… ou les chiffres qui font rire.
(oui, bon, c’est léger)
Il est intéressant de lire que le PIB mondial (à parité de pouvoir d’achat, ce qui fait toujours du bien de le dire) a pratiquement doublé entre 1995 et 2007, passant de 34,5 mille milliards de dollars, à 65,3 des mêmes unités ((source: FMI)).
Ce qui représente quand même pas mal de pognon ((J’espère que vous le sentez, amis Européens, que vous bénéficiez de deux fois plus de biens et de services qu’il y a quinze ans?))…
Surtout quand on sait que, rien qu’en 2008, les fonds de pension privés aux USA ont perdu 22 pour-cent de leur valeur, c’est-à-dire 5.300 milliards de dollars ((Source: Época, 19 janvier 2009, p. 36.)). Ce qui signifie qu’au début 2008, ils valaient (à vos calculettes) 24 mille milliards de dollars, autrement dit: plus de 35 pour-cent de la valeur du PIB mondial dans le même temps ((Au Royaume-Uni, les fonds de pension s’élevaient, selon un calcul similaire, à près de 5.100 milliards de dollars. Les fonds des deux puissances anglo-saxonnes accumulées totalisaient dont l’équivalent de près de 45 pour-cent du PIB mondial à même époque. Attention: ceci ne signifie pas du tout qu’ils détiennent 45 pour-cent du PIB mondial, puisque les valeurs de ces fonds de pension sont, disons,… voyons,… comment dire,… virtuelles?)).
Bien… Qu’est-ce que ça veut dire ça?…
Comme il a déjà été montré par ailleurs, la spéculation a tellement gonflé ces dernières années, que la valeur des avoirs financiers (boursiers ou non) ne représentait plus que des espérances totalement irrationnelles, qui n’ont plus rien à voir avec l’économie réelle, et même avec cette anomalie de l’esprit qu’est le PIB ((Théoriquement, cette chose représente la somme des valeurs de tous les biens et services finaux produits à l’intérieur d’un espace donné en un an. Bonjour le calcul réaliste, car 1) Il ne comprend que les données chiffrées en argent; 2) Il ne peut qu’évaluer la production clandestine, même chiffrée en argent. Bref, tout ce qui est économie familiale, informelle, conviviale, mais aussi tout ce qui passe par la criminalité (avant lavage d’argent) est exclu du PIB. Par nature ces économies sont difficiles à estimer, mais selon l’International Labor Office, ces chiffres osciellent entre 15 pour-cent pour les pays “developpés” et plus de 60 pour, vous savez, les “autres”.)).
Le problème, c’est que rien que les chiffres de l’économie dite réelle ne permettent plus à personne d’avoir la moindre prise sur ce qu’ils veulent dire. Il n’y a que les astronomes pour voyager avec un tel nombre de zéros avant la virgule. On a l’impression que les sorciers de l’économie tentent de calculer le nombre de fourmis qui colonisent le sous-sol de la planète.
Un autre chiffre absurde? Les USA ont accumulé 4.000 milliards de dollars de déficits commerciaux entre 2002 et 2007 ((source: CartaCapital, 4/2/2009, p. 61.)). Ceci parce que la croissance de leur propre PIB (exemplaire pour nombre des zozos qui commandent l’Europe jusqu’à il y a peu) tenait en grande partie sur une surconsommation basée sur l’endettement personnel.
Il est d’ailleurs amusant de se dire qu’en comparaison avec ces 4.000 unités sidérales, 2.000 autres sont tenues en réserve dans les banques chinoises et que ceux-ci sont les principaux créanciers des amerloques.
Bon, vous n’avez pas encore le vertige?
Vous n’êtes pas sans savoir que les deux paquets d’aide (sous forme de liquidités, garanties, crédits et autres petits cadeaux) aux banques américaines par l’administration Bush-Obama dépasseront les 1.500 milliards de dollars ((700 milliards du plan Paulson, déjà, et on prévoit un petit 800 milliards avec Obama.)). Vous savez sans doute aussi que les aides accumulées de l’ensemble des États accordées à leurs propres dévaliseurs (je veux dire: aux banques) totalisent 7.300 milliards de dollars, soit six fois le PIB du Brésil ((et, vous vous rappelez? l’économie du Brésil fait partie de celles où la moitié est encore dans le gris-noir.)) ou la moitié de celui des USA ((source: Época, op. cit., p. 84.)).
-Mais oui, mais il faut, thitho, tu comprends pas… Sinon, tu sais, le système… Il va se casser la…
Ah.
Ok.
Bon.
(Même si, personnellement, s’il se casse la gueule, le système, je ne suis pas sûr que je pleurerais…)
Un petit détail, en passant: ce genre de chiffres, ça ne vous donne pas envie de dire que c’est beaucoup de pouvoir dans les mains de pas grand’monde? Hm?
Et puis, dans le même temps, le vice-président du FMI, John Lipsky, a aimablement annoncé, lors du sommet de Davos, que ledit Fonds mettait à la disposition des pays “en voie de développement” 250 milliards de dollars qu’il tenait “en portefeuille”. Le Japon était d’ailleurs prêt à y ajouter 100 milliards ((source: José Fucs.)).
Tout de suite on se sent mieux: c’est le genre de chiffres qu’on comprend. Même si le délégué indien s’est fendu d’une réflexion qu’on pourrait traduire par “tu te fous de notre gueule.”
Ben oui, mais il faut bien rire un peu. En temps de crise, c’est tout ce qu’il nous reste…