Archive for the ‘politopics’ Category

Au baaaaal, au bal masqué, ohé, ohé!

Wednesday, March 31st, 2010

Je n’ai guère fait qu’un an de droit mais il me semble que j’en ai retenu quelques petites choses

-d’une part, il existe en Belgique déjà une loi qui interdit le port du masque en dehors des périodes de carnaval (et en dehors de quelques petites exceptions soumises à contrôle), ce qui, dans un pays qui protège la propriété privée plus que le droit à l’expression, paraît logique -ne vous attendez cependant pas à ce que j’approuve cette situation, mais cela tend à dire que le projet de loi qui passe actuellement le test parlementaire n’est qu’une redondance digne des plus belles perles sécuritaires;

-d’autre part, je pense que, en dépit de toutes les précautions vraisemblablement prises au cours de la rédaction de ce projet de loi contre les “voiles faciaux”, il risque de se prendre une sanction lors de la vérification de sa compatibilité constitutionnelle ((Ce qu’apparemment redoutent les verts, mais ça ne les a pas empêchés de renouveler le coup du “oui de combat.)).

En effet, la constitution belge (à moins que j’aie loupé une très discrète réforme) défend la liberté du culte et de ses manifestations privées comme publiques. Or, il va être difficile de passer outre cet écueil quant à la burqa et la Niqbab. Si le voile peut passer pour culturel et donc non religieux dans certains pays à dominance musulmane, pour ce qui est de la burqa et de la niqab (cette dernière étant de toutes les modes dans un pays allié de l’OTAN, à savoir la très antidémocratique Arabie Saoudite), il sera plus difficile de nous en convaincre.

Autrement dit, en s’attaquant au voile intégral, c’est à la “liberté de l’expression du culte” qu’on s’en prend.

J’attends avec intérêt les réactions des différents représentants des très libertaires congrégations de toutes les religions du Livre. On va rire ((Il semble qu’on ait déjà commencé, à la lecture de cet article.)).

En tout état de cause, les seuls vainqueurs de cette loi, si elle passe (et elle passera probablement), ce seront les polémistes ludiques de la laïcité brouillonne d’un côté, et les petits fiefs de la foi castratrice de l’autre, et non pas la raison émancipatrice que l’on considère toujours plus inefficace dans son rôle libérateur, alors qu’elle est le principal outil ((Je dis bien outil, et non actrice.)) de la sécularisation de la société occidentale au cours des deux derniers siècles. Mais de raison, “nos” représentants n’aiment guère parler, car, si elle devait être remise au goût du jour en période électorale, ils seraient peu nombreux à retrouver leurs fesses sur les mêmes coussins douillets.

++++

Par ailleurs, je note que le projet de loi “limite la liberté d’aller et venir sur la voie publique, si on n’y est pas immédiatement identifiable” ((Lu ici.)).

Il n’y a pas à dire, les députés (verts compris, même si avec réticence hypocrite) savent joindre l’utile à l’agréable. On aura tout loisir de dire plus tard que cette loi s’oppose tout simplement au confort des criminels qui cherchent à se cacher derrière un masque, une fausse barbe ou tout autre artifice.

D’ailleurs, on pourrait aller plus loin ((Attention, hyperbole. Le sérieux n’est plus de rigueur.)): tout islamiste qui se sera rasé sera soupçonné de tenter de ne pas être identifié. On lui imposera donc le port de ses poils. Et ce n’est pas tout: pourquoi n’imposerait-on pas aux catholiques le port de la croix, additionnée du signe distinctif de sa tendance -opus dei, charismatique, béat, extrémiste modéré, leonardien, oecuménique… Juif, tu sais ce qu’il te reste à faire, malgré des souvenirs, certes déjà un peu lointain, mais qu’on va te rafraîchir vite fait.

Allons plus loin, histoire de rigoler à nos dépens: tout anarchiste ou communiste sera tenu de porter, qui son drapeau noir, qui son portrait du Che sur le ventre.

Et les électeurs du MR et de l’Open-VLD, pour parler d’une espèce à part, seront désormais obligés de porter une pancarte “j’encule les syndicalistes naturellement conservateurs”, dans les trois langues nationales, avec les voyelles en bleu roi et les consonnes en turquoise.

Dans la série “alimentons les débats crétins”, on peut dire que l’élite belgienne a encore fait fort…

Les photos du jour

Tuesday, March 16th, 2010

De l’art de se fourrer le doigt dans l’objectif

On trouvera sur le site du Monde ici un ensemble de photos illustrant la réaction des Palestiniens à l’annonce de nouvelles implantations de colonies à Jérusalem-Est, ainsi qu’à l’inauguration d’une synagogue dans le quartier juif de la ville.

La cinquième photo vaut le détour, qui est légendée en ces termes:

“En plusieurs points du secteur oriental de Jérusalem, des jeunes Palestiniens masqués ((C’est moi qui souligne.)) jetaient des pierres contre les forces de sécurité et incendiaient des pneus, comme la veille sur plusieurs postes de contrôle.” ((On va éviter de se concentrer sur la syntaxe bancale.))

J’ai bien regardé la photo, sur les quarante personnes qui y apparaissent, qui, sauf erreur, sont toutes des hommes plutôt jeunes ou très jeunes, on n’en distingue que cinq, au maximum, qui portent ce que l’on pourrait à la rigueur appeler un masque.

Si, dans ce cas où l’on peut directement vérifier l’information, l’erreur (version optimiste) ou la manipulation (autre version) est si flagrante, que peut-on dire des infos les plus brûlantes qui concernent une actualité aussi importante?

L’ambassadeur de la droite à l’enterrement de la gauche.

Dans le Figaro, ici, j’apprends que “parmi les personnalités” présentes aux funérailles de Jean Ferrat, il y avait notamment un certain Didier Barbelivien. Si Ferrat avait été acteur, il aurait eu Clavier pour porter sa boîte.

Mon Dieu, si vous existez, faites que je meure sur un bateau et qu’on n’en parle plus.

L’équilibre est fragile

Monday, March 15th, 2010

Je suis révolutionnaire.

C’est-à-dire que je *sais* pertinemment qu’aucun changement en profondeur ne pourra avoir lieu sans une reconstruction de la société sur d’autres bases que celles prétendument démocrates qui existent dans les principaux pays d’Europe, aux États-Unis, au Canada, et dans d’autres recoins prétentieux du monde (de plus en plus rarement dit libre, curieusement).

Je sais que le capitalisme est une théolog… une idéologie sacrificielle qui ne mène qu’au confort d’une minorité aux dépens d’une majorité pour qui le progrès social est toujours pour demain.

je sais que le libéralisme ne se distinguera jamais du capitalisme et que prétendre le contraire est une supercherie de politicards vides.

Je sais que la démocratie représentative ne connaîtra jamais une véritable concrétisation, car, de démocratie elle n’aura jamais que le nom, ainsi qu’un parti populaire.

Je sais que l’égalité des chances ne signifie que ce que les libéraux de tous poils veulent que cela signifie, autrement dit rien de bon.

Je sais que le salariat, si ce n’est pas l’esclavage, si ce n’est pas la prison, n’en est guère éloigné.

Je sais que l’État par essence cherchera toujours à reproduire et augmenter son pouvoir, jamais à le réduire et encore moins à le remettre à la population.

XXX

Alors, nous voilà devant le dilemme de l’attitude à prendre: celle d’avant et celle de pendant et après la révolution. Car, si je pense que, du jour où je me retrouverai devant le mur des fusillés pour “attitude petit-bourgeoise” dans le cadre de la très ou pas si prochaine révolution -je plaisante, je veux dire au jour de la libération des peuples (et non pas des nations) et des individus (et non pas des personnes), nous aurons une vision plus ou moins commune de la vie libre en coopération, nous devons prendre une position “en attendant”.

En septembre, comme le dirait Noir Désir…

Ce qui fait que l’on ne peut, d’ici là, prétendre à des solutions miracles, car, de toute façon, à tous nos idéaux, l’État et le capitalisme posent des limites étroites.

Le risque est réel de passer de la politique du pire à la compassion du prêtre… L’équilibre est difficile, la réflexion pointue.

Devons-nous soutenir le travailleur qui risque de perdre son travail ou se féliciter de la fermeture d’une usine à engins de mort?

Avons-nous le droit de juger des hommes qui exercent une profession de “valet de capitalisme”, quand, si l’on y réfléchit un peu, nous contribuons tous ou presque (**ou presque, dis-je**) à sa reproduction?

Et, pour prendre un exemple qui nous a touchés, moi et mes amis, tout récemment, avons-nous le devoir de dénoncer une pratique manifestement reproductrice du patriarcat tout en sachant que, ce faisant, on marginalise les premières victimes de celle-ci (mais avec la volonté, au contraire, de les sauver)? Ou devons-nous tenter d’offrir à celles-ci une possibilité de reconnaissance supérieure pour qu’elles puissent s’organiser mieux -qui sait, en vue d’une remise en question de leur propre activité- même si nous savons que, de ce fait, nous repoussons la lutte contre le patriarcat à plus tard? Je sais que cette définition du problème est limitée, mais on s’y reconnaîtra et on me pardonnera de l’avoir fait pour se concentrer sur la proposition globale de ce post.

Je m’en voudrais de prétendre que j’ai eu, que j’ai ou que j’aurai raison sur ce type de questions (qui, ici, portait sur la prostitution), car, d’une part je ne me sens pas qualifié pour le faire, et d’autre part, de nombreuses personnes ont participé à ce débat et j’ai pu noter que, depuis une génération au moins, sinon deux ou plus (considérant les positions de militantes et militants féministes dès le début du XXe Siècle), les positions se sont cristallisées sur ce sujet à gauche. Je pense que les deux types de position se sont suffisamment bien assises pour s’expliquer dans un contexte prérévolutionnaire.

Lorsqu’un tel problème surgit dans ce que j’estime être ma famille politique (la gauche, ce que j’appelle la gauche, et ce n’est pas rien de le dire), nous ne sommes pas en mesure de réclamer d’elle qu’elle se réduise à une position unique.

J’ai surpris, j’ai déçu, j’ai outré, même. Tout à fait involontairement, car, en réalité, ma position est tout simplement qu’il existe des sujets qui, prérévolutionnairement, sont insolubles. Et j’ai voulu défendre celle que j’estimais aussi légitime que l’autre, tout en étant d’ailleurs une position qui n’avait pris pour moi du crédit que relativement récemment, dans un contexte particulier, hors statistique, recherche et discussion scientifique -toutes choses que j’ai découvertes plus tard.

Tant que l’État et le capitalisme existeront, ou même l’un sans l’autre (ce qui me paraît impossible, mais certains y “croient”), la prostitution existera. De même que le patriarcat. C’est un fait que l’on peut qualifier de scientifique, si l’on considère l’équation: capitalisme = reproduction du capital = nécessité de la succession = sacralisation de la famille = supériorité du père et du fils = dévalorisation de la femme = patriarcat. Que l’on se trouve, depuis Marx et les anarchistes, dans un creuset qui ait permis -et j’en suis heureux- aux femmes de contester cet état de fait n’empêche en rien que, si l’on regarde l’histoire avec l’oeil d’un être froid et extérieur, cet épisode qui coïncide précisément avec la mise en question du capitalisme est ridiculement restreint dans le temps et dans l’espace et risque de se voir repousser “au fourneau” à tout moment si l’on n’y prend garde.

Après la révolution, si celle-ci doit mener à la fin du patriarcat, de l’État et du capitalisme (sinon, ce n’est pas la révolution), nous nous retrouverons dans une situation qui nécessitera beaucoup de remises en question de bien des gens, mais, alors, la prostitution, comme toute autre activité qui consiste à vendre quelque chose qui nous est propre -et je ne préciserai rien ici-, disparaîtront d’elles-mêmes, parce qu’elles ne correspondront tout simplement plus à la réalité socio-économique en présence.

En attendant…

La Bible dévoilée

Thursday, March 4th, 2010

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman ont pondu en 2002 un ouvrage qui a eu un grand succès auprès de ceux qui s’intéressent à la question biblique et à son historicité ((La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l’archéologie, Paris, 2002, traduit de l’anglais)). Le livre dans son ensemble est très agréable à lire, fluide et consistant. Il se base principalement sur les recherches archéologiques produites au cours des deux cents dernières années pour établir que le “Livre des Livres” ne peut que rarement être envisagé comme une source historique fiable et a probablement été compilé -attention, on dit bien compilé et non écrit ((En effet, au grand jamais les auteurs n’affirment que tout aurait été écrit au VIIe Siècle. Le plus probable est que, à l’instar de nombreuses autres populations mythographes, le nombre de récits fondateurs aient été bien plus important que ce que contienne la Bible. Josias et sa cour se sont contentés de choisir parmi ceux qui étaient à leur disposition, afin de coller le plus possible à leurs objectifs. Ceci est une conjecture qui n’est pas des deux auteurs.))- en grande partie ((Essentiellement tout ce qui ressortit de la source deutéronomique, y compris les Rois et les Juges.)) au VIIe Siècle dans un souci de propagande nationaliste en raison des ambitions expansionnistes d’un petit potentat frustré du nom de Josias. ((C’est moi qui le traite de frustré. Par contre, il est vraiment tout petit et très potentat. En gros, le royaume de Juda qu’il dominait devait représenter moins de 100.000 personnes, dont la plus grande partie, fort probablement, honorait divers dieux en plus de Yahvé, voire à sa place. Il semble de plus en plus évident que le monothéisme n’existait pour ainsi dire pas plus au IIe millénaire qu’avant le VIe, voire le Ve siècle avant notre ère.))

Il faut noter que le livre reste prudent, malgré les critiques qui ne l’ont pas épargné. En effet, les auteurs sont admiratifs devant le travail de la Bible. Dans la conclusion, ils persistent à penser que si l’oeuvre a traversé les siècles et eu une telle influence sur le monde, tant spirituellement que sociologiquement ((Ils en font indirectement le fondateur de la conscience individuelle, ce que je trouve un poil exagéré.)), c’est qu’il a été réalisé par des auteurs exceptionnels, et qu’il faut leur reconnaître au moins cela ((Ce n’est pas mon avis, qui est bien plus nuancé, mais ce n’est pas le propos de cet article.)).

Et, en effet, je trouve qu’ils ne vont pas assez loin: ils montrent de manière extrêmement sérieuse que les patriarches, Moïse, l’Exode, Josué, David, Salomon, ainsi que toutes les histoires de conquêtes et de grandeur contées dans la Bible doivent être remises en question. En fait, ils en montrent l’anhistoricité. Ils sont très efficaces quand ils exposent que la partie deutéronomiste du Livre est avant tout un outil de propagande idéologique destiné à justifier la future conquête de la région de Samarie et Haçor, au Nord de Jérusalem.

Ils sont également très intéressants lorsqu’ils expliquent qu’il n’y a jamais eu de monarchie unifiée de Juda et d’Israël, que les populations locales sont très probablement des cousins des Cananéens et que la Jérusalem des quatre cents ans qui précèdent la monarchie tardive n’était guère plus qu’un village perché sur la montagne.

En gros, ils déconstruisent toute l’idéologie sioniste. C’est gênant…

Je me propose de voir un peu plus ce qu’il en est de leur travail à partir des critiques qui ont été faites contre eux et que je me permettrai de commenter. Cela dit, je suis déjà plongé dans le même travail concernant un autre livre très stimulant, celui de Shlomo Sand, “Comment le peuple juif fut inventé”, dont je vous parlerai une autre fois… À suivre donc…

Quelques références ici
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Bible_d%C3%A9voil%C3%A9e

Notons pour terminer deux choses essentielles.
D’une part, à aucun moment les deux auteurs ne prétendent “inventer” des théories: ils suivent les progrès effectués par les résultats de fouilles et de recherches les plus récentes. Contrairement à ce que prétendent certaines critiques, ils ne sortent pas de lapins de leurs chapeaux.
Quant à ceux qui leur reprochent de ne pas avoir fait d’étude textuelle de la Bible, il suffit de leur répondre que, précisément, leur travail consistait à faire l’inverse de ce qui a été trop souvent fait: vérifier si le texte correspondait aux résultats des fouilles, et non faire coller les résultats des fouilles au texte “sacré”.

Sale fait pas.

Saturday, February 20th, 2010

Selon un article du Canard Enchaîné du 20 janvier dernier, si les USA appliquaient les normes OMS (pourtant encore supérieures à celles de l’Insitute of Medicine) en matière de sel dans les produits agroalimentaires, les frais de santé de ce beau pays diminueraient de 32 milliards de dollars tous les ans; par analogie, le Canard a calculé que la France pourrait économiser 7 milliards d’euros tous les ans. Bon, je ne sais pas très bien comment, au Canard, ils ont calculé ça… Si on ramène les 300 millions d’Amerloques aux 65 millions de Celtillons, on en arrive à 5 milliards d’euros…

En réalité, le Canard se trompe un peu (j’ai vérifié, hé): ces 32 milliards comptabilisent l’ensemble des gains produits par une consommation modérée de sel en vertu des critères de l’Institute of Medicine, reprenant surtout toutes les années d’espérance de vie gagnées et toutes celles en meilleure santé et donc toute la productivité supplémentaire incluse.

En terme de soins de santé, toujours selon la Rand Corporation, ou plutôt la recherche qu’elle cite ((This fact sheet is based on: Palar K and Sturm R, “Potential Societal Savings from Reduced Sodium Consumption in the U.S. Adult Population,” American Journal of Health Promotion, Vol. 24, No. 1, September/October 2009.)), c’est 18 milliards de dollars qui seraient économisés par les Étatsuniens. Cela ferait tout de même un joli pactole. ((Mais que font les assurances??))

Quant à l’espérance de vie gagnée, il a été calculé que ce sont 312.000 années en un an qui seraient sauvegardées rien qu’aux USA ((Improved quality of life. Meeting sodium consumption guidelines would save, in one year, 312,000 quality-adjusted life years — a metric that accounts for increased longevity as well as the relative healthiness experienced during additional years of life. The annual monetary value of this improvement would be an estimated $32 billion.)); c’est pas mal ((Et la recherche estime les bénéfices encore plus important si l’on diminue encore la consommation de sodium.)). Pensez à tous vos proches morts d’une maladie cardio-vasculaire un peu trop tôt

Rapporté à la Belgique, on ne serait pas loin du milliard d’euros, facilement, si on comptait façon Canard, et donc considérant la productivité des années conservées ou améliorées en terme de vie humaine; C’est environ 440 millions par an, si on prend pour base le site de la Rand Corporation que j’ai repris ci-dessus et si on ne comptabilise que les frais de santé épargnés, pas le gain en terme d’années de vie gagnées… Celles-ci pour la Belgique pourraient se monter à 10.000 années en un an ((Par comparaison, on a calculé que les années de vie perdues par les 10 millions de personnes mortes durant la Ie Guerre Mondiale, supposant que chacune avait une trentaine d’années de vie en moyenne encore à vivre, se montaient à 300 millions d’années gaspillées au nom des nations et des marchands de canons. Voir notamment ici: http://thitho.allmansland.net/?page_id=13.))… Bon, ceci si on considère que notre patron d’alimenatation est le même que celui des USA. Cela dit, il ne doit pas en être très éloigné… ((Notons encore que la recherche mentionnée par Rand Corporation s’estime elle-même prudente, car elle ne prend pas en compte certains gains supposables mais non calculés.))

Voilà de quoi faire réfléchir… Mais bon, c’est sûrement plus facile de régionaliser la sécu ou de culpabiliser le camp d’en face que d’affronter Unilever, Kraft et Danone…

(Plus d’infos à partir de la recherche-source qui a servi de base à Rand Corporation, ici)

Brésil, forteresse bleue

Tuesday, February 9th, 2010

CartaCapital ((Revue crypto-de gauche.)), 8 juillet 2009, p. 21: selon l’Ipea ((Organisme de stats du gouvernement fédéral.)), les 10 pour-cent de la population la plus pauvre paient 33% d’impôts; les plus riches seulement 23%.

Il y a mieux: d’après un rapport de l’Ipea, toujours, les 10 % des Brésiliens les plus riches concentraient à la fin du XXe Siècle 75,4 pour-cent des richesses du pays.

Du même rapport, on note que ce n’est qu’au cours de ces dernières années (sous la présidence de Lula) que l’indice Gini ((Coefficient mesurant l’inégalité des revenus dans un endroit donné. Lorsque le coefficient est proche de zéro, cela signifie que les inégalités sont faibles (la Belgique se trouve d’ailleurs dans le peloton de tête de ces pays); lorsqu’il est proche de 1, cela marque une grande concentration des revenus.)) a recommencé à baisser, après une valse régulière entre 0,64 et 0,58 depuis le début de la dictature jusqu’à la présidence de Fernando Henrique Cardoso ((Conservateur, 1993-2000.)). Il reste cependant au-dessus de 0,56.

Il faut cependant noter que, si la charge tributaire atteint aujourd’hui 35,8% du PIB, selon un article de l’Estado, l’écart commence à se creuser entre l’impôt sur le capital et celui sur le revenu du travail.
En effet, alors qu’en 1996, ces deux chiffres flirtaient tous deux avec la barre des 2 pour-cent du PIB, aujourd’hui, le résultat de l’impôt sur le revenu du travail est à peine supérieur à cette barre alors que l’impôt sur le capital est aujourd’hui supérieur à 3,5 pour-cent du PIB ((P. 23 du rapport cité ci-dessus. Rendons justice à FHC, il l’a fait bondir pendant quelques temps à 4%, mais ça n’a pas duré.))

Une autre donnée très intéressante, c’est la charge de la dette.
Si l’on compare le produit de l’impôt total avant paiement des intérêts et après paiement de ceux-ci, on reste sur le cul:
En 2000, les impôts représentaient déjà 30,4 pour-cent du PIB. Mais le service de la dette représentait 6,3% du PIB. En 2003, ce chiffre était monté à 8,3 pour-cent du PIB. en 2005, il redescendait à 7,3, ce qui est encore très impressionnant. On s’attend à ce qu’il ait encore diminué, mais ce ne sera sans doute pas transcendant ((P. 26 et 27.)).

Un des chiffres les plus surprenants, c’est le taux de la charge tributaire par rapport au revenu familial en 2003 ((p. 28.))
Plus vous êtes riche, moins vous payez:
en dessous de 2 salaires minimum votre charge tributaire est de 48 pour-cent. Entre 2 et 15 salaires minimum, elle descend progressivement de 36 à 30 pour-cent. Au-dessus de 15 salaires minimum, la charge est inférieure à 30 pour-cent et descend jusqu’à 26 pour-cent pour les plus riches. En outre, s’il est vrai que ce sont les classes moyennes qui ont connu la plus grosse augmentation de leurs impôts entre 1996 et 2003 (101 pour-cent, due donc aux mandats Cardoso), ce sont les plus riches qui ont connu la variation la plus faible. En 1996, ils payaient en moyenne 17 pour-cent, quand la classe moyenne payait environ 15 pour-cent (et les plus pauvres 28 pour-cent). L’augmentation des impôts des plus riches n’a été que de 46 pour-cent, quand ceux des classes moyennes doublaient et que ceux des plus pauvres n’augmentaient “que” de 71 pour-cent.

Brésil, forteresse bleue, modèle du libéralisme… Ceci confirmé dans l’article paru dans Le Journal Indépendant et Militant, ici, fin de l’année dernière.

Lula, he is the guy! comme dirait l’autre…

Louis Michel, toujours moins Louise…

Sunday, January 31st, 2010

Dans un interview accordé au (très complaisant) quotidien La Libre Belgique, Louis Michel, toujours aussi vert dans ses propos, réaffirme le libéralisme social, qui n’est pas le capitalisme, selon lui, dans des termes souvent à la limite du délire mystique:

“le libéralisme, ce n’est pas le capitalisme. (…)Cet Appel aurait pu s’appeler le credo libéral. C’est tout ce en quoi nous croyons. (…) il était important que les libéraux réaffirment (…) qu’ils sont pour la compétition (…) Nous sommes totalement engagés en faveur de la liberté d’entreprendre (…) Parce que nous pensons que les revenus du travail, c’est ce qui permet au citoyen de se libérer, de s’émanciper et de ne pas être dépendant de puissances occultes. (…) Nous sommes plus réalistes, plus modernes et au moins aussi démocratiques que les autres (…) la lutte des classes, c’est dépassé. (…) Nous sommes des progressistes. Et vous avez des conservateurs qui s’arc-boutent sur des concepts, des réponses du passé. Et je pense que les réformateurs sont plus modernes que les autres. (…) bien sûr, il faut changer les modes de consommation. Mais si le modèle économique, c’est porter la décroissance, alors je dis ce sera sans moi. Ce qu’on va perdre en croissance, ce sont les pays émergents qui le prendront. Le sacrifice à la décroissance, dans l’ordre mondial, n’est pas tenable. C’est une forme de régression, une utopie.”

Il grignote bien un tout petit peu sur l’idée que l’État a un rôle dans la menée de l’égalité des chances (notion qui ne déparerait pas dans les traités d’Adam Smith ou de John Rawls), mais sinon, j’ai du mal à comprendre comment un libéralisme ne peut pas être capitaliste, s’il est pour la compétition, la liberté d’entreprendre, la croissance et contre la lutte des classes.

Par ailleurs, ces propos du genre “crédo”, “croyons” ou “puissances occultes” ((Et c’est nous les paranoïaques??)) portent une dimension clairement mystique, pas très rationnelle du propos.

Enfin, les prétendus arguments contre la décroissance sont d’une portée mesquine et sans relief. Nada, nada, nada… Il n’y a rien dans cet interview qui ait la moindre valeur argumentative.

Bref, Loulou, vitrine politique, est égal à lui-même. Et ses partisans ne réfléchissent guère… Consommateurs de produits périmés…

Ode, à quand mon auto-collant “Je freine aussi pour les libéraux”?

Good vibrations

Wednesday, January 27th, 2010

Hillary Clinton a commis un Bushism…

En visite à Haïti “à l’invitation de [son] gouvernement”, elle s’est pavanée pour redorer l’image de la politique extérieure étatsunienne, histoire de montrer que, heu…, ouais, enfin, devant l’ampleur de cette catastrophe humanitaire, on ne sait trop ce qu’elle a voulu montrer en fait, sinon la plume qu’elle a au chapeau…

Toujours est-il que, pendant sa conférence de presse, qui fut probablement la seule raison valable de sa présence sur les décombres de l’île, quelques hélicoptères arborant étoiles et rayures tournoyaient au point qu’il devînt difficile de bien comprendre l’ex-future-première-présidente-des-gendarmes-du-monde. Hillary a sorti alors:

“That’s a good sound. That means that good things are going to the people of Haiti.”

C’était histoire de nous rappeler qu’on n’était pas en Afghanistan, ni en Irak, ni (encore) au Yémen…

Mais c’est sans engagement pour l’avenir. D’ailleurs n’a-t-elle pas dit au président local que les USA étaient là “aujourd’hui, demain et pour les temps à venir.”

Connaissant l’histoire de Haïti et ses liens putschistes avec les USA, on en crisperait les lèvres à moins…

le métro, tu l’aimes ou tu le quittes.

Tuesday, January 26th, 2010

Dans deux articles tout récents, lejim.info vous proposent un petit voyage au pays du service “public” des transports bruxellois.

Il y a d’abord un article de mes amis Franz et Tofer, ici:
Privés de vie privée, mais qui élargit la question au-delà de la STIB.

Et ensuite un autre commis par une représentante du peuple (mais à la limite c’est pas tout à fait de sa faute, c’est surtout de celle de qui ont voté pour elle…), Céline Delforge:
STIB Brother.

Il faut se faire la réflexion suivante, un grand coup ((Avant que je ne parvienne à mettre fin à ce traité que je vous ai déjà promis quelques fois, et qui, j’en suis certain, vous convaincra une bonne fois pour toute.)), et remettre en question un point essentiel des politiques sociales-démocrates, telles que pratiquées en Belgique:
Après le recul des mouvements-ouvriers-et-sociaux-qui-ont-bien-cru-que-ça-y-était-que-c’était-arrivé-le-socialisme-sans-les-chars, dans les années, disons 50′-60′, est-ce que les gouvernements de nos belles régions de l’Europe de l’Ouest se sont-ils encore souciés de services publics ou bien ne se limitent-ils pas à recadrer ceux-ci en services d’État?

Surveiller et punir, disait Foucault, Michel…

Cochez la bonne case:
les choses sont-elles pires-identiques-meilleures-ne se prononce pas- qu’il y a cinquante ans?

Principe de précaution -An 01

Thursday, January 21st, 2010

“On a fait un choix. Si la pandémie avait été aussi virulente que certains l’annonçaient, on auraient été excellents. Bon, nous avons été trop sensibles aux alarmistes. Mais je préfère avoir à gérer un surplus de précautions plutôt qu’une crise du genre canicule ou sang contaminé.”

Quand Nicolas Sarkozy a sorti cette réflexion (Le Canard Enchaîné, 6 janvier 2010), il évoquait bien sûr le merveilleux cadeau fait aux entreprises pharmaceutiques, GSK et Roche en tête, qui purent écouler leurs fonds de stocks de médocs sur le point d’être périmés. À prix d’amis, bien sûr, sinon, à quoi ça sert d’avoir un ami président.

Mais ceci nous amène à une autre question:
Cela fait des années, et même des décennies, qu’un grand nombre d'”alarmistes” en appellent à la décroissance et à la confiscation de la gestion de l’économie des mains (invisibles) du marché pour l’adapter aux conditions -limitées- de notre planète.
Ah! Si seulement une grosse compagnie pouvait nous vendre des trucs pour sauver la planète et “changer le climat”! Sûr que nos fiers dirigeants seraient prêts à subsidier “à prix d’amis” le sauvetage du globe.

Mais on sait bien que la solution n’est pas là: la solution est hautement déraisonnable, puisqu’elle consiste à faire perdre de l’argent aux riches, la maîtrise de l´économie au marché et la quasi-totalité de leur confort aux plus assis de la planète…

Imaginons qu’un courant catholique un peu particulier lance l’idée suivante:
“Frères cathos, Dieu nous est apparu et il exige que nous nous prenions tous par la bite afin de nous l’enfoncer chacun dans le cul du voisin! Quant aux ferventes, elles doivent se donner sans plus de complexe aux premiers athées venus jusqu’à les convertir par le stupre! Dieu l’exige! C’est la seule voie qui nous reste pour sauver notre foi!”

Il est évident que les “fidèles”, pape en tête, condamneraient le mouvement sans hésitation et que, crucifix au poing, calote en tête, ils te me les brûleraient tous un par un “dans l’esprit de l’amour du Christ le plus miséricordieux”.

Ou un truc comme ça.

C’est bien dommage, car je me serais bien converti, moi…

Le problème, c’est que c’est un peu pareil avec l’écologie -la vraie, pas celle des parlements- et les quelques années qu’il nous reste (peut-être) pour éviter le déroulement trop sauvage des catastrophes climatiques à venir sur l’ensemble de notre petite bulle: les “alarmistes” prétendent que la seule manière de sauver la planète, c’est que les capitalistes cessent d’être… capitalistes…
Que les actionnaires se contentent de regarder fondre leurs intérêts et même disparaître petit à petit leurs bas de laine (qu’ils réservent pour leurs vieux jours, perchés sur les côteaux de Savoie ou des Pyrénées, là où les eaux, le peuple et les immigrés (bêêk) ne seront pas encore arrivés…).
Que les patrons, les cadres, les publicitaires, les DRH, les commerciaux se rendent compte qu’ils ne servent à rien et démissionnent tous en bloc afin de se jeter à corps perdu dans des projets à “zéro consommation carbone” en fumant des joints et en cherchant une quelconque utilité aux carcasses d’EcoSport et aux cravates qui traînent un peu partout sur leurs anciennes propriétés.
Que les militaires se réhabituent au jeans et à la chemise à fleurs.
Que les douaniers se mettent ou remettent à la peinture et au jardinage.
Que les agences de brevet publient dans l’heure toutes les trouvailles encore sous patentes histoire de les mettre en accès libre -surtout celles qui concernent les prétendues découvertes issues de la nature.
Que les journaux imbéciles qui servent essentiellement à la déforestation et à la reproduction des inégalités cessent de nous pomper le gland avec les résultats sportifs, les “événements culturels”, les faits-divers, les rites sociaux des plus belles et des plus forts et les querelles de politiques.
Que ces derniers rangent leurs stylos et leurs crayons dans leurs cartables et qu’ils aillent chercher le sens de la vie sur une montagne en Inde -sans hélicoptère ni portable- avec un bol de riz par jour…

Bref, le principe de précaution dont se targuait Monsieur le Président de la République Française impliquerait une espèce de renversement des valeurs qui tend à montrer que l’écologie, la vraie, est révolutionnaire, anti-capitaliste, libertaire et pas pour demain