ÇA Y EST!…

August 2nd, 2010

J’ai croisé une fille voilée à São Paulo! Vite, un kärsher! Une loi! Un flic par habitant! Sus aux minarets!

La république (Fédérale du Brésil) est en danger de délaïcisation!

La France (fille aînée de l’Église) et le Brésil (fils aîné de pratiquement toutes les sectes du monde), même combat!




J’ose espérer que vous avez bien saisi toute la dimension ironique de ce message.

Déjà que pour voir dans l’un et l’autre pays autre chose que des principautés “Cuius regio, eius religio”…

Je suis viscéralement CONTRE une loi interdisant quelque vêtement que ce soi.

Étonnant? Pas du tout: je ne suis pas Elisabeth Badinter, je suis anarchiste: une interdiction est en soi un repoussoir de raisonnement, un échappatoire quand on n’a rien trouvé d’autre ou, plus logiquement, parce qu’on n’a pas cherché, qu’il est plus facile d’obliger quand on a la force avec soi que de partager la même gamelle et de discuter le bout de gras jusqu’à ce que raison s’en suive -et affinités, si possible…

Je vais te me les guantanimser derrière leurs portes, toutes ces bouffeuses de halal, se dit Brice à la suite de la moitié des votants helvètes…

Et si ça ne les convainc pas de partir, tant mieux: plus il en restera qui me contesteront, et plus la peur du barbu polygame fera voter pour moi, se dit Nicolas, en se rasant…


Or,

Dieu est mort. Merde à Dieu. Ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme, mais…

Bref, vous avez compris.

Et ce n’est pas en mettant à genoux des femmes qui n’ont rien fait pour être où elles se trouvent qu’on résoudra ce blème.

Quant au cirque qui parle de sécurité, que je sache, et selon les frontispices des édifices publics de France et de Navarre, ce n’est pas au prix de la liberté qu’elle peut se défendre…

Re-bouffons les curés, comme au bon vieux temps. Et si un derviche, un imam, un saducéen ou un lama passe à portée, agrémentons le buffet de quelque viande nouvelle -exotique, diraient certains que je n’hésiterais pas à qualifier d’imbéciles.

Que toutes les tonsures et assimilées tremblent: notre devoir est de rappeler que la grande conquête du XXe Siècle, au côté des congés payés et de la diminution du temps de travail, c’est la sécularisation du joug.

Rien n’est parfait, mais pas question de laisser ces conquêtes reculer!

Libérons la Grèce de son orthodoxie!

Brûlons tous les billets verts “In Gode (sic) we suck (resic)” ((Notons avec amertume que les billets brésiliens présumés laïques portent la mention “Deus seja louvado”.))!

Renvoyons le Dalaï-Lama dans son pays!

Nationalisons les lieux de prière!

Transformons-les en maisons du peuple!

Délivrons-nous de ces maux -tous!

Pour Simonet, avec amour… vache…

July 28th, 2010

En réponse à la circulaire Simonet, dont on trouvera la référence ici, je propose au programme de français, responsable, le menu littéraire suivant pour nos chères têtes blondes (aux lèvres duveteuses):

1e année de collège:
“Sodome et Gomorrhe” de Proust
Discussion: de l’acceptation de la pédophilie dans la haute bourgeoisie.
Développement: actualité, histoire: retour sur la marche blanche.
(pour les Français, reportez-vous au mythe “Belge=pédophile”)
Rédaction: mes meilleurs souvenirs avec mon oncle/mon père/mon grand-père/le médecin de famille/le chien de ma tante/autre.

2e année:
“La philosophie dans le boudoir” de Sade
Discussion: 14 ans est-il trop tôt pour faire de la philosophie?
Développement: latin: Pétrone est-il encore un auteur actuel?
Rédaction: à quoi je pense pendant que je me masturbe?

3e année:
“Sexus” de Henry Miller (en traduction)
Discussion: la philosophie est-elle possible entre deux fellations? Si oui, en est-elle influencée?
Développement: géographie: l’amour est-il envisagé différemment aux USA au moment des années folles et aujourd’hui en Communauté Française de Belgique, en particulier à Namur?
(version française: au Palais-Bourbon)
Rédaction: les trottoirs sont-ils adaptés pour les premiers ébats d’un couple romantique et passionné?

4e année:
“Les Essais” de Montaigne
C’est pour une fois te reposer un peu.
(vers 16 ans, les élèves sont plus difficiles à tenir: si en plus on les excite, on ne va pas s’en sortir)

5e année: (dite “poésie” en Belgique)
“L’album zutique” de Rimbaud et Baudelaire
Discussion: l’art est-il possible dans l’abstinence conseillée par le pape avant le mariage?
Développement: latin: Catulle a-t-il fait exprès de s’appeler comme ça? et Juvénal?
Rédaction: écrire un poème contenant une rime en -ouille, une rime en -ite, une rime en -ule (ou en -ul) et une rime en -atte.

6e année:
“Le diable au corps” de Radiguet
Discussion: un jeune homme avec une femme plus âgée, est-ce plus ou moins acceptable que le contraire?
Développement: histoire: les guerres sont-elles d’excellentes occasions pour les réformés?
Visionnage du film “Tendre Cousine” de David Hamilton.
Rédaction: comment profiter de la situation si mon papa/mon oncle/mon grand-père/le médecin de famille/le chien de ma tante part à la guerre?

Pour les épreuves du Bac (en France):
Lecture préparative à la question de philosophie:
tous les documents de Platon à Marx qui évoquent la communauté des femmes.
Question pour le jour du Bac: la polygamie est-elle le seul fait de l’Islam dans l’histoire?

Marius Alexandre Jacob

July 26th, 2010

ou Alexandre Marius Jacob, suivant son goût, était un anarchiste illégaliste. Cela signifie qu’il se contentait de trouver un moyen illégal pour exproprier les riches en faveur des plus pauvres. Robin des Bois, sans le souci du roi Richard. Sa correspondance est passionnante. Je vous en livre un extrait:

août 1905: il vient d’être condamné à 20 ans de bagne, qu’il ne terminera qu’en 1927. À sa mère:

“Si la loi était juste, elle n’aurait pas besoin de tout son attirail de gendarmes, de policiers, de soldats armés de fusils, de sabres et de revolvers pour la faire observer: tous les hommes s’y soumettraient sans contraintes, comme l’on se soumet aux lois naturelles. Ai-je besoin qu’un gendarme me dise de ne pas mettre la main dans le feu (…). Or si le juge s’entoure de tant de précautions, c’est parce que sa justice, ses lois ne sont que des droits usurpés par la force et la victoire. C’est te dire enfin que c’est une atroce plaisanterie de parler d’impartialité dans ces sortes d’affaires où la force et la violence décident seules du droit.”

(D’après: A. M. JACOB, Écrits, éd. L’insomniaque, Quincy-sous-Sénart, 2004, p. 127)

presse satyrique

July 23rd, 2010

Non, non, le titre est voulu…
Oui, je sais, on dit “satirique”. C’est juste un jeu de mots, comme sait si bien les faire mon hebdo favori, auto-qualifié d’ailleurs tel. C’est qu’on en parle beaucoup ces derniers temps, de la presse satirique, dans la presse normale et dans les couloirs du pouvoir. Pour avoir dénoncé plusieurs ministres du gouvernement et divers scandales à plusieurs échelons, le Canard enchaîné est l’objet des foudres des dirigeants français. Lui et Mediapart, un organe (prétendument) indépendant en ligne, commis par Plenel, de sinistre mémoire, puisqu’il s’agit du Monsieur-Téléachat du Monde, comme le dénonçaient en son temps à juste titre le Plan B et CQFD.

Si je sais pourquoi le Canard s’auto-intitule “journal satirique paraissant le mercredi”, consacrant ainsi le droit à la satire en France, peu limité, il faut le reconnaître, je regrette amèrement que, lorsqu’il est évoqué par des tiers, il ne soit pas plus souvent qualifié de “journal d’investigation”, ce qu’il est, même s’il l’est sous une forme particulière.

Il faut reconnaître et regretter que le journalisme d’investigation est devenu une denrée très rare en francophonie ((A part sur internet, comme par exemple dans lejim.info, tenu par mes potes.)). À dire vrai, à part ceux que j’ai nommés plus haut ((Mais le plan B a disparu)), je serais curieux de savoir quels autres journaux peuvent revendiquer décemment ce qualificatif.

Certes, le Monde Diplomatique peut y prétendre par moments, mais c’est surtout ce que j’appellerais un “journal sérieux de gauche”. C’est-à-dire un mensuel qui fait état de constats clairs sur base de faits connus ou connaissables aisément. Il fait un travail extrêmement important et naturellement indispensable, nous proposant de réfléchir avec un oeil de gauche sur des phénomènes accessibles à nos yeux et nos oreilles. En outre, si on peut parfois trouver des infos intéressantes dans l’Express, le Nouvelobs ou d’autres revues du même tonneau, au moins dans le Monde Diplo est-on certain du sérieux et du point de vue de gauche qui parcourt tout le journal.

Je pensais à cela d’ailleurs en lisant le dernier livre de Joseph Stiglitz (Freefall), dans lequel l’auteur est en possession de toutes les informations suffisantes pour dénoncer le capitalisme dans son essence même et ne le fait pas, tentant de rattraper l’irrattrapable en le saupoudrant de keynésianisme. Mais bon, je laisserai ça pour une autre fois, c’est promis (comme mon traité d’économie depuis des années, je sais). Ce que je veux dire, c’est que le Monde Diplo, proposant par exemple à Frédéric Lordon une colonne régulière pour analyser l’économie avec les mêmes informations, parvient à te me descendre en beauté le capitalisme in se et à proposer des idées véritablement de gauche, que même Mélenchon il paraîtrait un dangereux défenseur des marchés à côté.

Non, des journaux d’investigation (en papier), il y en a peu. Je veux dire, des journaux qui proposent de véritables enquêtes sur le terrain, des révélations qui nous éclairent sur ce qui se trouve en dessous du tapis et qui en tirent des faits qui permettent de généraliser l’existence d’un système, c’est l’exception. Certes, sur internet, ils sont légion. Mais nous sommes encore rares à nous documenter véritablement en ligne. Alors, un journal d’investigation papier, évidemment, ça revient très cher. Le Canard a la chance (qu’il s’est construite) de reposer sur une réputation et un capital indépendant (pas de pub, pas de parti, pas de proprio) qui en fait l’astre le plus remarquable de la sphère médiatique (à ma connaissance) en matière d’investigation journalistique.

Pour s’en convaincre, il suffit de lire sur wikipedia la liste des dossiers révélés par lui au cours de son histoire et de s’apercevoir que, dans ce monde de canards, ce vilain petit était en fait un grand beau cygne…

Quel dommage qu’il ne soit pas resté noir, comme à ses débuts…

Chronique des élections présidentielles locales V

July 13th, 2010

Résumé des épisodes précédents ((Un, deux , trois et quatre.)) :
Trois candidats principaux se disputent la présidence du Brésil à partir de 2011. Marina Silva et José Serra ont déjà été présentés.

quatrième partie: Dilma Rousseff.

Voilà une personne qui aurait fait rêver plus d’un fan de Che Guevara ou de Salvador Allende. Dilma, née dans la classe moyenne d’origine libanaise, s’est transformée, sous la dictature, en rebelle, en militante de la démocratie, touchée par la grâce du marxisme et de la lutte des peuples contre le pouvoir militaire. Arrêtée, emprisonnée, torturée, elle se flatte d’avoir menti à ses tortionnaires (ce que lui ont reproché, inexplicablement, certains porte-flingues du côté de José Serra).

Dilma Rousseff, après la dictature, se lance dans la politique avec des compétences en économie similaires à celles de son rival principal, José Serra. Elle part de tout en dessous: municipalité, état, à chaque fois comme technicienne, notamment de l’énergie, son dada, mais donc pas comme élue. On le lui rappelle assez aujour’hui: Dilma n’a jamais affronté une urne. Passée du PDT (gauche nationaliste historique) au PT au moment de l’accession de Lula au pouvoir, elle devient ministre de l’énergie. Lula lui fait une confiance telle qu’au moment où son ministre de la “maison civile” (pratiquement son premier ministre) est pris dans un scandale financier, en 2005, il la choisit pour le remplacer, et progressivement elle devient la favorite à sa succession dans son coeur.

Les discours actuels de Dilma ne diffèrent guère de ceux de José Serra: développementisme, redistribution des richesses partielle, meilleure gestion, mais pas de justice pour les victimes de la dictature (à part quelques concessions financières), pas de remise en question fondamentale du statu quo environnemental ni agricole, pas de réforme en faveur des sans-terres. Un mot qui revient souvent dans sa bouche, c’est “méritocratie”, quand elle évoque la fonction publique. Ça devient gênant pour quelqu’un qui est censé avoir adopté Marx.

Enfin, parlons de ses alliances. Son candidat vice-président, Michel Temer, fait partie du très corrompu et très réactionnaire PMDB, pour lequel le PT a renoncé à combattre certains des barons les plus liés au régime militaire, comme José Sarney, par exemple, “colonel” du Maranhão.

À suivre: quelques militants de gauche au Brésil réagissent à la campagne.

Le-du jour

July 9th, 2010

Il y a quelques années, je publiais pour un petit comité une espèce de mini-rapport d’informations plus ou moins pertinentes trouvées plutôt moins que plus au hasard dans la presse, italienne, française ou belge en général.

Voici ce que ça donnait (en prenant ce 8 juillet comme référence):

Le logique du jour
Les frais bancaires vont-ils bientôt baisser, demande Libé.
Allons donc: on voudrait que les banques cessent de nous faire payer pour leur prêter notre argent afin qu’ils nous le prêtent? C’est du communisme, madame!

Le Simplet du jour:
Christine Lagarde «fait confiance aux banques pour prendre des engagements et les respecter».
Comme il faut leur faire confiance pour ce qui est de surveiller leurs propres troupes en matière financière…

Le Gardien-chef du jour:
Obama (ce n’est jamais que la douzième menace qu’il balance dans le vide depuis le début de la fuite) donne 24 heures à BP pour dresser un plan de sauvetage du Golfe embourbé dans la marée noire.
Sinon, tare ta gueule à la récré.

Le Joue droite du jour:
Le cardinal Danneels dépose une plainte concernant les fuites (encore? oui, mais pas les mêmes, attends) qui ont fait suite à la perquisition que vous savez.
C’est l’hôpital qui se moque de la quoi déjà?

Le Guerre froide du jour:
Gérard Deprez accusé (par un autre décérébré) de miner le MR après avoir détruit le PSC.
Il serait acheté par Moscou-in-Hainaut que ça ne m’étonnerait pas…

Le Courageux du jour:
Berlusconi demande un vote de confiance à sa majorité “sans quoi, je retourne à la maison”.
On s’attend à une surprise, mais on ne sait pas encore si elle sera blonde, rousse ou brune.

Le Brabançonne du jour:
Deux députées européennes dont nous tairons les noms pour ne pas leur faire de la pub ont sauvé l’honneur de la Belgique, d’Yves Leterme et d’Hermann Van Rompuy au Parlement européen.
Était-ce bien la peine?

Le Pipe (ceci n’est pas une) du jour:
L’une de ces deux bravardes a réveillé les manes de Magritte et de Peyo pour revendiquer surréalisme et fantaisie belges.
La naissance dans un certain périmètre géographique ne suffit malheureusement pas pour assurer le génie. Ça se saurait…

Le Démocratie du jour:
Le parlement européen se félicite d’avoir lui-même offert à la CIA les clés de nos comptes bancaires et de ne pas avoir laissé cet honneur à un quelconque haut fonctionnaire.
Vive l’Europe populaire, horizontale et démocratique!

Le Révolution du jour:
Trop contrôler sa colère peut mener à des explosions soudaines, selon de récentes études (même si j’ai l’impression d’avoir déjà lu ça quelque part).
Prochainement dans les aéroports: des émotico-tests.

souvent star varie

July 8th, 2010

“Il n’y a pas de problème Domenech (…). Quand tu le côtoies et que tu n’es pas journaliste, c’est une personne très simple avec qui tu peux parler tranquillement.”

Ça alors? Mais qui a dit cela? Estelle, sa femme? Son meilleur ami? Son animal favori?

Non, c’est Nicolas Anelka, le 16 mai dernier, qui avait aussi évoqué coupe du monde, suite à la défaite en amicale face à l’Espagne:

“On aurait dit des pros contre des amateurs. Il va falloir trouver autre chose, sinon ce n’est pas possible, on va partir au bout de trois matches.”

Quelle prescience! Par contre, il n’avait probablement pas prévu son propre coup de gueule contre son entraîneur.

Rien à dire, le sport professionnel, ça rend adulte, mature…

(Source: Le Canard Enchaîné du 19 mai dernier et le site lavoixdessports.com)

Chronique des élections présidentielles locales IV

July 4th, 2010

Résumé des épisodes précédents ((Un, deux et trois.)) :
Trois candidats principaux se disputent la présidence du Brésil à partir de 2011. Marina Silva a déjà été présentée.

troisième partie: José Serra.

À l’image de l’ancien président Fernando Henrique Cardoso, José Serra, qui a été son ministre de la santé jusqu’en 2002, pourrait dire “Oubliez tout ce que j’ai écrit.” Leader étudiant en 1964, de gauche, il s’exile au moment du coup d’état, va rejoindre le Chili d’Allende, pour ensuite, après bien des années hors de son pays, rentrer et se ranger dans un parti conservateur, américanophile et largement à la bonne avec les médias de droite et les milieux économiques.

Son discours est empreint de contradictions inhérentes à sa position: il vante le système de santé qu’il a contribué à mettre en place et critique ce qu’il est devenu, alors que Lula n’y a pratiquement pas touché (à tort d’ailleurs); il se dit plus à gauche que Lula mais milite dans un parti de droite; il prétend que la Bolsa Familia ((Programme de soutien aux familles les plus pauvres comparables à un minuscule RMI attribué principalement aux mères de famille.)) est une invention de Fernando Henrique Cardoso, mais son parti passe son temps à en critiquer le principe et les pratiques; il est issu de la résistance (passive) à la dictature alors que son parti en est pratiquement issu ((Jusqu’à certains de ses membres qui ont reproché à Dilma Rousseff, sa concurrente, d’avoir fait partie des “terroristes” durant la période “militaire” et d’avoir menti sous la torture.)).

Maire de São Paulo, ministre de la Santé, puis gouverneur de l’État de São Paulo, José Serra n’a pas exactement la fibre négociatrice dans la peau. Pendant les trois dernières années de son exercice ((Il vient de “renoncer” à sa charge pour se présenter aux présidentielles.)), il a envoyé la police contre les étudiants, refusé de discuter avec les enseignants tant qu’ils étaient en grève et envoyé un corps de police contre un autre qui réclamait des ajustements de salaire promis. Son souci de la sécurité l’empêche de condamner les plus de mille morts par an provoquées par la police et la police militaire parmi les “civils” des favelas, un grand nombre d’entre elles ressemblant plus à des exécutions qu’à des actes de légitime défense. Comme candidat à la présidentielle, il a décidé de s’approprier ce thème, alors qu’il ne fait pas partie des prérogatives du président. C’est son petit côté Johan Vande Lanotte: j’étais de gauche, mais j’appuie sur la gachette en direction du peuple.

Économiquement, Serra prétend faire la même chose que Lula en mieux. Voilà un argument qui signifie tout et son contraire. Il n’y a pas grand’chose à en tirer de positif.

Prochain épisode: Dilma Rousseff.

Comme il elbow!

June 29th, 2010

J’ai beau aimer le tennis et le regarder quand je peux, il y a de temps en temps des réflexions de joueurs de tennis professionnels qui me laissent avec un goût amer dans la bouche.

Il y a quelques années, Justine Henin avait décidé d’arrêter, parce que, disait-elle, elle avait perdu la motivation. Elle n’avait pas 25 ans.

J’essaie de me mettre à la place de son père, qui a travaillé toute sa vie à la poste. D’imaginer où il devait trouver sa motivation…

Ah, et puis, hier, Andy Roddick, généralement correct dans ses réflexions, après avoir perdu son match à Wimbledon, au 4e tour, a sorti celle-là:

“Of course I’m going to be pissed off when I wake up tomorrow. If you got fired from your job, you probably wouldn’t wake up the next day in a great mood.”

On ne peut pas trop en vouloir à ces gamins gâtés par le sort, qui ne connaîtront jamais un formulaire de licenciement. Mais, quand même, comparer l’humeur qui suit une défaite dans un tournoi avec la perte de son boulot… fallait le faire…

Chronique des élections présidentielles locales III

June 27th, 2010

Résumé des épisodes précédents:
Trois candidats, principalement, se disputent le siège de la présidence à partir de l’an prochain, au Brésil: José Serra, Dilma Rousseff et Marina Silva. Beaucoup d’intérêts s’entrechoquent autour d’eux.

Troisième partie: Marina Silva, actuellement créditée de 8 à 12% des voix au premier tour.

Membre du PT de la première heure, ex-ministre de l’environnement du Président Lula pendant près de six ans, Marina Silva a un parcours pour le moins atypique.

Originaire d’Acre, elle a grandi dans une famille très pauvre, dépourvue de droits scolaires pendant toute son enfance et n’a appris à lire et à écrire -contre le désir de son père- que… grâce à une maladie qui a failli la tuer et l’a clouée au lit suffisamment longtemps pour lui laisser le loisir de s’instruire. Elle ira ensuite jusqu’à l’université; à son crédit, malgré sa réussite, de refuser de servir d’exemple pour montrer que, même partant de rien, on peut arriver à tout: pour elle, être une exception ne permet pas de déterminer une règle. Et de continuer de réclamer un meilleur enseignement public.

Ensuite, elle a failli entrer au couvent. C’est un mariage qui l’en empêchera (elle a divorcé depuis). Plus tard, de catholique, elle virera évangéliste -c’est-à-dire membre d’une secte religieuse protestante. Entretemps, elle aura rencontré Chico Mendes, LE militant seringueiro des années 80′, assassiné pour avoir été une véritable épine dans le pieds des gros propriétaires terriens. Elle se consacrera à corps perdu à la cause de Chico Mendes.

Militante historique du PT depuis ses origines ou presque, Marina sera longtemps derrière Lula. Aujourd’hui, elle a quitté son parti, rejoint le PV (parti prétendument vert) et se présente aux élections sous cette couleur. D’aucuns estiment qu’elle pique des voix à Dilma Rousseff, la candidate de Lula, et qu’elle risque de soutenir indirectement José Serra. Sachant qu’il y a deux tours d’élections, ce raisonnement est pour le moins sujet à caution. Mais soit.

Revenons à la personne de Marina Silva.

Elle a la réputation de défendre exactement ce qu’elle dit, ce qui semble corroboré par sa sortie du gouvernement deux ans avant les élections; jusqu’au début de l’année, elle ne semblait pas destinée à se présenter. Ministre, elle a tenté de défendre, dit-elle, les intérêts de la nature, des peuples indigènes, elle était internationalement reconnue comme ZE militante écologiste. Ce qui ne l’a pas empêchée de participer -six ans!- à un gouvernement qui a poursuivi les programmes d’expansion de l’agriculture et de l’élevage sur les terres de l’Amazonie et de réalisation de gros ouvrages tels des barrages et des usines à gaz, sans compter le programme nucléaire local soutenu par la France: ses luttes avec le ministère de l’énergie et celui de l’agriculture se sont généralement soldées par des échecs. Elle a, semble-t-il, avalé pas mal de couleuvres sous le couvert du “réalisme” économique.

Même si l’on devait supposer une sincérité brimée et frustrée dans son chef, on ne peut s’empêcher de retoquer Marina Silva sur une récente déclaration qu’elle a faite dans le magazine Istoé: à la question “accepteriez-vous le financement de l’entreprise Vale?”, elle a répondu qu’elle estimait que cette entreprise respectait le droit social et l’environnement et que, oui, s’ils la contactaient, elle accepterait leur soutien.

Or, Vale est largement critiquée dans la presse de gauche (Caros Amigos, Brasil de Fato ((Caros Amigos: le site se trouve ici, mais vous devez naviguer dessus pour trouver la référence dans le numéro de mai 2010 de l’article Vale, a mineradora com as mãos sujas de sangue de Tatiana Merlino; et Brasil de Fato: Vale est une transnationale dont les pratiques sociales et environnementales sont combattues dans le monde entier.))) précisément pour son mépris pour les droits du travail et l’environnement dans l’ensemble des régions du monde où elle est active. De Marina, on craint une ignorance maladroite ou une tolérance coupable… Et ce n’est qu’un exemple qu’on pourrait multiplier.

Dans un autre registre, qu’on pourrait peut-être plus aisément lui pardonner, Marina Silva est hautement mystique, mélange allègrement les mérites de la science et de la foi ((Elle estime notamment que, si elle a été guérie de sa grave maladie étant jeune, c’est grâce à Dieu et à la médecine.)), s’oppose à l’avortement, par exemple, et n’accepterait de traiter des questions dites “éthiques” que via des réferendums. Il est clair que l’allusion à la démocratie directe devrait nous plaire ((Encore qu’elle critique fortement le régime vénézuélien pour son système participatif, allez comprendre.)), mais l’on sait parfaitement que l’influence conjuguée de toutes les sectes locales au Brésil amènerait fatalement plutôt à un recul des idées laïques qu’à des avancées.

Au total, même si, des trois candidats principaux, elle est la moins pire, Marina Silva, de jeune militante infatigable, est devenue, comme tous les autres, une jeune (elle a plus ou moins 50 ans) candidate infatigablement opportuniste.

Prochain épisode: José Serra