Le hérisson révolutionnaire Le monde selon thitho

novembre 9, 2008

Le socialisme pour les riches

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes,politopics — tito @ 3:44 am

(suite du post précédent)

Un autre sujet de conversation à exploiter au coin des cheminées pour cet hiver : les plans des différents États soumis à la crise, jusqu’à ce jour, ont souvent été qualifiés de « socialistes ». L’idée selon laquelle parce que des banques ou des institutions financières du genre assureurs ou fonds de pension se sont retrouvés sous perfusion des administrations de pays comme les USA, la France, la Grande-Bretagne ou l’Islande, dont le gauchisme est tout de même assez relatif (convenons-en), que ces institutions ont dû céder une partie de leur contrôle à ces mêmes administrations, que celles-ci se sont engagées –dès que possible- à sortir de ces participations1, cette idée, donc, selon laquelle de telles mesures émargeraient d’esprits socialistes est à bondir de rire ou d’angoisse.

Il n’y a pas de pire destin, pour un socialiste, que de tout faire, et en particulier de dépenser l’argent des particuliers, pour sauver un système dont l’objectif principal, affirmé et presque exclusif2 est de faire du profit ; il n’y a rien de moins socialiste que de sauver des institutions dont le souci premier est d’assurer à leurs seuls actionnaires ou détenteurs de parts sociales ou dépositaires un « profit à deux chiffres » pendant que les deux tiers de la planète courent derrière leur repas du soir, les médocs de la semaine ou les combustibles nécessaires à leur mal-être minimum ; je ne vois pas ce qu’il y a de socialiste dans un plan qui consiste à rassurer les pires ennemis du socialisme ; le qualificatif de « socialiste » me paraît inadéquat quand il s’agit de partager avec des gens qui n’ont jamais tiré le moindre intérêt de l’existence de ces institutions les pertes de ces dernières.

Ou alors j’ai pas compris Marx…

Le contrôle d’une partie de l’économie capitaliste par l’État ne signifie pas que le système vire socialiste. Keynes n’était pas socialiste3. L’économie de marché, même régulée en tout ou en partie par l’État, n’est pas socialiste. Si c’était le cas, le simple fait que les USA aient arrangé au profit d’une petite quantité d’entreprises nord-américaines et issues de pays alliés un marché d’activités commerciales en Irak, en Afghanistan ou dans d’autres régions du monde libérées au cours de leur histoire soumise à la doctrine Monroe fait de l’administration de la Maison Blanche le centre de la pensée bolchevique.

Une telle réflexion ne prêterait-elle pas à sourire ? Un peu ?
Dick Cheney, néo-trotskyste ? Hi !

Il ne faut pas qualifier de socialiste le projet de nationaliser tout et n’importe quoi.

La bourse, les banques ne seront jamais des appareils de fonctionnement socialistes. Les nationaliser revient simplement à parer le capitalisme d’un État d’une couche interventionniste que les libéraux n’aiment pas. Mais les libéraux appellent communiste, marxiste ou socialiste tout ce qui ne leur plaît pas.

Ce qui ne doit pas nous distraire. Toutes les mesures prises par les zozos au pouvoir, depuis Paulson jusqu’à Reynders4 n’ont que l’ambition de conserver deux choses: leur petite part de pouvoir personnel et un système qui le favorise, sous quelque forme que celui-ci apparaisse.

  1. Sous des conditions qu’elles vont probablement s’empresser de ne pas respecter. []
  2. pourquoi j’écris encore presque, moi ? []
  3. même si aux yeux de certains, il est catalogué de gauche, mais, bon, pour ces mêmes, les démocrates américains ne sont pas de droite, alors que, bon… []
  4. Rappel d’un gros éclat de rire. []

octobre 29, 2008

Le libéralisme, le néo-libéralisme et le capitalisme

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes,politopics — tito @ 5:17 pm

Premier chapitre d’une petite série sur la crise.

Sous prétexte que l’État est intervenu massivement, et en ponctionnant dans les sous des contribuables1, pour sauver les banques et les institutions d’assurances et autres joyeusetés financières, on annonce un peu vite que le capitalisme est malade et que le néo-libéralisme est mort.

Je ne serais malheureusement pas aussi optimiste2.

Le néo-libéralisme n’est jamais qu’un accomodement particulier du libéralisme, et il n’en est pas son opposé. Il n’est qu’une tendance parmi toutes les idéologies dérivées de la branche Smith-Tocqueville-Ricardo, défendue par l’école néo-classique autrichienne et les joyeux lurons de Chicago. Le capitalisme libéral n’est pas opposé à une intervention de l’État par principe. Le simple fait qu’il le tolère et qu’il en ait besoin (pour garantir l’existence de la propriété privée) nous le rappelle s’il était besoin.

L’État capitaliste de tendance libérale3 (qui regroupe également des courants divers, y compris le clientélisme social-démocrate, la pieuvre mafieuse ou fasciste genre Chili ou Appartheid, la république fédérale de type américaine ou la confédération helvétique) n’existe que parce que les différentes catégories de personnages qui se partagent le pouvoir économique à l’intérieur de ses frontières, soit par choix, soit par tradition, y trouvent leur compte. Ils ont adopté un moyen d’assurer de manière commode un marché de consommateurs intérieur et un réseau de relations diplomatiques internationales telles que leurs nécessités financières et commerciales y gagnent. Leurs partenariats, leurs lobbyings s’accomodent de presque tous les changements de régime, y compris de ceux qui ont eu lieu récemment en Amérique Latine.

Bien sûr, certains de ces zozos très riches et pas très solidaires sont moins contents que d’autres et le font savoir, comme au Vénézuéla, en Bolivie ou en Équateur. Mais comme ils menacent plus la paix sociale qui garantit le marché qu’ils ne le soutiennent, leurs appuis internationaux restent marginaux, malgré leurs grandes gueules4.

C’est dans le même ordre d’idée qu’il faut observer les aides aujourd’hui accordées à des institutions privées ou partiellement privatisées : les administrations d’État sont régies par des groupes de personnes liées de manière intégrées aux cercles du pouvoir économique. Le nier serait absurde : cela a été plusieurs fois montrés5 et est facilement vérifiable par la simple consultation de données publiques6, y compris sur internet7.

Prétendre que Paulson, Reynders8 ou Poutine sont plutôt ceci ou cela, tant qu’on ne les dit pas socialistes, n’a aucune espèce d’importance : ils sont tous capitalistes, mais ils sont avant tout favorables à ce qui les avantage le plus. S’ils se trouvent mieux de nationaliser temporairement une institution ou de privatiser la sécurité sociale, ils développeront les arguments pour nous en persuader et pour nous faire croire qu’ils ont toujours pensé la même chose en dépit des faits qui montrent le contraire9. Ça n’a pas d’importance, puisque les voix qui discordent de leurs discours n’ont qu’un faible écho dans les médias dont la majeure partie est largement contrôlée par les mêmes cercles10.

Ainsi, les grands trésoriers du monde s’accordent-ils en fonction de leurs accointances personnelles pour financer plutôt tel ou tel gadget capitaliste et pas celui-là. Les prétextes officiels sont mignons : pour Lehman Brothers11, il n’y avait pas d’acheteurs, mais pour Freddy Mac et Fanny Mae, l’intérêt du système imposait le sauvetage. D’autres fois, on arguera que trop d’emplois seraient perdus sans un soutien de l’État, alors que les fermetures, par le passé des industries automobiles, métallurgiques ou minières un peu partout en Amérique du Nord ou en Europe, ne seraient jamais que des incidents dans la grande marche vers le progrès libéral…

Je pourrais rétorquer que, si des banques ferment, si des milliers d’employés perdent leurs jobs en Europe et aux USA, les banques brésiliennes12 ou sud-africaines finiraient peut-être par y gagner et, qui sait ?, offrir plein de jobs à plein de petits mandaïs locaux -et aussi assurer une meilleure santé financière au système qui y gagnera en productivité, etc.

Sans les aides de nos administrations occidentales, les institutions financières des pays « émergents » pourraient racheter les bonnes vieilles insitutions euro-étatsuniennes (ça aurait de la gueule, le rachat des banques colonialistes par les anciens colonisés).

Tout ceci m’offre un argument supplémentaire pour dénier à l’État la prétention d’être la solution aux problèmes qu’il a contribué à créer. Ni le marché, ni l’État ne peuvent être dédouanés. Ils sont complices, d’autant plus pernicieux qu’ils jouent, devant le juge du public, à se renvoyer la balle avec des arguments qui ne permet d’en condamner aucun tout seul.

C’est ensemble qu’il faut les noyer.

  1. Et pas qu’un peu, malgré les rappels que l’argent manque même pour des financements mineurs, genre celui-ci . []
  2. Jusqu’ici, je n’ai lu de contradictions que sous la plume de clowns de droite et d’actes de décès du capitalisme que sous celle de chroniqueurs de gauche. Je ne prétends pas me ranger avec les premiers, mais je pense que les seconds font fausse route. []
  3. Oui, il existe d’autres clowneries capitalistes pas libérales : l’état moderne chinois, le stalinisme, l’état fasciste centralisé, par exemple, mais aussi le colbertisme ou le pharaonisme. []
  4. Croire qu’il n’y a que deux camps dans le monde est l’une des pires illusions qui soient. Elle est également contre-productive. []
  5. G. Geuens, Tous pouvoirs confondus, Etat, capital et médias à l’ère de la mondialisation, EPO (mars 15, 2003). []
  6. Un abonnement au Canard Enchaîné ou au Plan B aiderait déjà à s’en rendre compte. []
  7. Belges, allez jeter un oeil sur le site du Cercle de Lorraine. Moins Belges, allez jetez un oeil sur ce descriptif du Groupe Bildenberg. []
  8. Rions à l’évocation de notre grrrrand stratège, on est là aussi pour ça. []
  9. Sauf peut-être Poutine qui n’a jamais cherché à sauver les apparences. A défaut d’être fréquentable, on peut au moins lui accorder ça : il n’ a pas hésité à proclamer qu’il n’adoptait une théorie économique que parce qu’elle lui permettait de conserver ou d’augmenter son pouvoir. []
  10. Se demander si ce sont les Murdoch (Fox), Bouygue (tf1) et autres Rossel (ouais, bon) qui dirigent les politiques, si ce sont les politiques qui dominent les cercles financiers ou si ce sont les cercles financiers qui commandent aux médias est une perte de temps : ils s’entendent et s’échangent parfois les places, à l’image d’un Paulson ou d’une Lagarde, par exemple, d’un Thierry Breton encore avant. Il suffit aussi de constater le nombre de nos ministres et députés qui occupent des places d’administrateurs dans des entreprises d’importance et le sujet sera clos []
  11. Pour laquelle je n’ai pas l’intention de verser une larme, notez. []
  12. Ici, en effet, le secteur bancaire est (malheureusement) solide. []

octobre 24, 2008

J’y travaille, mais en attendant…

Filed under: économie mon amour,politopics — tito @ 12:54 pm

Bon, je travaille encore sur l’actualité économique. C’est que, contrairement à tous les zozos qui vivent de ça, je ne suis pas payé à la ligne de clowneries… Donc je dois dire des trucs sérieux… Ça vient…

En attendant, je vous renvoie au délicieux Jean Ziegler qui mériterait qu’on lui attribue des noms d’écoles et de parcs de son vivant…

C’est ici dans la Libre, qui, évidemment, mange à tous les râteliers…

septembre 3, 2008

rapport de forces -ou comment se faire des amis…

Filed under: économie mon amour,politopics — tito @ 5:34 am

En lisant l’intro d’Interventions de Chomsky1, je suis tombé sur quelques réflexions de Peter Hart qui déplore le fait que dans les principaux journaux américains (et de citer le Washington Post, le New York Times, le Los Angeles Times et USA Today) la gauche n’a pour ainsi dire pas voix au chapitre.

Les chroniqueurs (columnists) catalogués à gauche sont rares, et beaucoup furent virés durant les dix dernières années, selon son analyse, sous prétexte que, selon certains éditeurs, « le marché décide ».

(Quand on constate la pauvreté de la presse européenne de manière générale et ses rares exceptions, on peut généraliser le débat)

L’argument est démonté par Hart2 , mais il oublie une petite chose: tous ces journaux ont des propriétaires et, dans le monde dans lequel nous vivons, au moins en Occident3, ce sont ces derniers qui décident.

Peter Hart a raison d’estimer que les voix de la gauche ne se font pas entendre suffisamment fort, que les conservateurs ont confisqué la plus grande partie des médias, mais (désolé si j’en choque plus d’un, ici) c’est de bonne guerre…

Nous4 avons accepté depuis très longtemps le combat sur le terrain de la droite, là où, pour être efficace, nous aurions dû gagner en quelques décennies… Cependant, ce terrain, j’en suis aujourd’hui convaincu, était trop favorable à la droite, aux conservateurs. D’abord parce que les moyens en présence étaient considérablement plus importants de leur côté. Le rapport de force en leur faveur était évident. La masse capitaliste, considérant qu’un franc égale une voix, était tout à fait à leur avantage. Pendant quelques dizaines d’années, disons entre 1866 et 1936, il est possible que la masse humaine eût pu faire pencher les plateaux de la balance en notre faveur, mais trop des nôtres, même sincères, ont accepté de batailler dans la « voie de la démocratie », sous des prétextes humanitaires que l’on peut comprendre (ce que je fais) et approuver (ce que je ne fais pas), mais qui, historiquement, nous l’ont mis bien profonde…

Ensuite, et les deux arguments se valent, il y avait trop de monde dans nos rangs qui ne désirait pas réellement gagner, mais bien « jouer le jeu » de la démocratie, faire balancer les plateaux alternativement d’un côté et de l’autre pour équilibrer les forces en présence, dans l’idée que la société se construit sur base du pluralisme des idées… alors même que celles de la gauche et celles de la droite, si elles sont franches, sont inconciliables5.

Bref, nous n’en sommes pas sortis indemnes.

Les lieux où le rapport de force nous est favorable n’existent tout simplement pas. S’il fallait compter sur les masses populaires, la corruption des syndicats, des partis, des républiques socialistes a fait le ménage pour la droite et de moins en moins de gens y croient -qui leur donnera tort? Quant aux élections, elles montrent qu’à de rares exceptions près6, les gens même les plus humbles votent le plus souvent contre leurs intérêts. Les élections montrent régulièrement que les figures médiatiques l’emportent sur les défenseurs de leurs droits. Sarkozy en France, Collor au Brésil en sont deux exemples manifestes, mais il serait assez aisé d’en faire un décompte plus important -par contre, pratiquement impossible de le rendre exhaustif.

Les lieux où nous pouvons compter des alliés sont ceux où les hommes vivent contre ou sans la propriété privée. L’impérialisme du capitalisme aidant, ces lieux sont de plus en plus rares.

Et ils sont principalement dans la tête d’individus…

C’est dans cette analyse de la défaite d’une bataille qui s’est jouée dans les idées, dans les confrontations, mais pas tellement sur le terrain (occupé par la guerre des blocs où seules les ambitions se jouaient pour la direction du jeu), que nous nous trouvons confrontés à un problème difficile à surmonter: sommes-nous capables de mener la bataille sur notre terrain, en dehors du rapport de forces imposé par les princes de la concurrence?

Première étape, en outre: tous les hommes et toutes les femmes de gauche sauront-ils bien identifier à la fois le problème et le prochain champ de bataille?

On n’est pas près de rigoler…

  1. publié chez Penguin Books en 2007. []
  2. mettant notamment en évidence que les chroniqueurs conservateurs n’ont pas plus de succès que les libéraux. []
  3. Vous savez, cette partie du monde où la propriété privée règne dans le droit. []
  4. La gauche. []
  5. l’une reposant sur la propriété privée, l’autre la dénonçant. []
  6. qui risquent bien de n’être que des accidents de parcours pour les conservateurs, et même au pire de solides cautions au système qui les maintient en place. []

août 19, 2008

contre le capitalisme… malheureusement, tout contre…

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes — tito @ 7:51 pm

Le capitalisme libéral va dans tous les sens, parce que nos raisons d’acheter vont dans tous les sens et que cela fait autant de marchés différents à exploiter…

Je ne m’adresse ici qu’à ceux qui ont les moyens de penser à ces marchés, naturellement, pas à ceux qui, par souci de finir leurs fins de mois sans trop s’endetter, n’achètent que des produits bon marché sans autre considération. Car c’est également une logique de notre système qu’il produise des biens à prix réduits de qualité médiocre et sans considération pour rien d’autre que l’apport protéinique ou la charge de sucre qui calmera l’estomac acheteur.

Nous trouvons, tacitement, logique, que certains de nos concitoyens se détruisent la santé pendant que nous réfléchissons sur l’opportunité d’acheter bio, végétarien, sans OGM, qualité supérieure, massacré rituellement, élevé au grain, en plein air ou sur caillebottis.

Lorsque nous pensons avoir un impact sur le marché en achetant selon tel ou tel critère, nous oublions qu’une grande partie de la population influe bien plus que nous en achetant tout simplement au “meilleur prix” des produits qui ont encore de beaux jours devant eux. Sans compter que notre pouvoir d’achat supérieur reste l’exception à la surface de la planète…

(extrait de ceci… par moments j’ai le souci de me citer moi-même…)

août 5, 2008

L’Amazonie est à nous

Filed under: économie mon amour,Brésil,discussions piquantes — tito @ 2:32 am

Je ne sais pas trop à qui elle est exactement, mais apparemment pas à ceux qui y ont enterré leurs pères et les pères de leurs pères et les pères des pères de leurs pères (thank you Loretta).

Je pensais à un argument qui pourrait sans doute, si on y réfléchit un peu, couper la chique aux glands çons impérialistes qui infantilisent en permanence les Brésiliens (dont, certes, les dirigeants le méritent, mais ceci est un autre débat).

Imaginons que l’on propose aux Brésiliens de les rétribuer pour ne pas déboiser le poumon de la Terre, comme on dit…

Hein?

Après tout, les USA et l’Europe ont bien détruit une bonne partie de ce poumons dans les siècles précédents et c’est aussi en partie à leur profit que les arbres du Brésil sont actuellement sacrifiés sur l’autel de la croissance locale.

Et puis c’est une tactique employée quelques fois avec succès dans le Premier Monde: je te paie pour que tu t’arrêtes de planter, de pêcher et de faire du lard.

Donc, au lieu de faire croire à tout le monde que les Brésiliens sont plus idiots que les autres, et sachant qu’ils ont un revenu par habitant dix fois inférieur à celui des Français, il me semblerait juste que, afin de continuer à bénéficier des bienfaits du poumon de la terre -qu’ils disent-, les acteurs du Premier Monde devraient pouvoir aider ceux du Troisième dont l’Amazonie est une des principales richesses à accrocher le wagon de la croissance sans le détruire.

Bon, évidemment, cela s’appelle de la solidarité. Et c’est un gros mot, ces derniers temps. En plus la croissance, dans ce cas, risque de se prendre quand même une grosse branlée.

Mais sinon, je suis contre l’internationalisation de l’Amazonie, parce que je ne vois pas pourquoi je ferais confiance dans les institutions internationales (ONU? OCDE? OMC? Z’êtes pas bien?)

(Note: si on applique ce truc, va falloir diminuer la consommation de papier, de meubles, de viande gonflée aux hormones et de pas mal de saloperies cultivées de manière intensive et au round-up… Ce qui ne serait pas plus mal… Sans compter qu’une des raisons de l’exploitation de l’Amazonie, ce sont aussi pas mal de mines sacrément importantes. Bref, si on veut compenser tout ça, va falloir casquer et se serrer la ceinture à la croissance…)

juin 12, 2008

« la saison de reproduction des cols blancs…

Filed under: économie mon amour,politopics — tito @ 4:57 pm

… coïnciderait-elle enfin avec celle des cols bleus aux USA. »

Non, il ne s’agit pas de canards (déchaînés), mais de l’expression utilisée par les médias US pour parler des employés de bureaux supérieurs (cols blancs) et des ouvriers (cols bleus). C’est mignon, non?

Or, jusqu’il y a peu, constate cet article du magazine plus-ou-moins-mais-pas-trop progressiste-genre-pro-Obama The Nation, les luttes syndicales des uns et des autres ne correspondaient guère. Mais il semble que le vent tourne (il y a d’ailleurs un joli « manifesto » comme on dit en italien, en tête d’article, qui rappelle les plus belles heures de la propagande maoiste, ce me semble): les cols blancs, eux aussi, sont maltraités par les patrons (grrr). Alors ils rouspètent. Enron, la crise des subprimes, les « permatemps« , c’en est trop!

Notons que des problèmes comme celui de faillites plus ou moins arrangées ou de crise sur les emprunts, lorsqu’elles ne concernaient que les (très) bas revenus, n’intéressaient pas le politique, mais comme ils commencent (enfin!) à toucher de plein fouet cette classe sociale normalement privilégiée que sont les employés de bureau de type « upper middle professional class » -comme les appelle l’article- alors, évidemment, ça change tout.

Que les ouvriers se prennent des délocalisations par milliers dans la gueule, c’est normal: c’est la preuve que le libéralisme fonctionne, ça a été le cas pendant deux cents ans, pas de raison de changer.

Que les employés, mais aussi petits actionnaires via leur fond de pension, d’une grosse compagnie énergétique se prenne une faillite et mette des milliers de pavillonards sur le carreau, retraite (privée) comprise, et tout à coup les mass-medias se disent que, tiens, c’est pas juste, dis donc, et que, quand Wall Street pique du nez et que surgissent des « petits propriétaires emprunteurs de tous les États, unissez-vous », même les très républicains congressistes en appellent à un allègement des dettes -alors que les ouvriers expulsés depuis la fin des trente glorieuses, eux, sont toujours en train de graisser leurs riot-guns dans leurs caravanes avec l’espoir de liquider un de ces sales petits Coréens qui leur ont piqué leur boulot au cas où ces sales jaunes venaient à visiter une ville sinistrée pour rigoler.

Dans l’article, c’est, semble-t-il, dans le giron de Microsoft(1) que des employés maltraités (permatemps: permanents temporaires) se sont réveillés parmi les premiers et ont commencé la révolte.
Ira-t-elle jusqu’à la lutte finale? Les « Dilberts of the world » iront-ils, tous, mug dans le mug, jusqu’à la grève générale de la souris?

Pousseront-ils le bouchon jusqu’à détruire leurs ordinateurs portables à la manière des ouvriers des siècles précédents qui manifestaient par là (eux détruisaient leurs machines, pas leurs portables, camarade) leur mécontentement (au risque d’abandonner leur droit à naviguer sur la Toile)?

Les verra-t-on signer des pétitions en masse on-line (auquel cas il leur faudra éviter l’action précédente)?

La révolution technologique tournera-t-elle à la révolution tout court?

On n’ose y croire -avec un n’, hein…

(1) Et ce malgré Akhtar Badshah, directeur des programmes communautaires globaux, qui, dans un interveiw accordé à CartaCapital, ici, affirme que Microsoft a toujours été à la pointe du souci social depuis 1983, et que, même que, dis donc, c’est dans l’ADN de la société, ce n’est pas du tout intéressé, cette fibre sociale et philanthropique. Dis donc.

juin 1, 2008

Le libéralisme à l’américaine

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes — tito @ 4:33 am

Ne voilà-t-il pas que j’en apprends de belles sur le pays du libéralisme, dont j’avais déjà égratigné les principes économiques ici.

Si vous allez jeter un oeil ici, vous découvrirez qu’en 1977 (sous le règne du très stalinien Jimmy Carter, donc), les USA ont voté une loi (jamais abrogée, que ce soit sous Reagan, Bush père, Clinton ou Bush fils) qui dit, en substance, que l’argent déposé sur les livrets d’épargne dans les p’tites banques doivent être investis par lesdites institutions libérales dans les localités dont sont issus les déposants…

Si ce n’est pas une restriction à la liberté de disposer de l’argent des autres, ça…

Cela dit, petit clin d’oeil à ceux d’entre mes lecteurs qui croiraient encore à la soc-dem, voire au libéralisme contrôlé, c’est un type de loi qui a le mérite d’obliger le capitalisme bancaire à réserver une part de son gâteau pour le développement local. « think global, act logal », comme disait l’autre.

Personnellement, je n’y attache pas tellement d’importance, puisque je ne crois pas au capitalisme, même si les banques étaient nationalisées, mais c’est un sujet de conversation intéressant à discuter au PS -français ou belge-, histoire d’inventer un nouveau vernis pour prétendre qu’on peut faire de la gauche avec de la droite ou vice versa.

mai 28, 2008

faut-il être de droite pour être de gauche?

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes,politopics — tito @ 12:06 am

On critique depuis longtemps les gauchisss’ qui -paraît-il- font le jeu de la droite en
-se présentant aux élections (et donc en favorisant la droite, fatalement)(1);
-critiquant les partis « soc-dem »;
-manifestant à tout bout d’champ, voire, les salauds, encourageant des grêves qui ne seraient même pas justifiées par des licenciements-Vilvoorde;
-pire, prétendant que le marxisme, l’anti-capitalisme, l’anarchisme, l’anti-libéralisme ne sont pas morts et méritent d’être encore défendus.

On trouvera des traces de cela ici, mais aussi sur le site d’Un homme et ici, et puis encore dans le discours de la Sego.

Ça me rappelle de loin une conversation que j’avais eue avec un imbécile fier de sa carte PS et qui me lançait des « il faut bien se battre pour que certains ne meurent pas de faim » et des « Toi, évidemment, tu n’assumes rien, c’est lâche. »

Il est clair qu’après tous les renoncements du PS en matière sociale et toutes ses compromissions guerrières, tout va mieux.

Mais au fond, c’est vrai, je suis de mauvaise foi: il doit y avoir beaucoup moins de gens qui meurent de faim aujourd’hui en Afghanistan, en Irak (où, si, si, en un sens nous intervenons, puisque des soldats belges ont remplacé des Amerloques en Afghanistan, ce qui a permis à ses derniers d’aller en Irak).

Et donc, je pose la question:
Faut-il être de droite pour être de gauche?

Et je vous entends déjà poser la vôtre: Mais qu’est-ce qu’il veut dire par là?

Justement…


(1) les soc-dem n’ont qu’à s’en prendre au système électoral, et puis voilà…

mai 24, 2008

avec les tripes du dernier communicant

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes — tito @ 5:27 am

Le Soir, journal indépendant, mais également fun, décalé et impertinent, comme le sous-entend l’article ci-lié, parvient à se faire une petite auto-promo tout en faisant de l’info, et ce sur un sujet, « ô combien d’actualité », comme on dit quand on est décalé, fun et surtout impertinent:

La pub.

Et ses awards…

Le Creative Club of Belgium, dont je découvre l’existence, a tenu sa remise des prix annuelle (d’après le site, c’est la 5e, cette année), récompensant le meilleur cru en matière de pub.

(Malheureusement, au moment où je tape ces lignes, le palmarès n’est pas encore affiché sur le site, ce qui montre que le webmaster ne connaissait pas les résultats au moment où le jury en délibérait. Mais ceci est pure supposition de ma part et je ne voudrais pas être attaqué pour diffammation: je ne sais pas si c’est de la distraction ou de l’ignorance de la part du webmaster).

Le Soir se réjouit -en passant, presque négligemment- d’un succès qu’il ne doit qu’à son choix de la bonne boîte de créatifs, ce qui lui permet d’espérer de rester indépendant, fun et toute cette sorte de chose pendant, oh, au moins un an encore.

Indépendant de la profondeur d’investigation, de l’esprit critique et de la bataille des idées, tout au moins. Mais c’était ça ou ne pas être fun. Et donc.

C’est à coups de « chapeaux », puisqu’il s’agit des prix remis par le « Cri-yé-tif cleub off Belgioum » à Knokke –A real short festival of creativity in Knokke-Heist, ´comme à Cannes´, je ne plaisante pas-, que l’on saluera notamment la campagne de pub d’Eurostar qui a -fort intelligemment- fait comprendre au chaland que « Londres est au coin de la rue ».

Quand on pense qu’il y a encore des cons qui prennent l’avion ou le bateau pour y aller, on se dit que la communication a encore des progrès à faire:

PUISQU’ON VOUS DIT QUE C’EST AU COIN DE LA RUE! ALLEZ-Y EN TRAIN!

-Ah ben justement, mon boulanger aussi, il est au coin de la rue, chérie, je prends vite le Thalys, je prends une demi-baguette et je reviens. Je te prends quelque chose?

Pleine d’humour, l’association des créatines a encore offert un award à la boîte de crayons qui a trouvé la géniale idée de la campagne Braille de cette année, encourageant les « Blind calls » (appels aveugles) sur les gsm pour qu’ils soient dirigés vers un appel payant en faveur de ladite association caritative. Je vous épargne les détails, ça n’a pas dû vous échapper.

À se demander si cette campagne n’a pas été aussi soutenue par l’un des trois opérateurs de téléphonie en sus -ou deux -ou les trois…

Je m’abstiendrai de divaguer sur le goût légèrement douteux de l’utilisation du terme « blind call » dans le cas qui nous occupe… Puisque la Ligue Braille a trouvé ça drôle, c’est que nous pouvons en rire aussi.

Enfin, gros regret de l’auteure de l’article (à qui je me refuse de faire du tort en lui faisant de la pub -sic!) sur la faible quantité de prix obtenus par les médias dits classiques (presse, télé, radio -ça y est, la télé est devenue un « classique »).

« Ce serait vraiment dommage (que la pub s’éloigne de ces trois médias) parce (qu’ils) restent de très beaux canaux de communication »

estime Jens Mortier, président du « Cicibi » et fondateur de l’agence Mortierbrigade -et, accessoirement, vainqueur d’au moins un prix mentionné par Le Soir, mais, c’est curieux, il ne fait pas le lien -un oubli, certainement, c’est con, il aurait pu le féliciter.

Et le même Jens de poursuivre:

« Tout l’art est de les renouveler. »

Car, oui, mauvais sujet que je suis, j’oublie d’insister sur le fait que les artistes d’aujourd’hui sont les publifères, égaux en qualité, sens, vitalité, créativité, audace, anticonformisme avec les Cézanne, Satie, Villon, Franquin (qui, reconnaissons-le, a commis quelques pubs pour arrondir ses fins de mois à Charleroi, mais il y a des hommes à qui on pardonnerait tout, ‘spas?) et autres Niemeyer (qui a fêté l’an dernier son centenaire et doit se réjouir de cette comparaison s’il me lit). Les communicants, publicitaires, designers et petites mains du marketing sont les membres d’une nouvelle grande famille d’artistes pour qui il conviendrait, c’est évident, de créer une appellation genre « 10e art » ou « 11e », peut-être, je ne sais pas trop où on en est…

Et enfin, le même créatif:

« Une chose est sûre : les annonceurs commencent à prendre très au sérieux tous les nouveaux supports de communication. »

Jens fait donc de l’info, tout à coup, et est repris par le Soir qui ne savait plus trop comment terminer son article…

Et donc, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, toi qui, avec ta connexion à 100 unités par seconde, te colle des dizaines de zolies petites images en mouvement te prenant des plombes à charger alors que tu veux juste lire tes mails tranquille (Ça t’apprendra aussi à choisir un fournisseur gratuit, tiens),
toi qui, si tu possèdes un firewall, un anti-spam, six anti-virus et une douzaine d’autres protections, te coltinera encore des messages publicitaires sur ta boite e-mail parce que, nom de dieu, c’est de l’info, la pub, et qu’on ne rigole pas avec la liberté d’être informé, surtout quand c’est du gratuit,
toi qui espérais depuis dix minutes recevoir le sms de ton/ta petit(e) chéri(e) et qui, à la place, apprends que, si, si, si tu réponds dans les huit secondes, tu peux recharger ton compte pré-payé de 78 unités sans payer la dernière tranche -mais, et ça c’est nouveau, tu vas commencer à payer ce genre de message-,
toi qui te prends pour la troisième fois ce matin la tête dans un panneau JCDecaux sponsorisant généreusement des informations locales souvent vieilles de dix ou douze ans (and more) et accessibles parfois à ceux qui savent lire à une distance d’un escalier,
toi qui aimais à regarder les paysages sur la route, toi qui aimais encore naveter un peu, parce qu’il y avait moyen de compter les vaches et les poteaux téléphoniques entre Louvain-en-Brousse et Bruxelles-sur-l’Égoût, mais qui maintenant, parce qu’on les distingue parfois mal entre les panneaux d’infos gratuites, préfères dormir ou faire le Sudoku du… tiens, du Soir, pourquoi pas,

réjouis-toi, et apprends que les annonceurs « commencent » à prendre ces nouveaux supports au sérieux, et que donc ça ne fait guère que commencer,

tout ça…

Mais heureusement, il nous reste la résistance passive.

Si, si…

Et le Soir… Journal impertinent, fun et décalé…

À défaut du Grand Soir…

Et merde…

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