Le hérisson révolutionnaire Le monde selon thitho

octobre 2, 2011

ça sonne occupé

Filed under: la vie comme elle vient — tito @ 11:01 pm

En raison d’une densité de travail hors du commun des mortels et assez mortelle au demeurant, je ne peux pour le moment assurer les pages de ce blog comme je le voudrais. Les choses devraient revenir à la normal au cours du mois de novembre. J’espère.

Voili voilà.

septembre 15, 2011

Réflexions légères sur les 400 derniers jours (et quelque)…

Filed under: politopics,professions protégées — tito @ 10:52 am

[10:34:46 tt] eh ben… le reality show reprend de plus belle… voilà que le fdf refuse l’accord de cette nuit…
[10:35:09 tt]c’est le plus long reality show sans aucune élimination dont j’aie entendu parler
[10:35:53 cc] hu hu
[10:38:22 tt] tu ris?
[10:38:57 cc] quelle farce ce truc
[10:39:18 tt] oui ça ferait une bonne pièce de théâtre, au fond: « huit hommes en galère »
[10:39:39 tt] tiens, une bonne idée pour un post… 🙂
[10:39:47 cc] 😀
[10:39:57 tt] le problème, c’est que je ne connais pas assez le dossier pour faire quelque chose de profond
[10:40:10 tt] … cela dit, ça manque de fond, pour faire qq chose de profond aussi, mais bon…
[10:40:52 cc] voila
[10:41:49 tt] mais ce serait rigolo de faire une parodie dans ce sens, pour e théâtre
[10:42:01 tt] mais bon
[10:42:23 tt] il faudrait réduire à trois ou quatre personnages principaux, quelques collaborateurs
[10:42:41 tt] et peut-être un ou deux huissiers-domestiques pour les boissons
[10:43:16 tt] et puis tenter de déplacer les débats pour que ce ne soit pas belgo-belge, et envisager l’exportation de la pièce
[10:43:19 cc] des directeurs de cabinet
[10:43:23 tt] ça ferait un succès mondial
[10:43:25 tt] la gloire
[10:43:27 tt] le succès
[10:43:31 tt] l’argent
[10:43:33 tt] les femmes
[10:43:37 tt] heu…
[10:43:47 cc] 🙂
[10:43:48 tt] une adaptation à Hollywood
[10:43:52 tt] avec Henry Fonda
[10:43:57 tt] ah non
[10:44:00 tt] avec Matt Damon
[10:44:40 cc] et sean penn?
[10:45:26 tt] et dans le rôle de Laurette: Sigourney Weaver (ou alors Alien)

septembre 4, 2011

Enterrement de première classe pour la croissance

Filed under: économie mon amour — tito @ 12:55 am

Et si on envisageait avec un peu plus de sérieux l’idée que la croissance, décidément, n’est pas nécessaire à notre bonheur, en dépit de ce qu’un copain m’écrivait en suite de mon article sur Stiglitz1

En tout état de cause, nous allons devoir apprendre à vivre sans2, ou en tout cas nous résoudre à ce qu’elle ne soit plus omniprésente dans les rapports économiques. Ils trouveront sans doute autre chose pour nous faire rêver.

Personnellement, ma conviction est faite depuis longtemps: ce n’est pas la croissance qui crée de l’emploi ou de la richesse. Les exemples en sont légion3.

Non, la croissance n’est pas la source de notre meilleur-être.

Qu’est-ce que la croissance, d’ailleurs? C’est, pour prendre une définition parmi d’autres, mais qui se valent, l’augmentation de la somme de toutes les transactions commerciales et financières réalisées dans une période considérée. Autrement dit, quand vous vous occupez de votre potager, ou que vous aidez votre frangin à ravaler sa façade, que vous diminuez votre consommation d’électricité, ou que vous prenez votre vélo pour aller au boulot, vous contribuez à la réduction du PIB, vous combattez la croissance. Et pourtant, il me semble que vous créez de la richesse.

Si vous ouvrez un supermarché, vous contribuez à la croissance car vous allez faire circuler une quantité bien plus importante de valeurs monétaires et financières que les détaillants qu’il remplace. Mais, même si vous créez des emplois localement, vous en détruisez bien plus autour. Par ailleurs, les supermarchés poussent à la réduction des emplois en rationalisant au maximum les rôles dans le magasin: il faut s’attendre à des politiques toujours moins créatrices d’emploi et toujours plus productrices de valeurs financières4.

Si vous vendez des armes, des produits chimiques au Brésil interdits en Europe, si vous exécutez un condamné à mort, si vous faites balader des déchets dangereux sur des milliers de kilomètres, vous contribuez à l’augmentation du PIB, à la sacro-sainte croissance.

Au total, la croissance n’est pas -en soi- créatrice de richesses réelles, ni d’emplois, encore moins d’emplois intéressants.

Alors, pourquoi ne chercherait-on pas à vivre sans?

Mais surtout, il y a de bonnes chances pour qu’on le doive.
L’état actuel de l’économie donne des signes en ce sens: les croissances de ces dernières années dans les parties du monde traditionnellement les plus solides (et qui se prennent de sérieuses branlées actuellement) donnent des signes clairs de fin de course. Une grande partie des résultats de croissance de nombreuses banques et entreprises sont dus aux spéculations des transactions financières qui, en soi, ne créent rien d’autre que de l’espoir, de l’illusion de valeur. Combien de Madoff à découvrir encore? Ces illusions se sont avérées bien cruelles ces dernières années, tendent à montrer qu’on ne peut pas toujours faire de l’or sur du vent. Mais il y a plus. Des entreprises comme RyanAir ou les chaînes de distribution ne font souvent du bénéfice que grâce à leurs placements financiers, à des timings de déplacements d’argent, à des placements spéculatifs… D’autres entreprises fondent leur succès sur du vent. On se souviendra d’Enron comme un exemple particulièrement frappant. Une entreprise sensée produire et distribuer de l’énergie se contentait surtout de spéculer sur son propre marché, la créativité de ses têtes pensantes se réduisait à faire du profit sur un service minimum. Il n’est malheureusement pas isolé.

A écouter les hérauts de l’économie capitaliste, il n’y a pas de croissance sans un secteur financier fort, et cette croissance est nécessaire à la bonne santé de l’économie d’un pays. On distingue pourtant de grosses contradictions dans ce raisonnement: même si l’économie de nombre de pays de l’UE et des USA semble avoir du plomb dans l’aile par rapport à celle du Brésil, par exemple, ce n’est jamais chez nous ou dans le Wyoming que l’on affronte des disettes, des pénuries d’énergie importantes (et pas organisées comme en Californie, sous la houlette d’Enron), des services publics inexistants ou presque. A contrario, des pays à fortes croissances régulières, qu’on appelle « émergents », ne sont souvent pas capables de prendre soin de l’ensemble de leur population, en dépit de richesses largement suffisantes en théorie, comme la Chine ou la Russie5; d’autres pays, comme le Brésil, n’ont peut-être pas encore un gâteau suffisant pour être distribué entre tous leurs ressortissants, mais les inégalités y sont terribles et il n’y a guère de redistribution des richesses en dépit des huit années de la présidence de Lula.

La création de valeurs financières est le fait d’une poignée d’individus et d’institutions qui se partagent un potentiel monétaire proposé par les organismes prêteurs (principalement les banques) dont les caisses réelles sont vides. Ce sont ces acteurs qui choisissent sur base d’une quantité invraisemblable d’informations contradictoires où iront les masses finies de valeurs dont toute la planète, tous les Etats, toutes les régions du monde ont besoin, et qui ont l’étrange réputation d’être les créatrices de richesses.

En réalité, les créateurs de richesse, ce sont les bras et les têtes des travailleurs. Ce sont eux qui font lever le blé, qui transforment les minerais en métaux, qui enseignent, qui transportent, qui fabriquent les appareils en tout genre, posent les rails, qui cuisinent, qui réparent, qui soignent… L’argent libéré manque le plus souvent aux fonctions économiques les plus élémentaires. Alors, pour éviter de trop grandes catastrophes, il ne reste que l’entraide, la famille, la solidarité, le bénévolat, la bonne volonté et la compassion.

Le capitalisme? Combien de sacrifices au nom de ses règles de fonctionnement?

La croissance? Combien de décisions politiques erronées au nom de sa sauvegarde?

  1. AW: « sur la croissance, je ne crois pas que ce que tu dis est correct: au cours des dernières décennies, la croissance provient d’innovations (y compris vertes), de nouveaux services… et de réorganisation internationale de la production (qui, elle, endommage l’environnement, réduit les inégalités entre pays (avec un certain nombre de pays qui rattrapent les pays développés), et augmente les inégalités dans les pays développés [NB: j’utilise ce terme pour faire simple]). » Je ne suis pas convaincu que la croissance provienne surtout d’innovations: les rares innovations concrètes en matière industrielle contribuent à la diminution des charges et donc des revenus du travail, ce qui à terme réduit la croissance, bien que cela permette d’augmenter par ailleurs les biens et services. Quant aux innovations vertes, louées soient-elles, elles ne représentent pas encore des quantités très significatives. Par contre, il faudrait qu’AW me définisse ses nouveaux services: s’il s’agit de services totalement superflus et qui n’augmentent pas les richesses réelles, produisent une grande quantité d’emplois de mandaïs, contribuent à la déliquescence des droits du travail, alors j’agrée. Par ailleurs, que la croissance contribue à l’endommagement de l’environnement, aux inégalités dans les pays développés, on est d’accord, mais qu’elle réduise les inégalités entre les pays, je n’en suis pas certain. On aimerait le croire, quand on voit les chiffres qui concernent les BRIC’s, ou l’Afrique du Sud, mais lorsqu’on vit au quotidien dans l’un de ces pays -en l’occurrence, au Brésil, pour ce qui me concerne-, on s’aperçoit que les richesses en croissance sont accaparées par une minorité de personnages, pas toujours vraiment brésiliens en plus, que la redistribution se fait peu, voire pas, surtout au niveau des charges, des formations, du mythique ascenseur social; qu’en réalité, les richesses du Brésil, immenses au départ, son mal comptabilisées et profitent rarement à la nation qui les abrite. De ce que je sais sur la Chine ou l’Afrique du Sud me conforte dans cette idée. J’imagine mal une situation très différente en Russie ou en Inde. []
  2. Rions un brin à la lecture de ceci. []
  3. On en trouvera ici, ici ou ici. []
  4. Pour un coup d’oeil intéressant sur les supermarchés, voir par exemple cet article. []
  5. Pour rappel, l’URSS, aussi critiquable fut-elle, parvenait à assumer les besoins primaires de sa population la plus grande partie du temps, au moins depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. []

septembre 2, 2011

Définition pour un monde fini

Filed under: délivre religion — tito @ 9:35 pm

Athée:

Qui n’a pas peur de rien (sic et presque intraduisible)

août 29, 2011

Longue de comptoir

Filed under: Uncategorized — tito @ 10:02 am


Hello Hérisson,1
juste pour te dire comme j’ai eu du plaisir à me retrouver hier chez toi. D’abord le fait de me retrouver dans une assemblée d’où les beaufs et les bell’fs sont de fait exclus. Je ne me suis pas mêlés à ces gens parce que je ne les connais pas (et que je suis un ours), mais j’entendais leurs propos que je trouvais des plus rafraîchissants (si, si!).
[…]2 Décidément vous faites tous une chouette bande de zouaves.
Ceci dit j’aimerais bien me retrouver dans un bon bistrot anar -que je crois que ça n’existe plus- pour discuter un peu avec toi. J’aimerais notamment en savoir un peu plus sur ta position vis-à-vis des Ecolos. J’ai de gros problèmes avec eux. Dire que j’ai voté pour eux pendant des années et que je me retrouve couillonné par ces enfoirés. Nous avons déjà plus où moins effleuré le sujet à l’une où l’autre occasion, mais sans jamais rentrer dedans.
Ce qui m’emmerde avec eux, c’est que ce sont en général des bobos (genre profs d’athénée, architectes et autres) qui viennent me donner des leçons de savoir vivre pour riches et gens qui n’ont pas d’horaires à subir. Qu’est-ce que j’en ai à foutre de leurs baraques passives, d’aller bosser en vélo où en métro et de leur paniers bio à la mords-moi-le-noeud (bite my dick) quand en bossant tous les deux on a juste de quoi se payer un loyer, qu’il me faut deux fois plus de temps en transport en commun qu’en voiture où en moto pour aller bosser et que les paniers bio, ça ressemble plus à de la vente forcée de produits chers qu’à un souci de nourriture saine!
Ils foutent ma ville en l’air, avec leur gendarmes couchés sur des coussins berlinois, leurs zones 30 et leurs restrictions en tous genres.
La seule réalisation à leur actif que je trouve vraiment profitable, c’est la fermeture des centrales atomiques. Ils ont été trahis après, mais là ils avaient fait fort. Chapeau! Ceci dit, ne perdons pas de vue que c’est une réalisation qui reste dans leur mentalité « air pur, gnangnan maman la terre ».3
Je m’exprime pas ici de manière très « intellectuelle » comme tu le ferais mais je ressens çà très fort intérieurement comme une nouvelle tuile sur la tête des gens de mon espèce: ceux qui n’ont pas beaucoup d’autres possibilités que subir. Je ressens les écolos comme des nouveaux ennemis de classe, comme diraient les communistes, que comme des alliés. Si leurs réalisations semblent parfois atteindre certains de mes rêves de faire chier la droite, ça n’en fait pas pour autant des gens de « gauche ». Après tout Hitler a aussi fait chier une certaine droite.
Autre chose: leur connais-tu un programme social? Moi, je le cherche toujours.
Là dessus je te quitte et sois bien assuré de mon amitié pour toi et tous les tiens.

Et près d’un mois plus tard, je lui répondis:

Je me rends compte qu’après avoir réfléchi à ton mail, je n’y ai pas encore répondu… Je le retrouve sur mon « bureau » (virtuel).
Bon…
Personnellement j’ai bien d’autres griefs à l’égard du parti Ecolo: ils ne respectent pas leurs propres principes de fonctionnement originaires, notamment (j’ai eu l’occasion d’assister à une grand’messe écologiste où, sur l’autel de l’efficacité électorale, ils se sont permis de sacrifier le principe de la renouvelabilité des cadres, tout en crachant sur leur propre vote populaire -une horreur), mais aussi ils suivent bêtement (et bêlement) les traces de politique étrangère des autres partis traditionnels, ils se contentent de position qu’ils appellent « de combat », mais on attend toujours la trace de ces batailles.

En ce qui concerne leurs positions écologistes, elles sont de manière générale incohérente puisque elles ne remettent pas en question le fonctionnement général du système. Il est vrai que te reprocher d’utiliser ta voiture et de chauffer ta maison sans te proposer les moyens de faire autrement, c’est absurde. Ils s’imaginent sans doute que nous sommes tous capables d’acheter une maison passive à proximité du boulot qu’on a péniblement trouvé.

Je serais bien en peine de transformer ma bicoque en maison passive. Je suppose qu’il faudrait que je la détruise, pour leur faire plaisir4… Mais d’ici à ce qu’ils se retrouvent en position d’assurer un logement à tous en compagnie des socialisss, des libéralisss et des humanisss…

Bon, j’ai eu en général plus de chances que toi point de vue transports et boulots: ça s’accordait pas mal. Mais il est vrai aussi que les fois où je me suis retrouvé à deux heures de train de mon boulot, que les heures de pointe faisaient de moi un pion râleur parmi d’autres dans les wagons bondés, je finissais par craquer et, lorsque j’avais une voiture, je l’utilisais parfois pour faire le trajet, ce qui était souvent aussi bête, car je mettais un temps fou pour trouver un parking, ce qui au total me mettait le trajet en voiture au même temps que celui en train, et bien plus cher évidemment. Et dans les deux cas, je n’étais pas reposé…
Ca, c’est pour mon cas personnel, qui rejoint quelque peu le tien.

Pour autant, nous faisons partie de la fraction du monde la plus privilégiée spatialement et historiquement, ou presque. Et nous sommes parmi les plus gros gaspilleurs de ressources historiquement et spatialement aussi. Alors, oui, il faut trouver des solutions, mais celles des Ecolos-bobos ne sont pas les bonnes parce qu’elles sont largement insuffisantes et que leurs sympathisants, membres et chefs5 se gargarisent de bonne conscience à peu de frais, endorment un grand nombre parmi nous qui se soucient vraiment du monde et croient qu’en suivant leurs traces les choses pourraient s’améliorer, énervent les autres qui savent pertinemment que ça ne mène à rien.

On pourrait en faire une chanson pour les René Binamé, tiens…

On ne peut pas toujours faire dans la dentelle… 😉

  1. Je cite ici un pote qui m’écrit début août et dont le message m’interpellait. Il fait référence à une réunion qui a eu lieu chez moi à l’occasion de l’annif’ de mon fils. []
  2. Quelques propos sur ma famille. []
  3. Et surtout, 1) qu’ils n’étaient pas seuls; et 2) que l’actuel parti organisé n’en était pas puisqu’il n’existait pas. []
  4. Je force le trait exprès ici. []
  5. Les exceptions en leur sein, souvent parmi les plus jeunes (les anciens, fondateurs d’origine libertaire, se sont barrés), n’y peuvent mie, et je me demande souvent ce qu’ils foutent encore là. Le parti est pourri de centre-droite de l’intérieur, ils n’y ont plus leur place. Pourquoi restent-ils? Espoir fou? Opportunisme? Confort? Manque d’alternative? Inconscience du blème? []

août 6, 2011

Onfray bien fuffé…

Filed under: Uncategorized — tito @ 4:16 pm

On constate souvent, dans le monde de la gauche1, que c’est avec les personnes avec lesquelles nous pourrions généralement nous retrouver d’accord que nous nous disputons le plus, laissant nos adversaires objectifs -les capitalistes de tous poils- à l’abri de nos ires légitimes.

J’essaie, dans ma modeste contribution à la gauche, de ne pas faire pareil. Lorsque je critique2 Stiglitz, c’est parce que je le distingue bien de la gauche, et il n’y a aucune ambiguïté, pour moi, à cet égard. Et, si je n’ai pas envie de dire du bien d’un allié historique, j’évite d’en dire du mal.

J’ai trop souvent vu des compagnons de lutte s’entredéchirer pour des questions de détails qui, certes, le jour de la sociale, nous amèneront peut-être à un bain de sang, mais qui en attendant ne méritent pas qu’on s’y attarde, car l’urgence, c’est bien la lutte contre le capitalisme, et non de savoir qui des commissaires du peuple ou des coopératives décideront du sort des mines d’argent. J’ai bien mon idée sur les principes léninistes de l’avant-garde, trotskystes de la révolution permanente et post-staliniens de la gestion de la politique étrangère, mais j’estime que cette opinion ne fait pas avancer notre cause. De la même manière qu’en tant qu’anarchiste, je regrette les phases passées qui virent certaines trahisons objectives ensanglanter nos relations, mais ces souffrances individuelles sont passées et celles d’aujourd’hui concernent les vivants, les travailleurs, les exploités, les esclaves de la vie de tous les jours. « Enterrer les morts, réparer les vivants », disait, je crois, Tchékov, et c’est on ne peut plus juste: nous n’avons pas de pouvoir sur nos aînés, ni sur leurs crimes, ni sur leurs mérites. Inutile de nous déchirer à leur sujet.

Lorsque je faisais partie d’un groupe conséquent d’anarchistes, dont la plupart étaient déjà d’un certain âge, nous perdions beaucoup de temps sur des questions du genre « peut-on faire confiance à untel, qui défend les principes du XXe Congrès? » Certes, nous avons subi au moins une cuisante déception de la part de certains groupes communistes, mais nous ne pouvons que nous féliciter de notre association avec d’autres, et au moins un groupe anarchiste m’a profondément déçu par ses positions sectaires et même machistes.

Passons. Ce n’était que l’introduction à un commentaire que je désirais faire sur ma lecture récente du livre d’Onfray, « Manifeste hédoniste ». Beaucoup a été dit sur Michel Onfray, beaucoup de sucre a été cassé sur son dos, et par moments j’ai l’impression qu’on oublie de le considérer comme il est: un penseur et un militant anarchiste parmi d’autres, sachant que l’anarchie, par essence, ne pourra jamais être monolithique et aucun anarchiste faire l’unanimité. Ce qui serait même dommage.

  • Du bon, du très bon et du moins bon -peu à jeter

Par contre, ce qui me paraît clair, c’est que l’on peut distinguer des lignes claires de son travail, sur lesquelles il est possible de travailler et que nous pouvons avantageusement exploiter et développer. Son travail sur l’athéisme est très intéressant -quoique loin d’être original, il a l’avantage d’offrir des outils élégants au service de sa cause-; son action populaire à Caen3 est exemplaire et digne d’être reproduite; son caractère militant est au moins honnête, même si l’on peut discuter à la façon d’un Bourdieu, et légitimement, sur la pertinence de ses passages télévisés. Bref, il y a des choses à dire sur Onfray, et pour ma part, si j’y réfléchis, il y a au moins trois ou quatre fois plus de choses positives que de choses négatives dans son oeuvre.

A commencer par son approche critique, pour laquelle j’ai beaucoup de respect, et que j’aimerais avoir le temps d’appliquer pleinement, selon laquelle pour bien connaître un auteur, il faut en connaître le plus de détails possibles, à travers ses écrits privés, les témoignages de ses proches, des gens qui l’ont connu, etc., mais aussi son activité, car on ne saurait limiter quelqu’un à ce qu’il dit sans s’occuper de ce qu’il en fait. Au fond, très sartrienne, quelque part, son approche: la responsabilité des dits et des écrits doit être appuyées par les actions.

Ses visions matérialistes, hédonistes, sont autant de piliers concrets, honnêtes, palpables de sa philosophie, qui en font un anarchiste juste: il n’y a pas de bonne action éthérée, de hauts faits visant à l’au-delà et de mérites dans le martyr transcendantal: le seul sacrifice qui puisse se justifier est celui qui permette un plus grand confort, un meilleur être dans le présent vivant et une diminution générale des douleurs, des souffrances.

Difficile de lui reprocher sa vision artistique, esthétique, même si elle est discutable, amendable, et si de toute façon elle reste hautement subjective. J’ai personnellement une vision artistique que je ne crois pas très différente de la sienne, mais aussi plus de tolérance vis-à-vis des autres, notamment parce que je sais que je suis passé par d’autres stades que j’ai estimés légitimes au cours de ma vie, et que je ne renie pas ce que j’ai été; j’ai simplement dépassé ces stades auxquels je ne me retire pas le droit de revenir, par ailleurs, pour tester d’autres choses si besoin s’en faisait sentir.

Dans le Manifeste hédoniste, l’un des plus beaux chapitres est consacré à l’érotique; son érotique solaire est un concept qui ouvre bien des perspectives aux anarchistes qui ont parfois trop tendance à se réfugier dans des silences divers (honteux? ignorants? ascétiques?) sur la question. Onfray rejoint ici une vision très goldmanienne, en fait, pour autant que j’aie pu comprendre Emma Goldman aussi bien que lui.

  • A contrario moderato cantabile

Restent les deux derniers chapitres, largement plus discutables, celui sur la bioéthique et celui sur la politique. Sa critique du principe de précaution est sommaire, superficielle: un manifeste devrait se montrer, sinon exhaustif dans son argumentation, au moins plus étayé4, et Onfray tend à réduire les militants écologistes à des passéistes imbéciles, ce que, pour ceux que je connais, ils ne sont généralement pas. Je n’en connais que peu qui accepteraient de vivre avant l’époque des hygiénistes et guère plus qui vivent sans ordinateur ni télévision. Ce n’est pas parce que nous sommes favorables au principes de précaution que nous refusons la technologie. Au contraire: pour nous, en tout cas pour moi, la technologie est une excellente chose, si elle n’est pas aux mains des entreprises, mais conservée, développée, mise au service des populations sous la surveillance de ces dernières. Nous avons un droit de regard, tous, sur le monde que les scientifiques sont susceptibles de dessiner. Nous ne pouvons surtout laisser ces dessins -et ces desseins- aux mains de personnages guidés par l’intérêt particulier et pour qui les coûts se limitent à ce qu’ils doivent calculer dans leur prix de revient. Bref, la bioéthique d’Onfray, développée dans le « Manifeste », n’est pas suffisante, mais certaines lignes sont intéressantes.

Sur la politique, nous nous retrouvons au moins sur un point: le désir de reconsidérer les utopistes du genre Fourier pour bien plus que ce que les marxistes ont voulu les dire. Etrangement, les lignes générales d’Onfray rejoignent assez bien les miennes en ce qu’il développe une vision politique horizontale, multiple, multiforme. Par contre, sa brosse historique a complètement percuté mes propres conceptions du développement du monde. A commencer par sa vision du capitalisme, le conduisant à dire une grosse absurdité: selon lui, parce que le capitalisme a toujours existé, que ce soit dans l’économie des coquillages ou celui des montages financiers, il est indépassable, il faut vivre avec et en faire un capitalisme libertaire.

Malheureusement pour son raisonnement, le capitalisme n’est pas indépassable, il n’a pas toujours existé, et je dirais même qu’il n’existe pas en majorité dans l’exercice économique planétaire. La plus grande partie des échanges, des productions et des consommations de la planète ne sont pas des échanges capitalistes. Or, l’économie se fonde sur ces trois actions. Le capitalisme, par contre, et là je le rejoins temporairement, existe depuis bien plus longtemps que la période industrielle, ou même que le XVIIe Siècle des enclosures. A preuve que son raisonnement ne tient d’ailleurs pas, c’est que le capitalisme foncier a commencé à exister sous la forme des enclosures en Grande-Bretagne dès le XIIe Siècle, et qu’a contrario il ne commença a faire son apparition dans certaines régions d’Italie qu’au XIXe Siècle. Par contre, il est exact que le capitalisme existe sous l’antiquité gréco-latine, et à l’état embryonnaire dans tous les régimes de cités qui ont vu apparaître l’écriture pour des raisons comptables. C’est précisément ces nécessités comptables qui donnent naissance au capitalisme. Un capitalisme certes encore réduit, mais réel: à partir du moment où l’on commence à pouvoir produire de l’argent avec du temps, mais sans travail, par la location d’un bien, que ce bien soit un terrain, un troupeau ou de l’argent, qu’un travailleur doive en gros payer pour travailler, apparaît le capitalisme. Mais dans la plupart des sociétés traditionnelles, celles qui ne connaissent pas, ou pas encore, la propriété, il n’y a pas de capitalisme, parce que le capitalisme n’est tout simplement pas possible sans propriété. L’écureuil, contrairement à l’imagerie populaire, n’est pas un capitaliste: à aucun moment il ne s’attend à ce qu’accumuler des réserves dans un arbre creux lui rende plus de noisettes qu’il n’en avait la veille. De même que le chef de village qui se retrouve à la tête de la plus grande réserve de pots et qui décide de faire don de la plus grande partie de celle-ci n’est pas du tout un Carnegie local, mais bien le membre d’une société qui ne connaît pas le capitalisme. Onfray se trompe lorsqu’il voit du capitalisme partout dans l’humanité.

Il n’y a pas de capitalisme sans principe de la propriété, et pas de propriété sans garantie de l’Etat ou d’une instance éventuellement privée reconnue par toutes les parties -ce qui, quand on y pense un peu, revient tout à fait au même, l’Etat étant le plus souvent, sinon toujours, aux mains de factions privées, plus ou moins petites.

Bref, c’est le libéralisme économique qui fait les frais de l’ire (légitime) d’Onfray, qui estime donc le capitalisme inamovible mais amendable. Il ne veut pas du marché libre -et qui connaît un peu ce blog sait que je suis pleinement d’accord-, mais il réclame en remplacement un capitalisme libertaire, pour lequel il s’appuie sur Proudhon5.

Mais en tout état de cause, Onfray retombe sur ses pattes en revendiquant une « révolution pratiquée », mettant le convaincu en demeure de faire et d’être ce qu’il dit devoir faire et être. Très justement.

  • Pour terminer sur une note (de) comptable…

Au total, lorsque je pense encore à quelques dits et écrits d’Onfray, notamment sur l’éthique du Condottiere6, ou sur quelques positions politiques concrètes et actuelles, je me vois des distances avec lui, mais beaucoup plus d’affinités et bien du respect pour le travail populaire. Tout comme je me sais plus de rapprochements avec certains copains communistes ou écologistes, même quand j’estime qu’ils déconnent dans certains cas7. Pour autant, si je suis d’accord au trois quarts avec quelqu’un, je ne peux pas me permettre de vouloir le démolir.

De toute façon, je ne m’attends pas à ce qu’un jour (prochain, hehehe), 100% de mon idéal sociétal soit jamais appliqué. Si déjà 50% pouvait l’être, comme disait, paraît-il Ghandi (avec qui je ne dois pas être d’accord à plus de 20 ou 30%) à propos de la civilisation, ce serait une bonne chose…

  1. Et je suppose que ça ne doit pas être loin d’être vrai dans d’autres sphères politiques, comme le centre-gauche, le centre-droit ou la droite. []
  2. Ici. []
  3. Voir ici: http://www.michelonfray.fr/. []
  4. Si Onfray nous renvoyait à d’autres écrits, il ne serait pas inutile qu’il les mentionne. []
  5. Notons une petite contradiction chez Onfray, mais qui ne mérite pas qu’on s’y attarde: il estime qu’on ne peut s’appuyer sur les penseurs du XIXe Siècle, genre Bakhounine, pour résoudre les problèmes contemporains, mais dans les mêmes paragraphes du chapitre 7, il fait référence à Proudhon, Fourier et même La Boétie, tous auteurs desquels il m’apparaît légitime de se réclamer, quitte à les amender, alors pourquoi cette contradiction? []
  6. Voir ici: https://thitho.allmansland.net/?p=191, par exemple []
  7. Comme sur la guerre en Libye, par exemple. []

juillet 26, 2011

« L’alibye »: une mauvaise superproduction, une de plus, en attendant la suivante…

Filed under: discussions piquantes,politopics — tito @ 12:18 am

J’ai insuffisamment étudié la guerre d’Espagne pour pouvoir l’affirmer comme un historien devrait pouvoir le faire, mais elle reste pour moi un exemple intellectuel d’application dans bien des cas de figures qui occupent le devant de la scène actuelle en matière d’engagement militaire. Les républicains, communistes, anarchistes –et autres, sûrement- qui se lancèrent à l’aide du gouvernement légitime espagnol pour le défendre contre les troupes rebelles d’obédience fasciste ou équivalente, soutenues par les régimes d’extrême-droite, la papauté et le silence radio des relatives démocraties de l’époque, le firent sur base d’une décision volontaire individuelle. Ils auront été motivés, hommes et femmes, par leurs propres convictions, peut-être par leur appartenance à un mouvement ou un parti, en suite d’une campagne de sensibilisation ou un recrutement quelconque, mais personne ne le leur a imposé. Aucun gouvernement, aucune force supérieure, n’a pu les obliger à se rendre en Espagne pour rejoindre les rangs des républicains.

Pas plus d’ailleurs que le moindre « impératif moral » kantien ou cicéronien, d’ailleurs. Et c’est ce qui fait de cet engagement toute sa force, sinon sa beauté (qu’y a-t-il de beau dans une guerre, même menée par les motivations les plus pures?): les individus étrangers qui y prirent part le firent de leur propre chef. D’un autre côté, les Espagnols, sur place, n’avaient pas plus le choix de se retrouver champ de bataille et chair à canon que les Libyens aujourd’hui, ou les Syriens, les Egyptiens, les Irakiens, les Afghans, les Ivoiriens et combien d’autres encore -Palestiniens, Israéliens, Somaliens… La liste est longue de tous ces conflits, révoltes, révolutions, guerres civiles, occupations, qui ouvrent ou ferment nos journaux dans une monotonie qui entraîne chez nous la plupart du temps plus d’indifférence ou de résignation que d’indignation ou de colère, pourtant légitimes.

Des arguments obscurs et occidentalistes

Quand des militants de certaines obédiences tentent de briser un blocus -et l’on aura reconnu le cas israélo-palestinien- ou s’engagent à braver les colères des seigneurs de guerre pour aider une population touchée par la famine -comme en Somalie-, ils le font, pour de bonnes ou de mauvaises raisons selon le jugement des uns et des autres, mais ils le font sur base individuelle, en fonction de choix souvent courageux, mais en tout cas libres, pour autant que cet adjectif puisse signifier quelque chose.

Lorsque le Monde Diplomatique de juillet 2011 publie le témoignage d’Ibrahim Al-Koni, lequel nous fait part en réalité d’un de ses amis libyens (tout comme lui), exilé en Tunisie, anonyme, qui, après bien des hésitations, après avoir d’abord aidé les blessés qui quittaient son pays d’origine, décida que son devoir était de rejoindre la révolte contre le régime de Khadafi, le fit et disparut, lorsque le Monde Diplomatique nous présente ce témoignage tout brut, il oublie de le commenter. Car, comment l’interpréter? Le message d’Ibrahim Al-Koni est-il de nous faire part de ses propres hésitations à s’engager jusqu’à ce point dans la révolte? Le fera-t-il jamais? Dès lors, nous invite-t-il à la prudence ? Ou bien nous incite-t-il à approuver l’intervention des forces de l’Otan dans son propre pays? Pour ma part, et dans l’absence de plus de détails1, je salue ici la décision prise par un individu qui estime de son devoir d’intervenir physiquement, en son nom propre, réellement, dans un conflit qui le concerne au premier chef, lui et sans doute une grande partie de ce qu’il aime. Et même s’il ne le concernait pas, son geste rappelle, au fond, à bien des égards, celui des Brigadistes –je veux dire, ceux d’Espagne, ceux de 1936, même si comparaison, en histoire, jamais n’est raison.

Mais il y a un mais.

Les arguments d’Ibrahim Al-Koni –dont la thèse reste donc obscure- sont émaillés de citations qui ne laissent pas d’étonner -sa culture d’origine y transparaît à peine-: Cicéron, Kant et un certain Henri Frédéric Amiel, desquels il tire des principes d’exigences morales, de devoir et même de bonheur dans la mort. Rapidement, il cite aussi Platon et Rousseau, l’un pour évoquer celui que d’être avec un ami, l’autre qui en appelle à la fin de l’histoire avec la disparition des tyrans, des guerres et des conspirateurs –comment ne pas les approuver ? On pourrait cependant trouver chez Platon bien d’autres exemples d’impératifs moraux, liés au devoir envers la cité, et, si étrangement notre auteur le cite ici dans une dimension plus intimiste –et concernant un passage de son œuvre dont je ne me souviens pas et que je ne saurais situer, Ibrahim Al-Koni ne l’ayant pas précisé-, le Prince des Philosophes est bien dans la lignée des éthérés idéalisants qui plaçaient la vie humaine et l’individu bien en dessous –tant qu’il ne s’agissait pas de la vie des philosophes, bien entendu, Socrate s’étant sacrifié pour toute la caste2- des intérêts supérieurs de ce qu’on appellerait plus tard la nation.

Car beaucoup de ces arguments, dans un ton larmoyant, douçâtre, presque romantique, fleurent bon le patriotisme et les exigences de l’éducation formelle, évoquent sans aucun doute les appels martiaux qui précédèrent, provoquèrent et suivirent la déclaration de guerre de 1914, tout comme de nombreux cas de guerre de manière générale. Ces impératifs moraux, occidentaux et occidentalistes, souvent baignés d’idéaux transcendants, inexpliqués, supérieurs et, pour le moins, discutables si nous gardons la tête froide, sont ceux qui traversent l’histoire des guerres depuis le réveil des nations –et qu’on retrouve plus loin dans le passé à quelques occasions lorsque les armées ne sont pas professionnelles, comme lors des croisades des pauvres, par exemple, mais aussi dans les discours d’exhortations des généraux et des rois en prologue au carnage, justifiant le prétendu péché mortel du meurtre de son prochain anticipativement.

Justes causes et libertés

Si la guerre d’Espagne, la Commune de Paris, Kronstadt, la Makhnovchtchina, et quelques autres exemples résonnent en moi comme autant de défaites, il s’agit aussi des cas trop rares où les troupes qui y furent défaites3, et surtout traitant des étrangers venus les soutenir -en vain-, avaient la légitimité du choix personnel, individuel, libre -sans doute pas toujours, mais suffisamment souvent pour les démarquer des cas trop nombreux où une entité supérieure décidait pour les troufions envoyés au casse-pipe.

Car, même si dans le cas de la Libye les forces de l’Otan sont suffisamment prudentes -certains diraient lâches- pour éviter de s’exposer aux tirs ennemis, il faut reconnaître que dans la plupart des cas de guerres « justes » initiées ou prises en marche par les forces occidentales un peu partout dans le monde -et l’on peut remonter loin dans le temps, reprendre les cas des guerres coloniales, de l’intervention des « démocraties » en faveur des Tsars en Russie à partir de la fin de la guerre de 14-18, du soutien difficilement explicable de contingents français et belges au Mexique pour soutenir un Empereur européen, et combien d’autres encore-, c’est le roi, le prince, l’Etat qui décide pour les piétons où ils se doivent de poser leurs cantinières et bivouaquer en attendant de se prendre une embuscade sur la tête.

Je ne suis malheureusement pas enclin à pleurer avec les familles lorsque j’entends que tel nombre de soldats professionnels français, belges ou hollandais perdent la vie dans des conflits lointains, parce que je suis encore dans la logique primaire qui prétend que si ces soldats sont des professionnels, la mort fait partie de leur travail, aussi horrible que cela puisse paraître. Je déplore, sincèrement, ces morts, presque autant que je déplore celles de tous les autres combattants, méchants islamistes compris, mais bien moins que toutes celles des civils et des résistants aux régimes envahisseurs -Otan compris- qui, eux, n’ont décidément pas la possibilité de choisir la paix et la tranquillité, comme j’ai moi l’occasion de le faire4, assis que je suis en ce moment dans un train entre Bruxelles et Paris, pratiquement assuré de mourir dans mon lit ou, au pire, dans un accident quelconque, mais de toute façon avec une espérance de vie remarquable à l’échelle de l’histoire du monde et dans des conditions qui, si elles empirent en ce moment, n’ont jamais été égalées de mémoire d’archéologue. Comme le service militaire a disparu dans les pays que je côtoie le plus -à l’exception du Brésil, dont il serait intéressant de parler aussi-, il devient difficile d’évoquer le sort des troufions qu’on envoie au front à quelques semaines de la quille –il n’y en a plus.

Restent les décideurs politiques, les lobbys dans tous les sens, les intérêts privés et les intérêts d’état qui motivent les mouvements des troupes, des porte-avions et des lance-missiles un peu partout sur la surface encore bleue de notre planète. Je ne comprends toujours pas comment les soit-disantes démocraties peuvent encore autant être peuplées d’hommes et de femmes qui réagissent aussi peu à toutes les déclarations de guerre qu’ils et elles connaissent tout au long de leurs vies. Si Jean, Simon, Lucette ou Redouan décide de rejoindre les rangs de telle ou telle faction, armé de sa pétoire, la fleur au canon, les deux pieds dans ses godillots, en son nom, pour l’honneur, pour la gloire, pour le pognon ou pour sauver des vies, le tout en pleine conscience ou en pleine illusion, aucun gouvernement ne devrait être autorisé à l’en empêcher, pas plus qu’il ne devrait être autorisé à envoyer Georges, Rebecca, Momo ou Camille servir de cible dans les régions les plus invraisemblables.

Qu’on ne s’y trompe pas: je ne suis pas un pacifiste rabique (sic, avec un seul b): il existe de nombreuses causes devenues militaires que j’estime légitimes -souvent après-coup, car nous sommes si mal informés en réalité, même si nous sommes parfois trop informés-, mais j’en estime au moins dix fois plus qui ne le sont pas du tout, même si de nouveau cela n’apparaît clairement qu’aux yeux de l’histoire, un, deux, cinq, dix ou cinquante ans plus tard. Si je crains, sans pouvoir l’affirmer, que beaucoup d’individus sincères se sont lancés et se lancent encore dans un conflit sans en connaître suffisamment tous les tenants et aboutissants, je reconnais que ces individus exercent au moins un droit tout à fait légitime et élémentaire dans notre monde complexe et confus.

La guerre en Libye, en tant qu’individu, ne me montre pas clairement où se trouve le camp des populations opprimées. Si je n’ai aucune sympathie pour Khadafi et que sa disparition me laisserait au mieux froid, je ne suis pas convaincu qu’une rébellion menée par d’anciens dignitaires de son gouvernement, encouragée par une organisation internationale qui ne brille pas par son humanisme -l’Otan, si elle n’avait pas été reconnue-, mérite notre soutien ou notre indulgence quand on apprend les crimes qu’elle a contribué à perpétrer. Certes, tous les hommes et toutes les femmes qui subissent une tyrannie méritent notre soutien, notre sympathie et, au cas par cas, notre aide, mais cette aide doit être spontanée, venir des individus, n’impliquer qu’eux-mêmes et exclure par nature toute intervention émanant d’un organisme supérieur, qu’il soit national ou international.

Aussi, je ne pourrais que reconnaître le courage de qui déciderait demain de se jeter dans l’inconnu d’une bataille –quand bien même je ne serais pas sûr de le ou la comprendre-, mais je me refuse à concéder le droit ou la légitimité, jamais, à un corps législatif ou exécutif d’envoyer un corps de jeunes gens à leur place, au nom de quelque intérêt que ce soit, fût-ce de celui des droits de l’homme.

 

  1. Qui sait si ce héros n’est pas en fait un infâme opportuniste ? On peut raisonnablement penser que non, mais ni Serge Halimi, rédacteur en chef du Monde Diplomatique, ni moi, ni la toute grande majorité des lecteurs de l’un des meilleurs journaux de langue française, ne peuvent connaître les motivations, ni le passé d’un inconnu, aussi honorable puisse être son garant. []
  2. Ils sont rares les philosophes de la transcendance qui puissent prétendre au statut de martyr ; Sénèque fut plus la victime de ses intérêts particuliers, Giordano Bruno était devenu un charnel, et qui d’autre ? []
  3. Les victoires militaires émancipatrices, il faut le dire, sont assez rares. Même dans le cas de la révolution mexicaine zapatiste, le résultat est largement discutable, par exemple. Le cas cubain est hautement subjectif, encore qu’il ait une bonne part de ma sympathie, mais là aussi nous avons affaire à un cas bien discutable. []
  4. Ou plutôt que je n’ai même pas à devoir le faire, même si, une fois ceci proclamé, quelque part, ayant pris conscience de ma situation, je fais le choix de ne prendre part –temporairement ?- à aucun conflit. []

juillet 21, 2011

Dans dix mille ans, qui se souviendra de Mozart?

Filed under: discussions piquantes — tito @ 6:34 pm

Les Bouddhas d’Afghanistan, explosés par un régime qualifié de médiéval1;

Les sites archéologiques babyloniens effacés par l’armée étatsunienne;

Les musées du Caire dévalisés, pillés au cours du printemps arabe;

Et maintenant Leptis Magna, ville antique, bombardée par l’Otan…2

On pourrait difficilement éviter de parler des innombrables villes détruites par le passage des armées, les bombardements, les guerres de tranchée au cours des siècles passés, effaçant nombre de traces importantes du passé dans le même temps.

Certes, en tant qu’historien, je trouve cela triste et désolant, mais cette émotion ne peut éluder deux aspects importants de ces événements.

D’une part, il est toujours plus important de considérer les pertes humaines, les désastres personnels, que de se concentrer sur des reliques de périodes éteintes. Même s’il est pénible de voir disparaître des éléments du « patrimoine culturel » mondial, il est bien plus terrifiant de constater la difficulté à maintenir l’attention du grand public sur les effets de la guerre concernant les victimes civiles.

D’autre part, si des ruines disparaissent, si des artefacts plusieurs fois millénaires sont réduits à rien, volés, confisqués par de richissimes et condamnables collectionneurs, il ne faut pas oublier que toutes ces choses sont vouées à moyen ou à long terme à l’oubli. Tout d’abord à la sélection qui se fera fatalement au cours des siècles à venir, déterminant les lieux qui devront se mettre à nouveau au service de l’homme en dépit de ce qu’ils contiennent de traces anciennes. Qu’on ne s’en offusque pas: ce choix est déjà une réalité tous les jours que les archéologues ou les historiens ont fait ou font. En archéologie, les immeubles, les trains, les aéroports, l’industrie, que sais-je, imposent souvent des fouilles d’urgence qui précèdent la destruction de sites de découvertes parfois très intéressants. Par ailleurs, les choix archéologiques imposent parfois eux-mêmes des sacrifices (qui ne sont pas toujours considérés comme tels au moment même). Ainsi, Schliemann n’a-t-il pas hésité à effacer toutes traces des villes qui surplombaient la Troie de la légende homérique, qui seule l’intéressait. Combien de repères du passé les scientifiques eux-mêmes n’ont-ils pas détruits plus ou moins consciemment? Difficile de leur en faire grief, puisque c’est à eux que l’on doit ce que l’on en sait, finalement.

Mais il y a plus fondamental, quand on veut bien se rappeler que le temps écoulé entre les premières pyramides et l’ère chrétienne représente plus d’un tiers de plus que celui qui s’est écoulé depuis. Considérons ce que l’on a retenu de cette époque, et pas seulement en terme de civilisations, mais de toute l’humanité d’alors. On pourrait probablement taper un recueil plus mince que n’importe quel bottin départemental français de tous les noms connus de la haute antiquité, disons, avant l’an mille avant l’autre ahuri -qui sait s’il a vraiment existé, celui-là, d’ailleurs-, et nous n’avons pour la plupart de ces noms guère plus de renseignements qu’une idée de leurs professions, de leur origine et, éventuellement, du siècle où ils ont vécu.

Pourtant, il devait y avoir de grands artistes parmi eux, des gens éclairés, des savants, des gens de bien, aussi, femmes et hommes…

Du boulot pour les mormons en perspective.

Quand on soupçonne que nous n’avons conservé sans doute de la littérature romaine qu’une fraction difficilement quantifiable (peut-être un dixième de son ensemble), peu de chose de sa sculpture, de son imagerie, de ses arts plastiques, et pratiquement rien de sa musique ou de sa peinture, que l’on compte encore. Que dire des populations vaincues par les Romains? Et plus près de nous par les vaincus des colons européens à l’échelle de la planète, et dont les anthropologues, les archéologues, s’échinent à reconstituer des morceaux d’histoire.

Il existe encore des doutes sur l’endroit où aurait été enterré Mozart. Qui se souviendra de lui dans dix mille ans?

 

 

  1. Au passage, ce n’est pas sympa pour le Moyen-Âge. []
  2. http://blog.ilmanifesto.it/arte/2011/06/20/leptis-magna-e-le-bombe-che-la-polverizzano/ []

juillet 19, 2011

L’oeuvre, indissociable de l’auteur

Filed under: discussions piquantes,lectures dispensables — tito @ 10:33 pm

« Je tiens pour ma part que la philosophie procède du corps d’un philosophe qui tâche de sauver sa peau et prétend à l’universel alors qu’il se contente de mettre au point un dispositif subjectif, une stratégie qui s’apparente à la sotériologie des Anciens. Lire et comprendre un philosophe, une philosophie, suppose une psychanalyse existentielle pour mettre en relation la vie et l’oeuvre, le corps qui pense et le produit de la pensée, la biographie et l’écriture, la construction de soi et l’édification d’une vision du monde. (…)

« Je tiens pour une méthode de lecture et d’investigation qui allie dans un même corpus l’oeuvre complète publiée du vivant de l’auteur, ses correspondances, ses biographies et tous les témoignages concernant cette architecture singulière. (…) »1

 

On ne peut pas distinguer l’oeuvre de son auteur. Que l’on soit touché par l’esthétique d’un travail particulier, peinture, sculpture, musique ou écriture, ne change rien à ce que notre jugement définitif, même subjectif, même susceptible d’évolution, ne peut faire l’économie des intentions de l’artiste ou du philosophe, ni de son bagage, de sa culture, voire de ses crimes.

Dans le même registre d’idée, et je pense que cela rejoint la réflexion d’Onfray à laquelle j’adhère pleinement ici, un spectateur, un observateur, un visiteur, ne peut contempler un tableau, suivre une pièce de théâtre ou écouter un opéra sans se préoccuper des commanditaires, on dirait aujourd’hui des producteurs.

L’intention de l’oeuvre, si elle ne prime pas sur l’oeuvre elle-même, ne s’en détache jamais, et l’oeuvre ne s’émancipe jamais de ce qui l’a motivée, quoi qu’on en dise, quoi qu’il arrive. Si l’histoire de l’art perd la trace de cette intention, de cette motivation, l’oeuvre y reste attachée, et il est de notre devoir de nous en souvenir, et de tenter de les découvrir ou redécouvrir.

Difficile d’oublier le rôle de Céline au cours de la 2e guerre mondiale. Même en imaginant qu’il serait mort au lendemain de l’édition de « Mort à crédit », son travail y reste attaché. Et s’il était mort avant? Question piquante.

Rimbaud-poète doit-il être distingué de Rimbaud-trafiquant d’armes2? Pas évident, même si le poète a de fait disparu vers 21 ou 22 ans et que le trafiquant n’apparaît qu’une dizaine d’années plus tard.

Moins évident encore: lorsque Mozart et son esprit libertin et libéré se mettent au service d’un empereur, fût-il éclairé, tel que Joseph II, comment devons-nous l’accepter? L’histoire a largement consacré Mozart, encense vie et oeuvre, sans doute avec raison, mais il était au service d’un dictateur tout-puissant, qui fit notamment la guerre aux rebelles des Etats Belgiques Unis, agit en despote, ne supportant guère la contradiction, calculant non en fonction du bonheur du peuple, mais de la seule raison d’Etat. L’oeuvre de Mozart n’en serait-elle pas entâchée?

L’indépendance de l’artiste, de l’auteur, sa liberté sont importants, tout autant que son intégrité.

Question subsidiaire: comment reconnaître un artiste d’un artisan -cela dit en passant sans vouloir aucunement dévaloriser le travail de l’artisan-, l’écrivain du publiciste, le poète du rimeur, le peintre du reproducteur, le cinéaste du technicien…

 

  1. M. ONFRAY, Manifeste hédoniste, éd. Autrement, Paris, 2011, p. 11-12. []
  2. Certains voulaient lui coller l’étiquette de négrier, mais l’histoire indique que cette accusation est plus que probablement fausse. []

juin 24, 2011

L’économie, c’est simple comme une réflexion de chef d’Etat

Filed under: économie mon amour,politopics — tito @ 4:22 pm

Selon un rapport Natixis signé de l’économiste Patrick Artus1, et contrairement aux assertions imbéciles d’Angela Merkel2, les Allemands ne travaillent pas plus que les Grecs, les Italiens, les Espagnols ou les Portugais. Au contraire, on peut même dire qu’en moyenne les Allemands travaillent moins d’heure par an, mais aussi en moyenne dans toute leur vie, et ont -en moyenne toujours plus de vacances…3

 

Et ils ne coûtent pas non plus moins cher à leurs entreprises. Si les charges sociales allemandes sont actuellement en baisse, elles sont encore largement supérieures que dans ces quatre pays.

Alors quels sont les secrets de l’Allemagne pour avoir su maintenir la barque à flot?

Ce n’est pas un miracle: l’Allemagne exporte plus que ses voisins, vit sur son épargne, s’est endetté et s’endette beaucoup moins que la plupart de ses voisins. Ses ressortissants, tout comme ceux de la Belgique et de la France, sont bien formés, et donc sont plus productifs. Les infrastructures en Allemagne ou en Belgique, comme dans d’autres pays comme les Pays-Bas, sont simplement plus performantes et/ou plus modernes que dans la plupart des régions du Sud de l’Europe. En suite de quoi, ils sont également encore plus compétitifs dans bien des secteurs, car, même s’ils coûtent plus chers, ils produisent mieux et plus qu’ailleurs où les salaires creusent des galeries.

Quand un politique ou un économiste vous parle de coûts, de temps de travail, de productivité ou de compétitivité, prêtez l’oreille à ce qu’il ne dit pas. Car s’ils avaient vraiment raison de se plaindre, dans un marché mondial globalisé, il y a longtemps que leur pays n’existerait plus. C’est pas de moi tout ça, c’est simplement une petite adaptation de la théorie des avantages comparés. C’est un certain Adam Smith qui a sorti ça. Au XVIIIe Siècle. Selon lequel chaque nation devrait se concentrer sur ce qu’elle sait faire le mieux, exporter sur ces bases, et acheter ce qu’elle fait mal ou moins bien.

Ce n’est pas ma tasse de thé, personnellement… Non, non… Pas parce que la théorie de Smith serait infondée, incorrecte ou non scientifique, non: elle est fondée, judicieuse et basée sur l’observation des faits. Mais elle ne génère pas de la justice sociale.

En effet, dans un monde où les pouvoirs financiers sont aussi mobiles que des discours de vitrines politiques, les avantages comparés paraissent changer de situation toutes les dix minutes, et l’on ferme des entreprises qui venaient d’être ouvertes quelques années plus tôt sous prétexte qu’on fait mieux/moins cher/plus près du client/avec moins de syndicat/ bref, dans de meilleures conditions patronales ailleurs.

Tout cela resterait bel et bon si derrière cette logique il n’y avait pas chaque fois des individus embarqués -et débarqués- dans l’affaire, si ce n’était pas des familles par paquets de cent ou de mille qui dépendaient des caprices de la rentabilité d’un projet, des profits à deux chiffres, des soucis des fonds de pension et autres lubies de traders fous. Tout cela ne serait rien, donc, si les conditions de travail qui arrangent si bien les investisseurs ne concernaient pas si directement des travailleuses et des travailleurs éparpillés dans le monde, mais qui n’en ont pas moins chacun une vie, souvent une famille, fréquemment des rêves et des désirs de stabilité -ce qui n’est pas du tout du goût de ces personnes qui voient dans la Chine « l’atelier du monde », dans l’esprit des Coréens un exemple de servitude ou dans l’Afrique Noire un immense terrain d’exploitation dont les habitants sont les bêtes de somme -et dans l’Europe et les Zuessa un immense marché de consommateurs abrutis -ce qui est en train de devenir dans les pays dits émergents, histoire de ne pas faire de jaloux et de bien foutre en l’air tout espoir de stabilité écologique.

Lorsque le moteur de l’économie est un mélange de recherche de profits et d’ambition politique4, elle ne peut se faire fatalement que dans l’intérêt d’une poignée d’illuminés qui se prennent pour des innovateurs, des entrepreneurs, des visionneurs, des enchanteurs, des enlumineurs, ou que sais-je encore, et qui se figurent, comme au bon vieux temps de l’aristocratie, qu’ils doivent rester en charge des décisions importantes en matière politique -vu que les gens, ils ne savent pas ce qu’ils veulent-, et ils ont même inventé un chouette mot pour ça: gouvernance.

C’est ainsi que les Grecs ne peuvent plus décider de leur sort, mais c’est aussi le cas de la plupart des individus et des nations dans le monde: ne nous leurrons pas, dès que les cliques vaguement alternées au pouvoir dans les sphères européennes en auront terminé avec la Grèce, le Portugal et l’Irlande, ils iront niveler un peu « par le haut » dans les autres pays où les syndicats ne peuvent de toute façon plus rien faire depuis qu’ils se sont réduits au rang de partenaires sociaux en charge de négocier le prix de la vaseline, en gros… D’ailleurs, ils nous préparent de temps à la chose, et ce n’est pas pour faire joli dans les canards.

Alors, oui, les Grecs vont devoir travailler plus pour gagner moins… Mais ce n’est pas du tout pour les raisons imbéciles que nous a sorties la non-moins dispensable Merkel ou le guère plus pertinent Sarkozy. C’est simplement parce que les chantres de l’économie qui-refuse-le-nivelage-par-le-bas n’a qu’une seule option: continuer à raser gratis les moins vernis de la planète pour le plus grand profit de ceux qui financent leurs études, leurs campagnes électorales, leurs journaux…

Evkaristo poli…

  1. Que l’on retrouve ici: http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=58440 -j’ai un problème avec mon Java, pour l’instant. []
  2. Ici par exemple: http://www.atlantico.fr/pepites/angela-merkel-union-europeenne-trop-vacances-grece-espagne-portugal-101413.html []
  3. Cela nous rappelle l’imbécillité sarkozienne qui réclamait de ses dockers du Havre qu’ils travaillent 4000 heures par an, ce qui représentait une charge horaire de 16h par jour sans férié, sans dimanche, sans vacances. []
  4. Ce qui, à mes yeux, n’est pas loin d’être la même chose, mais laissons cela. []
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