Le hérisson révolutionnaire Le monde selon thitho

juillet 26, 2008

Tout a une fin

Filed under: la vie comme elle vient — tito @ 7:43 pm

désolé pour les trois commentaires que je viens de modérer (et d’approuver malgré une réticence –voir « ce sont nos fils de pute »). J’avais pas beaucoup accès au web…

quant à moi, je repars au Brésil dès lundi et, c’est promis, le rythme des posts va reprendre comme au bon vieux temps… Je suis sûr que vous êtes des milliers à vous en réjouir…

juillet 16, 2008

Le nouvel Hitler (n’est plus si jeune)

Filed under: politopics — tito @ 11:33 pm

Je ne suis pas spécialement castriste, ni même chaviste. Je n’ai de plus aucune sympathie pour les mouvements islamistes (et je suis loin de les mettre dans le même sac que Castro ou Chavez, notez). Mais il y a un truc qui me sort par les trous de nez, ce sont les appellations superlatives que journaux, télés et radios leur collent généralement sur le dos. Qu’un Saddam, un Oussama soient responsables d’un bon paquet de morts, soit. Que Castro ne soit pas un ange libertaire, sans doute. Que Chavez fatigue un peu dans ses costumes rouges et verts, oui.

Cela dit, qui a inventé la baionnette, la bombe atomique, le napalm et les armes à micro-ondes?
Quel système économique est responsable de deux guerres mondiales et des systèmes coloniaux à l’échelle de l’ensemble de la planète?
À cause de quoi sommes-nous menacés par les changements climatiques? Qui a angélisé le véhicule individuel super-polluant, la spéculation sur les produits agricoles et les boeufs qui grossissent trois fois plus vite en trois fois moins de temps? Qui a érigé la publicité en modèle artistique et en véhicule culturel?
Qui invente des armes toujours plus effrayantes, des missiles toujours plus performants, des sous-marins fous, des moyens de répression de plus en plus perfectionnés?
Qui sont les héritiers des massacreurs d’Incas, de Mayas, de Sioux, de Zulus,… ?
Qui fait disparaître les poissons dans la mer? Qui se fout des bisons, des baleines, des éléphants?

Qui écrase les hérissons, d’abord? (hint, hint: Ce blog a passé les deux ans.)

Les modèles économiques et sociaux des USA et de l’Europe ne pourraient objectivement exister sans les massacres des 500 dernières années qui ont saigné la flore, la faune et l’humanité.

Un exemple, un. La première guerre mondiale a été une excellente affaire. À part évidemment pour les 10 millions de morts et les dizaines d’autres millions de rescapés, fous, éclopés, malades, qui passèrent le reste de leur vie à aller chercher leur petite pension à la poste, pendant que les fabricants de conserve et de scies à métaux (pour les amputaions) se félicitaient des progrès technologiques nés du conflit.

Les guerres suivantes ne sont pas en reste. Je fatigue. Juste encore un mot, pour toi, capitalisme de toutes les tendances:

Bravo.

juillet 2, 2008

53 « artistes » à rayer de vos tables

Filed under: discussions piquantes,professions protégées — tito @ 9:29 pm

Etienne Daho, Christophe Maé, Kery James, Sinik, Francis Cabrel, Patrick Bruel, Jean-Jacques Goldman, Jenifer, Stanislas, Raphaël, M Pokora, Keren Ann, Thomas Dutronc, Eddy Mitchell, Isabelle Boulay, Maxime Le Forestier, Martin Solveig, Marc Lavoine, Calogero, Gérard Darmon, Pascal Obispo, Jacob Devarrieux, Elie Seimoun, Alain Bashung, Bernard Lavilliers, Rachid Taha, Bob Sinclar, Psy4delarime, Abd Al Malik, Anis, André Manoukian, Charles Aznavour, Alain Souchon, Mademoiselle K, Soprano, Arthur H, BB Brunes, Liane Foly, Emmanuelle Seigner, Ridan, Renan Luce, Zita Swoon, Johnny Hallyday, Empyr, Kenza Farah, Shine, Camaro, Diam’s, Renaud, Romane Cerda, Cali, la Grande Sophie et Cindy Sander.

Tous ces zozos ont signé une espèce de lettre ouverte aux méchants petits téléchargeurs de leurs oeuvres, ces pirates, ces pilleurs d’artistes, leur demandant d’arrêter de les écouter pour rien… Payez, immondes petits salauds…

Déçu par Lavillier, Bashung, Souchon ou Le Forestier que je croyais au-dessus de ça, tiens… Leur lettre soutient une loi de la ministre de la culture française qui vise jusqu’à priver les méchants pirates d’internet. On sait que cela ne touchera jamais les plus forts d’entre eux, mais de toute façon qu’importe: ces vieux placards de l’art « pour mineurs » ont semble-t-il oublié l’époque où l’on s’échangeait des cassettes recopiées… L’industrie du disque, déjà, ne devait pas s’en remttre, disait-on, ce qui s’avéra complètement faux, et la création musicale aboutit avec leurs splendides bénéfices à Jordy et la Star’Ac. Bref, que du bonheur…

L’argument hypocrite qui veut que les profits des gros propriétaires d’artistes permettent l’éclosion de sang neuf, donc, ne vaut même pas la peine qu’on s’y étale: le jour où les majors disparaîtront, les jeunes qui feront leur promo sur internet et sur des espaces d’affichages libres trouveront les moyens de faire des concerts géniaux dans des petites salles… Le jour où s’écrouleront également les grosses entreprises de spectacle, tous les artistes auront des possibilités plus ou moins égales de se faire entendre. Un grand pas vers la déprofessionnalisation des arts et du spectacles…

Ça rappellera le bon vieux temps où les Brel, Brassens et autres Piaf bouffaient de la vache enragée pour devenir ce qu’ils sont devenus… ça rappellera aussi Vian qui ne vivait pas de son art…

ça rappellera quand les chansons étaient chantées dans les rues, quand on en achetait les partitions et qu’on les apprenait par coeur pour les chanter ensemble… ça rappellera ce que c’est que l’art quand il n’est pas professionnel.

Rejoignez le groupe « électrocutez Cloclo deux fois » sur fessebouc et Orcutte…

juin 26, 2008

ET SI LE CAUCHEMAR DE WAHOUB N’AVAIT PAS EU LIEU?

Filed under: discussions piquantes,politopics — tito @ 10:01 pm

Joie sans mélange : Wahoub est sortie. Mais l’instruction se poursuit et Bertrand reste dedans…

Imaginons qu’à la place de Wahoub, les troupes de choc de la police fédérale n’aient arrêté personne. Ou se soient acharnées sur un de ses amis moins connus. Un quelconque Constant, un autre Abdallah, un troisième « ex-ccc »…

Imaginons un instant ce qui se serait passé.

En première ligne des réactions, quelques têtes identiques, évidemment: les copains du Secours Rouge et Wahoub elle-même, le patron du Verschueren, aussi. Mais seraient-ils parvenus à réveiller les (paraît-il) 40 signataires (dont 24 connus) de la carte blanche de la semaine dernière?
Le CLEA serait monté au créneau, et probablement quelques autres associations comme le Comité T ou la LDH (avec un peu d’optimisme). Grâce notamment à la personnalité de Wahoub qui, jusqu’à hier, mobilisait de l’intérieur.
Les amis de Bertrand et des autres auraient réuni une fraction non négligeable des 300 à 500 manifestants du 21 juin dernier (mais quelle fraction exactement?).
Plus difficile: les Secours Rouge auraient-ils réussi à réunir des fonds pour payer les avocats de Constant, Bertrand et Abdallah? Pierre aurait-il été libéré aussi facilement?
Autre chose: les éditoriaux ‘révolutionnaires’ (charrie pas!) de la Libre et du Soir sur la pertinence de l’application de la loi anti-terroriste auraient-ils été publiés?

On peut en douter sérieusement.

On doit peut-être -c’est terrible à dire- à l’arrestation de Wahoub une mobilisation « démocratique » et des réactions journalistiques et d’ONG telles que le débat sur les arrestations arbitraires de « l’après-11-septembre » (qui, franchement, joue à l’arlésienne que c’en n’est plus permis –si ce l’a jamais été) s’est un tout petit peu rallumé comme il aurait dû depuis un paquet de temps.

Combien d’entre nous n’auraient parlé de cette affaire qu’avec légèreté, au détour d’une bière ou en lisant un entrefilet dans le journal du matin, se demandant même si la police ne faisait pas tout bêtement son boulot et s’il ne fallait pas laisser la justice régler cette petite affaire qui, après tout, ne concerne que deux anciens poseurs de bombes, peut-être nostalgiques et désireux de faire montre de leur savoir-faire à d’autres moments qu’à des fêtes de mariage, un ex-truand et deux zozos dont, on l’entend souvent, on ne sait pas grand’chose -ce qui indique qu’on peut en imaginer plein, évidemment…
Quelle force, quelle légitimité, le Secours Rouge aurait-il eu si Wahoub n’avait pas été arrêtée?
Aurait-elle autant fait la différence depuis l’extérieur que de l’intérieur de sa cellule?

Attention, je ne remets pas du tout en question sa combativité, son dévouement, son intelligence et son engagement, mais bien les raisons de son actuelle capacité de mobilisation. Et surtout les motivations de ceux qui la soutiennent, qui font bien de la soutenir, mais dont on peut se demander s’ils vont continuer à remettre en question le processus en cours si wahoub échappe –comme je le souhaite- aux foudres des procureurs. Ces foudres que sont la criminalisation de tout ce qui refuse le diktat de la « guerre contre la terreur » et la condamnation a priori de qui ne pense pas dans les mêmes termes que la bourgeoisie au pouvoir.

———–

Me serais-je moi-même manifesté plus que nécessaire depuis mon lointain exil? Certes, j’aurais écouté Julien et Wahoub qui sont les détenteurs inconditionnels de ma confiance en toute matière politique -et autres- (à part sur la question de la responsabilité de l’échec de la Première Internationale de 1866, sans doute). Mais cela m’aurait-il autant touché d’apprendre que d’anciens activistes marxistes et trois de leurs amis s’étaient fait arrêtés si mon amie était, elle, restée dehors?

Soyons honnêtes ; malgré la certitude que c’est de la même liberté d’expression, d’action et d’association qu’il s’agisse, et que j’en suis bien conscient, la réponse est : sûrement pas. Sûrement pas autant.

Mais, et parce que je sais que c’est ce que voulait Wahoub dedans et ce qu’elle veut dehors, je ne me mobilise aujourd’hui que pour que tous sortent le plus vite possible -et en groupe de préférence- de cet imbroglio pseudo-judiciaire sous les acclamations de tous leurs proches et de celles des vrais citoyens responsables qui privilégient les droits de chacun à la vieille vierge effarouchée qu’est cette insupportable sécurité d’État, à laquelle tant de libertés et de vies humaines ont été sacrifiées partout dans le monde et à toutes les époques -sans exception -stupidement…

juin 24, 2008

Les nouveaux Zola

Filed under: discussions piquantes,politopics — tito @ 4:38 am

Je fais référence à des événements précis, dont les acteurs se reconnaîtront.

Le révisionnisme, à l’époque de Zola, c’était une bonne chose. Proust, Gide, France, Durkheim, Renard sont parmi les nombreux Français qui voulaient que soit revu le procès du capitaine Dreyfus, condamné pour faits d’espionnage dont il n’était pas l’auteur. (Les anars, à part Fénéon, devaient bien rigoler à cette époque.)

Aujourd’hui, sont appelés révisionnistes les méchants qui prétendent que les chambres à gaz n’ont pas existé, ou alors, si, mais en petite quantité (et pas assez, sans doute). Bref, des imbéciles frustrés et qui ne valent pas la corde pour les pendre, mais à qui, selon moi, Chomsky et Voltaire, on a tort de vouloir couper la parole: ils adorent afficher leur martyrologue.

Bref, le mot révisionniste a un peu changé de sens…

Par rapport à l’époque de Zola, une autre chose a changé: lui, l' »intellectuel » (qui n’avait pas son bac) accusait l’État et ses sbires d’avoir fait un mauvais procès à un pauvre bougre qui fera la Première Guerre Mondiale avec le grade de colon. Aujourd’hui, les « citoyens responsables » sont ceux qui condamnent des faits qui ont déjà été condamnés par la justice (de classe) et des hommes qui ont déjà été enfermés, voire massacrés, par le pouvoir qu’on ne discute pas. Parce que sans le pouvoir, c’est le bordel, je suppose. Mieux vaut un mauvais ministre de l’Intérieur que pas de ministre du tout.

On constate que la prison, supposée amender le forçat, ne le fait pas: alors, on re-condamne: on ne défendra pas un poseur de bombes. Ciel, se dit-on, l’effet tant désiré par les joyeux démocrates depuis la révolution française (et dont Vidocq déjà dénonçait l’efficacité plus que moyenne dans son opuscule Considérations sommaires sur les prisons, les bagnes et la peine de mort en 1844), de la prison, à savoir la rédemption, ne suit pas l’investissement. Qu’à cela ne tienne, le rôle principal de la prison n’est-il pas d’isoler et de punir le méchant?

Mais alors, pourquoi finit-il par sortir?

Toute la question, semble-t-il, est là: de plus en plus, le fragile terreau de la très moderne (quoique contestable, dans le principe) idée selon laquelle la prison peut « récupérer », « amender », « rééduquer » les malfrats pour les rendre ensuite à la citoyenneté dont ils n’auraient jamais dû se détourner, ce fragile terreau qui, finalement, est assez récent (c’est le XVIIIe siècle qui en a fait germer l’idée parmi d’autres bien plus rigolotes comme celle du bon sauvage ou de la main invisible du marché -était-on spirituels à l’époque), est remis en question en Europe.

Non seulement la prison sert de plus en plus à punir sans chercher à amender (voyez les lois fascistoïdes qui consistent à emprisonner ceux qu’ensuite l’on expulsera sous prétexte que la guerre et la famine ne sont pas assez manifestes « chez eux »), mais en outre on remet en question ici et là (et plutôt ici que là) l’idée selon laquelle le condamné, une fois sa peine purgée, a le droit de revenir vivre au milieu de ses pairs -c’est-à-dire ceux qui ne se sont pas fait attraper: les citoyens responsables.

Après tout, elle n’est pas belle l’idée selon laquelle certains feraient mieux de naître en taule et d’y rester? Cette thèse, dont son plus scientifique représentant, Cesare Lombroso, sévit au XIXe Siècle, mériterait d’être revivifiée et réactualisée par nos « imbéciles heureux d’être nés » le cul dans la sociale-démocratie. Ça leur permettrait d’asseoir leurs condamnations et leurs re-condamnations sans souci de devoir en vérifier les faits. Ainsi, tout agité social relâché dans la nature pourra, à tout moment, être remis derrière les enceintes ducpétiesques quand le contexte social le réclamera. Et, par extension, tout qui se sera un peu trop approché d’eux sera considéré comme contaminé par la violence émanant de leurs personnes (C’est McCarthy, en gros…) telles les effluves séductrices et obscènes des chevelures musulmanes qu’il faut enfermer sous d’irrationnelles protections de soie -éventuellement Gucci ou Versace.

Comme il est facile de refuser de défendre des « poseurs de bombes » ou de se cacher derrière des « principes » pour ne pas se prendre un coup de bâton électoral. On agite le mythe de l’Islam intégriste (encore un mot -intégriste- qui, au temps de Zola, signifiait autre chose qu’aujourd’hui, tiens) pour stigmatiser des gamines et les replier dans les jupes des moins intéressants des clercs de cette religion-là ou on évoque les « années de plomb » sans aucune perspective historique (et en oubliant la popularité -même relative- des activistes de gauche de cette époque) pour se draper dans un monceau de clowneries et diviser ce qui reste des progressistes sous prétexte qu’on se sent plus près de Louis Michel que d’un obscur militant d’extrême-gauche. Bientôt, ils se sentiront plus près de Bush que des Farc, d’Uribe que de Chávez, de de Gaulle que de Cohn-Bendit (jeune), de Nicolas que d’Arlette. Après tout, dans le tas, qui sont les citoyens responsables?

C’est le genre de raisonnements qui les aurait amenés à condamner à mort ou à la prison à peu près tout ce que l’histoire compte de rebelles ayant eu l’idée d’user de la violence un jour parce qu’ils ont cru que le contexte social le leur permettait pour parvenir à un monde meilleur. Les travailleurs de Hay Market Square Chicago de 1886 n’auraient pas trouvé grâce à leurs yeux, ni, qui sait?, les mutins les plus violents de 1917.

Allez, vais-je encore crisper plus la situation? Condamner la violence par principe, c’est bien joli, mais ça leur demanderait un peu plus de boulot qu’une carte blanche sélective dans ses affinités…

juin 21, 2008

Qui a vomi?

Filed under: la vie comme elle vient — tito @ 5:06 pm

Qui a dit, histoire de condamner le téléchargement de produits culturels sur internet:

« Internet est un lieu en dehors des lois. Or la liberté ne signifie pas que l’on est hors-la-loi. Aucun d’entre nous ne peut être hors-la-loi. C’est la condition de la démocratie. »

-Philippe Moureaux?
-Joséphine Baker?
-Ludwig van Beethoven? (ou von)
-Catherine de Médicis?
-la femme (de gauche) du président (de droite)?
-Laurent Joffrin de Libération, qui comme chacun sait, ne promeut que ce qui est de gauche?


Apparemment, le mariage ne bonifie pas les gens…

juin 20, 2008

responsables / irresponsables

Filed under: politopics — tito @ 8:39 pm

Je vous invite à aller jeter un oeil sur ces deux sites.

http://www.secoursrouge.org/
http://wahoub-fayoumi.blogspot.com/
Vous y trouverez des demandes de soutiens de toute sorte, y compris financiers. C’est assez urgent…

« Citoyens responsables », de quoi l’êtes-vous, exactement? Et bien notamment de vivre en sociale-démocratie théorique, sans réagir lorsque des gamins sont mis en centres fermés, lorsque des arrestations arbitraires sont réalisées sous prétexte que nous sommes tous amérloques, lorsque vous vous gaussez de vos politiques qui s’occupent plus de la scission d’un district électoral que du respect des droits fondamentaux de l’individu…

En attendant, courez, les copains, vous avez la croissance au cul!

juin 17, 2008

Ils sont encore de plus mauvaise foi que les nôtres

Filed under: Brésil,la vie comme elle vient,politopics — tito @ 1:09 am

« La police nie avoir utilisé des matraques » (appelée casse-tête en portugais)

Lors d’une manif « tous nus à vélo »

Regardez la deuxième photo surtout. La première c’est un casse-couilles…

Les plus avisés d’entre vous reconnaîtront aussi le gaz au poivre sur la deuxième photo…

Vive la fête

juin 12, 2008

« la saison de reproduction des cols blancs…

Filed under: économie mon amour,politopics — tito @ 4:57 pm

… coïnciderait-elle enfin avec celle des cols bleus aux USA. »

Non, il ne s’agit pas de canards (déchaînés), mais de l’expression utilisée par les médias US pour parler des employés de bureaux supérieurs (cols blancs) et des ouvriers (cols bleus). C’est mignon, non?

Or, jusqu’il y a peu, constate cet article du magazine plus-ou-moins-mais-pas-trop progressiste-genre-pro-Obama The Nation, les luttes syndicales des uns et des autres ne correspondaient guère. Mais il semble que le vent tourne (il y a d’ailleurs un joli « manifesto » comme on dit en italien, en tête d’article, qui rappelle les plus belles heures de la propagande maoiste, ce me semble): les cols blancs, eux aussi, sont maltraités par les patrons (grrr). Alors ils rouspètent. Enron, la crise des subprimes, les « permatemps« , c’en est trop!

Notons que des problèmes comme celui de faillites plus ou moins arrangées ou de crise sur les emprunts, lorsqu’elles ne concernaient que les (très) bas revenus, n’intéressaient pas le politique, mais comme ils commencent (enfin!) à toucher de plein fouet cette classe sociale normalement privilégiée que sont les employés de bureau de type « upper middle professional class » -comme les appelle l’article- alors, évidemment, ça change tout.

Que les ouvriers se prennent des délocalisations par milliers dans la gueule, c’est normal: c’est la preuve que le libéralisme fonctionne, ça a été le cas pendant deux cents ans, pas de raison de changer.

Que les employés, mais aussi petits actionnaires via leur fond de pension, d’une grosse compagnie énergétique se prenne une faillite et mette des milliers de pavillonards sur le carreau, retraite (privée) comprise, et tout à coup les mass-medias se disent que, tiens, c’est pas juste, dis donc, et que, quand Wall Street pique du nez et que surgissent des « petits propriétaires emprunteurs de tous les États, unissez-vous », même les très républicains congressistes en appellent à un allègement des dettes -alors que les ouvriers expulsés depuis la fin des trente glorieuses, eux, sont toujours en train de graisser leurs riot-guns dans leurs caravanes avec l’espoir de liquider un de ces sales petits Coréens qui leur ont piqué leur boulot au cas où ces sales jaunes venaient à visiter une ville sinistrée pour rigoler.

Dans l’article, c’est, semble-t-il, dans le giron de Microsoft(1) que des employés maltraités (permatemps: permanents temporaires) se sont réveillés parmi les premiers et ont commencé la révolte.
Ira-t-elle jusqu’à la lutte finale? Les « Dilberts of the world » iront-ils, tous, mug dans le mug, jusqu’à la grève générale de la souris?

Pousseront-ils le bouchon jusqu’à détruire leurs ordinateurs portables à la manière des ouvriers des siècles précédents qui manifestaient par là (eux détruisaient leurs machines, pas leurs portables, camarade) leur mécontentement (au risque d’abandonner leur droit à naviguer sur la Toile)?

Les verra-t-on signer des pétitions en masse on-line (auquel cas il leur faudra éviter l’action précédente)?

La révolution technologique tournera-t-elle à la révolution tout court?

On n’ose y croire -avec un n’, hein…

(1) Et ce malgré Akhtar Badshah, directeur des programmes communautaires globaux, qui, dans un interveiw accordé à CartaCapital, ici, affirme que Microsoft a toujours été à la pointe du souci social depuis 1983, et que, même que, dis donc, c’est dans l’ADN de la société, ce n’est pas du tout intéressé, cette fibre sociale et philanthropique. Dis donc.

juin 10, 2008

Ce que j’entends par… déprofessionnalisation de l’enseignement

Filed under: professions protégées — tito @ 5:13 pm

Bon, alors je dois définir deux ou trois choses.
En rapport avec les articles qui ont suscité débat un peu plus tôt dans l’année (dans l’ordre: ce premier, ce second, ce troisième, ce quatrième, et ce dernier, qui étaient consacrés à l’enseignement).

Je commencerai donc par:
déprofessionnalisation:
Je n’entends pas « professionnalisation » comme beaucoup qui y placent la compétence, le savoir-faire, le sérieux et l’abnégation. Pour moi, toutes ces qualités ne sont pas le monopole des professionnels. Et donc, j’entends par déprofessionnalisation l’émancipation d’une activité productrice, créatrice ou enseignante de sa nécessité financière. Il existe des professions trop importantes pour dépendre de leurs autorités payeuses. Que ce soit l’État ou le capital privé ne change rien: l’intention de l’un étant de reproduire son propre pouvoir, de l’autre de conserver les structures sociales à son avantage (ce qui revient d’ailleurs au même), ni l’un, ni l’autre ne devraient être en mesure de décider pour la population non possédante et non dominante de ce qui détermine leur existence. Ainsi l’enseignement, la santé, la justice, ne devraient pas être à la disposition des plus forts (ci-identifiés les nantis et les gouvernants).

Concernant l’enseignement et l’État, justement:
Je lisais récemment un article dans le Caros Amigos sur l’élitisme à l’école, à São Paulo. Le gouverneur de l’État, un ancien gauchiste passé à l’ennemi (actuellement l’un des leaders du plus puissant parti héritier de la dictature), José Serra, veut promouvoir le paiement des professeurs en fonction des résultats scolaires des élèves.

En voilà une idée qu’elle est bonne.

Je veux dire: elle n’est pas logique? Nous avons, professeurs, une obligation de résultat, au fond…
Non?
Si… Nous avons une obligation de résultat. Mais nous ne devrions rendre des comptes qu’à ceux qui nous font confiance -pas à ceux qui conditionnent notre salaire à une série de prérequis qu’ils affirment démocratiques parce que leurs auteurs ont été prétendument élus…

L’enseignant professionnel est exposé, et pas seulement dans le cas brésilien évoqué ici, à la surveillance de son autorité consulaire (de « consul », autorité suprême sous la république romaine, élu tous les ans démocratiquement, le plus souvent grâce à la somme investie par son parti). Il est donc soumis à son bon vouloir. Qui a vu le film (ou lu la bédé) « Persépolis » se rappelle, je suppose, du personnage de l’institutrice iranienne de l’héroïne qui, avant la révolution de 78′, fait l’éloge du Shah, sans discussion possible, et, après, le voue aux gémonies et fait sienne la loi qui veut que toutes les filles doivent se couvrir de la tête aux pieds.

Combien de professeurs sont prêts à enseigner à leurs ouailles que les colonies ont eu un impact positif sur les populations soumises? Je veux dire: des professeurs d’aujourd’hui, normalement avertis, qui savent, qui ont étudié récemment, qui ont mai-68, Charonne et autre guerre d’Algérie derrière eux, que le colonisateur n’est pas légitime et que, si leurs vies n’étaient pas parfaites, les peuples colonisés n’ont pas bénéficié de la présence occidentale. Combien de professeurs, si on leur impose demain d’enseigner le contraire, oseront risquer leur salaire?

Combien de temps a-t-il fallu pour que les mutineries de 1916-1917 ne soient plus vues comme des trahisons à la patrie au cours d’histoire? Pour que Paris s’arroge enfin une Place de la Commune?

Si nous devons toucher un salaire pour notre travail d’enseignant, nous mettons en jeu notre intégrité, notre sens critique, notre loyauté envers nos élèves et notre matière. Selon moi, c’est contraire à la vocation de l’enseignant (tout comme de l’assistant social, du journaliste, du médecin, etc.).

Voilà pourquoi l’enseignant ne peut pas être professionnel. Parce qu’il doit être libre et sans contrainte; l’enseignant, comme l’artiste ou le chercheur, ne sera certain de pouvoir faire un bon travail que s’il l’exerce en conscience et dans le respect ce qu’il fait, et de ce pour quoi et pour qui il le fait. Son revenu ne peut dépendre de son activité d’enseignant: il doit donc être libéré de la nécessité de respecter un contrat et donc être assuré du minimum vital sans devoir rendre de comptes sur l’objet de son enseignement.

Qui surveillera l’enseignant? Vous, camarades, pas l’État, en qui votre confiance est mal placée… Ni une officine privée qui n’aura pour but que de servir les objectifs de ses financiers.

Au boulot…

à venir: définitions de l’école et de l’auto-discipline.

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