etc.. Mais je constate aujourd’hui que c’est la grève elle-même qui est devenue l’objet du rinçage et non plus les déménagements du gouvernement.

Pourquoi ?

Tout simplement parce que la grande majorité des gens accepte nos nouvelles normes de nettoyage: elles ne sont pas « maniaques de la propriété » mais bien « maniaques de la propreté ». On n’augmente pas le taux légal de la propreté domestique, on demande juste aux gens de nettoyer plus longtemps.

A quoi servira cette grève ?

Bof. Moi, je continuerai le nettoyage chez moi lundi prochain. La grève salira très fort le pays. D’abord dans les rues: les balayeurs sont des feignasses. Mais cette grève va aussi, surtout, porter un coup à la réputation de la Belgique: les Français, les Allemands, même les Suisses nous trouvaient très propres jusqu’ici. Cette grève aura lieu le jour du sommet européen sur la Javel et les éco-détergents. Et ce que l’on fait avec une grève, c’est justement l’inverse, c’est une économie stupide de Javel et d’éco-détergents. Que vont dire leurs producteurs?

  1. Là on sent que je journaliste réfléchit, d’où les petits points. Il va dire un truc qui va le mettre bien avec le ministre. []
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