Le hérisson révolutionnaire Le monde selon thitho

septembre 13, 2010

The Last Valley (1970)

Filed under: lectures dispensables — tito @ 5:12 am

J’ai revu récemment un « bon vieux film »…

Dirigé par James Clavell (Monsieur « Shogun »), avec des acteurs à l’époque jeunes et brillants: Omar Sharif et Michael Caine, parmi bien d’autres. En pleine guerre de Trente Ans, les mercenaires passent la saison chaude à faire la guerre, tantôt pour un camp, tantôt pour l’autre, au gré des décisions des capitaines, que Michel Onfray appelle avec admiration Condottiere, et qui ne sont rien d’autre que des aventuriers, le plus souvent sans aucune compassion.

Quand l’hiver approche, ils pillent les sédentaires pour ravitailler les campements. il vaut mieux ne pas être sur leur passage.

Au début du film, Vogel, un instituteur en fuite (Omar Sharif), tente d’échapper à une meute d’une vingtaine de ces loups menés par un capitaine froid, athée (Michael Caine). Il arrive dans un village qui semble en paix et parvient à convaincre le capitaine de ne pas raser le village et de l’occuper pour survivre.

Les villageois, menés par le plus riche d’entre eux (Nigel Davenport, impressionnant dans son rôle d’exploiteur local, mécontent de se retrouver un étage en dessous) et un prêtre pur et fanatique (Per Oscarsson, convaincant), vont devoir subir l’occupation. Les mercenaires, partagés entre catholiques, protestants et cyniques nihilistes, vont avoir du mal à rester calmes. Les négociations sont périlleuses et Vogel est au milieu, détesté par -presque- tous.

Tout l’intérêt du film réside dans ces dialogues, brefs, saccadés, voire stylisés, mais peut-être plus proches pour cela de la réalité, quand on songe à la rapidité avec lesquelles des hommes et des femmes doivent souvent prendre des décisions cruciales, impératives, dans des situations précaires.

Il n’y a pas de paroles fortes, résumant une réalité, ou de phrases saisissantes. Les vérités sont prosaïquement posées, les points de vue changeants, en fonction des intérêts, les esprits alternativement froids et chauds travaillent la psychologie du prochain au corps, avec le sens de la mesure, de la conscience qu’un coup trop loin mène le fou dans la gueule du cheval et que la reine peut tomber devant n’importe quel pion. C’est une partie d’échecs où il y a autant de joueurs que de pièces et où il n’y a pas de camp bien établi.

La morale est battue en brèche, l’éthique écrasée, l’individu mis à mal -mais défendu-, sous le poids de la nécessité. Vogel devient l’intermédiaire indispensable de tous, à l’origine pour préserver sa propre vie -et peut-être motivé par un dernier soupçon d’humanité-, et il est haï pour cela.

Ne vous attendez pas à des scènes d’action remarquables. L’action, elle, est là, mais, malgré l’excellente qualité des acteurs, elle manque de vigueur et de vraisemblance. Qu’importe, ce n’est pas ça qui motive le film, mais une longue interrogation sur ce qui peut encore faire qu’un homme reste un homme quand tout ce qui le construisait disparaît dans les décombres d’un massacre. Et plutôt qu’un film de guerre, il s’agit d’une réflexion sur ce qu’il reste de l’homme au coeur de la guerre. Un Platoon avant la lettre, en somme.

Quelques critiques:
http://movies.nytimes.com/movie/review?res=9C0CE7DC163BE53BBC4151DFB766838A669EDE

http://thisislandrod.blogspot.com/2010/02/last-valley-1970.html

http://www.in70mm.com/news/2008/valley/index.htm

septembre 4, 2010

À l’Ouest, rien de nouveau…

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes — tito @ 2:24 am

Texte trouvé ici. Tout ça pour dire que je ne suis pas mort, que le blog vit encore, et que les choses ont peu changé en 20 ans…
Ce n’est pas la fin de l’histoire, ça non!

LES SAIGNEURS DE LA TERRE DANS LE TIERS-MONDE LA DETTE TUE : UN AUSCHWITZ TOUS LES SIX MOIS..
SLOOVER,JEAN

Vendredi 22 mars 1991

LES SAIGNEURS DE LA TERRE

Dans le tiers monde, la dette tue: un Auschwitz tous les six mois. Justice, réclament certains. De plus en plus nombreux…

Deux milliards et demi de dollars. C’est la somme annuelle qu’il faudrait désormais dégager pour sauver les 40.000 enfants qui meurent de faim chaque année dans le tiers monde. Une somme considérable. Enorme, même, diront certains. Pourtant…

Pourtant, deux milliards et demi de dollars, c’est le prix de 5 bombardiers «high tech». C’est ce que l’URSS dépense chaque année en… vodka. C’est le budget publicitaire annuel des fabricants de cigarettes américains. C’est 2 % des dépenses militaires des pays occidentaux. Et c’est loin, très loin des 100 milliards de dollars que – sans compter les destructions – les coalisés ont dépensés dans le Golfe pour écraser la machine de guerre du «Maître de Bagdad». Alors, efficace l’ordre économique mondial? Cet ordre sur lequel le marché, dorénavant, règne en maître?

Certains, en tout cas, ne le pensent pas, que du contraire. Et parmi eux, un certain nombre de personnalités – comme l’agronome René Dumont, le chanteur Renaud, le syndicalite suisse Jean Ziegler… – ont décidé de le crier fort et clair: Nous vivons dans un monde où toutes les conditions du bonheur sont réunies, mais où le plus fort taux de croissance est atteint par… la misère. En cause: un impérialisme économique qui saigne à blanc le tiers monde et l’écrase sous le poids de la dette!

Ces mots, s’ils paraissent presque d’un autre âge, servent pourtant désormais de bannière aux Comités pour l’Annulation de la Dette du tiers monde (CATDM). Des Comités qui, depuis quelque temps, exercent, dans ce sens, une pression grandissante sur les instances financières internationales: FMI, G7,… C’est dans la perspective de prochaines actions que, tout récemment, la branche belge a organisé un colloque à l’ULB sur le thème: «Dette du tiers monde: bombe à retardement». Une manifestation qui a rassemblé près d’un millier de personnes. Visiblement le sort de l’hémisphère sud laisse de moins en moins indifférent…

C’est l’écrivain français Gilles Perrault, auteur – entre autres – du célèbre «L’Orchestre rouge» et initiateur de l’Appel international pour l’Annulation de la Dette, qui a ouvert les débats. Il nous explique pourquoi et comment, ses compagnons et lui, entendent «ranimer l’espérance»…

JEAN SLOOVER

Gilles Perrault, tout le monde, un jour ou l’autre, emprunte de l’argent, s’endette. Les pays du tiers monde, comme vous, comme moi. Pourquoi devrait-on effacer l’ardoise de ces pays plutôt que la vôtre? Que la mienne? Ou celle de la Belgique qui traîne derrière elle, depuis des années, un fardeau de 7.000 milliards de francs?

Parce que ces pays sont, eux, en état d’extrême urgence. parce que, là-bas, dans le tiers monde, la dette tue. Elle tue au travers des politiques d’austérité – volontaires ou imposées – que son remboursement implique. Dans ces pays où les gens n’avaient déjà presque rien, la rigueur signifie automatiquement des économies sur la nutrition, la santé, l’éducation…

Bref, la non-satisfaction des besoins les plus élémentaires des populations. L’Unicef a calculé l’impact de la dette: la mort de 40.000 enfants par an. Un Auschwitz tous les six mois… Des chiffres effrayants. Des chiffres qui ne nous interpellent pas; qui nous réquisitionnent. Au-delà de toute considération politique. Ne rien faire, c’est, tout simplement, de la non-assistance à personne en danger…

L’annulation de la dette changerait-elle pour autant le cours des choses?

C’est, en tout cas, un préalable. Il faut d’ailleurs, non pas annuler la dette, mais l’abolir. Comme on a aboli l’esclavage. C’est notre revendication. Radicale. La dette est un cancer. Et quand on découvre une tumeur, on ne l’enlève pas à moitié…

Ne pensez-vous pas, néanmoins, que… l’abolition de la dette puisse avoir un effet négatif considérable sur l’économie occidentale?

D’abord, il faut se rappeler qu’une grande partie des difficultés de remboursement des pays «pauvres» sont dues à l’augmentation vertigineuse des taux d’intérêt induite par l’appel massif des Etats-Unis aux marchés des capitaux en raison de leurs déficits commercial et budgétaire: les USA sont, aujourd’hui, le pays le plus endetté du monde. Leur endettement intérieur équivaut approximativement à six fois la dette de l’ensemble du tiers monde! Ensuite, au-travers des intérêts payés, les pays du tiers monde ont d’ores et déjà remboursé deux ou trois fois le capital emprunté. Par ailleurs, 20 à 25 % des sommes prêtées ont été accaparées par les dirigeants locaux et se sont immédiatement retrouvées sous forme de dépôts privés dans les coffres des banques occidentales. Les institutions financières occidentales, ont ainsi non seulement «le beurre», mais aussi une partie non négligeable de «l’argent du beurre». Enfin, il faut distinguer les dettes d’Etat à Etat et les dettes privées. Les dettes que l’on efface sont des dettes d’Etat à Etat. Les entreprises privées, elles, n’effacent rien: elles revendent leurs créances aux pouvoirs publics lesquels financent le non-remboursement de leurs titres par l’impôt. les profits sont ainsi privatisés et les pertes, socialisées…

Mais, quel que soit le payeur en dernier ressort, il y a quand même perte. Une vaste opération d’abolition de la dette aurait donc malgré tout un impact substantiel sur nos économies. Pensez-vous que l’opinion publique occidentale soit prête à l’accepter?

Il faut être clair: l’immense majorité des gens ne ressentirait pas grand chose. Certes, les banques souffriraient. Mais il n’y aura pas d’effondrement: l’impact principal se concentrera sur les plus riches.

Pas d’«Apocalypse Now» économique, donc, en cas d’annulation de la dette?

La preuve: lorsqu’il est dans l’intérêt du système d’abandonner ses créances, il le fait sans hésiter. Car, tous les pays ne sont égaux devant la dette.

Exemple?

L’Egypte. Les Etats-Unis ont annulé la dette du Caire en échange de son soutien à la coalition anti-irakienne et de l’envoi d’un contingent de soldats dans le Golfe… Par contre, la Jordanie et d’autres alliés de Saddam Hussein – que nous détestons – ont vu geler les prêts qu’ils avaient sollicités auprès des organismes financiers internationaux.

Précisément. Ne croyez-vous pas qu’en soustrayant les pays du tiers monde à leurs obligations financières, vous allez surtout déserrer la corde qui entoure le cou de nombreux régimes dictatoriaux?

Nous avons beaucoup réfléchi à cette question. La dette de pays dirigés de manière autoritaire ne doit être abolie que si, en même temps, les fortunes personnelles souvent colossales – voyez le Zaïre – accumulées par leurs dictateurs dans les banques du Nord sont redistribuées à leurs peuples.

Mais n’est-ce pas un peu utopique?

Non. C’est ce qui s’est fait pour les Philippines après la chute de Marcos. Il est vrai que telle était la volonté des Etats-Unis… Cela étant, les régimes démocratiques sont tout autant victimes de la dette que les peuples des pays dictatoriaux. Les militaires argentins ont perdu le pouvoir à cause des Malouines. Mais c’est la dette qui met aujourd’hui en péril la jeune démocratie à Buenos Aires…

Vous disiez tout à l’heure que l’abolition de la dette n’est qu’un préalable pour sauver le Sud. Un préalable à quoi?

A l’instauration d’échanges moins inégaux entre les deux hémisphères. La réalité est d’une simplicité désarmante: les pays du tiers monde ne peuvent pas vivre avec ce qu’ils vendent en raison des prix insuffisants auxquels on le leur achète. Point à la ligne. Les drapeaux métropolitains ont cessé de flotter sur les édifices des ex-colonies. Mais les prix des matières premières continuent à être fixées à Londres, à Chicago, à New York… Et, non seulement, il y a les termes de l’échange, mais il y a aussi ce que l’on échange. Car, dans bien des cas, les pays du tiers monde ont, pour diverses raisons politiques ou économiques, été contraints de substituer à leurs cultures vivrières traditionnelles des cultures de type industriel destinées à l’exportation vers les économies des anciennes métropoles. D’où la contrainte d’importer sans cesse davantage les produits de consommation courante autrefois produits sur place. Etc. Il faut changer, remodifier tout cela. Redistribuer les richesses.

Qui? Vous?

Les peuples du tiers monde. Ils savent que le marché les affame, les tue…

Est-ce que vous n’avez pas du Sud une vision lyrique, romantique? Gilles Perrault ne rêve-t-il pas son tiers monde?

Certains d’entre nous l’ont fait dans les années soixante: la chine, Cuba, la légende de Che Guevara, le Vietnam, l’Algérie, la Palestine… ont, tour à tour, incarné les espérances de ceux qui attendaient la grande délivrance. C’est vrai. Nous, nous ne sommes pas comme cela. Nous portons sur le tiers monde un regard sans illusion. Nous sommes lucides. Conscients des gaspillages éhontés, des monstruosités mégalomaniaques, des dictatures, de la complicité des bourgeoisies compradores, des achats d’armes, des massacres… C’est pourquoi, comme le dit René Dumont de l’Afrique, l’urgence pour le tiers monde, c’est aussi la démocratie. Pas nécessairement une démocratie à l’occidentale avec élection tous les quatre ans. Mais un régime qui donne aux gens des droits fondamentaux, comme l’éducation, et leur offre la possibilité de maîtriser davantage leur destin. D’avoir leur mot à dire dans l’allocation des ressources. Le nouvel ordre économique pour lequel nous nous battons est indissociable d’un nouvel ordre politique.

C’est quoi ce nouvel ordre économique?

La justice. La justice dans les échanges. La fin du (néo)colonialisme, si vous préférez.

Mais le capitalisme est plus vivant, plus fort que jamais?

On dit cela. On dit que le capitalisme a triomphé. Si c’est vrai, alors ce sera le triomphe des cimetières. Car c’est le sort de la planète qui est en jeu. La dette, non seulement pousse le tiers monde à la famine – jamais autant d’hommes ne sont morts de faim! – mais le contraint aussi à un gaspillage effréné de ses ressources naturelles. La déforestation n’est qu’un exemple parmi d’autres de cet «écocide» qui nous concerne tous. Que nous soyons du Nord ou que nous soyons du Sud, nous sommes tous sur le même Titanic…

C’est à une véritable révolution mondiale que vous appelez?

Aujourd’hui, le mot est quasiment obscène. Mais c’est bien de cela qu’il s’agit. D’un changement radical du système économique mondial. Ce sera la révolution ou le chaos!

Vercors a dit récemment que si le futur devait se limiter au capitalisme sauvage, ce serait à désespérer. Le tiers mondisme, c’est l’alternative?

Je préfèrerais le terme «Mondialisme». Ou, pourquoi pas, «Internationalisme». Cela étant, nous ne sommes pas à la recherche d’une cause. La libération du Sud vis-à-vis des contraintes du marché mondial s’impose d’elle-même. Au simple vu des chiffres.

Pourtant, à l’Est, les masses populaires sont descendues dans les rues pour exiger exactement le contraire. Pour revendiquer une économie de type (néo)libéral?

Et maintenant elles manifestent pour protester contre le chômage, l’inflation, la crise… Et c’est là, précisément, que se situe notre rôle: sortir les fausses idées de la tête des gens. Montrer que si le marché peut être efficace à une certaine échelle, ailleurs, vu d’ensemble, il peut être totalement dysfonctionnel. Que s’il nous semble, à nous qui vivons dans l’aisance, largement bénéfique, c’est parce que d’autres, les trois quarts de l’humanité qui végètent loin de nos chaumières, ne disposent pas du minimum vital. Que si le marché gagne ici, c’est parce qu’il tue là-bas. Et que l’on ne peut pas, raisonnablement, entrer comme cela dans le XXIe siècle.

Est-il normal de laisser, à notre époque, se développer l’épidémie de choléra qui frappe le Pérou, alors qu’avec les moyens actuels, l’éradication de cette maladie ne pose aucun problème?

Lénine disait: «La cravate de l’ouvrier anglais est payée par la sueur du coolie indien». C’est cela que vous voulez nous faire comprendre?

Je ne connaissais pas l’expression, mais c’est tout à fait cela. A cette exception près qu’aujour-d’hui ce n’est plus d’une simple cravate qu’il s’agit, mais d’un costume complet…

1) 29, rue Plantin, 1070 Bruxelles. Tél. 02-523.40.23 ou 24.

août 22, 2010

Excuse bibendum… pardon, bidon

Filed under: politopics — tito @ 3:15 pm

Couplant mon récent post affirmant mon séparatisme, de circonstance et petitement ironique, et cette petite info qui n’en est guère une, indiquant que le nouvel homme fort (sic) de Flandres se mettait aux ordres du patronat (comme si certains de ses collègues…), je réaffirme simplement qu’une bonne scission permettrait au moins d’y voir clair dans les prétendues rotomontades du récurrent Premier wallon qui se prétend socialiste et dont on ne voit guère concrètement la couleur.

Il est évident que ce petit billet d’humeur est hautement rhétorique et que je n’attends point de l’homme au noeud pap’ la moindre ré-avancée sociale… Car Di Rupo et le Parti Socialiste sont co-responsables, avec tous leurs collègues du PS européen, de la dédémocratisation de la sphère Europe. Ce que le mouvement social de base disait déjà avant Maastricht, réitérait à chaque contre-sommet (en dépit des accusations de nationalisme ou de fascisme de nos grands humanistes, tels Verhofstadt en 2001), repris aujourd’hui par les seuls partis d’extrême-gauche (et par les anars, naturellement), est toujours valable: une Europe ne pouvait se construire sur le commerce et la finance sans devenir anti-démocratique1.

Du côté du drapeau rouge (qui ne mérite plus de l’être), on essaiera sans doute de nous faire croire que la droite est régionaliste, séparatiste et que donc l’Union, voire l’Europe2 seraient des remparts sociaux. Cela ne pourrait l’être que si les forces sociales, partis et syndicaux, retrouvaient leur caractère international, altruiste, solidaire, en front commun. Cela ne pourrait arriver que sans les têtes de gondole de tous ces ensembles.

Et donc n’arrivera pas. Ni avec ces partis, ni avec ces syndicats.

Dont acte.

Le plus drôle dans cette histoire, c’est que c’est parce que je suis internationaliste et pour une solidarité mondialisée (et donc opposée à la mondialisation commerciale et financière imbécile, anti-environnementale et anti-sociale) que je deviens confédéraliste3. Ridicule? Allons donc, qui est ridicule depuis… depuis quand déjà?

  1. S’il était besoin, le règlement en cours (pas certain) de la crise, sur base de « rigueur » et d' »indépendance de la Banque Centrale » ne fait que le démontrer. []
  2. Mais De Wever est-il contre l’europe? []
  3. Notons que le confédéralisme est depuis longtemps -au moins Proudhon et Godwin- une caractéristique de l’anarchie qui prétend que la démocratie devant commencée depuis les localités et horizontalement ne peut se réaliser que dans la confédération ou sous d’autres appellations, communalisme, mutualisme, etc. []

août 11, 2010

citius altius fortius

Filed under: économie mon amour — tito @ 4:53 am

On ne le dira jamais assez: l’information est l’arme ultime, au moins en matière économique. Et ce n’est pas nouveau, comme Crassus et Rotschild nous l’avaient déjà appris.

Le problème, c’est que le temps commence à se compter désormais en minutes, en secondes,… et même en micro-secondes…

C’est ce que tend à nous faire savoir cette info (qui n’en est pas une, car, il faut bien le dire, sur le coup, j’ai une guerre de retard): ce sont désormais des ordinateurs1 qui passent les ordres de vente et d’achat à la bourse.

Et ça, ça doit commencer à nous faire très peur. Car il semble bien que ce sont eux les petits responsables d’un dévissage sérieux à la Bourse de New York, le 6 mai dernier. Une chute de 9%, ça marque un trader de Wall Street.

Alors, si on peut s’en contre-balancer, a priori, vu qu’un courtier qui se jette par la fenêtre, c’est un peu une forêt qui renaît, un lac qui ne s’assèche pas, dix mille emplois de sauver, un peu moins d’OGM et probablement une demi-guerre en moins (en moyenne), on doit tout de même se souvenir qu’à court, moyen, voire long terme, comme nous ne nous occupons pas assez de l’économie financière, c’est elle qui décide pour nous. Or, si l’on menace maintenant le High Frequency Trading de se retrouver hors-la-loi, ça ne signifie absolument pas que les gros bills financiers vont renoncer à utiliser des cerveaux artificiels conçus par des nerds totalement en dehors des réalités de la toute grande majorité des habitants de la planète, faune, flore et humanité comprise.

Autrement dit, l’information va aller toujours plus vite. Et à un certain moment, toujours plus vite aura un drôle de relent d’impossibilité d’avancer.

Et alors, Krach.

Et Krach à côté duquel celui de 1928, celui de 1973 ou les derniers qui viennent de nous titiller coups sur coups depuis 19972, seront de doux souvenirs comme les guerres de Samouraïs doivent l’avoir été à ceux qui se sont pris la bombe A sur la tête.

Me fais-je bien comprendre?

  1. Voir par exemple ceci ou ceci ou ceci. []
  2. Bulle asiatique, bulle Nasdaq, bulle immobilière-hypothèque, sans compter toutes les mini-bulles qui, telles des mini-tumeurs, nous pourrissent la vie sans que la bourse ne s’en ressente. []

août 7, 2010

Pourquoi je suis devenu séparatiste…

Filed under: politopics — tito @ 1:40 am

MAIS QUELLE HORREUR, TU ES FOU???

Non, pas du tout. J’en ai marre des mauvaises excuses, c’est tout.

Je constate qu’en France, il existe encore une vraie alternative de gauche, qui gravite, tous partis confondus, aux alentours de 12-15 pourcent. Ce sont des chiffres qu’on pouvait encore trouver en Italie avant que Rifondazione se laisse blouser par le « Parti des Démocrates ». Alors, vous allez me dire, mais thitho devient électoraliste? Tu voudrais qu’on milite dans un parti de « la vraie gauche »? Du « Front des gauches »?

Non, pas du tout, mais j’en ai marre des mauvaises excuses, c’est tout.

J’en ai ras le bol qu’on me réponde chaque fois que j’évoque le problème des partis traditionnels en Belgique que ce sont les seuls qui puissent défendre l’unité de la Belgique, le fédéralisme, les pensions, la sécurité sociale, la solidarité ou que sais-je encore. Il n’y a rien de plus faux: ces partis se contentent de gérer la crise permanente en Belgique et ils sont bien content qu’elle existe. Alors, si c’est pour consacrer autant d’énergie, de papier-journal et de discussions imbéciles à ce sujet, avec ma mère, mon beau-père et mes collègues de travail, autant briser-là tout de suite, et les confronter avec d’autres problèmes. Mais, Thitho, tu veux faire le jeu de l’extrême-droite?

Non, pas du tout, mais j’en ai marre des mauvaises excuses…

C’est tout.

août 2, 2010

ÇA Y EST!…

Filed under: délivre religion — tito @ 2:22 am

J’ai croisé une fille voilée à São Paulo! Vite, un kärsher! Une loi! Un flic par habitant! Sus aux minarets!

La république (Fédérale du Brésil) est en danger de délaïcisation!

La France (fille aînée de l’Église) et le Brésil (fils aîné de pratiquement toutes les sectes du monde), même combat!




J’ose espérer que vous avez bien saisi toute la dimension ironique de ce message.

Déjà que pour voir dans l’un et l’autre pays autre chose que des principautés « Cuius regio, eius religio »…

Je suis viscéralement CONTRE une loi interdisant quelque vêtement que ce soi.

Étonnant? Pas du tout: je ne suis pas Elisabeth Badinter, je suis anarchiste: une interdiction est en soi un repoussoir de raisonnement, un échappatoire quand on n’a rien trouvé d’autre ou, plus logiquement, parce qu’on n’a pas cherché, qu’il est plus facile d’obliger quand on a la force avec soi que de partager la même gamelle et de discuter le bout de gras jusqu’à ce que raison s’en suive -et affinités, si possible…

Je vais te me les guantanimser derrière leurs portes, toutes ces bouffeuses de halal, se dit Brice à la suite de la moitié des votants helvètes…

Et si ça ne les convainc pas de partir, tant mieux: plus il en restera qui me contesteront, et plus la peur du barbu polygame fera voter pour moi, se dit Nicolas, en se rasant…


Or,

Dieu est mort. Merde à Dieu. Ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme, mais…

Bref, vous avez compris.

Et ce n’est pas en mettant à genoux des femmes qui n’ont rien fait pour être où elles se trouvent qu’on résoudra ce blème.

Quant au cirque qui parle de sécurité, que je sache, et selon les frontispices des édifices publics de France et de Navarre, ce n’est pas au prix de la liberté qu’elle peut se défendre…

Re-bouffons les curés, comme au bon vieux temps. Et si un derviche, un imam, un saducéen ou un lama passe à portée, agrémentons le buffet de quelque viande nouvelle -exotique, diraient certains que je n’hésiterais pas à qualifier d’imbéciles.

Que toutes les tonsures et assimilées tremblent: notre devoir est de rappeler que la grande conquête du XXe Siècle, au côté des congés payés et de la diminution du temps de travail, c’est la sécularisation du joug.

Rien n’est parfait, mais pas question de laisser ces conquêtes reculer!

Libérons la Grèce de son orthodoxie!

Brûlons tous les billets verts « In Gode (sic) we suck (resic) »1!

Renvoyons le Dalaï-Lama dans son pays!

Nationalisons les lieux de prière!

Transformons-les en maisons du peuple!

Délivrons-nous de ces maux -tous!

  1. Notons avec amertume que les billets brésiliens présumés laïques portent la mention « Deus seja louvado ». []

juillet 28, 2010

Pour Simonet, avec amour… vache…

En réponse à la circulaire Simonet, dont on trouvera la référence ici, je propose au programme de français, responsable, le menu littéraire suivant pour nos chères têtes blondes (aux lèvres duveteuses):

1e année de collège:
« Sodome et Gomorrhe » de Proust
Discussion: de l’acceptation de la pédophilie dans la haute bourgeoisie.
Développement: actualité, histoire: retour sur la marche blanche.
(pour les Français, reportez-vous au mythe « Belge=pédophile »)
Rédaction: mes meilleurs souvenirs avec mon oncle/mon père/mon grand-père/le médecin de famille/le chien de ma tante/autre.

2e année:
« La philosophie dans le boudoir » de Sade
Discussion: 14 ans est-il trop tôt pour faire de la philosophie?
Développement: latin: Pétrone est-il encore un auteur actuel?
Rédaction: à quoi je pense pendant que je me masturbe?

3e année:
« Sexus » de Henry Miller (en traduction)
Discussion: la philosophie est-elle possible entre deux fellations? Si oui, en est-elle influencée?
Développement: géographie: l’amour est-il envisagé différemment aux USA au moment des années folles et aujourd’hui en Communauté Française de Belgique, en particulier à Namur?
(version française: au Palais-Bourbon)
Rédaction: les trottoirs sont-ils adaptés pour les premiers ébats d’un couple romantique et passionné?

4e année:
« Les Essais » de Montaigne
C’est pour une fois te reposer un peu.
(vers 16 ans, les élèves sont plus difficiles à tenir: si en plus on les excite, on ne va pas s’en sortir)

5e année: (dite « poésie » en Belgique)
« L’album zutique » de Rimbaud et Baudelaire
Discussion: l’art est-il possible dans l’abstinence conseillée par le pape avant le mariage?
Développement: latin: Catulle a-t-il fait exprès de s’appeler comme ça? et Juvénal?
Rédaction: écrire un poème contenant une rime en -ouille, une rime en -ite, une rime en -ule (ou en -ul) et une rime en -atte.

6e année:
« Le diable au corps » de Radiguet
Discussion: un jeune homme avec une femme plus âgée, est-ce plus ou moins acceptable que le contraire?
Développement: histoire: les guerres sont-elles d’excellentes occasions pour les réformés?
Visionnage du film « Tendre Cousine » de David Hamilton.
Rédaction: comment profiter de la situation si mon papa/mon oncle/mon grand-père/le médecin de famille/le chien de ma tante part à la guerre?

Pour les épreuves du Bac (en France):
Lecture préparative à la question de philosophie:
tous les documents de Platon à Marx qui évoquent la communauté des femmes.
Question pour le jour du Bac: la polygamie est-elle le seul fait de l’Islam dans l’histoire?

juillet 26, 2010

Marius Alexandre Jacob

Filed under: discussions piquantes,lectures dispensables — tito @ 6:24 am

ou Alexandre Marius Jacob, suivant son goût, était un anarchiste illégaliste. Cela signifie qu’il se contentait de trouver un moyen illégal pour exproprier les riches en faveur des plus pauvres. Robin des Bois, sans le souci du roi Richard. Sa correspondance est passionnante. Je vous en livre un extrait:

août 1905: il vient d’être condamné à 20 ans de bagne, qu’il ne terminera qu’en 1927. À sa mère:

« Si la loi était juste, elle n’aurait pas besoin de tout son attirail de gendarmes, de policiers, de soldats armés de fusils, de sabres et de revolvers pour la faire observer: tous les hommes s’y soumettraient sans contraintes, comme l’on se soumet aux lois naturelles. Ai-je besoin qu’un gendarme me dise de ne pas mettre la main dans le feu (…). Or si le juge s’entoure de tant de précautions, c’est parce que sa justice, ses lois ne sont que des droits usurpés par la force et la victoire. C’est te dire enfin que c’est une atroce plaisanterie de parler d’impartialité dans ces sortes d’affaires où la force et la violence décident seules du droit. »

(D’après: A. M. JACOB, Écrits, éd. L’insomniaque, Quincy-sous-Sénart, 2004, p. 127)

juillet 23, 2010

presse satyrique

Non, non, le titre est voulu…
Oui, je sais, on dit « satirique ». C’est juste un jeu de mots, comme sait si bien les faire mon hebdo favori, auto-qualifié d’ailleurs tel. C’est qu’on en parle beaucoup ces derniers temps, de la presse satirique, dans la presse normale et dans les couloirs du pouvoir. Pour avoir dénoncé plusieurs ministres du gouvernement et divers scandales à plusieurs échelons, le Canard enchaîné est l’objet des foudres des dirigeants français. Lui et Mediapart, un organe (prétendument) indépendant en ligne, commis par Plenel, de sinistre mémoire, puisqu’il s’agit du Monsieur-Téléachat du Monde, comme le dénonçaient en son temps à juste titre le Plan B et CQFD.

Si je sais pourquoi le Canard s’auto-intitule « journal satirique paraissant le mercredi », consacrant ainsi le droit à la satire en France, peu limité, il faut le reconnaître, je regrette amèrement que, lorsqu’il est évoqué par des tiers, il ne soit pas plus souvent qualifié de « journal d’investigation », ce qu’il est, même s’il l’est sous une forme particulière.

Il faut reconnaître et regretter que le journalisme d’investigation est devenu une denrée très rare en francophonie1. À dire vrai, à part ceux que j’ai nommés plus haut2, je serais curieux de savoir quels autres journaux peuvent revendiquer décemment ce qualificatif.

Certes, le Monde Diplomatique peut y prétendre par moments, mais c’est surtout ce que j’appellerais un « journal sérieux de gauche ». C’est-à-dire un mensuel qui fait état de constats clairs sur base de faits connus ou connaissables aisément. Il fait un travail extrêmement important et naturellement indispensable, nous proposant de réfléchir avec un oeil de gauche sur des phénomènes accessibles à nos yeux et nos oreilles. En outre, si on peut parfois trouver des infos intéressantes dans l’Express, le Nouvelobs ou d’autres revues du même tonneau, au moins dans le Monde Diplo est-on certain du sérieux et du point de vue de gauche qui parcourt tout le journal.

Je pensais à cela d’ailleurs en lisant le dernier livre de Joseph Stiglitz (Freefall), dans lequel l’auteur est en possession de toutes les informations suffisantes pour dénoncer le capitalisme dans son essence même et ne le fait pas, tentant de rattraper l’irrattrapable en le saupoudrant de keynésianisme. Mais bon, je laisserai ça pour une autre fois, c’est promis (comme mon traité d’économie depuis des années, je sais). Ce que je veux dire, c’est que le Monde Diplo, proposant par exemple à Frédéric Lordon une colonne régulière pour analyser l’économie avec les mêmes informations, parvient à te me descendre en beauté le capitalisme in se et à proposer des idées véritablement de gauche, que même Mélenchon il paraîtrait un dangereux défenseur des marchés à côté.

Non, des journaux d’investigation (en papier), il y en a peu. Je veux dire, des journaux qui proposent de véritables enquêtes sur le terrain, des révélations qui nous éclairent sur ce qui se trouve en dessous du tapis et qui en tirent des faits qui permettent de généraliser l’existence d’un système, c’est l’exception. Certes, sur internet, ils sont légion. Mais nous sommes encore rares à nous documenter véritablement en ligne. Alors, un journal d’investigation papier, évidemment, ça revient très cher. Le Canard a la chance (qu’il s’est construite) de reposer sur une réputation et un capital indépendant (pas de pub, pas de parti, pas de proprio) qui en fait l’astre le plus remarquable de la sphère médiatique (à ma connaissance) en matière d’investigation journalistique.

Pour s’en convaincre, il suffit de lire sur wikipedia la liste des dossiers révélés par lui au cours de son histoire et de s’apercevoir que, dans ce monde de canards, ce vilain petit était en fait un grand beau cygne…

Quel dommage qu’il ne soit pas resté noir, comme à ses débuts…

  1. A part sur internet, comme par exemple dans lejim.info, tenu par mes potes. []
  2. Mais le plan B a disparu []

juillet 13, 2010

Chronique des élections présidentielles locales V

Filed under: Brésil,politopics — tito @ 5:45 pm

Résumé des épisodes précédents1 :
Trois candidats principaux se disputent la présidence du Brésil à partir de 2011. Marina Silva et José Serra ont déjà été présentés.

quatrième partie: Dilma Rousseff.

Voilà une personne qui aurait fait rêver plus d’un fan de Che Guevara ou de Salvador Allende. Dilma, née dans la classe moyenne d’origine libanaise, s’est transformée, sous la dictature, en rebelle, en militante de la démocratie, touchée par la grâce du marxisme et de la lutte des peuples contre le pouvoir militaire. Arrêtée, emprisonnée, torturée, elle se flatte d’avoir menti à ses tortionnaires (ce que lui ont reproché, inexplicablement, certains porte-flingues du côté de José Serra).

Dilma Rousseff, après la dictature, se lance dans la politique avec des compétences en économie similaires à celles de son rival principal, José Serra. Elle part de tout en dessous: municipalité, état, à chaque fois comme technicienne, notamment de l’énergie, son dada, mais donc pas comme élue. On le lui rappelle assez aujour’hui: Dilma n’a jamais affronté une urne. Passée du PDT (gauche nationaliste historique) au PT au moment de l’accession de Lula au pouvoir, elle devient ministre de l’énergie. Lula lui fait une confiance telle qu’au moment où son ministre de la « maison civile » (pratiquement son premier ministre) est pris dans un scandale financier, en 2005, il la choisit pour le remplacer, et progressivement elle devient la favorite à sa succession dans son coeur.

Les discours actuels de Dilma ne diffèrent guère de ceux de José Serra: développementisme, redistribution des richesses partielle, meilleure gestion, mais pas de justice pour les victimes de la dictature (à part quelques concessions financières), pas de remise en question fondamentale du statu quo environnemental ni agricole, pas de réforme en faveur des sans-terres. Un mot qui revient souvent dans sa bouche, c’est « méritocratie », quand elle évoque la fonction publique. Ça devient gênant pour quelqu’un qui est censé avoir adopté Marx.

Enfin, parlons de ses alliances. Son candidat vice-président, Michel Temer, fait partie du très corrompu et très réactionnaire PMDB, pour lequel le PT a renoncé à combattre certains des barons les plus liés au régime militaire, comme José Sarney, par exemple, « colonel » du Maranhão.

À suivre: quelques militants de gauche au Brésil réagissent à la campagne.

  1. Un, deux , trois et quatre. []
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