Récréation

June 14th, 2009

Environ 3 millions d’Étatsuniens sans télé suite au passage de l’analogique au digital…

Ce n’est sans doute qu’une affaire de temps: on voit mal comment ces valeureux citoyens pourraient survivre très longtemps sans leur transfusion quotidienne de 24 heures d’idioties…

En attendant, peut-être que certains iront faire un tour dans les bois dimanche, ou bien rendront-ils visite à des grands-parents parqués dans leur home -pourvu que ceux-ci soient privés de téloche aussi…

CNN et Fox News sont en deuil… Comment les braves citoyens pourront-ils suivre en direct les efforts des valeureux pandores à la poursuite des vendeurs de crack en direk’-laïve avec hélicoptères et projecteurs sur les autoroutes de LA? Et les petites téléréalités des casernes Halliburton en Irak? Et les dénonciations du grand complot antisémite en Israël?

Qui sait? Peut-être que dans 9 mois on constatera un pic de natalité… Peut-être que dès maintenant ont été dressées des équipes de premiers secours spécialisées pour éviter des vagues de suicides ((C’est que ça doit être dur de faire face au vide laissé par la petite boîte noire.))… Peut-être que les médecins constateront une baisse marginale du taux de surpoids chez les gosses… Les sociologues vont devoir se pencher sur le phénomène… On fera des articles, des thèses, peut-être même des émissions de télévision… Eh! Ça reboostera la vente des nouveaux postes, ça relancera la croissance, et c’en est donc fini de la crise… Cqfd…

Allez, on s’amuse… Ce sont sans aucun doute quelques jours de récréation…

Définition

June 11th, 2009

Par gauche, Boaventura de Sousa Santos, entend “l’ensemble des théories et pratiques transformatrices qui, au cours des 150 dernières années, ont résisté à l’expansion du capitalisme et au type de relations économiques, sociales, politiques et culturelles qu’il génère, et qui ainsi ont participé à la croyance d’un futur post-capitaliste, d’une société alternative, plus juste, parce qu’orientée vers la satisfaction des nécessités réelles des populations, et plus libre, parce que centrée sur la réalisation des conditions effectives de la liberté.” ((in Por que é que Cuba se transformou num problema difícil para a Esquerda?, Le Monde Diplomatique Brésil, mai 2009, encart CLACSO, p.1.))

Il y aurait beaucoup à dire, et bien que je ne sois pas d’accord avec quelques détails, bien que ça respire évidemment le marxisme, je trouve cette définition mignonne et intéressante.

Dans la série “nos fils de pute”

June 8th, 2009

Omar Bongo, représentant de la Françafrique au Gabon, est mort (c’est officiel).

“Bon, on le remplace par qui?” se demande-t-on à Paris…

Voir, s’il était besoin, le petit post ci-inclus.

Aïe am ze law

June 8th, 2009

Il est assez étrange pour moi de constater un phénomène récurrent auprès de certains de mes familiers. Il semble que j’aie acquis une espèce de figure de juge ((D’où le titre. J’ai vu récemment un morceau de Judge Dredd qui m’a interloqué.)), ou de je ne sais trop quelle représentation mythologique. Il suffit que, dans une conversation anodine, je dise:

“Alors tu as accompli ton devoir de citoyen soumis?”

pour que les choses se gâtent.

Il est un fait que je suis un abstentionniste revendiqué et actif et que le vote au sein d’une démocratie parlementaire me rebute de manière aussi automatique qu’une fraude fiscale.

J’ai le devoir citoyen complexe.

Pour moi, le remplir tous les x temps au moyen d’un bulletin, qu’il soit électronique ou papier, et se dédouaner le reste du temps, me rend blet.

On peut certes encore se justifier par des “on ne peut rien y changer” ou des “que veux-tu que je fasse?” ou des “je ne vais quand même pas prendre les armes”. Mais dans ces cas, restez dans votre lit, envoyez un mot d’excuse et ne leur donnez pas la satisfaction de voir leurs nombres de voix augmenter systématiquement et leur auto-satisfecit déborder de nos médias mainstream et bêlants.

Vous êtes lourds: si vous ne croyez pas dans la démocratie parlementaire, ne votez pas!

On me dit aussi “L’extrême-… y gagne chaque fois tu ne votes pas.” Rassurez-vous (si je puis dire), vu les cliques au pouvoir dans la plupart des pays du monde entier, l’extrême y gagne toujours plus, malheureusement ce n’est pas la gauche…

Certains de mes amis me disent aussi: “ne pas voter ne te rend pas plus libre” et “je vote et je fais quelque chose: je participe à telle et telle choses”.

Pour la première affirmation, c’est absolument vrai: je m’en voudrais de me contenter de ne pas voter, ce ne serait absolument pas logique. Ne pas voter n’est en soi rien si l’on ne le complémente pas d’un acte subséquent. Rester dans ses plumes n’est en rien citoyen si vous ne vous manifestez pas les autres jours.

D’un autre côté, voter -c’est-à-dire abdiquer de votre pouvoir citoyen à l’échelon des forces représentatives surpuissantes des démocraties parlementaires- et prétendre ensuite “faire autre chose” en plus me paraît contradictoire. Moins malsain que de ne rien faire, mais contradictoire tout de même.

Coller un copain à la charge de vice-premier-consul de Schaerbeek ne changera rien à la problématique générale et l’idée qu’un Besancenot puisse frôler le deuxième tour des présidentielles dans trois ans me laisse aussi froid que lorsque Le Pen y était, lui, arrivé. Bien que je trouve le premier immensément plus sympathique que le faux borgne, je m’en voudrais d’avoir pu participer à l’envoyer à une quelconque charge représentative, fût-elle celle de conseiller rural ((Je connais beaucoup de potes qui se présentent aux élections et que je trouve bien, mais je ne leur ferai jamais de promotion, de peur qu’ils soient élus… Ce qui arrive à certains, à mon corps défendant.)).

Pour autant que je sache -et je prétends en savoir un morceau-, nous ne pouvons pas envisager d’amélioration de la société “à petits pas” ou “par lobbying” ou par toute autre formule naïve de participation à un système qui, par essence, n’accepte de changer que pour que tout reste identique.

“Yes we can”, “Ensemble tout est possible” et autres “Ce serait pire sans nous” ne peuvent que vous plonger dans l’illusion systématique que les choses évoluent effectivement par les urnes ((Certaines expériences sud-américaines semblent contredire ce que je dis, mais ce sont des cas spécifiques qui mériteraient une analyse séparée. À la grande rigueur, on pourrait comparer l’émergence démocratique du Vénézuéla ou de la Bolivie avec l’Espagne pré-franquiste, mais c’est à la fois un jeu compliqué et un ensemble de cas de figures totalement en inadéquation avec les démocraties parlementaires classiques et qui ne peut en aucun cas servir de référence pour le “Premier Monde”.)).

Non, c’est la rue, c’est la pression, c’est la lutte, c’est la merde qu’on remue, c’est le pouvoir qu’on abolit, c’est la réquisition citoyenne, c’est la contestation de la légitimité des forces en place par leur dénonciation toujours plus originale qui peuvent changer les choses. Qui ont déjà plus d’une fois changé les choses. Qui ont même amené le Suffrage Universel, mais bon…

Consommation responsable, production alternative, grèves, boycott, occupations, livres, articles, même manifestations, et j’en passe, ont toujours fait bien plus pour la cause que de voter rouge (pas rose) ou vert. Il y a encore bien plus à faire, mais je sortirais temporairement de mon sujet.

Maintenant, si ça vous plaît tant que ça d’aller faire la file au printemps pour faire une petite croix dans une case…

Mais par contre, je ne me permettrais pas de juger du comportement de quiconque. Il est ancré dans bien des esprits que l’acte dit civique de se planquer trente secondes dans un isoloir fait partie de la démocratie: je m’en voudrais de vous culpabiliser parce que vous remplissez votre “devoir de citoyen”.

Si vous y croyez vraiment, j’espère que vous remplissez aussi bien votre feuille d’impôt et que vous vous garez toujours à plus de cinq mètres des clous.

Et que vous mettez les patins en entrant…

Je m’appelle terroriste

June 2nd, 2009

Je suis apparu il y a très longtemps.

Pour les Hittites, j’étais Égyptien, déjà. Et pour les Égyptiens, j’étais Hittite. Les Chinois me voyaient Mongol. Dans la Bible, je suis Philistin, adorateur du Veau d’Or, Cham, Onan, Sodomite, Ghomoréen…

Les Grecs m’appelaient barbare, les Romains m’ont glorifié sous les traits de Spartacus, des esclaves révoltés ou des Germains…

Mais je ne m’exprimais pas encore dans la pleine puissance de ma personnalité.

C’est au Moyen-Âge que j’ai connu mes plus belles heures. On m’appelait alors hérétique, sorcier (et plus souvent sorcière), païen, rouquin, juif parfois…

J’étais dolcinien ou je participais aux jacqueries. J’étais pastoureau, ou étudiant malfaiteur, je vivais dans la cour des miracles ou dans les bois, attendant le passant.

Non, je n’ai jamais été Robin des Bois. Celui-là se battait en définitive pour son roi…

Mais j’ai suivi Jan Hus, je lisais Érasme, j’écoutais parler Étienne de la Boétie, j’ai finalement accompagné Giordano Bruno jusque sur son bûcher… J’ai renié François d’Assise, aussi…

Si le Moyen-Âge m’a vu occuper bien des places, à la Renaissance, je me suis éteint, bousculé par les guerres de religion auxquelles je n’ai pas pris part. Trop d’imbéciles…

Plus tard, je me suis reconverti dans la contrebande et le banditisme: j’accompagnais Mandrin et Cartouche sur toutes les routes de France. je trafiquais de tout, je rançonnais les riches et parfois même je brûlais les châteaux.

Je finissais sur la roue ou écartelé…

Je troublais l’ordre public.

Je raillais la couronne.

Je me moquais des édits et des agents de l’État.

je détroussais et l’on dit aussi que je troussais… Mais bon…

Puis, il y a eu la politique, la nation, l’État, la République… Autant de choses qui ont changé ma vie.

Ou plutôt non… J’ai continué comme avant… J’étais voleur, brigand, vagabond, je suis devenu titi et apache… J’ai eu tant de nom… Je troublais toujours l’ordre public. Je méritais la prison. Je terrorisais les bonnes gens….

Ah, ça y est, voilà qu’apparaissait mon vrai nom…

Je terrorisais.

Et cela ne s’est pas amélioré avec l’avènement de l’anarchie, voyez-vous. C’est qu’il en a plu, des bombes, ah madame! Pas toujours tirées par moi, ça non, car il y en avait bien dix mille (pour commencer) dans chaque guerre pour une que je lançais au parlement ou dans les cafés bourgeois. Je tirais sur les magistrats et j’assassinais même parfois des artistos encore, ou un président de la république…

Mais c’était rare. Je n’étais qu’un amateur…

J’étais surtout attablé avec des copains, devisant sur la gréve générale, évoquant le monde de demain, de l’oisiveté, des barques sur la rivière et du Moulin de la Galette… Mais c’était déjà trop que de vouloir distribuer des journaux gratuits et de créer des communautés et des écoles ni républicaines, ni catholiques. J’étais terroriste, voyez-vous…

Je devais être guillotiné. Je l’étais.

Puis, je devins objecteur de conscience, féministe, tire-au-flanc, gréviste, syndicaliste, et même encore cambrioleur et monte-en-l’air… Avec Bonnot, je suis revenu à mes bonnes vieilles amours d’antan et pillais banques et richards…

Ça n’a pas plus, naturellement, tiens donc.

Je terrorisais les villes et les campagnes encore. Alors, pensez, quand je devenais végétarien, j’empirais encore. Surtout que, par contre, je refusais d’arrêter de boire et de fumer. Si je ne me droguais pas et que je n’assassinais pas les bébés dont je me gorgeais du sang. Ben tiens…

C’était ma période anarchiste. Ma première vraie période sous mon nom de terroriste

Mais j’en ai eu d’autres, et de plus étonnantes.

J’étais encore terroriste entre 1940 et 1945. L’histoire m’a retenu sous le nom de résistant, mais, à l’époque, on m’appelait terroriste.

Après la guerre, je me suis retrouvé dans les colonies. Je terrorisais les colons, dis donc. Puis sous les dictatures latino-américaines. Je terrorisais les journaux qui avaient accepté la censure des militaires. Bien sûr, j’agissais aussi en Espagne, en Grèce, au Portugal…

J’étais aussi actif en Irlande du Nord…

J’étais un terroriste. Je m’appelais terroriste.

J’ai continué à agir en Espagne… J’étais encore terroriste.

En Italie, en Allemagne, en France, même en Belgique, j’agissais… J’étais un terroriste… Je pouvais faire ce que je voulais, il me suffisait de ne pas condamner les agissements des autres terroristes pour en être un moi-même.

Ou bien j’étais contre les terroristes, ou bien j’en étais un.

Ça n’a pas changé d’ailleurs aujourd’hui. Ne sommes-nous pas tous Américains?

En Israël… Enfin, en Palestine… Enfin, en “Terre Sainte”, je suis encore un terroriste, même si, bon…

Et ce n’est pas fini. Je me suis étendu avec le temps. Je suis encore un terroriste dès que j’empêche un patron de sortir de son usine ou des travailleurs d’y entrer. Je suis un terroriste quand je tente de m’exprimer lors d’un sommet de grands chefs internationaux. Je suis même un terroriste pour certains quand je veux voter Morales en Bolivie ou Chávez au Vénézuéla…

J’ai noté d’ailleurs un truc: Spartacus, jacque, dolcinien, contrebandier, apache, anarchiste ou terroriste, je suis certes gênant parce que je veux vivre d’une autre manière que celle qu’on veut m’imposer, mais je suis surtout un bon prétexte pour fermer la gueule de ceux qui pourraient exprimer de la sympathie à mon égard.

Rendez-vous le 14 juillet…

Seringueiros

May 13th, 2009

Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…
Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…
Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…
Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…
Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…
Dernière nouvelle… Dernière nouvelle…

ici, à droite dans les Nouvelles et textes.

Juste rééditée… Merci Ju, Oise et Christo…

Publicité non-commerciale

May 9th, 2009

Taches de graisse ou de brûlures sur votre table de cuisine? Plaques chauffantes dégueulasses? Évier infect?

La solution: un vieux fond de café qui reste dans votre perco, vous l’étalez, passez une éponge et tout part en un clin d’oeil. Finis les détergents -ordinaires ou non…

Et au final: une odeur de café frais dans toute la cuisine…

C’était le conseil anti-consommation de la semaine…

Histoire de contribuer au refroidissement de la planète…

Note: ça marche vraiment hein!

Citant un vieil ami

May 8th, 2009

“Je préfère penser que croire.”

Xavier VdW -aujourd’hui.

(Paresseusement, je me permets de citer un de mes plus vieux amis, que je n’ai plus vu depuis plus de vingt ans. Salutations, Xavier!)

À tous les non-calotés de la Terre…

Promis, je reviens vite avec un nouveau post…

1er mai

May 1st, 2009

Juste pour vous souhaiter un excellent premier mai.

Travailleurs et non-travailleurs.

C’est tout…

Priorités mal à droite

April 30th, 2009

Je n’ai malheureusement pas vu le film de Paul Moreira sur le Dollaristan -entendez l’Afghanistan alimenté par l’héroïne traiditionnelle et la corruption financée par l’Occident-, mais j’en ai lu un petit compte-rendu dans le Canard Enchaîné du 22 avril dernier.

Parmi les nombreux flops rencontrés par le journaliste sur place, on compte celui des écoles prétendument réalisée par l’USAID ((organisme par ailleurs reconnu d’utilité publique par tous ceux qui ne supportent pas la vue d’un socialiste à moins de deux cent mille kilomètres, il est l’un des principaux organisateurs des troubles préputchistes dans de nombreux pays latino-américains, notamment.)) et dont le journaliste a pu vérifier la réalité:

“L’aide? dit le Principal. Ils ont construit un mur d’enceinte. Des toilettes. Les travaux se sont arrêtés là.”

De l’art de poser les priorités en matière scolaire: ce sont les murs qui encerclent l’école que l’on commence par poser, rien avant -et, ici, rien après.

-Maaaaaaiiiiiis, tu ne comprends pas: c’est pour éviter qu’on vole des trucs dans l’école qu’on commencer par les murailles.

Ben tiens: si vraiment on avait l’intention d’y accumuler des objets plus précieux qu’une règle en bois et un pot de craies de couleurs, ce ne sont pas les locaux qui risquaient de se servir sur la bête, mais bien les seigneurs de guerre qui règnent en maîtres absolus sur leurs petites portions de territoires -et, eux, ce ne sont pas des murs d’enceinte qui vont les arrêter.

Non, ceci est symptomatique de ce que, pour les autorités, pour l’idéologie dominante, représente ou doit représenter l’école: un espace clos, délimité, enfermé, détaché, soucieux d’enseigner, aussi bien aux enfants qu’aux parents, que les mondes productifs de savoir doivent être compartimentés, protégés, régulés, comme les mondes productifs de biens et de services, fondés sur la propriété et le profit.

Le parallèle avec l’usine et ses murs, le bureau et son service de sécurité, la prison aussi, est évident: l’école, loin de séparer l’enfant de la société, l’y intègre de force, le plonge dans la réalité de celle-ci, en lui en montrant ce qu’elle a de meilleur: l’enclosure.

C’est ainsi, chères têtes blondes, que vous produirez plus, plus vite et pour moins cher…

Ah, et en évitant de se bousculer dans les escaliers, s’il vous plaît…