Le hérisson révolutionnaire Le monde selon thitho

mai 8, 2008

100.000 morts par jour… jusqu’à hier

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes,politopics — tito @ 4:51 am

Ils appellent ça les commodities

Ça fait plus chic. Ou alors, et je crois que c’est la bonne explication, ça permet d’éviter de se prendre la tête avec la conscience au moment de poser ses ordres de vente et d’achat, à trop penser que ce sur quoi on spécule et fait du profit, c’est des matières premières agricoles, autrement dit les trucs bizarres qui sortent du sol et qui empêchent les Haïtiens, les Camerounais et les Afghans de mourir de faim… d’habitude.

Moins maintenant.

Jean Ziegler, rapporteur spécial de l’ONU pour les questions de faim dans le monde, tire depuis des années le cordon de la clochette d’alarme (y’a pas le modèle corne de brume à l’ONU) comme un frappé: ça va nous péter à la gueule, ça va nous péter à la gueule. Déjà, jusqu’à hier cent mille personnes décédaient tous les jours des suites de carence alimentaire ou de faim.
Cent mille.
Tous les jours.
Et ça, c’était hier.
(Et donc meurent 6 millions d’enfants de moins de 5 ans par an)

Aujourd’hui, sous prétexte que
1) les spéculateurs n’arrivent plus à faire du profit sur les marchés technologiques, sur l’immobilier (cf. le scandale des subprimes) et autres gadgets dont les conséquences ne sont finalement que secondaires (emploi, misère sociale, confort, pression salariale, expulsions) et qu’il y a du blé à se faire sur le froment;

2) les voitures doivent continuer à consommer leur ration journalière de carburant, mais qu’il est temps de passer à autre chose et, ô surprise, elles peuvent aussi s’enfiler des huiles de colza et du jus de maïs –ah ben oui, tant pis, c’est d’autant moins de bouffe pour Dilma, Youssouf et Mohammed, ou alors ils n’ont qu’à travailler plus pour gagner plus de fric, et puis voilà;

3) les ajustements libéraux promus par le FMI et la Banque Mondiale dans les pays en développement, si, si, c’était de bonnes choses (mais pour qui exactement? Pour le commerce qui merde de partout? Pour les États déresponsabilisés? Pour les anciennes métropoles, les propriétaires de terrains, les spéculateurs et les multinationales de vente de semence et de chimie amusante? en tout cas pas pour les agriculteurs du tiers-monde, et pas non plus pour leurs collègues du Premier Monde), même si maintenant ils s’en mordent un peu les doigts –mais juste un peu, et pas question de réclamer des renationalisations, oh, on n’est pas des communistes, quand même;

4) le dollar est si bas qu’il fait l’humilité;

5) les Chinois et les Indiens sont entrés sur le marché de la consommation internationales et que ces petits salauds, tels des Amerloques et des Britons, veulent manger de la viande trois fois par jour (enfin, on va commencer par trois fois par mois, mais ils sont tellement nombreux…), et que donc ça va diminuer d’autant les surfaces agricoles, sauf qu’en même temps ces sales bêtes, il faut bien qu’elles bouffent, donc ça va augmenter d’autant les surfaces agricoles, j’espère que vous avez suivi;

6) il faudra bien trouver d’autres raisons pour s’ingérer dans les politiques internes des pays qui prétendent ne plus être colonisés;

Pour toutes ces raisons, donc, 850 millions de personnes sont directement menacées par la faim en ce moment même.

Là.

Maintenant.

Quand vous lisez ces lignes.

Parce que spéculer sur les « commodities » est ce qu’ils ont trouvé de plus rentable, de plus sûr, en ce moment.

(Au passage, ça arrange super-bien le Brésil qui est exportateur net de ces trucs-là… C’est vous dire si on en parle, ici)

Le problème, c’est que les chiffres sont devenus tellement énormes qu’ils ne siginifient plus grand-chose dans l’esprit du francophone moyen qui a accès à internet. Surtout s’il pense aux difficultés qu’il va avoir ce mois-ci à payer sa facture de téléphone portable.

De même, on aura beau accumuler les différents émoluments, salaires, défraiements, appointements, traitements, honoraires, jetons de présence, et autres rémunérations que cumulent les élites de nos nations, aussi bien publiques que privées, quand on découvre les pointes icebergiennes de leurs frais de bouche, faux-frais, notes de frais et autres avantages plus ou moins frais, on ne peut s’empêcher de soupirer d’aise à l’idée que ce ne sera pas à nous de déclarer tout cela au fisc. Ni à eux, d’ailleurs, bien souvent…

Les chiffres devraient dire quelque chose pourtant.

Jean Ziegler ne sera bientôt plus là (on ne le lui souhaite pas, mais il ne rajeunit pas, le pauvre) pour marteler qu’un gosse meurt toutes les cinq secondes –de faim. Et que demain, ce sera toutes les quatre secondes. Ou toutes les trois…

(À écouter encore ici, sacré Jean)

L’idée cependant que la résolution à court, moyen et long terme de ce problème serait que nous consommions moins d’à peu près tout (y compris de viande et de tabac, de vin, de bière et de fromage, de sauces, de truffes et de chocolat, et même de café… Non, pas de café… Ah ben, si de café aussi, merde…) pour que d’autres puissent s’empiffrer d’une poignée de grains de riz et d’un bol de gruau d’avoine en plus d’une papaye au dessert, cette idée ne fait pas encore son chemin dans l’esprit de la toute grande majorité –de la quase-totalité des gens du Premier Monde.

L’idée que nous devrions habiter plus près de notre travail, ou que nous devrions partager notre voiture, ou même l’abandonner (et non pas la revendre pour en acheter une moins polluante) et prendre le train et le bus, le taxi en cas de nécessité, plutôt que de penser à coupler notre moteur au gaz ou au biocarburant, l’idée que nous devrions mettre un pull quand il fait seize degrés et pas monter le chauffage (une idée qui m’avait marqué dans des petits tracts dessinés par Franquin quand j’avais dix ans), que nous devrions repenser à toute cette énergie que nous faisons voyager sur des milliers de kilomètres, plutôt que de transformer nos usines au charbon en usines au tourteau, ces idées-là non plus ne font pas encore beaucoup de petits dans nos têtes. Pourtant elles commencent à prendre de l’âge, ces idées.

Lorsque le Brésil est critiqué pour vouloir se faire un peu de beurre sur les bagnoles à l’éthanol (ici à la canne à sucre), on oublie un peu vite que, d’une part, c’est nous qui consommons l’énergie qu’ils vont produire, d’autre part, ce que fait le Brésil (déboiser, pâturiser, chimiser, rendementiser, irriguer, désertifier, exil-ruraliser, bidonvilliser, etc.), l’Europe et les USA l’ont déjà fait au cours des trois derniers siècles et qu’on devrait commencer à reboiser avant de les montrer du doigt, qu’enfin le plus gros brûleur de nourriture (du maïs), c’est déjà, c’est encore les USA…

De même que l’on craint l’arrivée sur le marché de deux milliards et quelque d’Indiens et de Chinois qui voudraient se gaver de filet mignon, de bordeau rouge et de Roquefort Société, mais ils sont encore très loin, en chiffres absolus comme en chiffres relatifs, de titiller les statistiques des héritiers dorés de l’ère de l’industrialisation. Je veux dire: nous…

Et youpie! Vive Adam Smith, vive von Mieses, vive Friedman!

Et puis vive Ricardo, un peu plus pessimiste, quand même

mai 3, 2008

it’s christmas in heaven…

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes,politopics — tito @ 9:11 pm

Un jour,

Toutes les économies de tous les pays seront formidables.

Toutes les dettes seront remboursées ou stabilisées.

Le commerce sera vraiment libre et équitable.

La concurrence sera loyale, les prix conformes à la loi de l’offre et de la demande et la satisfaction de chacun rencontrée.

Chaque région du monde cultivera ses propres compétences et l’excellence de sa population.

Les entreprises pourront se développer harmonieusement et les travailleurs choisir leur emploi.

Les subventions et les taxes douanières auront disparu.

Le commerce aura apporté la paix dans tous les pays et toutes les balances commerciales seront positives.

Et même, les entrepreneurs, les actionnaires, les patrons associeront le souci de la rentabilité à celui des conditions de travail des employés et de l’impact environnemental de leur production.

Le rêve d’Adam Smith.

On échangera du vin du Portugal contre des draperies d’Angleterre, quoi…

Youpie…

Vous n’avez pas un peu l’impression qu’on se fout de votre gueule?

(Nota: Imaginez un instant, déjà, que toutes les balances commerciales soient positives, et revenez me voir après…)

avril 29, 2008

Georges Jacobs, baron -vu par l’Écho

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes — tito @ 3:03 pm

Le meilleur journal de Belgique (francophone), et c’est peu dire. L’Écho ne mérite ce titre que parce que les autres sont pires, voilà tout.

Je m’amusais, ce 23 avril, à regarder le petit reportage consacré à Georges Jacobs, jeune retraité de la charge de Président du CA d’UCB, sans doute réalisé par un gembloutois tout frais sorti d’un quelconque double cocon universitaire et familial et récemment promu sur le site en ligne du journal.
Vous le trouverez ici:
http://lecho.be/echotv/?id=FzB41e_P_6E

On commencera par les qualités:
-sobriété dans la présentation: l’Écho peut se permettre de ne pas faire dans le pétaradant imbécile, ses lecteurs ne sont pas là pour les paillettes de Naguy.
-c’est tout…

C’est tout parce que le reste est nul. La diction du journaliste est pauvre, son texte minable, l’introduction de son sujet ridicule, le baron inintéressant:

1) « Président du conseil d’administration de Delhaize, (Jacobs) entend rebondir dans le monde des PME. »

Je veux bien que tous les journalistes ne sont pas Proust, mais il y a des limites à la construction bancale de phrase. Commencer par un apposé au sujet en évoquant la présidence du CA de Delhaize pour balancer l’intérêt du gars pour les PME, il y a de quoi lever les sourcils. Répétez-vous la phrase tout haut, si vous n’êtes pas convaincus.

2) « L’occasion de revenir avec lui sur les moments difficiles que traverse UCB. »

Suit un peu plus loin le discours de Jacobs, ex-Président du CA, qui commence par un lapidaire:
« D’abord je voudrais vous dire que, heu, il y a un si haut (sic) responsable de l’entreprise (Jacobs parle probablement du pauvre Roch Doliveux) et je préfère que… J’ai d’ailleurs le respect des… des… des choses, c’est que c’est à lui de répondre à ce genre de questions. »

Donc en gros: je ne dirai rien…

« Néanmoins (parce qu’on a son petit orgueil, tout de même, ndé), comme la réponse pour moi est tellement évidente, je vous la donne. Il n’y a rien pour moi de fondamental qui ait changé à UCB. Nous avons aujourd’hui certains problèmes qui se sont traduits par le recul du cours de l’action; c’est des problèmes d’agenda, de timing (…) Je fais pleinement confiance (…) (au) management (d’UCB). »

Il aurait gagné en efficacité en se contentant de dire: « Je laisse une entreprise dans la merde, le coeur en paix et le portefeuille intact. »

3) « C’est toujours des mixed-feelings (sic et avec l’accent de chez nous) quand on quitte une situation (comme la mienne). »

Il est beau, le rhéteur, quand même. Ce n’est d’ailleurs pas facile de reproduire ses citations, parce qu’il commence beaucoup de phrases sans les finir…

Genre:

« Mais il est clair que, un, j’ai la satisfaction d’un travail accompli… »

Jacobs connaît ses poncifs…

« …Qu’il est temps à un moment de céder le flambeau à tous les niveaux à d’autres. »
L’impatience gagnait les p’tits jeunes, sans doute…

Accessoirement, et donc, on attendra le « deux » longtemps…

4) Ensuite, le camarade Jacobs évoque ses autres occupations: autres mandats, occupations familiales et hobby, au point qu’on se demande s’il dormait parfois, vu qu’on imagine mal le bonhomme farouchement attaché à ses 35 heures…

5) « J’ai plusieurs projets. D’abord, peut-être avoir un agenda un peu plus flexible… »

(gn?)

Ah.

Voyons ce que c’est qu’un agenda flexible dans l’esprit de Monsieur le Patron…

« …pour me réserver un peu plus à des choses (…) de type familial ou personnel -j’ai un grand hobby pour la nature et les bois qui… »

Que peut-on bien faire dans les bois quand on est baron, à part courir la gueuze?

« un agenda un peu plus flexible sera le bienvenu… »

Je crois qu’il va falloir songer à requalifier la flexibilité dans le travail…

La flexibilité, était-on stupide, ça veut dire qu’on aura plus de temps pour aller chasser avec Monsieur le Baron…

Comme c’était intéressant.

Dis donc…

6) Le reste fait déjà plus peur: Jacobs se propose de faire profiter de son expérience à de petites sociétés qui auraient besoin des « conseils d’un dinosaure ».

En tout cas, bonne retraite, Monsieur le Baron.

Et bien le bonjour à vot’ dam’, eh-m’sieur l’baron…

avril 23, 2008

Le pays du libéralisme qui gagne…

Filed under: économie mon amour,politopics — tito @ 10:36 pm

Il est interdit à une compagnie étrangère de vendre du pétrole ou du gaz extrait aux USA à l’étranger, sauf autorisation expresse du Président des USA, autorisation qui peut être retirée s’il en ressent le besoin. (source: document publicitaire de Petrobras dans le CartaCapital du 26 décembre 2007). Par contre, ils se réservent le droit d’aller en chercher ailleurs à coups de baïonnettes…

Une banque étrangère ne peut être actionnaire à plus de 25 pour-cent d’une compagnie d’assurance étatsunienne.(Affaire du Crédit Lyonnais et Executive Life) C’est bien dommage: avec le dollar si bas, pour l’instant, c’est donné d’acheter de l’amerloque…

L’agriculture étatsunienne est subventionnée et sa concurrence envers l’agriculture étrangère est donc déloyale. En 2005, ces subventions s’élevaient à 25 milliards de dollars. Sans oublier que ces subventions ne profitent pas nécessairement au travailleur… (Source) Le résultat étant plus la protection des proprios que des fermiers, les conséquences en sont doublement désastreuses.

De nombreux produits fabriqués aux USA sont protégés par des taxes à l’importation de concurrents étrangers, comme par exemple l’acier (30% jusqu’en 2004), ou les biocarburants (48%). (Source: CartaCapital du 23 avril 2008.) Histoire de protéger leur système de protection sociale, sans doute?

De nombreux contrats commerciaux juteux ont été signés dans le cadre des guerres « gagnées » par les USA à l’étranger. À commencer par la reconstruction des pays détruits… Vous avez besoin d’une source ici?

En 2008, ce sont plus de 33 milliards de dollars qui seront distribués aux 28 millions d’habitants les plus pauvres du pays. On ne s’en plaindra certes pas, mais ce n’est pas très conforme au libéralisme.
(CartaCapital 16 avril 2008)
..

Dois-je rappeler comme je l’ai écrit ici que sans les interventions armées, le budget militaire et l’accroissement sans fin de leur dette, les USA auraient une croissance négative?

Il est beau l’exemple libéral d’Outre-Atlantique…

Et je ne vous parle même pas des effets… seulement des faits…

avril 16, 2008

Le monde à l’envers

Filed under: économie mon amour,Brésil — tito @ 9:36 pm

En 1988, un des pays les plus libéraux du monde abandonnait la constitution dictatoriale qui était la sienne depuis 1964. Le pays redevenait démocratique (rions deux fois). Et se dotait d’une nouvelle constitution avec des élections où on pourra élire même des gens pas cultivés, même des métallurgistes, je te jure, même qu’ils ont été cap’, et que maintenant il y a un paquet de cons qui le regrettent amèrement…

Dans la constitution, les Brésiliens (car c’est bien d’eux qu’il s’agit au cazou tu ne l’avais pas remarqué) ont introduit la création d’un système de santé payé par l’État pour tous les Brésiliens indistinctement. Jusqu’en 1988, les Brésiliens se divisaient en trois catégories: les riches qui avaient souscrit une assurance privée; les travailleurs qui cotisaient pour un service public; les pauvres et les clandestins (y compris les ennemis du régime, ces sales communistes) qui pouvaient toujours aller se brosser…

Étonnant non? En pleine vague reaganienne, un pays dont les politiciens sont en général des adeptes du libéralisme pur et dur va figer dans sa constitution le droit à tous les Brésiliens de bénéficier d’une médecine minimale

Et ça ne marche pas si mal. Certes, c’est pas encore le « premier monde », mais, bien que les mêmes éternels imbéciles pleurent après ces gaspillages, ces dépenses inconsidérées de l’État et veuillent qu’on privatise tout, la mortalité infantile a baissé de moitié en vingt ans, les épidémies les plus fréquentes ont été freinées ou éradiquées et il ne reste plus que deux catégories de personnes, maintenant: ceux qui bénéficient du SUS (Système Unique de Santé) et ceux qui bénéficient d’une assurance privée… et accessoirement du SUS qui prend encore en charge pas mal de trucs même pour ceux qui paient des commerçants de la santé (dont je suis, puisque mon école m’en fait bénéficier…).

Mais au moment où les logiques marchandes de nos pays civilisés (je parle de la Belgique, de la France, etc.) nous forcent à reconnaître, qu’il serait temps pour le bien de tous de liquider les collectivités et favoriser les grosses boîtes d’assureurs, les cliniques privées et les usines à psychotropes légaux, le Brésil poursuit sur sa lancée, renchérit: l’ancien ministre de la santé, Adib Jatene, actif sous le gouvernement Cardoso, pourtant de droite, estime que la santé avance dans le bon sens au Brésil: plus de gestion collective, plus d’argent (et il en manque selon lui). L’actuel ministre, José Gomes Temporão, membre du parti très droitiste PMDB, ne dit pas autre chose.

Aujourd’hui, la couverture publique permet à 100 millions de Brésiliens de bénéficier des services de santé et prévention de 216 mille agents, le tout avec un budget de santé de 50 milliards de reais (moins de 20 milliards d’euros). En 1994, seuls 16 millions de Brésiliens étaient couverts et il n’y avait que 30 mille agents.

(Notons que le nombre de praticiens par habitants ferait pâlir d’envie les maniaques des quotas d’étudiants en médecine de nos chers pays soc-dém… Il y a bien des jeunes qui reviennent diplômés de Cuba pour tenter de pallier aux manques, mais on ne leur reconnaît pas la validité de leurs diplômes. Notons aussi que les homéopathes ne sont pas conventionnés et que nous payons donc le médecin de notre bébé plus de 100 euros la séance… Si, si…)

Les deux serviteurs de l’État avouent (pas sous la torture) que la médecine publique assure même des opérations dans les cliniques privées. Et donc, les riches privilégiés (et les salariés aussi) sont également soignés parfois par l’État vampire… Ce qui bénéficie d’autant plus à l’image des assureurs privés qui se font ici des bénéfices gigantesques et ont accru également leur… patientèle… (ceci ne les empêche pas d’être en tête des réclamations de consommateurs…)

Le Brésil, libéral, gouverné par un gros bien laid inculte et prétendument gauchiste(1), c’est le monde à l’envers…

Source: CartaCapital du 16 avril 2008 et Caros Amigos spécial Cuba (2007).

(1) c’est le genre de réflexions très élevées que j’entends très souvent à son endroit…

février 19, 2008

Ce sont nos fils de pute…

Filed under: économie mon amour,politopics — tito @ 2:57 am

On attribue à Franklin D. Roosevelt (président des USA de 1932 à 1945) la phrase suivante, au sujet du dictateur du Nicaragua: « Somoza may be a son of a bitch, but he’s our son of a bitch. »

L’Europe, terre des droits de l’homme (mais pas des immigrés), est également -s’en souvient-on?- la métropole des colonies -ça, d’accord, on s’excuse-, mais également co-productrice du néo-colonialisme, et je voudrais en profiter pour commémorer ici…

NOS FILS DE PUTES…

Mobutu Sese Seko, maréchal-président à vie du Zaïre qui, sans l’aide de la Belgique, de la France et des USA, n’aurait pu se débarrasser impunément de tous ses opposants (à part le dernier). On ne s’en souvient pas assez quand on continue de voter pour les partis qui l’ont soutenu chez nous… C’est-à-dire en gros six des sept plus gros, même si à l’époque, les six en questions n’étaient que trois (puis, quatre, puis cinq…).

Grégoire Kayibanda, un monarque-président encouragé par la Belgique et l’Église catholique à perpétrer des massacres de Tutsi, sous prétexte d’autres massacres de ces derniers sur des Hutus. Connaissant le rôle de la Belgique dans l’escalade de haine entre ces deux groupes, ethnies, castes ou toute autre appellation que vous voudrez leur donner, on peut dire qu’il fut l’un de nos fils de pute.

Juvénal Habyarimana, un peu pareil que le précédent, en moins pire (mais à côté de la situation des Tutsis, celle des francophones de la périphérie bruxelloise ferait pisser de rire), même endroit, même tactique, plutôt encouragé par la France (et notamment Giscard d’estaing, François et Jean-Christophe « papa m’a dit » Mitterrand … Il sera soutenu dans sa guerre contre la guerilla tutsi par la Belgique et le Zaïre de l’ami Mobutu.

Omar Bongo, président (en activité) depuis 1967 du Gabon. Et en France on n’a qu’un mot à la bouche: « pourvu que ça dure. »

José Eduardo dos Santos, qui promet de partir à la retraite de son poste en Angola depuis un paquet de temps… Mais les entreprises pétrolières françaises ne trouveraient sans doute pas ça drôle. Alors il reste…

Zine el-Abidine Ben Ali, plus connu sous le nom de Ben Ali, est président de la Tunisie depuis 1987. Grand ami de tous les gouvernements français depuis lors (socialistes compris), il est l’un de nos plus beaux fils de pute. Beaucoup de journalistes ne sont plus là pour le dire.

Un autre beau morceau, dans le même genre, est Abdelaziz Bouteflika, qui dirige l’Algérie selon les mêmes sources d’interprétation de la Déclaration des Droits de l’Homme que son homologue tunisien. Un grand pote des gouvernements occidentaux…

Pedro Carmona a régné sur le Vénézuéla pendant un week-end, avec la bénédiction de l’Union Européenne, et aucune protestation de la part de nos chers gouvernants. Il aurait aimé être notre fils de pute plus longtemps, mais ça ne s’improvise pas…

Hamid Karzai est le « maire de Kaboul », ainsi surnommé dans le pays qu’il est censé diriger avec l’appui de l’immense coalition occidentale qui poursuivait les terroristes jusque dans les chiottes des cavernes de l’Afghanistan. Il est probable qu’il soit le plus élégant de nos fils de pute; il a aussi le mérite d’être le plus inoffensif. Forcément…

Mohammed Reza Shah fut l’un de nos plus beaux fils de pute aussi (surtout cautionné par la Grande-Bretagne) et qui régna sur l’Iran et son pétrole en fonction des desiderata occidentaux (mettant notamment en prison Mossadegh, trop social-démocrate aux yeux des intérêts pétroliers britanniques).

Shimon Peres, l’un des plus beaux hypocrites de l’histoire qui, sous couvert d’un prix Nobel, est toujours considéré comme un fils de pute honorable, non seulement par nos gouvernements, mais aussi par tout un tas de gens qui, décidément, n’ont pas fait attention à ses exploits oppresseurs au cours de sa longue vie.

Yoweri Museveni, actuel président de l’Ouganda. Arrivé au pouvoir via une guerilla contre le gouvernement « socialiste » de Milton Obote, il est soutenu par les USA de Reagan, par le FMI, mais aussi par les Britanniques (l’Ouganda faisant partie de l’ancien Empire Britannique). Il a été élu trois fois, dont une sans opposant…

Saddam Hussein, longtemps perçu comme notre fils de pute du Moyen-Orient par les gouvernements occidentaux, et notamment par la France qui y voiyait un rempart laïque et un exemple de « socialisation » locale. Une guerre terrifiante et une répression de dingue ne changea pas la donne. Il n’a cessé d’être notre fils de pute pour devenir le digne successeur d’Hitler dans les médias que vers 1990…

Bokassa fut le fils de pute privilégié du Président Giscard d’Estaing. Pour rappel, ce dernier personnage a été élu longtemps après plusieurs fois député et député européen.

Benazir Bhutto qui, si elle n’avait pas été une femme, aurait rencontré sans doute plus d’opposition dans les médias européens. Membre de l’élite de son pays, elle faisait partie d’une famille de grands féodaux pakistanais. Peu probable que ses intentions s’étaient améliorées depuis qu’elle avait perdu son statut de premier ministre en 1996.

N’hésitez pas à ajouter vos propres fils de pute, ceux que j’aurais oubliés ou qui ne me sont pas venus à l’esprit, là, tout juste maintenant, en réfléchissant deux minutes…

Chaque fois que tu votes ou revotes pour un type ou un parti qui a soutenu un de ces fils de pute, tu reconnais toi-même qu’il est bon que nous ayons des fils de pute… Alors avant de critiquer la politique amerloque au Nicaragua, en Colombie, au Vénézuéla, au Chili, en Argentine, en Iran, au Pakistan, en Irak, en Afghanistan, en Somalie, au Mexique, en Haïti, et dans l’ensemble des cent pays où stationnent des troupes américaines, souviens-toi que, toi aussi, tu portes une responsabilité dans le système néo-colonial.

Ne vote pas, agis…

février 3, 2008

le prix de la fidélité, payé par les infidèles

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes — tito @ 7:25 pm

(Quel titre! Tu crois qu’il va encore parler religion?)

-Vous avez votre carte « plus »?

Oui, oui, il y en a ici, et même -moi qui n’en avais jamais eu auparavant-, je me suis retrouvé avec une carte -appartenant à mon épouse- de chacun des trois grandes chaînes de librairies du patelin dans le portefeuille. (oui, oui, j’ai un portefeuille)

Mais, tiens, si vous payez moins cher avec une carte de fidélité et sachant que votre magasin n’entend évidemment pas payer tout seul le coût logistique de votre privilège, qui le paie?

Réponse ici:
« It used to be that everybody got Rice Krispies for, say, 79 cents. Now they’re available to anyone for 89 cents, but the best shoppers get them for 49 cents. »

Le site http://www.nocards.org/ dont est extrait ce petit passage vous explique en long, en large et en travers pourquoi la carte de fidélité n’est pas un plus pour la communauté, tend à diviser les consommateurs en plusieurs camps et devrait être considérée comme notre ennemi public numéro 2 (après les puces de surveillance dont je reparlerai sûrement un de ces quatre matins).

Ça me rappelle un autre petit paradoxe de la société de marché, illustré par le dicton de Coluche: « Moins tu peux payer, plus tu paies. »

Si vous êtes dépourvu de hauts revenus, impossible d’acheter en une fois tout ce que la gentille publicité vous matraq… vous propose à longueur de journée. Il reste donc le crédit, qui vous permet de payer en plein de fois (et parfois à des taux très intéressants -mais pour qui?) le four à micro-onde « Oueurlpoule », l’écran plasma Mundial 2014 (sic) « Tome-Sonne » et -pour les plus optimistes- le pick-up tout-terrain avec pare-buffle de série (plus modernes que la maison Merlin de coluche).

Si vous êtes bien riches, vous pourrez vous payer trois semaines de voyage aux Caïmans pour le prix de deux -il vous suffira de compter sur votre carte de crédit « Platinos », « Golden fuckin’ client » ou que sais-je pour voir s’accumuler les points d’épargne de milles nautiques sur les vols de la compagnie de votre choix -champagne compris- et vous permettre de renouveler votre consommation de gaz-Kyoto l’an prochain…

La liberté du petit consommateur s’arrête là où commence celle du super-consommateur…
et je vous parle pas de la sécurité

Petit consommateur, petit con; gros consommateur, gros con, pour paraphraser Albert Frère (qui disait: petit actionnaire minoritaire, petit con… vous avez saisi…). Super-consommateur, …?
Vous préférez quelle catégorie?

janvier 17, 2008

Une leçon d’efficacité

Filed under: économie mon amour,discussions piquantes — tito @ 9:05 pm

Le budget américain pour la défense était en 2006 de 650 milliards de dollars. Même avec un dollar faible, ça fait pas mal. D’autant que cela représente plus de la moitié du budget mondial de toutes les Défenses accumulées, qui est d’environ 1.200 milliards de dollars.

Selon l’Unicef, il suffirait d’un budget d’environ 3,5 milliards de dollars pour satisfaire aux besoins élémentaires de santé, d’éducation, d’alimentation et d’armem… heu, non c’est tout, de tous les enfants du monde.

Je ne sais pas si ce chiffre est exact, mais ce que je sais, c’est que les USA dépensent plus de 1.700 dollars par habitant pour leur défense, et ils restent paranoïaques; que les Français sont troisièmes avec 875 dollars par habitants et qu’ils restent la patrie des droits de l’homme; que la Grande-Bretagne est deuxième avec près de 1.000 dollars par habitants; le Japon est encore à 341 dollars par tête. Les méchants Chinois en sont à 37 dollars par tête… Mais bon, il y a beaucoup de têtes… L’Iran n’est pas dans le groupe-maillot jaune des dépenses…

Note: les dépenses globales étant de 1200 milliards, ça fait moins de 200 dollars par habitant… Vous notez le déséquilibre?

La paix, l’ordre et la sécurité du monde ont un prix… Les trois grandes nations qui nous défendent avec tant d’efficacité méritent donc un coup de chapeau…

Un bon coup de chapeau… Dans la gueule…

Bravo les artistes…

Et merci…

( Source: AgoraVox, qui se sont cassés le cul à décortiquer les sites du Grip et du SIPRI. J’ai été y jeter un coup d’oeil, pour voir un peu les données, qui y sont éparpillées.)

décembre 22, 2007

Promotion dégressive sur les vitamines

Filed under: économie mon amour,Brésil — tito @ 4:55 am

Le Brésil est un pays charmant où les habitudes, les us et les coutumes, les modes de raisonnement semblent remonter à avant Descartes…
Sur mon chemin pour aller au métro, il y a un gars qui vend du jus d’orange dans le coffre de sa voiture. Ça, ça n’a rien d’inhabituel, et loin de moi l’idée de le lui reprocher.
Je n’ai rien contre ses prix non plus, mais ils sont quand même cocasses:
0,49 real pour un verre de 200ml,
0,99 real pour un verre de 300 ml,
3,49 reais pour une bouteille d’un litre.
Si vous faites un rapide calcul, vous vous apercevrez que, plus vous avez soif, plus vous payez votre jus d’orange cher…

Je vous ai déjà parlé des pharmacies, ici, mais j’ai noté un truc amusant. Toutes les caisses, généralement, sont dotées d’ordinateurs maintenant -et ce, presque partout (pas le vendeur de jus d’orange). Dans l’une de ces pharmacies, les écrans ont une espèce de ligne -screen-saver qui passe en boucle: « Deus é fiel » (Dieu est fidèle). Ça rassure de voir les principes qui régissent la pharmacopée dans la région.

Je vous parlerais bien encore des décorations de noël des immeubles, des banques et des magasins, mais vous allez encore croire que je dis du mal de mon pays d’adoption. Or, j’aime bien la plupart des gens que je connais ici. Et donc, stop… C’était plus une séquence sourire et sûrement pas un coup de gueule.

décembre 9, 2007

Giu connaîtra-t-il les abeilles?

Filed under: économie mon amour,la vie comme elle vient,politopics — tito @ 4:07 pm

D’après ce bonhomme, Bernard Vaissière, il n’est pas impossible que l’abeille disparaisse, et dans pas longtemps en plus.
Certes, c’est le scénario catastrophe, certes, il est réversible. Mais pour qu’il soit réversible, il faut que, même si Vaissière se trompe -principe de précaution-, l’on songe à arrêter certains trucs. Parmi lesquels la connerie humaine qui consiste à chimiser, ADNiser et brevétiser tout ce qui nous tombe sous la patte.
J’en vois déjà qui hurlent à la productivité, socialistes étatistes en tête, libéraux imbéciles en suite… S’il faut voter Ecolo pour que les abeilles ne crèvent pas, je…

Heu…

Ah merde, tiens, j’irais voter moi?

Hm… À condition qu’un des points du programme d´Ecolo soit l’euth…, heu, la neutralisation de Durant et de Morael.

Et la mise sous tutelle de l’État par les anarchistes… Au pire par un club de partisans de Chávez… (Mais au pire, hein)

Ah ben la survie de l’humanité, c’est conditionnel, hein 🙂

Dernier pépin, d’après Vaissière: « Dans mon équipe, nous sommes trois scientifiques dont deux enseignants-chercheurs. Nous n’avons pas embauché depuis 18 ans ! Et les spécialistes des insectes pollinisateurs ont pour la plupart plus de soixante ans… »
On nous prépare un avenir à l’abri du danger, puisqu’on n’en saura rien…

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