Archive for the ‘discussions piquantes’ Category

contre le capitalisme… malheureusement, tout contre…

Mardi, août 19th, 2008

Le capitalisme libéral va dans tous les sens, parce que nos raisons d’acheter vont dans tous les sens et que cela fait autant de marchés différents à exploiter…

Je ne m’adresse ici qu’à ceux qui ont les moyens de penser à ces marchés, naturellement, pas à ceux qui, par souci de finir leurs fins de mois sans trop s’endetter, n’achètent que des produits bon marché sans autre considération. Car c’est également une logique de notre système qu’il produise des biens à prix réduits de qualité médiocre et sans considération pour rien d’autre que l’apport protéinique ou la charge de sucre qui calmera l’estomac acheteur.

Nous trouvons, tacitement, logique, que certains de nos concitoyens se détruisent la santé pendant que nous réfléchissons sur l’opportunité d’acheter bio, végétarien, sans OGM, qualité supérieure, massacré rituellement, élevé au grain, en plein air ou sur caillebottis.

Lorsque nous pensons avoir un impact sur le marché en achetant selon tel ou tel critère, nous oublions qu’une grande partie de la population influe bien plus que nous en achetant tout simplement au “meilleur prix” des produits qui ont encore de beaux jours devant eux. Sans compter que notre pouvoir d’achat supérieur reste l’exception à la surface de la planète…

(extrait de ceci… par moments j’ai le souci de me citer moi-même…)

A méditer

Jeudi, août 14th, 2008

Le premier des piliers de la liberté, c’est l’insécurité…

(Ca ne ferait pas un joli sujet de dissertation de fin d’études -aussi bien en ZEP que dans une zolie école privée?)

Les bons et les mauvais élèves du grand frère de l’Atlantique Nord

Vendredi, août 8th, 2008

La guerre froide n’est pas finie: elle a juste muté en un truc plus insidieux encore qu’une bande de communistes assoifés de sang, le couteau entre les dents, planqués derrière le rideau de fer et n’attendant qu’un signe de Moscou pour déferler sur l’Europe à coups de chars T-72 et de goulags. Désormais, vous le savez, nous le savons tous, l’ennemi n’est plus à nos portes, il est dans nos murs. Il égorge des moutons dans sa baignoire, il montre son cul vers l’Ouest cinq fois par jour et il étouffe ses femmes (nombreuses) sous les voiles et les burkas. En plus, il s’est allié aux mouvements traditionnellement contestataires de toutes les régions du monde, mouvements qui sont désormais les alliés objectifs de Ben Laden qui a remplacé l’Emmanuel Goldstein de « 1984« .

Ami, si tu soupçonnes ton voisin de pallier d’avoir un jour pensé que Saddam Hussein était un brave gars, défenseur de la laïcité et de l’occidentalisation du Moyen-Orient,

Ami, si tu penses que ton meilleur ami a lu le Capital en dehors de ses études d’histoire contemporaine (et critique),

Ami, si ton cousin n’écoute pas avec un plaisir non dissimulé l’intégrale de Michel Sardou,

Ami, si ta soeur milite contre Monsanto, Dupont-DeNemours, Bayer et GSK,

Ami, prends la décision qui s’impose: ils sont à la solde des infâmes terroristes qui accablent nos libertés de penser que le libéralisme est la seule et unique voie possible pour assurer l’ordre et la sécurité,

Ami,

n’hésite pas à former le 112 et à demander à parler en toute discrétion (un seul enregistrement et une copie pour les Archives de RG) avec un agent du contre-terrorisme mondial: il sait quoi faire, il sait qui appeler…

Et sans doute ton coup de fil influencera-t-il le rapport que voici sur le site du Département d’État des Zuessa.

Le genre d’endroit où la lutte contre le terrorisme s’affiche plus franchement comme la lutte contre ceux qui s’opposent aux « intérêts américains ». Ainsi, cette jolie phrase en tête du rapport 2004 par pays:

« A small number of al-Qa’ida operatives in East Africa, particularly Somalia, continued to pose the most serious threat to American interests in the region. »

Dans le chapitre sur la Belgique, en 2005, on trouve encore le même genre d’expressions:

« suspected of attempting to recruit fighters to support attacks against American interests in Iraq. »

Belgique qui, entre parenthèses, est généralement félicitée pour son activité en faveur de ces intérêts américains, dans sa lutte contre le terrorisme en général et sa célérité à appliquer la « nouvelle législation anti-terroriste ».

Dans le rapport 2006 sur la Belgique, toujours, on trouve cet adorable paragraphe:

Belgium is not a significant safe haven for terrorist groups, although the PKK operated television production facilities in the country. Belgian authorities were concerned about potential terror activities involving groups from Algeria and North Africa, and investigated groups such as the Moroccan Islamic Combatant Group (GICM), the Revolutionary People’s Liberation Front (DHKP-C), and a far right group with links to neo-Nazi groups.

On notera avec délice la manière, donc, dont le DHKP-C est relié d’une part à des groupes d’extrême-droite (non-identifiés) et d’autre part à des militants islamiques (liés, selon la justice belge, aux attentats de Madrid et Casablanca). Dans le genre amalgame pas frais, on atteint ici des sommets Bernardhenriesques…
Globalement, ce rapport continuera à amalgamer DHKP-C et extrême-droite, tout en donnant plus d’importance au premier et en évitant d’identifier les groupes fachos.

Dans le rapport 2007, outre que le Département d’État fait encore la part belle au DHKP-C comme suspect terroriste numéro 1, on se félicite de la mise en route de l’OCAM. Un homme nous a récemment évoqué l’efficacité de cette agence bien de chez nous qui devrait devenir proverbiale dans les pages roses des dictionnaires autorisés par le Nouvel Ordre mondial (il en parle aussi ici).

Ce rapport culmine avec les commentaires suivants:

OCAM aims to facilitate the exchange of information among all governmental counterterrorism bodies and make a common threat analysis on the basis of such information exchanges. The new agency operated under the joint authority of the Justice and Interior Ministers and included representatives from the external and internal services, the Federal Police, Customs, and the Ministries of Transport, Finance, and Foreign Affairs.

Cette « nouvelle agence », comme Un homme nous le relatait, n’a toujours pas fourni le moindre justificatif pour avoir interdit le feu d’artifice du nouvel an dernier à Bruxelles et conservé le pays en état d’alerte maximum pendant la période des fêtes.

Les plus naïfs d’entre nous y apprendront encore que la Belgique maintient des troupes en Afghanistan à hauteur de 400 hommes et que, malgré les dires de nos politicards en 2003, elle pariticipe activement à l’occupation (pardon, à la reconstruction) de l’Irak. Si, si:

Assistance to Iraq included expanded participation in the Jordan International Police Training Center in Amman (which subsequently closed in September), training for Iraqi diplomats and magistrates in Belgium, and training for Iraqi servicemen in Abu Dhabi, in cooperation with Germany.

On ne prête qu’aux riches: si la Belgique et les pays alliés traditionnels des Zuessa se distinguent dans ces rapports, on relève de très jolies phrases sur d’autres pays d’Amérique Latine comme celles-ci:

Bolivia showed new potential as a possible site for terrorist activity. Supporters and actors from the National Liberation Army (ELN), the Revolutionary Armed Forces of Columbia (FARC), the Tupac Amaru Revolutionary Movement (MRTA), the Paraguayan Free Fatherland Party (PPL), and the Shining Path were thought to be present in Bolivia.

(Rien que ça)

(même lien:)

In January, Daniel Ortega was inaugurated as the elected President of Nicaragua. Ortega reestablished formal diplomatic ties with Iran, which now has a resident, accredited Ambassador in the capital, and aggressively sought to expand relations with Cuba and Venezuela.

(Ah les salauds! Ils rétablissent des relations diplomatiques et étendent leurs relations avec des États, dis donc!)

Le Vénézuéla, naturellement, n’est pas beaucoup mieux traité. Les rapports 2005, 2006 et 2007 sont pratiquement des copies conformes. On y évoque pèle-mèle des relations réelles ou supposées avec les FARC, l’ELN, l’ETA et les facilités mises à disposition de méchants terroristes iraniens dont on n’a pas l’ombre d’une preuve. Le fait que le gouvernement lutte contre le narco-trafic et qu’un procès en bonne et due forme ait lieu contre un groupe ayant attenté à l’ambassade étatsunienne ne fait guère l’objet de plus d’attention que les exploits de Nizar Trabelsi en Belgique. Et certainement moins que que les mesures de harcèlement judiciaire contre le DHKP-C…

Le Vénézuéla est aussi critiqué pour l’élaboration d’une loi anti-terroriste qui ne définit pas le terrorisme. Il est vrai qu’il sera difficile d’englober dans cette loi tout ce que les Zuessa et ses alliés considèrent comme tel…
Toutes ces critiques des trois derniers rapports effacent celui de 2004 qui rapporte pas mal de mesures et activités vénézuéliennes qu’il est bien obligé de qualifier de « contre-terroriste ».

Un autre exemple de grande neutralité dans le rapport est que le terme « corruption » se retrouve pour la Bolivie (rapports 2004, 2005, 2006), l’Équateur (rapports 2004, 2005, 2006, 2007), le Nicaragua (rapports 2005, 2006, 2007), le Vénézuéla (rapport 2007), et d’autres, mais dans aucun cas pour la Colombie…

Ce pays est magique…

Oh, j’oubliais:
1)Il y a un lien unique rien que pour Cuba et ses amis les membres de l’axe du mal dans les trois derniers rapports de 2005 à 2007… Je vous laisse aller les découvrir: l’article commence à être un peu long…
2)Dans les rapports 2002 et 2003, les activités putchistes des opposants à Chávez ne sont pas mentionnées… Elles ne sont donc pas terroristes… CQFD

L’Amazonie est à nous

Mardi, août 5th, 2008

Je ne sais pas trop à qui elle est exactement, mais apparemment pas à ceux qui y ont enterré leurs pères et les pères de leurs pères et les pères des pères de leurs pères (thank you Loretta).

Je pensais à un argument qui pourrait sans doute, si on y réfléchit un peu, couper la chique aux glands çons impérialistes qui infantilisent en permanence les Brésiliens (dont, certes, les dirigeants le méritent, mais ceci est un autre débat).

Imaginons que l’on propose aux Brésiliens de les rétribuer pour ne pas déboiser le poumon de la Terre, comme on dit…

Hein?

Après tout, les USA et l’Europe ont bien détruit une bonne partie de ce poumons dans les siècles précédents et c’est aussi en partie à leur profit que les arbres du Brésil sont actuellement sacrifiés sur l’autel de la croissance locale.

Et puis c’est une tactique employée quelques fois avec succès dans le Premier Monde: je te paie pour que tu t’arrêtes de planter, de pêcher et de faire du lard.

Donc, au lieu de faire croire à tout le monde que les Brésiliens sont plus idiots que les autres, et sachant qu’ils ont un revenu par habitant dix fois inférieur à celui des Français, il me semblerait juste que, afin de continuer à bénéficier des bienfaits du poumon de la terre -qu’ils disent-, les acteurs du Premier Monde devraient pouvoir aider ceux du Troisième dont l’Amazonie est une des principales richesses à accrocher le wagon de la croissance sans le détruire.

Bon, évidemment, cela s’appelle de la solidarité. Et c’est un gros mot, ces derniers temps. En plus la croissance, dans ce cas, risque de se prendre quand même une grosse branlée.

Mais sinon, je suis contre l’internationalisation de l’Amazonie, parce que je ne vois pas pourquoi je ferais confiance dans les institutions internationales (ONU? OCDE? OMC? Z’êtes pas bien?)

(Note: si on applique ce truc, va falloir diminuer la consommation de papier, de meubles, de viande gonflée aux hormones et de pas mal de saloperies cultivées de manière intensive et au round-up… Ce qui ne serait pas plus mal… Sans compter qu’une des raisons de l’exploitation de l’Amazonie, ce sont aussi pas mal de mines sacrément importantes. Bref, si on veut compenser tout ça, va falloir casquer et se serrer la ceinture à la croissance…)

53 « artistes » à rayer de vos tables

Mercredi, juillet 2nd, 2008

Etienne Daho, Christophe Maé, Kery James, Sinik, Francis Cabrel, Patrick Bruel, Jean-Jacques Goldman, Jenifer, Stanislas, Raphaël, M Pokora, Keren Ann, Thomas Dutronc, Eddy Mitchell, Isabelle Boulay, Maxime Le Forestier, Martin Solveig, Marc Lavoine, Calogero, Gérard Darmon, Pascal Obispo, Jacob Devarrieux, Elie Seimoun, Alain Bashung, Bernard Lavilliers, Rachid Taha, Bob Sinclar, Psy4delarime, Abd Al Malik, Anis, André Manoukian, Charles Aznavour, Alain Souchon, Mademoiselle K, Soprano, Arthur H, BB Brunes, Liane Foly, Emmanuelle Seigner, Ridan, Renan Luce, Zita Swoon, Johnny Hallyday, Empyr, Kenza Farah, Shine, Camaro, Diam’s, Renaud, Romane Cerda, Cali, la Grande Sophie et Cindy Sander.

Tous ces zozos ont signé une espèce de lettre ouverte aux méchants petits téléchargeurs de leurs oeuvres, ces pirates, ces pilleurs d’artistes, leur demandant d’arrêter de les écouter pour rien… Payez, immondes petits salauds…

Déçu par Lavillier, Bashung, Souchon ou Le Forestier que je croyais au-dessus de ça, tiens… Leur lettre soutient une loi de la ministre de la culture française qui vise jusqu’à priver les méchants pirates d’internet. On sait que cela ne touchera jamais les plus forts d’entre eux, mais de toute façon qu’importe: ces vieux placards de l’art « pour mineurs » ont semble-t-il oublié l’époque où l’on s’échangeait des cassettes recopiées… L’industrie du disque, déjà, ne devait pas s’en remttre, disait-on, ce qui s’avéra complètement faux, et la création musicale aboutit avec leurs splendides bénéfices à Jordy et la Star’Ac. Bref, que du bonheur…

L’argument hypocrite qui veut que les profits des gros propriétaires d’artistes permettent l’éclosion de sang neuf, donc, ne vaut même pas la peine qu’on s’y étale: le jour où les majors disparaîtront, les jeunes qui feront leur promo sur internet et sur des espaces d’affichages libres trouveront les moyens de faire des concerts géniaux dans des petites salles… Le jour où s’écrouleront également les grosses entreprises de spectacle, tous les artistes auront des possibilités plus ou moins égales de se faire entendre. Un grand pas vers la déprofessionnalisation des arts et du spectacles…

Ça rappellera le bon vieux temps où les Brel, Brassens et autres Piaf bouffaient de la vache enragée pour devenir ce qu’ils sont devenus… ça rappellera aussi Vian qui ne vivait pas de son art…

ça rappellera quand les chansons étaient chantées dans les rues, quand on en achetait les partitions et qu’on les apprenait par coeur pour les chanter ensemble… ça rappellera ce que c’est que l’art quand il n’est pas professionnel.

Rejoignez le groupe « électrocutez Cloclo deux fois » sur fessebouc et Orcutte…

ET SI LE CAUCHEMAR DE WAHOUB N’AVAIT PAS EU LIEU?

Jeudi, juin 26th, 2008

Joie sans mélange : Wahoub est sortie. Mais l’instruction se poursuit et Bertrand reste dedans…

Imaginons qu’à la place de Wahoub, les troupes de choc de la police fédérale n’aient arrêté personne. Ou se soient acharnées sur un de ses amis moins connus. Un quelconque Constant, un autre Abdallah, un troisième « ex-ccc »…

Imaginons un instant ce qui se serait passé.

En première ligne des réactions, quelques têtes identiques, évidemment: les copains du Secours Rouge et Wahoub elle-même, le patron du Verschueren, aussi. Mais seraient-ils parvenus à réveiller les (paraît-il) 40 signataires (dont 24 connus) de la carte blanche de la semaine dernière?
Le CLEA serait monté au créneau, et probablement quelques autres associations comme le Comité T ou la LDH (avec un peu d’optimisme). Grâce notamment à la personnalité de Wahoub qui, jusqu’à hier, mobilisait de l’intérieur.
Les amis de Bertrand et des autres auraient réuni une fraction non négligeable des 300 à 500 manifestants du 21 juin dernier (mais quelle fraction exactement?).
Plus difficile: les Secours Rouge auraient-ils réussi à réunir des fonds pour payer les avocats de Constant, Bertrand et Abdallah? Pierre aurait-il été libéré aussi facilement?
Autre chose: les éditoriaux ‘révolutionnaires’ (charrie pas!) de la Libre et du Soir sur la pertinence de l’application de la loi anti-terroriste auraient-ils été publiés?

On peut en douter sérieusement.

On doit peut-être -c’est terrible à dire- à l’arrestation de Wahoub une mobilisation « démocratique » et des réactions journalistiques et d’ONG telles que le débat sur les arrestations arbitraires de « l’après-11-septembre » (qui, franchement, joue à l’arlésienne que c’en n’est plus permis –si ce l’a jamais été) s’est un tout petit peu rallumé comme il aurait dû depuis un paquet de temps.

Combien d’entre nous n’auraient parlé de cette affaire qu’avec légèreté, au détour d’une bière ou en lisant un entrefilet dans le journal du matin, se demandant même si la police ne faisait pas tout bêtement son boulot et s’il ne fallait pas laisser la justice régler cette petite affaire qui, après tout, ne concerne que deux anciens poseurs de bombes, peut-être nostalgiques et désireux de faire montre de leur savoir-faire à d’autres moments qu’à des fêtes de mariage, un ex-truand et deux zozos dont, on l’entend souvent, on ne sait pas grand’chose -ce qui indique qu’on peut en imaginer plein, évidemment…
Quelle force, quelle légitimité, le Secours Rouge aurait-il eu si Wahoub n’avait pas été arrêtée?
Aurait-elle autant fait la différence depuis l’extérieur que de l’intérieur de sa cellule?

Attention, je ne remets pas du tout en question sa combativité, son dévouement, son intelligence et son engagement, mais bien les raisons de son actuelle capacité de mobilisation. Et surtout les motivations de ceux qui la soutiennent, qui font bien de la soutenir, mais dont on peut se demander s’ils vont continuer à remettre en question le processus en cours si wahoub échappe –comme je le souhaite- aux foudres des procureurs. Ces foudres que sont la criminalisation de tout ce qui refuse le diktat de la « guerre contre la terreur » et la condamnation a priori de qui ne pense pas dans les mêmes termes que la bourgeoisie au pouvoir.

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Me serais-je moi-même manifesté plus que nécessaire depuis mon lointain exil? Certes, j’aurais écouté Julien et Wahoub qui sont les détenteurs inconditionnels de ma confiance en toute matière politique -et autres- (à part sur la question de la responsabilité de l’échec de la Première Internationale de 1866, sans doute). Mais cela m’aurait-il autant touché d’apprendre que d’anciens activistes marxistes et trois de leurs amis s’étaient fait arrêtés si mon amie était, elle, restée dehors?

Soyons honnêtes ; malgré la certitude que c’est de la même liberté d’expression, d’action et d’association qu’il s’agisse, et que j’en suis bien conscient, la réponse est : sûrement pas. Sûrement pas autant.

Mais, et parce que je sais que c’est ce que voulait Wahoub dedans et ce qu’elle veut dehors, je ne me mobilise aujourd’hui que pour que tous sortent le plus vite possible -et en groupe de préférence- de cet imbroglio pseudo-judiciaire sous les acclamations de tous leurs proches et de celles des vrais citoyens responsables qui privilégient les droits de chacun à la vieille vierge effarouchée qu’est cette insupportable sécurité d’État, à laquelle tant de libertés et de vies humaines ont été sacrifiées partout dans le monde et à toutes les époques -sans exception -stupidement…

Les nouveaux Zola

Mardi, juin 24th, 2008

Je fais référence à des événements précis, dont les acteurs se reconnaîtront.

Le révisionnisme, à l’époque de Zola, c’était une bonne chose. Proust, Gide, France, Durkheim, Renard sont parmi les nombreux Français qui voulaient que soit revu le procès du capitaine Dreyfus, condamné pour faits d’espionnage dont il n’était pas l’auteur. (Les anars, à part Fénéon, devaient bien rigoler à cette époque.)

Aujourd’hui, sont appelés révisionnistes les méchants qui prétendent que les chambres à gaz n’ont pas existé, ou alors, si, mais en petite quantité (et pas assez, sans doute). Bref, des imbéciles frustrés et qui ne valent pas la corde pour les pendre, mais à qui, selon moi, Chomsky et Voltaire, on a tort de vouloir couper la parole: ils adorent afficher leur martyrologue.

Bref, le mot révisionniste a un peu changé de sens…

Par rapport à l’époque de Zola, une autre chose a changé: lui, l' »intellectuel » (qui n’avait pas son bac) accusait l’État et ses sbires d’avoir fait un mauvais procès à un pauvre bougre qui fera la Première Guerre Mondiale avec le grade de colon. Aujourd’hui, les « citoyens responsables » sont ceux qui condamnent des faits qui ont déjà été condamnés par la justice (de classe) et des hommes qui ont déjà été enfermés, voire massacrés, par le pouvoir qu’on ne discute pas. Parce que sans le pouvoir, c’est le bordel, je suppose. Mieux vaut un mauvais ministre de l’Intérieur que pas de ministre du tout.

On constate que la prison, supposée amender le forçat, ne le fait pas: alors, on re-condamne: on ne défendra pas un poseur de bombes. Ciel, se dit-on, l’effet tant désiré par les joyeux démocrates depuis la révolution française (et dont Vidocq déjà dénonçait l’efficacité plus que moyenne dans son opuscule Considérations sommaires sur les prisons, les bagnes et la peine de mort en 1844), de la prison, à savoir la rédemption, ne suit pas l’investissement. Qu’à cela ne tienne, le rôle principal de la prison n’est-il pas d’isoler et de punir le méchant?

Mais alors, pourquoi finit-il par sortir?

Toute la question, semble-t-il, est là: de plus en plus, le fragile terreau de la très moderne (quoique contestable, dans le principe) idée selon laquelle la prison peut « récupérer », « amender », « rééduquer » les malfrats pour les rendre ensuite à la citoyenneté dont ils n’auraient jamais dû se détourner, ce fragile terreau qui, finalement, est assez récent (c’est le XVIIIe siècle qui en a fait germer l’idée parmi d’autres bien plus rigolotes comme celle du bon sauvage ou de la main invisible du marché -était-on spirituels à l’époque), est remis en question en Europe.

Non seulement la prison sert de plus en plus à punir sans chercher à amender (voyez les lois fascistoïdes qui consistent à emprisonner ceux qu’ensuite l’on expulsera sous prétexte que la guerre et la famine ne sont pas assez manifestes « chez eux »), mais en outre on remet en question ici et là (et plutôt ici que là) l’idée selon laquelle le condamné, une fois sa peine purgée, a le droit de revenir vivre au milieu de ses pairs -c’est-à-dire ceux qui ne se sont pas fait attraper: les citoyens responsables.

Après tout, elle n’est pas belle l’idée selon laquelle certains feraient mieux de naître en taule et d’y rester? Cette thèse, dont son plus scientifique représentant, Cesare Lombroso, sévit au XIXe Siècle, mériterait d’être revivifiée et réactualisée par nos « imbéciles heureux d’être nés » le cul dans la sociale-démocratie. Ça leur permettrait d’asseoir leurs condamnations et leurs re-condamnations sans souci de devoir en vérifier les faits. Ainsi, tout agité social relâché dans la nature pourra, à tout moment, être remis derrière les enceintes ducpétiesques quand le contexte social le réclamera. Et, par extension, tout qui se sera un peu trop approché d’eux sera considéré comme contaminé par la violence émanant de leurs personnes (C’est McCarthy, en gros…) telles les effluves séductrices et obscènes des chevelures musulmanes qu’il faut enfermer sous d’irrationnelles protections de soie -éventuellement Gucci ou Versace.

Comme il est facile de refuser de défendre des « poseurs de bombes » ou de se cacher derrière des « principes » pour ne pas se prendre un coup de bâton électoral. On agite le mythe de l’Islam intégriste (encore un mot -intégriste- qui, au temps de Zola, signifiait autre chose qu’aujourd’hui, tiens) pour stigmatiser des gamines et les replier dans les jupes des moins intéressants des clercs de cette religion-là ou on évoque les « années de plomb » sans aucune perspective historique (et en oubliant la popularité -même relative- des activistes de gauche de cette époque) pour se draper dans un monceau de clowneries et diviser ce qui reste des progressistes sous prétexte qu’on se sent plus près de Louis Michel que d’un obscur militant d’extrême-gauche. Bientôt, ils se sentiront plus près de Bush que des Farc, d’Uribe que de Chávez, de de Gaulle que de Cohn-Bendit (jeune), de Nicolas que d’Arlette. Après tout, dans le tas, qui sont les citoyens responsables?

C’est le genre de raisonnements qui les aurait amenés à condamner à mort ou à la prison à peu près tout ce que l’histoire compte de rebelles ayant eu l’idée d’user de la violence un jour parce qu’ils ont cru que le contexte social le leur permettait pour parvenir à un monde meilleur. Les travailleurs de Hay Market Square Chicago de 1886 n’auraient pas trouvé grâce à leurs yeux, ni, qui sait?, les mutins les plus violents de 1917.

Allez, vais-je encore crisper plus la situation? Condamner la violence par principe, c’est bien joli, mais ça leur demanderait un peu plus de boulot qu’une carte blanche sélective dans ses affinités…

Ne rien savoir…

Vendredi, juin 6th, 2008

Ne rien savoir, être loin, être impuissant, se demander pourquoi…

Silence. Une courte info. Un rien. Un mélange de dépêche et de demi-reportage. Se fier à ses collègues, c’est terrible, car on sait ce qu’ils valent. Solidarité? Ha! Tu parles!

« Quand ils ont arrêté une communiste, je n’ai rien dit… »

Ce n’est peut-être rien, on a encore l’illusion qu’on est en dém…

Arrête, c’est dégueulasse: on utilise pas un mot pareil pour…

Attends, attends, tout va s’arranger…

Et moi, je fais quoi? -Tu arrêtes de penser à toi, tu te dis que les potes sont là-bas, sûrement à la porte de la turne des bleus et qu’ils attendent qu’elle sorte.

Oui, voilà, ils ne peuvent rien faire, parce qu’on est quand même un peu trop… On n’est pas aussi nombreux que ces imbéciles cocus qui réclamaient plus de sécurité, plus de (haha) justice et plus de blanc partout à 300.000, mais on est trop nombreux pour qu’ils nous fassent tous taire…

Attends, attends, tout va…

Non: tout ne s’arrangera pas tout seul. Il faut faire s’arranger les choses…

Un jour, ils s’en prendront à ceux qui… Ils s’en prennent déjà à ceux qui…

Attends, attends…

« Quand ils sont venus arrêter ma fille, mon père, ma femme, mon ami… »

Ne rien savoir, attendre, se dire que, là-bas, elle dort peut-être derrière les barreaux, ou peut-être est-elle dans son lit. Peut-être est-elle avec son ami. Peut-être sourit-elle. Mais ne rien savoir, même si ce n’est pas dans les pires circonstances qu’on puisse imaginer -oh, loin de là-, c’est beaucoup trop laisser de place à trop de pensées.

Ce n’est peut-être rien. C’est peut-être rien, dites…

Aprés tout, ils n’ont rien. Il n’y a rien là derrière, c’est une fois de plus leur technique de terrorisme larvé qu’ils sont seule capables d’utiliser.

Ce ne serait pas la première fois qu’avec rien…

« Quand ils sont venus m’arrêter… »

Bande de débiles, pourquoi toujours vouloir faire pire, toujours pire, sans cesse pire…

Ne rien savoir…

Ne rien savoir…

Demain, je saurai sûrement, demain, je serai rassuré… mais en attendant, je dois dormir, je dois veiller, je dois attendre…

Ne rien savoir…

Ne rien savoir…

Le libéralisme à l’américaine

Dimanche, juin 1st, 2008

Ne voilà-t-il pas que j’en apprends de belles sur le pays du libéralisme, dont j’avais déjà égratigné les principes économiques ici.

Si vous allez jeter un oeil ici, vous découvrirez qu’en 1977 (sous le règne du très stalinien Jimmy Carter, donc), les USA ont voté une loi (jamais abrogée, que ce soit sous Reagan, Bush père, Clinton ou Bush fils) qui dit, en substance, que l’argent déposé sur les livrets d’épargne dans les p’tites banques doivent être investis par lesdites institutions libérales dans les localités dont sont issus les déposants…

Si ce n’est pas une restriction à la liberté de disposer de l’argent des autres, ça…

Cela dit, petit clin d’oeil à ceux d’entre mes lecteurs qui croiraient encore à la soc-dem, voire au libéralisme contrôlé, c’est un type de loi qui a le mérite d’obliger le capitalisme bancaire à réserver une part de son gâteau pour le développement local. « think global, act logal », comme disait l’autre.

Personnellement, je n’y attache pas tellement d’importance, puisque je ne crois pas au capitalisme, même si les banques étaient nationalisées, mais c’est un sujet de conversation intéressant à discuter au PS -français ou belge-, histoire d’inventer un nouveau vernis pour prétendre qu’on peut faire de la gauche avec de la droite ou vice versa.

faut-il être de droite pour être de gauche?

Mercredi, mai 28th, 2008

On critique depuis longtemps les gauchisss’ qui -paraît-il- font le jeu de la droite en
-se présentant aux élections (et donc en favorisant la droite, fatalement)(1);
-critiquant les partis « soc-dem »;
-manifestant à tout bout d’champ, voire, les salauds, encourageant des grêves qui ne seraient même pas justifiées par des licenciements-Vilvoorde;
-pire, prétendant que le marxisme, l’anti-capitalisme, l’anarchisme, l’anti-libéralisme ne sont pas morts et méritent d’être encore défendus.

On trouvera des traces de cela ici, mais aussi sur le site d’Un homme et ici, et puis encore dans le discours de la Sego.

Ça me rappelle de loin une conversation que j’avais eue avec un imbécile fier de sa carte PS et qui me lançait des « il faut bien se battre pour que certains ne meurent pas de faim » et des « Toi, évidemment, tu n’assumes rien, c’est lâche. »

Il est clair qu’après tous les renoncements du PS en matière sociale et toutes ses compromissions guerrières, tout va mieux.

Mais au fond, c’est vrai, je suis de mauvaise foi: il doit y avoir beaucoup moins de gens qui meurent de faim aujourd’hui en Afghanistan, en Irak (où, si, si, en un sens nous intervenons, puisque des soldats belges ont remplacé des Amerloques en Afghanistan, ce qui a permis à ses derniers d’aller en Irak).

Et donc, je pose la question:
Faut-il être de droite pour être de gauche?

Et je vous entends déjà poser la vôtre: Mais qu’est-ce qu’il veut dire par là?

Justement…


(1) les soc-dem n’ont qu’à s’en prendre au système électoral, et puis voilà…