Le hérisson révolutionnaire Le monde selon thitho

décembre 14, 2012

Filed under: lectures dispensables — tito @ 12:26 am

J. TARDI, Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag IIB, Casterman, 2012.

Jacques Tardi ne nous déçoit pas, même quand il se met en difficulté.

Plus de 160 pages de récits relatant l’histoire d’un soldat de la IIe guerre mondiale.

Ce serait peut-être banal ou juste un témognage intéressant si ce n’était pas le travail de Jacques Tardi, qui parvenait à nous toucher sur la Guerre de 14-18, à laquelle avait participé son grand-père; cette fois, c’est son père, servant d’un char Hotchkiss, capturé dès 1940, qui raconte à son fils dix ans de sa vie, de 1935 à 1945. René Tardi passera notamment plus de quatre ans dans un stalag allemand, sur la Mer Baltique. Un récit étonnant, présenté comme un dialogue entre le père prisonnier et son fils âgé d’une quinzaine d’années. Tardi s’est inspiré, pour reconstruire cette belle relation avec son père décédé depuis 1986, des cahiers que ce dernier avait rédigé pour lui quelques années avant de mourir.

Changeant de période, d’horizon, il n’est plus en France, ni aux alentours des années 1910. Son souci du détail, de l’information, mêlé à son sens de la mise en scène, de l’adaptation, nous offre plus qu’un reportage au sein du monde des prisonniers de guerre. Il prête également à son père ses vieux réflexes anarchistes -à moins qu’ils ne fussent authentiques-, ce qui n’est pas pour nous déplaire. A un détail près, Tardi ne cherche jamais à embellir ou à manipuler l’histoire pour nous la rendre. Il la dessine telle qu’il la lit.

Tardi, pour la première fois à ma connaissance, se déshabille lui-même et n’hésite pas à montrer la passion qu’il devait éprouver pour son père, une passion de petit garçon qui vécut ses premières années sans son père, d’un adolescent bouleversé par le caractère fermé, colérique de son paternel.

Le résultat, c’est probablement l’un des meilleurs opus (auquel ont participé ses enfants et sa femme) de ce géant sans Dieu, ni maître, comparable en vigueur à « Ici-même » et dans le souci de la reconstitution à « C’était la guerre des tranchées ».

Jacques Tardi, une fois de plus, n’a pas pu nous décevoir.

novembre 30, 2012

Dialogue des Maures

Filed under: délivre religion — tito @ 1:23 pm

%-Ah mais alors, vous êtes athée?

&-Pardon?

%-Vous êtes athée?!

&-…

%-Vous ne croyez pas en Dieu, n’est-ce pas?

&-Ah, non, pas plus en Dieu qu’en…

%-Oui, bon, vous ne croyez pas en Dieu, donc vous êtes athée.

&-Je ne sais pas, c’est vous qui voyez.

%-Vous êtes quoi alors?

&-Je suis rationaliste.

%-Comment? Pourquoi rationaliste?

&-Je suis rationaliste, ça veut dire que je base mon discours et ma pensée sur la raison et l’observation.

%-Mais moi aussi.

&-Ah? Alors vous ne croyez pas en Dieu non plus?

%-Mais si!

&-Ah bon? Comment vous faites?

%-Pardon?

&-Comment vous faites pour croire en Dieu en basant votre discours et votre pensée sur la raison?

%-Et bien, mais, comme Pascal ou Descartes, Voltaire, John Locke, aussi: la raison me sert pour tout ce qui est observable et me permet de douter de tout, sauf d’une chose: Dieu.

&-Ah, je vois. Donc Dieu existe?

%-Oui.

&-Pourquoi?

%-Ah ben, Dieu est cause de Lui-même, évidemment. Dieu est cause première et dernière.

&-Dieu existe parce que Dieu existe alors?

%-…

&-Je n’ai pas l’impression que ce soit très rationnel, ça.

%-Attendez-attendez-attendez: on *peut* être rationnel et croire en Dieu, non?

&-Ben, je ne sais pas, je me demande comment vous l’expliquez. Je veux dire, comment vous pouvez l’expliquer *rationnellement*.

%-Tout de suite les grands mots. Mais donc vous êtes athée.

&-Oui, bon, disons-le, je suis athée, puisque je n’ai pas le choix de l’appellation.

%-Comment ça? Ben si, vous pourriez choisir de croire en Dieu ou d’être agnostique.

&-Ah, j’ai le choix, alors?

%-Evidemment, vous êtes libre: Dieu vous donne le choix de croire ou ne pas croire.

&-C’est le libre-arbitre?

%-Voilà, c’est le libre-arbitre. Vous êtes libre de choisir la voie éclairée ou de plonger dans l’obscurité de l’ignorance.

&-Ah, vu comme ça… Mais donc j’ai le choix, alors?

%-Ah oui, vous avez le choix de prendre le bon ou le mauvais chemin. La lumière ou les ténèbres.

&-En connaissance de cause?

%-Ah oui, sinon, ce n’est pas un choix.

&-Ah parfait… C’est mieux comme ça… Mais… J’y pense… Quels sont les abrutis qui choisissent le mauvais chemin en connaissance de cause?

%-Et bien… Les orgueilleux… Les pervertis… Ceux qui sont tentés par le péché d’incroyance… Ceux qui refusent l’amour de Dieu… Ceux qui refusent de craindre Dieu…

&-Attendez, attendez, là, j’ai un problème…

%-Lequel?

&-Et bien, si je choisis en connaissance de cause, cela signifie que je choisis de croire en Dieu ou non en sachant que Dieu existe, non?

%-…

&-Quand vous me dites que j’ai le choix de croire ou de ne pas croire en Dieu en connaissance de cause, ça signifie que j’ai le choix de croire ou non en Dieu en sachant que Dieu existe…? Ou non?

%-…

&-J’imagine mal le contraire. Donc, un athée, selon cette idée, c’est quelqu’un qui sait pertinemment que Dieu existe mais qui choisit de ne pas croire en Dieu?

%-…

&-Je vous sens dubitatif, là. Douteriez-vous de quelque chose?…

%-…

&-Je plaisante… En tout cas, maintenant, vous voyez peut-être pourquoi je n’aime pas beaucoup l’appellation d’athée. Lorsque vous me dites “athée”, vous me définissez par rapport à un concept que vous avez adopté -Dieu- et sur lequel, en un sens, je n’ai pas envie de me prononcer, mais vous voulez que je me prononce. Imaginez qu’un type vienne me dire que le Père Noël est à l’origine de toute chose, il faudrait que je me définisse aussi comme apèrenoël… Ca ne vous paraît pas un peu lourd?

%-…

&-A propos, vous êtes apèrenoël?

(généralement, c’est alors que commencent les imprécations du genre « agressif », « mécréant », « enfer », « pas de dialogue possible »… Parfois, c’est beaucoup plus tôt…)

novembre 27, 2012

La preuve que Dieu n’existe pas n’est pas obligatoire…

Filed under: délivre religion — tito @ 1:13 pm

… Il suffit de montrer que Dieu n’est pas nécessaire…

Or, la théorie de l’évolution et le principe anthropique permettent de montrer comment le monde que nous connaissons a pu prendre naissance, se développer et évoluer jusqu’à ce jour. A l’instar de Laplace, nous pouvons dire que nous n’avons pas besoin de l’hypothèse de Dieu pour expliquer l’existence du monde. Est-ce suffisant? Cela ne le sera jamais à ceux qui ont besoin d’une cause, d’une raison.

Mais, comme Dawkins le montre abondamment dans son livre « Pour en finir avec Dieu »1, l’hypothèse de Dieu, destinée à donner une raison d’être à notre présence plutôt qu’à notre absence bute sur une aporie: pourquoi y’aurait-il un Dieu plutôt que rien? Qui a conçu le concepteur? C’est le coup du mythe indien qui pose que la Terre repose sur une tortue qui repose sur une tortue qui repose sur une tortue….

Donc, Dieu ne justifiant rien, il n’est pas nécessaire. S’il n’est pas nécessaire, rien ne nous oblige à considérer cette hypothèse. Toute personne désirant inclure Dieu dans une théorie scientifique doit donc en montrer la pertinence par des faits et observations scientifiques. A ce jour, rien ne permet de s’en approcher. La théorie du « dessein intelligent », aussi subtile puisse-t-elle paraître, achope elle aussi sur la justification de l’existence de Dieu -Pourquoi un Dieu plutôt que rien?

Il reste que beaucoup de travail reste à faire pour parvenir à convaincre la plupart des gens de la justesse de cette position, à commencer par la mise en mots à la fois intelligente et accessible des faits corroborants la théorie de l’évolution et le principe anthropique appliqué au Cosmos.

Ce principe explique l’existence d’une planète susceptible d’accueillir la vie (la Terre, par exemple) par l’énorme quantité de planète existante dans l’univers connu. Même s’il est très très improbable que la vie apparaisse sur une planète, le fait qu’il existe une quantité énorme de planètes permet d’obtenir une probabilité finalement très grande de conditions permettant l’apparition de la vie sur une planète -à commencer par la nôtre. Cette théorie peut également s’appliquer sur les lois régissant l’univers (et notamment aux constantes de l’univers permettant aux lois de la physique et de la chimie d’avoir une chance de développer la vie.

Quant à la théorie de l’évolution, aujourd’hui corroborée par des millions de scientifiques ayant observé des milliards de faits étalés dans des disciplines aussi différentes que la biologie, la géologie, l’archéologie, la physique, la chimie, l’éthologie, et j’en oublie certainement, elle n’attend qu’une chose: que l’on montre qu’elle ne fonctionne pas. Un grand généticien de la première moitié du XXe Siècle, défié par un popperien borné de dire comment l’on pourrait réfuter la théorie de l’évolution, marmonna cette réponse restée fameuse: « Des lapins fossiles dans le Précambrien. » Le Précambrien remontant largement avant les dinosaures, il devrait être impossible de trouver un lapin dans une couche géologique de cette période. Cette phrase est restée tellement célèbre qu’il y a même eu des tentatives de fraude à son endroit2.

La génétique et l’établissement de ses lois permettent également de conforter la théorie de l’évolution. L’observation des chaînes de mutation menant à des impasses d’un côté -les plus fréquentes-, à des stades d’évolution plus adaptés d’un autre -les plus rares-, nous permet de montrer comment, depuis l’apparition de la vie, il y a près de 4 milliards d’années, elle a pu évoluer jusqu’à aujourd’hui -et comment, contrairement à ce que prétendent les créationnistes, cette évolution de la vie est longue, très variée et ne répond pas du tout aux assertions bibliques. Le simple fait qu’il a existé des millions d’espèces qui se sont éteintes, que les espèces actuelles sont généralement très récentes, est déjà un signe évident que la « création » est un joli mythe qui n’explique plus rien. Par ailleurs, l’évolution par mutation génétique montre qu’il n’y a pas d’intention dans les mutations, mais simplement une série gigantesque d’accidents qui donnent une infime proportion de succès. Ce qui mène Hawkins à dire qu’un athée a toutes les raisons de se réjouir d’exister et aucune de se lamenter de mourir, car nous sommes les bénéficiaires d’une probabilité extrêmement ténue de pouvoir considérer le monde pendant un temps très réduit, et pourtant suffisamment long pour en apprécier les plaisirs.

A cet égard, une chouette expérience -qui n’est pas démonstrative, mais illustrative- à faire est la suivante: prenons une phrase bien déterminée, assez longue, et une quantité importante de personnes qui joueront le rôle des étapes de l’évolution.

Un premier cobaye prononce la phrase à trois autres cobayes, une seule fois, sans se répéter et sans l’écrire. Le premier cobaye représente le porteur d’un gène qui se reproduit, les 3 autres la première génération de ses successeurs. Ces trois membres symbolisant la 1e génération répéteront la phrase une fois et sans la répéter à, respectivement, trois nouveaux cobayes, qui représenteront donc, à 9, la 2e génération. Et ainsi de suite; à la 3e génération, ils seront donc 27 et à la 4e 81. A la 5e, il faudrait qu’ils soient 243. Au total, l’expérience nécessiterait déjà 364 personnes, à ce stade. Idéalement il serait bon de la poursuivre le plus loin possible, jusqu’à la 10e génération. On peut envisager l’expérience autrement, en se contentant de 2 successeurs à chaque fois, ou alors de partir avec une 1e génération de 10 membres qui ne transmettent leur « gène » qu’à un successeur chaque fois. Cette version de l’expérience n’aurait besoin que d’une centaine de cobayes pour 10 générations. Rien ne nous empêche de produire les deux versions de l’expérience.

L’idée ensuite est que l’on enregistre chaque version du gène transmis pour en observer l’évolution, par les changements accidentels survenus dans la phrase. On suppose que pour que le gène continue de fonctionner et permette à son porteur de « survivre », de « s’adapter », la phrase continue de signifier quelque chose de cohérent. Il est fort probable que dans certains cas la phrase reste exactement telle qu’elle était à l’origine. Dans d’autres, elle aura évolué de manière incohérente -probablement que les porteurs successifs du gène s’en seront émus, mais qu’importe pour notre objectif. Ce qui est intéressant, c’est de voir la quantité et la qualité de ces mutations. Enfin, parmi les mutations, certaines porteront peut-être à une phrase -qui serait pour les besoins de notre expérience le phénotype d’un gène- qui restera cohérente, tout en étant différente de celle d’origine. Ceci illustrerait à une échelle minuscule et de manière très parcellaire à ce qui se passe dans l’évolution. Il faudrait multiplier ce phénomène par le nombre de gènes susceptibles d’évoluer au sein d’un être vivant qui se reproduit, mais aussi par le nombre d’individus se reproduisant, par le nombre d’individus reproduits et enfin par le nombre de génération étendu sur une certaine période. Par cette expérience, les participants pourraient prendre la mesure de la puissance de la théorie de la mutation génétique accidentelle dépourvue de toute intention.

On pourrait aussi réaliser des variantes de cette expérience en mettant les éléments de la chaîne sur une seule ligne et pousser jusqu’à cent, deux cents, trois cents générations. Ou faire comme le propose Dawkins dans son livre de remplacer la phrase par un dessin ou un origami compliqué.

Une école serait à cet égard un excellent lieu où accomplir cette expérience, soumise à un protocole très sérieux, et dont les résultats pourraient envisager une publication. Rien qu’en en évoquant la possibilité, je me demande si cela n’a pas déjà été réalisé.

Dawkins évoque cette expérience, non encore faite par lui, pour montrer la pertinence du principe de l’évolution par mutation dans un autre domaine: la culture. Je trouve l’idée très jolie quoique je ne puisse l’apprécier dans sa subtilité, ne l’ayant pas étudié plus avant. Cependant, intuitivement, elle me paraît juste, ou tout au moins exploitable pour la plus grande joie de nos esprits scientifiques.

  1. Le livre roboratif et efficace de Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, est paru en français chez Robert Laffont, en version de poche dans la collectin Tempus. []
  2. Voir http://www.talkingsquid.net/archives/133 par exemple. []

octobre 6, 2012

Genova 2001 – Ragazzi, ragazze…

Filed under: Arezzo,discussions piquantes,politopics — tito @ 3:30 pm

Ceci est la traduction de l’italien d’une lettre reçue en ce début de mois d’octobre d’un très cher ami bolognais.

Très chers amis,

J’essaierai de n’être pas trop long. Ces derniers jours furent publiées les motivations de la sentence de la Cour de Cassation qui confirmait les peines infligées aux 18 « serviteurs » de l’Etat, condamnés pour divers délits, depuis la violence aggravée jusqu’à la fabrication de fausses preuves destinées à couvrir les arrestations illégales de dizaines de manifestants de la boucherie de l’école Diaz [à Gènes].

Vous aurez pu lire que la Cour de Cassation, loin d’être un club anarchiste, a qualifié cette boucherie de très grave événement ayant atteint non seulement aux déjà très misérables garanties démocratiques de ce pays, mais également à l’image même de l’Italie en tant que pays démocratique.

La sensibilité de chacun le mènera à considérer le silence assourdissant de la politique institutionnelle dans les confrontations de ces mots et de la dissumulation omertienne de toutes les forces face à l’embarrassante permanence de De Gennaro (qui était alors chef de la police et caution morale de la boucherie DIAZ) au poste de sous-secrétaire à la Présidence du Conseil.

ndt: Pour information sur De Gennaro:
http://it.wikipedia.org/wiki/Giovanni_De_Gennaro

Je ne sais qui de vous se trouvait à Gènes en ces journées [de juillet 2001]. J’y étais, moi, le samedi de la Diaz, avec trois cent mille autres individus et je n’en oublierai pas facilement l’ambiance. Derrière chaque coin de rue, nous rencontrions un autre groupe de brutes casquées armées de boucliers, de matraques et de badges, qui ne regardaient personne en face. La seule chose sensée à faire était de tenter de trouver la fuite entre les lacrimogènes, la foule, les matraques et le sang sur les trottoirs.

Outre les lacrimogènes et les matraques, ce jour-là, les brutes utilisèrent une arme bien plus dangereuse: les vidéocaméras. Sur la digue qui dominait la plage de Gènes, sur les hélicoptères qui vibrillonnaient comme des frelons, sur les camionnettes utilisées par les carabiniers comme de béliers dans la foule, il y avait des caméras. Ces caméras ont servi à identifier ceux que certains qualifieraient de violents. Ceux qui brisèrent des vitrines de banques, ou qui montèrent des barricades avec les précieux containers à ordure de la ville, ou qui osaient relancer les lacrimogènes en direction de ceux qui les avaient envoyés. Grâce à elles, des dizaines de ces personnes ont été condamnées pour dévastation et saccage (délit prévu par le code fasciste, même pour qui -a confirmé la Cour de Cassation- n’a eu qu’un rôle de « co-participation psychique »), peine confirmée en Casssation de 8 à 15 (quinze) années de prison. Le geste le plus violent qu’ont commis ces 10 personnes fut de détruire une vitrine… Les condamnés de la Diaz, qui ont mis une personne dans le coma, ont provoqué des dommages irréversibles à deux personnes et brisé quelques os, ont été condamnés à des peines allant de 3 à 5 ans. Perugini, le bon Perugini, dont certains se souviendront sur la photo où on le voit frapper un garçon de 17 ans, un garçon maintenu fermement par d’autres policiers, et bien son affaire est prescrite.

voir ici par exemple: http://veronacritica.blogspot.be/2008/03/reduci-di-bolzaneto-promozioni-go-go.html

Aujourd’hui, j’ai découvert que l’on a réactivé l' »assistance légale » pour les événements de Gènes. On récolte des fonds pour soutenir les personnes (deux) déjà incarcérées et toutes celles qui furent frappées par une répression légale qui, je ne cesserai de le dire, touve ses bases dans le code pénal fasciste. Personnellement, j’y ai contribué, et fondamentalement, je vous écris pour trois raisons:

1) si vous ne connaissez pas Gènes 2001, ça vaut la peine de vous informer;

2) si vous pouvez donner quelque chose, outre la valeur monétaire, vous ferez ressentir à ces personnes qu’elles ne sont pas abandonnées;

3) faites circuler l’information parce que Gènes est une plage purullente d’où s’est disséminé le cancer de ce pays.

Dans le fonds, à Gènes, il y avait des gens qui contestaient un pouvoir qui, peu après, allait déclencher deux guerres et jeter le monde dans une crise comparable à celle de 1929. Une crise qui est en train de détruire l’existence au profit d’un système destiné de toute façon à disparaître.

Merci

piero cavina

http://www.supportolegale.org/

http://www.buonacausa.org/page/donate/380

PS faites tourner!

version originale:

Carissimi,

cercherò di non dilungarmi troppo. E’ di questi giorni la pubblicazione delle motivazioni della sentenza della Cassazione che confermava le pene inflitte a 18 « servitori » dello stato condannati per svariati reati, dalla violenza aggravata fino alla fabbricazione di prove false per coprire gli arresti illegali di decine di manifestanti della mattanza della scuola Diaz.

Avrete letto che la Cassazione, non un circolo Anarchico, ha definito quella mattanza come un gravissimo evento lesivo non solo delle già deboli garanzie democratiche di questo Paese, ma dell’immagine stessa dell’Italia come paese democratico.

La sensibilità di ognuno di voi lo porterà a cogliere l’assordante silenzio della politica istituzionale nei confronti di queste parole e l’omertosa latitanza di tutte le forze di fronte all’imbarazzante permanenza di De Gennaro (l’allora capo della polizia e mandante morale del macello DIAZ) come sottosegretario alla Presidenza del Consiglio.

Non so chi di voi era a Genova in quelle giornate. Io c’ero il sabato della Diaz assieme ad altri trecentomila e difficilmente dimenticherò quel clima. Dietro ogni angolo ci potevi trovare un gruppo di violenti, caschi, scudi, manganelli e distintivo, che non guardavano in faccia a nessuno. L’unica cosa sensata da fare quel pomeriggio era cercare una via di fuga tra i lacrimogeni, la calca, i manganelli e il sangue sui marciapiedi.

Oltre ai lacrimogeni e ai manganelli quel giorno i violenti hanno usato un’arma molto più letale: le videocamere. Sul terrapieno che sovrasta il lungomare di Genova, sugli elicotteri che ronzavano come calabroni, sulle camionette usate dai carabinieri come arieti tra la folla, c’erano le videocamere. Videocamere che sono servite a identificare i così detti violenti. Certo gente che ha anche spaccato vetrine delle banche, o che ha fatto barricate con i preziosi cassonetti genovesi, o che addirittura osava rilanciare i lacrimogeni verso chi li aveva tirati. Ora dieci di queste persone sono state condannate per devastazione e saccheggio (reato previsto dal codice fascista anche per chi – cassazione dixit- attua una « compartecipazione psichica »), a pene confermate in Cassazione da 8 a 15 (quindici!) anni di carcere. Il massimo gesto violento che hanno commesso queste 10 persone è stato spaccare una vetrina… i condannati della Diaz, che hanno mandato in coma una persona, due hanno subito danni irreversibili e rotto parecchie ossa, sono stati condannati a pene tra i 3 e i 5 anni. Il buon Perugini, quello che molti ricorderanno nella foto mentre sferra un calcio a un ragazzino di 17 anni tenuto fermo da altri poliziotti, ha avuto la condanna prescritta.

Oggi ho scoperto che si è riattivato « suportolegale » per i fatti di Genova. Raccolgono fondi per sostenere le persone (due) già incarcerate e tutte quelle colpite da una repressione legale che, non mi stancherò di dirlo, trova i fondamenti nel codice penale fascista. Personalmente ho donato, e fondamentalmente vi scrivo per tre motivi

1) se non conoscete Genova 2001, vale la pena di informarsi
2) se potete donate qualcosa che, oltre al valore monetario, farà sentire a quelle persone di non essere state abbandonate
3) fate circolare l’informazione perchè Genova è una piaga purulenta dalla quale è partita la cancrena di questo paese

In fondo a Genova c’era gente che contestava un potere che da lì a poco avrebbe scatenato due guerre e gettato il mondo in una crisi paragonabile solo a quella del 29. Crisi che sta triturando esistenze a beneficio di un sistema destinato comunque al collasso.

Grazie

Piero

http://www.supportolegale.org/

http://www.buonacausa.org/page/donate/380

PS fate girare!!

septembre 14, 2012

Syriana II

Filed under: délivre religion,politopics — tito @ 12:04 pm

Les anarchistes, parce qu’ils ne font pas confiance aux Etats, parce qu’ils savent que ceux-ci n’agissent que dans l’intérêt de leurs classes dirigeantes, ne peuvent cautionner le « devoir d’ingérence », les « guerres humanitaires », et toutes ces interventions qui prônent la défense des droits de l’homme et l’imposition de la démocratie dans des pays la plupart du temps oubliés avant les campagnes de préparation des populations aux mouvements de troupes et, surtout, après le passage d’icelles au-dessus des cadavres des pays un temps concernés par les éditorialistes et les nouveaux philosophes.

Les anarchistes peuvent comprendre que certains s’organisent, se forment en brigade d’intervention à l’instar de celles auxquelles ils contribuèrent en 1936 pour tenter de sauver l’Espagne de l’oubli des mêmes démocraties qui aujourd’hui s’arrogent des droits exhorbitants. Quand ces brigades horizontales se forment, ce sont les mêmes qui prônent l’intervention et qui se battent. Généralement, lorsqu’un éditorialiste, un ministre appellent à l’intervention, ce sont des ploucs du bas-peuple qu’il envoie au combat, pas son fils, ou ce sont des mercenaires ou des fous de Dieu qu’il arme… Cela, les anarchistes ne peuvent pas le comprendre.

Les anarchistes ne renvoient cependant pas dos à dos les tyrans et les rebelles ou prétendus tels; ils restent lucides sur la réalité de gouvernements qui ne sont pas d’émanation populaire -mais lesquels le sont?-, cependant ils ne se posent pas en juges de l’extérieur, et luttent déjà sur le sol où ils se trouvent contre les injustices produites dans leurs frontières, luttent pour le droit des hommes à se déplacer librement, balaient devant la porte des gouvernements de leurs régions -ou alors, s’ils estiment devoir intervenir ailleurs, ils le font eux-mêmes, en pleine connaissance de cause, pour aider des populations qui les ont convaincus de venir, et non pas des chroniqueurs ou des généraux en mal d’exercice.

Cependant, dans de nombreux cas, les anarchistes, et moi le premier, s’estiment surtout incompétents pour parler de la plupart des régions du monde. Ils ne se prétendent pas spécialistes parce qu’ils ont fait trois sauts de puces quelque part, qu’ils ont partagé le quotidien de dix personnes sur place ou qu’ils se sont retrouvés « embedded » d’un côté ou de l’autre d’un conflit.

En tout cas, c’est ainsi que je vois les anarchistes.

Bahar, mon ami Bahar, n’est pas un anarchiste, ou alors pas publiquement -pas vrai, Bahar?-, mais j’ai la faiblesse de lui faire confiance au moins sur deux sujets qui lui tiennent à coeur. Et ces sujets sont la Turquie et la Syrie. Et si je lui fais confiance, c’est parce que Bahar veut réellement ce qu’il y a de mieux pour les autres comme pour lui-même, parce que ce genre de choses-là, on l’apprend en connaissant Bahar. Aussi, je vous propose de lire les lignes suivantes qui sont de sa main. Histoire de faire un peu contre-poids au discours de guerre ambiant.
(Seuls les mises en évidence et un intertitre ne sont pas de lui; je ne partage pas nécessairement toutes les expressions utilisées par lui, ni certaines conclusions, mais il ne me viendrait pas à l’idée de changer une ligne de son ensemble)

Stop à l’intervention occidentale en Syrie

Jadis, l’Occident menait la Guerre Sainte pour répandre le christianisme et la civilisation. Aujourd’hui, la religion nouvelle s’appelle « droits de l’Homme », « démocratie » ou « protection des civils ». Au nom de ses valeurs et de ses intérêts, l’Occident, Etats-Unis en tête, ne recule devant aucun sale coup : financement de groupes d’opposition et de filières terroristes, désinformation, opérations psychologiques (Psyops), livraison d’armes, formation de mercenaires, actions de sabotages et de déstabilisation, embargos et sanctions, attentats ciblés, attentats aveugles et au besoin, bombardements massifs.

Si la Syrie est aujourd’hui dans la ligne de mire de nos Etats, ce n’est certainement pas parce que le régime maltraite ses opposants. Nous avons vu en effet comment nos élites pouvaient faire preuve de compassion et d’indulgence envers leurs alliés régionaux qui ne sont pas moins violents comme le régime de Tel-Aviv, celui d’Ali Abdallah Saleh au Yémen, de Ben Ali en Tunisie, celui des Saoud au Royaume du même nom ou celui des Al Khalifa au Bahreïn.

D’abord, la Syrie paie le prix de son attachement à sa souveraineté nationale. C’est le dernier pays arabe capable de résister au courant néoconservateur qui déferle avec le soutien de l’Occident sur les pays de la région à la faveur du « printemps arabe ».

Ensuite, la Syrie subit des représailles pour son insoumission à Israël. L’alliance stratégique que Damas a tissée avec l’Iran et les organisations de la résistance libanaise et palestinienne est un crime grave et sans appel aux yeux de nos élites. Officiellement en état de guerre avec Israël, l’Etat syrien est de surcroît doté de la dernière armée arabe capable de résister à la superpuissance de Tsahal.

Tous les mémorandums altruistes de l’Occident sur la Syrie ne servent qu’à dissimuler ces deux réalités. Pour se rendre compte de l’imposture humanitaire, est-il besoin de rappeler l’aveu d’Henry Kissinger, ancien secrétaire d’Etat sous le président Ford, affirmant que « les grandes puissances n’ont pas de principes, seulement des intérêts » (cf. Georges Soros, On Globalization, New York Review of Book, 2002, p. 12)?

Nous aurions bien voulu croire que la mission de nos élites soit de répandre le Bien. Mais nous pensons avoir le droit d’être sceptique quant aux intentions et aux moyens mis en œuvre en Syrie par ceux-là même qui nous avaient tant promis l’avènement de la démocratie en Afghanistan, en Irak ou en Libye.

La Libye pour ne citer que cet exemple a curieusement disparu de nos écrans-radars alors que les milices y font régner la terreur et procèdent à une épuration ethnique et religieuse méthodique. Des dizaines de milliers de prisonniers politiques accusés de loyauté envers l’ancien régime et d’émigrés subsahariens croupissent dans plusieurs prisons secrètes. Ces détenus sont quotidiennement torturés et parfois assassinés dans l’indifférence générale. Tous les jours, des attentats sont commis par des inconnus et des règlements de compte opposent des bandes rivales. Les tombeaux des saints considérés comme « hérétiques » sont détruits un à un sous le regard bienveillant des nouvelles forces de « sécurité » (cf. De Morgen, 30 août 2012). Bref, la Libye est en pleine voie de « somalisation ».

Depuis dix-neuf mois, un feu destructeur ravage la Syrie. Affirmer que ce feu est alimenté par la seule intransigeance et la seule brutalité du pouvoir syrien est parfaitement malhonnête. Car ce feu n’est ni une nouveauté ni exclusivement dû à des facteurs intérieurs. Ce feu est en effet entretenu sous forme de guerre larvée par les puissances occidentales depuis la libération de ce pays en 1946 du joug français. Soucieuse de restaurer leur tutelle sur la Syrie, ces puissances coloniales ont indirectement contribué à la militarisation de ce pays en soutenant la création et l’expansion d’Israël (1948) ainsi que toutes les pétromonarchies du Golfe dont le discours religieux sectaire s’avérait utile face au panarabisme prôné entre autres par l’Egypte de Nasser et la Syrie baassiste.
En avril 1949, pour établir leur hégémonie sur la Syrie et soulager Israël, les USA ont soutenu le coup d’Etat du colonel Za’im.
En 1957, soit bien avant l’avènement de la Syrie d’Hafez el-Assad, l’axe américano-britannique a planifié d’assassiner trois dirigeants syriens jugés trop pro-soviétiques (cf. Ben Fenton, The Guardian, Macmillan backed Syria Assassination Plot, 27 septembre 2003). A l’époque, tous les plans de renversement du régime baassiste ont été envisagés par la CIA et le SIS (MI-6) : organisation de troubles, appels à l’insurrection, création d’un « Comité Syrie Libre », armement de l’opposition, « activation des Frères Musulmans à Damas ». Bien naïf serait celui qui nierait la similitude entre cet épisode de l’histoire syrienne et la situation actuelle.

Désinformation

Revenons un moment sur le traitement de l’information à propos des événements récents.
A partir de mars 2011, profitant de l’agitation naissante dans le pays, nos experts en communication ont exagéré le poids de l’opposition et l’ampleur de la violence d’Etat tout en minimisant le réel soutien populaire dont dispose le gouvernement de Damas ce que d’ailleurs l’ambassadeur de France en Syrie Eric Chevalier n’a pas manqué de reprocher à son ministre Alain Juppé. On nous a sciemment caché la militarisation d’une partie de l’opposition syrienne et la présence de groupes terroristes s’infiltrant depuis le Liban, une réalité pourtant constatée dès le mois d’avril 2011 par des journalistes d’Al Jazeera, la chaîne qatarie. La censure imposée par le patron d’Al Jazeera alias émir du Qatar sur les événements qui révéleraient la conspiration anti-syrienne a contraint ces journalistes à faire « défection » pour utiliser un terme que l’on nous sert toujours à sens unique.
Qui plus est, à vouloir dénoncer systématiquement la propagande de l’Etat syrien, la presse mainstream occidentale a soit gobé soit alimenté la propagande de l’opposition radicale allant jusqu’à déguiser des massacres de soldats ou de civils par des terroristes en « crimes de la dictature » comme à Jisr-Al-Choughour (juin 2011), Houla (mai 2012), Deir Ez Zor (mai 2012) ou Daraya (août 2012).
On peut en conclure que l’Occident mène au moins une guerre psychologique contre la Syrie.

Est-il cependant raisonnable de croire que l’Occident n’est pas militairement engagé dans ce pays ?

En automne de l’année dernière, lorsque le gouvernement syrien a appelé les conjurés à déposer les armes, Victoria Nuland, porte-parole du département d’Etat US, a sommé ses protégés syriens de désobéir. Parallèlement, les agents de la CIA et leurs acolytes européens ont incité les soldats syriens à passer dans les rangs d’une armée de mercenaires placée sous commandement de l’OTAN par le truchement de l’armée turque.
Sans surprise, les QG de l’Armée syrienne libre (ASL) installés au Hatay accueille désormais des terroristes du monde entier désireux d’en découdre avec les Syriens patriotes accusés d’être des « infidèles » à la solde de « l’ennemi chiite ». Ces terroristes y reçoivent une formation militaire, des armes, des pick-up surmontés de fusils-mitrailleurs, des MANPAD (systèmes portatifs de défense anti-aérienne) et des appareils de communication performants.
« Nous avons surtout récupéré des roquettes RPG9 puisées sur les stocks de l’armée saoudienne » jubile un rebelle dans les colonnes du Figaro (28 juin 2012) qui ajoute « Elles ont été acheminées par avion, jusqu’à l’aéroport d’Adana, où la sécurité turque a surveillé les déchargements avant de savoir à qui ces roquettes allaient être destinées ». Petits détails: l’armement saoudien est essentiellement américain et la base turque d’Adana dont parle le terroriste, est la base américaine d’Incirlik.
L’Occident s’est longtemps défendu de fournir des « moyens létaux » aux terroristes alors que des agents du Service fédéral de renseignement (BND) croisant au large de la Syrie transmettaient des informations concernant les mouvements des troupes syriennes aux services britanniques et US pour qu’elles parviennent aux rebelles (cf. Bild am Sonntag, 19 août 2012).
Selon le Sunday Times, les services britanniques basés à Chypre ont eux aussi aidé les insurgés à mener plusieurs attaques.
Le fait d’indiquer à ces derniers à quel moment et quel endroit ils doivent tirer sur les troupes syriennes ne revient-il pas de facto à participer militairement au conflit ? L’Occident semble donc loin d’être neutre et habité par de louables intentions. En cette époque de crise et de récession, il peut même se targuer de mener une guerre low cost dans laquelle les seules victimes sont des Arabes.

En rappelant ces faits, notre but n’est absolument pas de minimiser les responsabilités du gouvernement de Damas dans la terrible répression du mouvement de contestation syrien, les crimes d’Etat commis au nom de « la paix et la sécurité », le degré de corruption de certains hauts fonctionnaires de l’Etat, la cruauté de ses services de renseignement, ni l’impunité dont ils ont trop longtemps bénéficié. Tous ces facteurs internes de la tragédie syrienne font partie des éléments déclencheurs de la légitime révolte populaire lancée en mars 2011.

Nous réitérons au passage notre profonde indignation face au degré de violence du conflit syrien et souhaitons que le peuple syrien puisse accéder à l’improbable démocratie à laquelle il aspire légitimement.

En soulignant le rôle de l’Occident dans la militarisation de l’Etat syrien, nous tenons avant tout à renouveler cet avertissement à ceux qui croient en « la libération » du peuple syrien par la voie des armes : au-delà du caractère illégitime de l’action de nos pompiers pyromanes, celle-ci a pour seul résultat l’augmentation de la souffrance de ce peuple et entraîne inexorablement l’humanité dans une aventure aux conséquences que nul ne peut aujourd’hui mesurer.

Les show médiatique d’un Laurent Fabius qui appelle au meurtre du président syrien (en déclarant qu’il ne mérite pas de vivre), celui d’un Didier Reynders qui vient de plaider au sommet de Paphos pour « le devoir d’ingérence » en Syrie ou les déclarations scandaleusement violentes de l’administration Obama ne font que précipiter l’humanité vers ce chaos.

Hier -au nom du respect de la souveraineté des peuples, de l’humanisme et de la paix-, nous, avons dénoncé l’invasion de l’Afghanistan sans pour autant éprouver de sympathie pour les Talibans. Nous avons manifesté contre l’invasion de l’Irak sans pour autant défendre le président Saddam Hussein. Nous avons protesté contre l’ingérence occidentale en Côte d’Ivoire sans être des laudateurs du président Laurent Gbagbo. Nous nous sommes indignés de l’implication occidentale dans la guerre civile libyenne sans adorer le dirigeant Kadhafi. Et aujourd’hui, nous nous insurgeons contre l’intervention militaire en cours en Syrie sans pour autant être des partisans du président Bachar El-Assad.

Constatant que la destruction de la Syrie ne profite qu’à ses ennemis de toujours, conscients que seules les initiatives prônant la paix, le dialogue et la réconciliation pourront offrir une alternative digne et viable au peuple syrien, nous appelons tous les véritables amis de la Syrie à condamner l’ingérence de nos dirigeants dans les affaires intérieures de ce pays.

Dans le cadre du lancement de notre campagne pour la paix, le dialogue et la réconciliation en Syrie, nous appelons à protester contre l’ingérence militaire occidentale par un rassemblement devant l’ambassade des Etats-Unis à Bruxelles le mardi 25 septembre à partir de 18 heures.

Pour le Comité contre l’ingérence en Syrie (CIS)
Bahar Kimyongür

comitesyrie@hotmail.fr

septembre 10, 2012

Ze Marché of ze Nations

Filed under: économie mon amour,politopics — tito @ 10:34 am

Après Johnny, le « Johnny national » des Français et des Belges, qui fut pourtant longtemps plus étatsunien qu’autre chose, c’est au tour d’un autre pauvre privilégié de la vie de venir demander la nationalité belge, un certain Bernard Arnault, l’homme le plus riche d’Europe, LVMH-man, l’un de ces hommes qui murmurent à l’oreille des présidents, tous partis confondus.

Dans le Canard Enchaîné de cette semaine, page 4, le non-lecteur de la Tribune ou des Echos apprend qu’il pourrait bien devenir moins intéressant pour un Français de mourir en Suisse, à partir de 2014, car le pays par excellence de l’évasion fiscale (bon, avec le Luxembourg, les Iles Caïmans, Gersey, le Liechtenstein, Monaco, Andorre, et une bonne cinquantaine d’autres destinations amusantes) pourrait en venir à taxer les successions comme en France suite à un accord avec son grand voisin.

En Belgique, une information sur un possible arrangement entre la Suisse et la Belgique concernant le secret bancaire et la taxation de capitaux discrets de certains de nos compatriotes a fait un petit buzz cette semaine. Mais comme Reynders n’est plus ministre des Phynances, il est possible que le côté un peu trop « One shot » de l’affaire, porteur électoralement, ne séduise pas tout le monde -mauvais joueurs!

Et on ose dire que le système n’est pas libéral

Qu’est-ce que le libéralisme, sinon la possibilité pour le consommateur de choisir à son gré le produit qu’il désire sur un marché ouvert, en fonction du prix, des conditions, des contraintes? Si je veux acheter une voiture, sur un marché libre, en effet, je dois considérer son prix, ses qualités propres, ses défauts, mais aussi les conditions de vente: la garantie qui l’accompagne, par exemple, mais également les conditions de financement ou les conditions de reprise, bref, plein de choses.

L’intervention des Etats dans ces conditions joue aussi: il arrive que, pour relancer l’économie, un Etat décide de réduire temporairement une taxe sur un produit (le carburant par exemple) ou de proposer de meilleures conditions de reprise de véhicules anciens. Le consommateur averti -et dans un marché libéral idéal, le consommateur est averti- profitera de ces moments également. Donc, le temps devient aussi un facteur à considérer sur le marché de la consommation. Quelque part, l’Etat étend le marché libéral au-delà de l’espace, dans le temps1. Le « lieu » du marché avance dans la quatrième dimension.

Avec la mécanique quantique et la théorie des cordes, qui sait où le marché s’arrêtera…

Ceci pour rappeler que l’Etat, loin d’être un obstacle au libéralisme, en tant qu’acteur agissant sur le marché (que le consommateur, comme le producteur, le distributeur, le vendeur, doit considérer), au contraire, l’entretient, fait jouer les axes de la loi de l’offre et la demande. Geindre sur l’Etat sous prétexte qu’il serait un frein au marché est de la dernière des hypocrisies. Au contraire, l’Etat augmente les facteurs de décision, propose des arguments dynamiques au marché lorsque celui-ci a trop tendance à s’endormir.

C’est l’Etat qui ouvre les vannes de l’immigration, quand les entrepreneurs ont besoin de main-d’oeuvre corvéable et d’un matelas de chômeurs officiels, ou qui les ferme, non pas tant pour réduire ce matelas que pour clandestiniser les nouveaux arrivants pour des raisons aussi économiques que politiques.

C’est aussi l’Etat qui relance les investissements, par le jeu des Partenariats Public-Privé ou par les guerres qu’il provoque un peu partout dans le monde. Sans l’Etat, toute une série de grands chantiers n’auraient pas vu le jour, car le privé, qui aime la sécurité, n’aurait pas osé les entreprendre. Ce qui explique aussi le jeu de balancier entre les privatisations et les nationalisations qui, loin d’être purement idéologiques, suivent également des trajectoires mercantiles, l’Etat intervenant plus souvent lorsque les acteurs privés n’en peuvent mais, ou qu’ils ont besoin d’un coup de pouce par manque de capitaux -après tout, une nation, c’est un très, très vaste capital disponible et qu’il n’est pas inintéressant d’exploiter, mais… il ne faut pas que ça se voie trop…

C’est aussi l’Etat qui joue des coudes pour favoriser -ou non- les entreprises « nationales » (expression bien comique quand on sait que le capital se fiche des frontières), dans un souci certes électoral, mais surtout parce que l’Etat, en tant que facteur agissant sur l’économie, est le lieu d’un marché d’influences très important: avoir un pied, un bras, ou plus, au sein du législatif, ou mieux de l’exécutif, c’est, après tout, un actif au sein de son capital, c’est, pour une entreprise, aussi important que d’avoir des liquidités disponibles ou des biens immobiliers.

Lorsqu’une nation propose de meilleures conditions de vie aux grandes fortunes de ce monde, celles-ci se posent la question: vaut-il la peine de m’exiler pour rejoindre d’autres foyers? Autrement dit, l’investissement de l’ensemble des formalités, en plus du déménagement sera-t-il amorti par les avantages que je trouverai en traversant la frontière et en m’installant à Bâle ou à Uccle? C’est exactement ce genre de raisonnment que se font ces grandes fortunes, et c’est exactement ce genre de raisonnement que l’on se fait lorsqu’on hésite entre conserver sa bonne vieille guimbarde qui consomme un peu trop ou acheter le dernier outil technologique à consommation hybride (qui, par ailleurs, ne préservera guère plus l’environnement que si on avait gardé la vieille, mais nous sortons du sujet). Si vous n’avez pas de voiture, reportez le même raisonnement sur vos récentes hésitations concernant tel outil de communication -téléphone portable, netbook, tablette, que sais-je? C’est exactement la même idée: la France, pour Bernard Arnault, c’était à ses yeux un gros portable en bout de course, et il a décidé de s’offrir la dernière tablette, parce qu’au fond, son utilisation lui reviendra moins chère.

En quoi sortons-nous des principes du libéralisme?

Eclairez-moi, car je ne vois pas…

  1. Oui, je sais, le temps était *déjà* une dimension économique sans l’Etat, oh, on chipote. []

août 21, 2012

Quand il est mort le *POUET*

Filed under: Uncategorized — tito @ 1:31 pm

Guy Spitaels est mort…

Quelques réactions à chaud?

Elio Di Rupo: « J’espère qu’il sera incinéré avec ses dossiers. »

Didier Reynders: « Moi aussi. »

Paul Magnette: « Qui? »

Nietzsche: « Allons donc, ça fait longtemps que Dieu est mort. »

Staline: « Spitaels? Combien de divisions? »

Wall Street: « Spitaels? Combien de points au Bel20? »

Guy Coeme: « S’il n’en reste qu’un, je serai celui-là… »

Charles-Ferdinand Nothomb: « Ah non, c’est moi. »

Paul Magnette: « Qui? »

André Cools: « Le pauvre n’est même pas mort de mort naturelle, comme Michel ou moi… »

Wilfried Martens: « La Flandre a perdu… Pardon, la Belgique… Non, pardon, la Flandre a perdu un ami. »

Charles Picqué: « Bruxelles aussi. »

Rudy Demotte: « La Wallonie aussi… oui, oui… D’ailleurs on va sûrement faire un truc à Namur. Ou alors à Ath. »

Paul Magnette: « Où? »

Thierry Giet: « A Ath! ».

Dernière minute: Le PS de Charleoi et le PS de Liège ont tenu à marquer leur accord exceptionnel sur le sentiment qui les anime à l’occasion de la mort de Guy Spitaels.

juillet 31, 2012

Limites et anarchie

Filed under: discussions piquantes — tito @ 3:35 pm

La liberté totale n’existe pas; elle exigerait que nous soyons sans limite, éternels, que notre jugement soit sûr et profond, bref que nous ne puissions être que parfaits, à l’instar d’un dieu chrétien.

Par l’absurde, cette définition nous entraînerait dans la plus complète détermination en ce que, parfaits, nous ne pourrions produire que du parfait -ce qui, à l’évidence, ne fut pas le cas d’un dieu chrétien, mais passons.

Par l’absurde encore, cette définition de la liberté totale impliquerait que nous ne puissions être nous, je veux dire multiples, plusieurs, nombreux,…

En suite de quoi, nous ne pourrions être des individus, puisque les individus ne le sont qu’au sein de groupes, ne le sont que par opposition au nombre, au pluriel, au multiple.

La liberté totale, si elle est impossible, serait-elle souhaitable? Il semble que Sade nous montre le contraire: par liberté totale, nous entendons la possibilité pour son détenteur de faire à l’autre ce qu’il veut. Pour autant qu’un instant de fureur ou de méchanceté le frappe et les destins de Sodome et Gomorrhe ressembleront à des plaisanteries.

Qu’est-il d’ailleurs besoin de se tourner vers des exemples bibliques ou des références littéraires pour le montrer? Il suffit de rappeler la capacité d’hommes au quotidien pour montrer combien ils peuvent abuser de leurs prochains. Si ces capacités sont loin d’être générales, elles touchent suffisamment de nos semblables pour que nous soyons autorisés à nous protéger des Mussolini, des Sharon, des Schneider, des Empain, des Rockfeller, mais aussi de tous leurs valets, des Eichmann, des Finkelstraus, des Thiers, des Friedman ou des Lincoln.

Notre souci doit être de cultiver la liberté tout en questionnant les devoirs de limites que nous devons malheureusement lui imposer. Cette limite réside dans la capacité de nuire.

La capacité -c’est le maître mot.

Nous ne pourrons jamais tout à fait empêcher un être humain de s’emparer d’un couteau, mais nous pouvons l’empêcher d’armer un escadron, ou même une escouade.

Nous ne pourrons jamais tout à fait empêcher un père de subjuguer ses enfants, mais nous pouvons lui retirer le pouvoir d’hypnotiser des foules.

Nous ne pourrons jamais tout à fait empêcher un mari de tuer sa femme sans prévenir, mais nous pouvons l’interdire de faire croire qu’elle l’a mérité.

Tout ce que l’accumulation des richesses permet aux détriments de certains, de quelques-uns ou d’une immensité, nous pouvons l’empêcher.

Il suffit d’empêcher la possibilité d’entasser des biens et de les capitaliser.

Et alors, il ne restera plus à chacun que le droit de hurler alentour de soi.

Et ce sera bien tout.

Et l’écho lui répondra.

Et nous serons libres parce que nul ne le sera totalement.

juillet 13, 2012

L’utopie, non; le désir…

Filed under: discussions piquantes,politopics — tito @ 10:59 pm

Je compte, en lisant le livre de Barjavel, Le Voyageur Imprudent, à combien de misères s’évalue ma joie de pouvoir contempler mon fils, rond et rose -je veux dire le contraire de faible et malade, comme l’histoire a porté la toute grande majorité des humains à ce jour. Naïveté, non; capacité de flouter ma conscience par moments, lorsque je ne la confronte pas à la lucidité de tels travaux -comme d’autres… J’aurais pu prendre Fallet, Proudhon, Camus, bien d’autres…

Nous possédons tous les outils aujourd’hui pour renverser les inexorabilités de la nature -celles que consacrent les darwinistes sociaux -manger ou être mangé -vaincre ou périr, et qui semblent justifier à leurs yeux toutes les bassesses envers le reste du genre humain pour entasser le plus possible de biens dans des forteresses imprenables. Nous pouvons mettre ces outils à la disposition de tous en quantité égale, histoire de permettre à chacun d’obtenir une chance plus ou moins égale de rechercher un bonheur fugace et léger sur Terre avant l’obscurité totale. Mais ce que nous possédons, une minorité considère juste de se l’accaparer.

Que retardent-ils, sinon le passage dans l’éternité de l’oubli? Aussi, accumulent-ils des quantités effarantes de souffrances pour de futiles instants que l’on peut compter en années, en décennies, qu’on comptera peut-être en un peu plus que cela dans quelques temps -À quoi bon? Ces sursis sont minables, ce qui les permet méprisables.

Abolissons la possibilité d’encercler les biens qui permettraient de soulager la plus grande partie des souffrances de l’humanité (avant, qui sait, d’aborder celles du monde); abolissons la propriété privée, mais aussi celle de l’État; abolissons les privilèges, les verticalités, les « grands hommes », qui ne seraient rien sans tous ceux qui les ont portés -à tort et dans l’ignorance-; abolissons les limites iniques à la recherche du bonheur que sont les frontières, les hiérarchies, les serrures, les codes et les videurs.

En anarchie, il y aura toujours des secrets, des trahisons, des coups dans le dos: on ne sera pas meilleurs pour autant, mais les enjeux seront tellement moins importants… Impossible pour un crétin de déclencher une guerre, d’accumuler les moyens de former une armée, de « prendre possession » de terres, d’usines, de femmes… Il y aura toujours des crimes, c’est vrai, on imagine mal un monde sans Othello, même si Iago n’aura plus de raison d’être… Les motifs des racismes, des nationalismes, des impérialismes auront cependant disparu… J’ose affirmer que le temps de deux générations l’aura montré.

Des luttes d’ego? Certainement. Mais impossible de les étendre à grande échelle, puisque ces échelles n’existeront plus. Des combats de coqs? Eh oui, mais ils devront se débrouiller sans poulailler. Peu à peu, les femmes et les enfants apprendront qu’ils n’appartiennent pas à leurs pères; et les contrats n’existant plus, nul ne pourra prétendre aux petits caractères…

Il y aura toujours des disettes, des carences, des maladies, des épidémies, mais elles ne seront pas organisées et nul ne pourra profiter, spéculer, détourner, éluder, marchander, sacrifier, emmagasiner, confisquer, mégoter, ergoter, louvoyer, escamoter, banquer, voler, emprunter, s’approprier, légiférer, reporter, emporter, déporter, rapporter, dénoncer, étatiser, nationaliser, multinationaliser, privatiser, sécuriser, limiter, autoriser, comptabiliser, minauder, militariser, évincer, dépasser, gratter, grignoter, siphonner, emmurer, amonceler, évincer, juger, administrer, admonester, attribuer, convoiter, bref, démutualiser, décollectiviser, désindividualiser, sans que nous ne lui tombions sur le dos en lui en rappelant l’impossibilité, l’inanité, l’iniquité, l’inhumanité.

Au moins l’inhumanité telle que nous aurons redéfini l’humain.

juin 27, 2012

L’inertie est de droite

Filed under: discussions piquantes,politopics — tito @ 10:36 pm

Je ne voudrais pas que l’on s’imagine ce texte « de circonstance », suite aux dernières élections françaises ou à l’apparition d’un nouveau machin dans le spectre des partis en Belgique francophone. La réflexion en est beaucoup plus structurelle, bien plus liée à une réalité historique, une forme de constance, une logique malheureusement vigoureuse.

Le scénario du monde n’est pas un scénario de solidarité, d’émancipation, de mieux-être général et individuel. La tendance lourde, celle des directions nationales et internationales, va dans un sens général autoritaire, élitiste, mercantile. La droite mène le monde par le rapport de force, parce que le rapport de force ne peut que profiter, par définition, aux plus forts, et que les plus forts, fatalement, ce sont avant tout ceux qui capitalisent, autrement dit des habitués de la droite. Ce raisonnement peut s’étendre par ailleurs vers les grandes organisations non-étatiques, telles que les ONGs et les syndicats, mais aussi, évidemment, les entreprises.

Dois-je nuancer ? Bien sûr : il existe des personnes sincèrement de gauche dans tous les espaces dont je viens de parler, des personnes qui, à tort ou à raison, estiment faire œuvre utile et de gauche au sein de ces entités -y compris dans les entreprises-, et sinon ouvertement de gauche, humaniste, solidaire, compassionnelle, émancipatrice -donc, de gauche, bien qu’elles refusent de le reconnaître.

Si l’on définit la gauche par la promotion d’une plus grande, d’une plus large émancipation, d’une solidarité plus forte et étendue, d’une vision plus horizontale de la gestion, tant locale que globale, il y a beaucoup d’individus qui se disent de gauche et ne le sont pas, comme il y en a beaucoup qui refusent de se dire de gauche, et le sont pourtant.

Mais s’il y a bien une chose qui empêche d’être de gauche, c’est l’inertie. Avoir des idées de gauche, penser à gauche, se dire de gauche, ne suffit en aucune manière pour l’être. Être de gauche réside dans l’action, dans le faire, dans l’opposition à l’inertie, car l’inertie est de droite. Dire, mais ne rien faire, ou en tout cas ne rien faire dans le sens de la gauche (de l’émancipation, de la solidarité, de l’horizontalité), c’est en réalité faire le jeu de la droite, et donc être de droite. Parce que faire -ou ne pas faire- dans le sens de la droite catalogue à droite.

Globalement, les partis sont de droite, ou tendent vers la droite dès qu’on en néglige les principes, les bases de gauche. Si le tribun peut être de gauche, le césarisme est de droite, et donc l’héroïsation, la personnification du pouvoir (méfions-nous des tribuns dès qu’ils sortent de leur rôle) est de droite ; la confiscation du pouvoir au sein d’un parti par un petit groupe ne peut que rappeler l’aristocratie, et l’abandon des beaux principes de rotation des élus, par exemple, est clairement un réflexe de droite qu’il s’agit de combattre si l’on est sincèrement de gauche -qu’importe les résultats immédiats ! -qu’importe les visions tactiques !; les concessions estimées nécessaires, les compromis permettant une politique des petits pas, ces concessions étant sacrificielles de droits ou d’intérêts de gauche, ne permettant pas une amélioration générale des principes de gauche, sont à proscrire, car il ne sert à rien d’avancer d’un pied à gauche, si l’on cède à droite de l’autre côté -la souffrance, la répression, l’oppression des uns ne peuvent être compensées par la diminution de celles des autres ; ainsi, les solutions globales, venant d’en haut, des échelons élevés, estimant ne pas pouvoir tenir compte des réalités de terrain, sont également des visions droitières, même si ceux qui les mènent s’estiment sincèrement de gauche.

On peut ainsi dessiner des visions, non pas manichéennes, mais tendancielles, de gauche et de droite, avec des destins dont les trajectoires politiques se croisent, se perdent dans leurs actes. Il est d’ailleurs possible d’être qualifié alternativement de gauche ou de droite suivant ses positions dans des domaines différents. Mais, au total, celui qui estime pouvoir se retrouver au centre, modéré, nuancé, fait le jeu de la droite, car il va dans le sens de la chute, de la gravité politique, qui est de droite, alors que la gauche est le sens de l’effort, du vol, de l’ascension. Sans vouloir jouer d’une image eschatologique paradis-enfer, l’idée de considérer la droite comme la solution de facilité et la gauche comme celle du travail nous autorise à cette métaphore de l’envol, de la poursuite vers la lumière. Coupons la métaphore ici, je m’en voudrais qu’elle puisse permettre d’évoquer une opposition du genre « consommation d’énergie de gauche – paresse de droite », la gauche se retrouvant plus souvent dans l’économie de l’énergie et la droite dans la surproduction et la croissance.

Mais donc, ne baissons pas les bras, tant que nous conservons le crédit d’énergie de notre jeunesse ou de notre expérience, la capacité de choisir, la liberté de refuser. Soyons de gauche, et donc agissons comme tels.

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