Une démocratie à l’épreuve des balles

March 10th, 2008

La Colombie, sincère alliée des USA (la plus grande démocratie du monde), est également une république heureuse et prospère, dont la population ne peut s’empêcher d’élire que des libéraux et des conservateurs depuis des décennies. Il doit bien y avoir une raison pour ça… En tout cas, le magazine brésilien Veja y croit dur comme fer.

Il faut dire que les communistes, soit ont été massacrés peu après l’assassinat du libéral modéré (ou populiste selon les sources) Jorge Gaytan, soit se sont constitués en groupes armés qui, selon les dires du président, ne font rien qu’à être des terroristes plein de drogues.
Il faut dire aussi que les dernières élections colombiennes, avec 56 pour-cent d’abstention, n’ont pas été tout à fait clean, niveau fraude. Il faut dire enfin qu’Uribe est le premier président colombien depuis Bolivar à avoir trouvé le moyen de se faire réélire. Comment? en changeant la constitution deux ans avant… Tiens, tiens? Ça ne vous rappelle rien?

Difficile de ne pas reconnaître à Uribe le droit d’intervenir dans un pays laxiste comme l’Équateur pour éliminer de dangereux combattants (surpris en plein sommeil) qui s’y sont réfugiés, les lâches, comme si on jouait à touche-touche-plus-haut…

Le hic, c’est que Raul Reyes, désormais feu, était en pleine négociation pour libérer des otages. Ça la foutrait mal si Uribe n’avait pas trouvé sur le corps dudit un ordinateur portable plein d’informations super-géniales. La première desquelles, répercutées par tous les bons journaux des bonnes librairies, étant que l’infââââme Chávez aurait fourni 300 millions de dollars aux Farc pour les aider à répandre la terreur (dixit Uribe, et notamment reproduite par le très peu déontologique Veja, magazine à l’usage des imbéciles brésiliens -je vois pas d’autres qualificatifs).
Or, que lit-on sur ce fameux lap-top? Un échange de mails entre membres des Farc inclut en effet l’horrible mention suivante, à la date du 23 décembre dernier:

Con relación a 300, que en adelante llamaremos ossierya hay gestiones adelantadas por instrucciones del jefe del cojo, las cuales comentaré en nota aparte. Al jefe lo llamaremos Ángel, y al cojo Ernesto.

Ce qui se traduit par (j’ose espérer que les plus hispanophones d’entre vous me corrigeront si je me suis fourvoyé):
“En relation aux 300, que nous appellerons désormais “dossier”, des efforts se poursuivent selon les instructions du chef du cojo, dont je parlerai dans une note suivante. Appelons le chef Angel et le cojo Ernesto.”

Voilà, voilà… les 300 millions de Chavez (qui prend ici le nom de code “Angel”, mais, dans le reste du mail -et notamment à la ligne suivante-, est appelé… Chávez)…

300 millions de dollars… Alors que le dollar est si bas… Est-ce bien raisonnable?

La suite du mail évoque très clairement la libération d’otages. Le journaliste d’investigation Greg Palast (qui nous fournit le texte du mail) suppose que les 300 se réfèrent à la mention de 300 prisonniers à échanger… Il n’en est pas sûr, mais l’hypothèse a déjà l’air plus vraisemblable que d’envisager 300 millions (pourquoi millions et pas milliards?) de dollars (pourquoi dollars et pas euros?).

Quelques sources un peu alternatives à propos d’Uribe:
http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=578 qu’on peut difficilement taxer de gauchisme: il est sénateur socialiste en France.
http://www.legrandsoir.info/spip.php?article5870 déjà plus radicaux…
http://risal.collectifs.net/spip.php?article1866 de vrais chavistes, ceux-là…

La fièvre jaune

March 10th, 2008

Les USA s’inquiètent… Le Japon itou…

La Chine vient d’augmenter son budget militaire pour le faire cumuler à 39 milliards d’euros

Ciel…

Il y a quelques jours à peine, le budget américain de la défense a été augmenté à 515 milliards de dollars, frais d’Irak et d’Afghanistan non compris…

Imaginons même que comme le craignent les USA la Chine ait un budget militaire caché et qu’il atteigne selon leurs estimations le chiffre de 139 milliards de dollars, il est encore quatre fois moins élevé que celui de la “plus grande démocratie du monde”, qui ne cesse de hurler aux incitations à la guerre de toute part (et notamment sur le continent sud-américain)…

Même si je ne me réjouirai jamais de l’augmentation d’un budget militaire, qu’il soit chinois ou monégasque, je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel en apprenant l’indignation amerloque… Manque de transparence… Inquiétude… Ils plaisantent? Doit-on rappeler que la Chine représente un milliard 330 millions de personnes, alors que les USA n’abritent (littéralement) que 300 millions d’âmes (pieuses et une poignée de résistants athées)?

On refait les calculs? selon les chiffres amerloques (donc pas officiels des Chinois), les Chinois dépensent à peine plus de cent dollars par habitant dans le domaine militaire.
Les Amerloques en dépensent 1716 par habitants…
Qui est réellement à craindre?

Heureusement que dans les films américains, ce sont toujours les gentils qui gagnent… On peut continuer à rêver…

Brèves

March 9th, 2008

machines à voter

Polémique dans les Hauts-de-Seine après la panne d’une machine à voter
La candidate des Verts dénonce cette panne qui s’est produite à Sèvres.
Les électeurs ont dû utiliser les machines réservées aux handicapés.

En soi, on s’en fout… Les élections, à ce jour et telles qu’elles existent, ne servent qu’à donner des chèques en blanc à des conservateurs-de-la-rupture-qui-vont-tout-changer-sans-toucher-à-vos-privilèges… Évidemment, utiliser des machines, c’est encore pire: un jour, elles finiront par voter pour vous (pas pour moi, je vous rassure -et cela dit, est-ce pire que de vous voir continuer à aller voter?).

Le côté amusant, c’est que seules les machines pour handicapés fonctionnaient encore… et selon l’article il ne sera pas possible de retransvaser les comptes de cette machine dans l’originale (qui souffrait sans doute d’un handicap).

Dans le décompte final, voilà une ville des Hauts-de-Seine (fief de Sarkozye) qui affichera un haut taux de personnes déficientes… Coïncidence? Quelle déficience, d’abord?

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La 3e guerre mondiale est reportée

Dans la série des bonnes nouvelles, embrassades entre Chávez, Correa et Uribe sous l’oeil attendri d’Ortega et Morales.
Ouf.
On a échappé à la guerre à 3.000 km de chez moi.
Alors:
1) Uribe était sincère (et combien de temps vont mettre les Amerloques pour cesser de le financer, le déposer et mettre un autre facho à sa place);
2) Uribe temporise (et la guerre d’Amérique Latine ne fait que commencer);
3) Uribe a confondu Correa avec Condoleezza Rice (et ses conseillers ne l’ont pas encore compris, croyant à l’une des deux autres solutions);
4) Uribe en a profité pour empoisonner Correa et Chávez, ce n’est plus qu’une question de jours…

Gary Gygax est mort

March 5th, 2008

Non, ce n’était pas un révolutionnaire (‘fin, je ne crois pas), ni un concepteur de logiciels en source ouverte, ni un poète aux talents d’orfèvre, ni…

Gary Gigax est l’un des pères du jeu de rôle. C’est le co-concepteur de Donjons et Dragons, qui est à l’origine de plein d’autres jeux, comme Paranoia, l’Appel de Chtullu, Maléfices et bien d’autres (je ne nomme ici que mes trois préférés).

Les jeux de rôle, s’ils ne sont pas anti-capitalistes, ont tout de même beaucoup de qualités: ils incitent notamment à la créativité et à la participation. Généralement, ils se fondent sur la collaboration des joueurs, et peuvent les amener à résoudre des problèmes de société ou des enquêtes, accomplir des quêtes et des hauts faits, ou simplement tenter de vivre des vies créatives, dans un monde qui les coince et les frustre. Dans Paranoia, ce n’est pas la collaboration qui est mise en exergue mais, sur un mode jubilatoire et parodique, une véritable critique sociale dans une contre-utopie qui serait un mélange du Meilleur des Mondes et d’une nouvelle de Philip K. Dick. Un must en matière d’observation des luttes de pouvoir crétines.

Personnellement, le jeu de rôle m’a beaucoup apporté, même si je n’en étais pas un accro comme il en existe beaucoup. J’en ai retiré beaucoup de joies, mais aussi beaucoup d’expérimentation de l’autre. C’est un type de jeu qui porte en lui beaucoup plus qu’une simple dimension ludique, à l’instar des échecs ou d’autres jeux créatifs.

L’utilisation de jeux de rôle dans des domaines sociaux (animations, formations), scientifiques (psychologie) ou artistiques (théâtre) est l’indice certain que Gygax est un homme dont l’univers personnel aura eu des répercussions intéressantes et riches sur nous -et probablement aussi sur son portefeuille,… mais bon, le jour où ma lutte pour l’amateurisme sera vaincue est encore loin d’être arrivé…

On n’en a rien à fouttre (avec deux t, tiens)

February 28th, 2008

Je suis abonné au service des statistiques du gouvernement belge (ainsi qu’au service du déclassement des archives amerloques), ça peut être utile…
Mais pas toujours. Je crois qu’ils se sont mis une petite piqûre de people pour leur dernier courrier d’info:

Savez-vous que…

7.349 des 10.584.534 habitants de Belgique sont nés un 29 février !

Source : Direction générale Statistique et Information économique du SPF Economie.

Tiens, par la même occasion, je suis enfin entré dans l’âge moyen… Je ne suis plus un de ces cons de jeunes… hihi…

Course

February 26th, 2008

En rapport avec le très joli texte de Ju, sur sa préparation aux 20km de Bruxelles, je vous en propose un de moi en prose poétique qui vient de fêter ses dix ans.

Course

Je m’étais déguisé en semi-pro -pas certain d’être vrai -je ne sais pas. J’ai remonté les nids jaunes, les oreilles accrochées à ces diables de rythmes en boîte. L’espace était encore doré. Mes jambes étaient déjà lourdes. Je digérais. Les chars de l’enfer et les fureurs rouges, orange et vertes me faisaient tordre la tête -une colonne de fumée me ralentit aux portes du souverain. Les échos de la ville ne m’effleuraient pas. Les contours alentours m’arrivaient flous. Je ne respirais que pour vivre. Seuls mes pieds touchaient parfois terre. La visière sur le front, sur la nuque, un cliquetis de tour Eiffel sinistre, un décodeur magnétique adroit, mes lèvres murmuraient parfois les sorties de théâtres, les coeurs autour du monde, les samplings lunaires -j’aimais ça. Ma hanche droite m’a alerté dans la première ascension -je touchais à nouveau terre plus souvent -plus lourdement -ce corps se rappelait à moi -j’ai tenté un saut dans les champs dorés -je passais alors devant l’empire du plastique (brutal retour).

Plus loin. Déjà un demi-tour. Je me sens proche. Un couple, un cycliste, un chien et le truc qui l’accompagne en général au bout d’une laisse. La terre est toujours bien là. Elle m’enfonce un peu plus quand j’accroche dans l’ombre de mes rétines les cannes d’anciennes étoiles proches du trou noir.

Je passe une dernière vitesse -j’accroche- c’est plus difficile que… Là-bas, au loin, les aiguilles me narguent de leur invisibilité -quelques frères d’armes me soutiennent -mais de réaliser qu’elle est encore si loin -je ne comprends pas tout de suite que je marche… que mes pieds brûlent dans leurs cuirs… que mes poumons réclament l’Everest -il n’était plus loin mais il m’écrasait de sa proximité -pourquoi hésitons-nous encore là?

Est-ce en rêve que j’ai repris ma course? Était-ce réel lorsque le bronze incohérent de liberté sembla se révéler à moi? et ces insectes écrasés qui me grimpaient sur les cuisses et le dos -d’où venaient-ils?

Je pédalais encore dans le vide -bien sûr, qui espère arriver? Je souffrais en cadence, écroulé, le coeur à la Chaplin, au vinyl d’avant-guerre. Mes bras lançaient d’un côté, de l’autre. Ma langue était jaune, je me ramassais sur moi, je m’étendais le plus loin possible. Mes chaussures à bas, mes cuirs à l’air, ma chemise en feu. Je sentis distinctement, alors, pendant une longue minute -une minute bercée d’Islande- ce dont on me parlait quelques fois, qu’on me disait essentiel pour éprouver la beauté de la matière, fondre en elle et crier aux ciels, je sentis seul, sans les mains, le nez aux étoiles effacées par les richesses de la ville, je sentis la mer allée avec le soleil.

Je me revoulus ivre.

Le communisme recommence petit

February 26th, 2008

Une île chasserait-elle l’autre? Après le départ de Fidel, c’est la parti Arkel et son candidat Cristofias, communiste (mais pragmatique), qui s’emparent des rênes de la partie grecque de Chypre (c’est le gouvernement grec qui doit être en train de bouffer du chapeau).

On aurait presque envie de demander aux Amerloques de lancer un nouveau blocus… Histoire de rire une cinquantaine d’années de plus…

Qu’on se rassure donc, le camarade néo-président est généralement qualifié de “social-démocrate”, “pragmatique”, “socialiste pas anti-capitaliste”…

C’est à se demander s’il tressaille encore du poing quand il entend l’Internationale…

Juju, tu irais pas y faire un tour? il paraît qu’au moins Arkel avait le bon goût d’entretenir de bonnes relations avec les syndicats de la partie turque de l’île…

En voilà une idée qu’elle est bonne

February 24th, 2008

Histoire de consoler France Télévision qui va perdre son droit à des coupures publicitaires (et comment ne pas s’en réjouir, même si le premier bénéficiaire va être tf1 -et comment ne pas s’en foutre, quand on constate le niveau de la télévision actuel?), permettez que je vous narre comment ça fonctionne ici au pays des cariocas et des sambas…

Parmi les produits télévisés populaires, les telenovelas (feuilletons) sont sans doute les plus -économiquement, mais aussi idéologiquement- fiables; ça marche comme c’est pas possible et, en plus, ils ont trouvé un truc que France2 et France3 devraient utiliser: la pub n’est plus dans des coupures, mais bien dans le feuilleton lui-même(1)…

Bon, je tire cette info d’un article, mais c’est promis je vérifierai un de ces jours…

Donc, je ne peux qu’inviter tous mes lecteurs français à se réjouir de la perspective future: les chaînes publiques vont pouvoir se financer intelligemment sans coupure de pub: ils ne feront plus QUE de la pub, voilà…

Tant qu’à faire, je propose aux Belges qui suivent ces lignes de faire la même proposition à la retebef…

(1) Publicité commerciale, mais aussi idéologique, comme dans ce feuilleton où l’un des personnages assumait une charge publique tout en étant un parfait analphabète, référence on ne peut plus claire à l’actuelle président en fonction.

Qu’en aurait pensé Bécaud?

February 21st, 2008

Castro s’en va; ou plutôt, il annonce son retrait politique, son auto-cantonnement dans la sphère de la pensée…

Pro- et anti-Castristes vont se disputer le bilan de l’étrange révolutionnaire devenu -par la force des choses ou par décision propre?- conservateur, tout au moins de son pouvoir…

Je ne me réjouirai pas de son départ, non pas parce que je fais partie du clan de ceux qui voyaient en lui le “dernier bastion” ou la “figure de proue” ou quoi que ce soit d’autre…

Je ne me réjouirai pas, parce qu’en ce moment, dans la tête des Cubains, ça doit jouer à “Et maintenant, que va-t-on se prendre?” (hint: d’où le titre du post)

Ça faisait un lustre qu’il n’y avait plus eu une exécution à Cuba, le pays en voie de développement le plus avancé malgré le blocus miamiste… Pas mal, quand même…

Ah ben oui, la démocratie… (c’est pas gagné)
On attend impatiemment le retour des grands féodaux, ça c’est sûr, et c’est sûr aussi que les Cubains n’attendent qu’une chose: redevenir le club med’ de la mafia et des chefs d’entreprises américains…
C’est quand même bizarre qu’on ne souhaite pas plus de démocratie dans les pays de l’ex-URSS, ou bien en Colombie, ou qu’on ne parle pas plus des désirs d’émancipations des indiens Mapuche et des Sioux-Lakotas… ‘doit y avoir un truc qui m’échappe pour qu’on s’intéresse tant à un pays de 11 millions d’habitants, et si peu à la Biélorussie ou à l’Ouzbékistan… Pour qu’on s’escagasse autant pour la liberté de presse dans l’île et si peu pour la liberté de circulation en Europe… Pour qu’on nous chipote tant avec la liberté d’entreprise à la Havane, et si peu avec les situations d’esclavages en Floride…

Ah ben oui, la révolution…
C’est déjà plus vrai: un grand espoir avait surgi à Cuba: on allait éradiquer la pauvreté, l’analphabétisme, la sous-alimentation, la grande propriété terrienne, tout ça… et on l’a fait… Mais bon… Je préfère Fidel en costume adidas qu’en kaki, moi, personnellement(1)… Mais bon, c’est tout du personnel…

Bonne chance, Cuba…
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(1) Bon, évidemment, aurait-il fait tout ça en costume adidas… je ne sais pas…

Ce sont nos fils de pute…

February 19th, 2008

On attribue à Franklin D. Roosevelt (président des USA de 1932 à 1945) la phrase suivante, au sujet du dictateur du Nicaragua: “Somoza may be a son of a bitch, but he’s our son of a bitch.”

L’Europe, terre des droits de l’homme (mais pas des immigrés), est également -s’en souvient-on?- la métropole des colonies -ça, d’accord, on s’excuse-, mais également co-productrice du néo-colonialisme, et je voudrais en profiter pour commémorer ici…

NOS FILS DE PUTES…

Mobutu Sese Seko, maréchal-président à vie du Zaïre qui, sans l’aide de la Belgique, de la France et des USA, n’aurait pu se débarrasser impunément de tous ses opposants (à part le dernier). On ne s’en souvient pas assez quand on continue de voter pour les partis qui l’ont soutenu chez nous… C’est-à-dire en gros six des sept plus gros, même si à l’époque, les six en questions n’étaient que trois (puis, quatre, puis cinq…).

Grégoire Kayibanda, un monarque-président encouragé par la Belgique et l’Église catholique à perpétrer des massacres de Tutsi, sous prétexte d’autres massacres de ces derniers sur des Hutus. Connaissant le rôle de la Belgique dans l’escalade de haine entre ces deux groupes, ethnies, castes ou toute autre appellation que vous voudrez leur donner, on peut dire qu’il fut l’un de nos fils de pute.

Juvénal Habyarimana, un peu pareil que le précédent, en moins pire (mais à côté de la situation des Tutsis, celle des francophones de la périphérie bruxelloise ferait pisser de rire), même endroit, même tactique, plutôt encouragé par la France (et notamment Giscard d’estaing, François et Jean-Christophe “papa m’a dit” Mitterrand … Il sera soutenu dans sa guerre contre la guerilla tutsi par la Belgique et le Zaïre de l’ami Mobutu.

Omar Bongo, président (en activité) depuis 1967 du Gabon. Et en France on n’a qu’un mot à la bouche: “pourvu que ça dure.”

José Eduardo dos Santos, qui promet de partir à la retraite de son poste en Angola depuis un paquet de temps… Mais les entreprises pétrolières françaises ne trouveraient sans doute pas ça drôle. Alors il reste…

Zine el-Abidine Ben Ali, plus connu sous le nom de Ben Ali, est président de la Tunisie depuis 1987. Grand ami de tous les gouvernements français depuis lors (socialistes compris), il est l’un de nos plus beaux fils de pute. Beaucoup de journalistes ne sont plus là pour le dire.

Un autre beau morceau, dans le même genre, est Abdelaziz Bouteflika, qui dirige l’Algérie selon les mêmes sources d’interprétation de la Déclaration des Droits de l’Homme que son homologue tunisien. Un grand pote des gouvernements occidentaux…

Pedro Carmona a régné sur le Vénézuéla pendant un week-end, avec la bénédiction de l’Union Européenne, et aucune protestation de la part de nos chers gouvernants. Il aurait aimé être notre fils de pute plus longtemps, mais ça ne s’improvise pas…

Hamid Karzai est le “maire de Kaboul”, ainsi surnommé dans le pays qu’il est censé diriger avec l’appui de l’immense coalition occidentale qui poursuivait les terroristes jusque dans les chiottes des cavernes de l’Afghanistan. Il est probable qu’il soit le plus élégant de nos fils de pute; il a aussi le mérite d’être le plus inoffensif. Forcément…

Mohammed Reza Shah fut l’un de nos plus beaux fils de pute aussi (surtout cautionné par la Grande-Bretagne) et qui régna sur l’Iran et son pétrole en fonction des desiderata occidentaux (mettant notamment en prison Mossadegh, trop social-démocrate aux yeux des intérêts pétroliers britanniques).

Shimon Peres, l’un des plus beaux hypocrites de l’histoire qui, sous couvert d’un prix Nobel, est toujours considéré comme un fils de pute honorable, non seulement par nos gouvernements, mais aussi par tout un tas de gens qui, décidément, n’ont pas fait attention à ses exploits oppresseurs au cours de sa longue vie.

Yoweri Museveni, actuel président de l’Ouganda. Arrivé au pouvoir via une guerilla contre le gouvernement “socialiste” de Milton Obote, il est soutenu par les USA de Reagan, par le FMI, mais aussi par les Britanniques (l’Ouganda faisant partie de l’ancien Empire Britannique). Il a été élu trois fois, dont une sans opposant…

Saddam Hussein, longtemps perçu comme notre fils de pute du Moyen-Orient par les gouvernements occidentaux, et notamment par la France qui y voiyait un rempart laïque et un exemple de “socialisation” locale. Une guerre terrifiante et une répression de dingue ne changea pas la donne. Il n’a cessé d’être notre fils de pute pour devenir le digne successeur d’Hitler dans les médias que vers 1990…

Bokassa fut le fils de pute privilégié du Président Giscard d’Estaing. Pour rappel, ce dernier personnage a été élu longtemps après plusieurs fois député et député européen.

Benazir Bhutto qui, si elle n’avait pas été une femme, aurait rencontré sans doute plus d’opposition dans les médias européens. Membre de l’élite de son pays, elle faisait partie d’une famille de grands féodaux pakistanais. Peu probable que ses intentions s’étaient améliorées depuis qu’elle avait perdu son statut de premier ministre en 1996.

N’hésitez pas à ajouter vos propres fils de pute, ceux que j’aurais oubliés ou qui ne me sont pas venus à l’esprit, là, tout juste maintenant, en réfléchissant deux minutes…

Chaque fois que tu votes ou revotes pour un type ou un parti qui a soutenu un de ces fils de pute, tu reconnais toi-même qu’il est bon que nous ayons des fils de pute… Alors avant de critiquer la politique amerloque au Nicaragua, en Colombie, au Vénézuéla, au Chili, en Argentine, en Iran, au Pakistan, en Irak, en Afghanistan, en Somalie, au Mexique, en Haïti, et dans l’ensemble des cent pays où stationnent des troupes américaines, souviens-toi que, toi aussi, tu portes une responsabilité dans le système néo-colonial.

Ne vote pas, agis…