Ceci n’est pas une maladie sexuellement transmissible (svp)

May 15th, 2008

Je découvre progressivement (et je traduis au fur et à mesure des extraits de) la vie des Sans-terre brésiliens… Je découvre notamment que leur mouvement est plutôt jeune. Il n’est que lointainement apparenté à celui des Ligues Paysannes des années 50, par exemple, même si, hein, bon, mais quand même…

Et donc, premier extrait, pour vous, en primeur en français:

La rencontre de Cascavel, fondation du Mouvement des Travailleurs Sans-Terre (MST) au Brésil, 1984,

d’après Sue Branford et Jan Rocha, Rompendo a cerca, a história do MST, Casa Amarela, São Paulo, 2004, p. 42-43.

“Après trois jours de débat intense (après avoir notamment parlé avec les représentants de l’Église et ceux des syndicats et du PT, dont le jeune Lula, ndt), les principes du nouveau mouvement furent établis: il sera conduit par les travailleurs sans-terre eux-mêmes, indépendamment de l’Église, des syndicats et des partis politiques; il sera ouvert à toute la famille; il sera un mouvement de masse. Quatre objectifs furent définis: lutter pour la réforme agraire; lutter pour une société juste, fraternelle et pour la fin du capitalisme; inclure les travailleurs ruraux, locataires, métayers et petits agriculteurs de la catégorie des travailleurs sans terre; et garantir que la terre soit à qui travaille dessus et à qui vit d’elle.
“Prises en commun, les décisions de la rencontre de Cascavel montrèrent que, même à ce stade si précoce, les sans-terre essayaient, consciemment, de créer une organisation différente de tout ce qui existait alors au Brésil. À la différence des mouvements ruraux antérieurs (comme les fameuses Ligues Paysannes, qui dans les années 50’ avaient lutté pour les droits des travailleurs ruraux pauvres du Nordeste dans le contexte du mouvement syndical), les sans-terre voulaient fonder une organisation totalement indépendante. Ils croyaient encore être différents des Occupants (posseiros *) de l’Amazonie, qui luttaient exclusivement pour le droit de rester sur la terre qu’ils occupaient depuis plusieurs années. Les sans-terre se voyaient comme un nouveau type de travailleurs exploités –des personnes expulsées de leurs champs par la modernisation de l’agriculture- et, ceci étant, estimaient avoir besoin d’un mouvement qui leur soit propre, avec des objectifs spécifiques. Ils pensaient que la lutte pour la terre faisait partie d’un mouvement révolutionnaire plus large, pour en finir avec l’exploitation et garantir une justice pour tout le monde. Une vision utopique qui motivait principalement son appel vers les pauvres et les exclus.”

Traduction copyleftée du Hérisson

À suivre, donc… Bientôt un nouvel extrait.

PS: * posseiros: si quelqu’un a une meilleure traduction, je suis preneur.

septante

May 12th, 2008

Histoire de se faire une idée de mes lectures récentes…

On notera qu’aussi bien Boris Vian (qui compte dans l’Écume des jours le nombre de musiciens -septante-trois- au mariage de Chloé et Colin) que Proust (dans À l’ombre des jeunes filles en fleurs) utilisent le terme de septante plutôt que soixante-dix en certaines occasions. Peut-être chez Proust cela a-t-il un rapport avec un décompte biblique. Dans le chapitre “Autour de Mme Swann”:

“Mme Verdurin n’en était pas encore à la période d’incubation où on suspend les grandes fêtes dans lesquelles les rares éléments brillants récemment acquis seraient noyés dans trop de tourbe et où on préfère attendre que le pouvoir générateur des dix justes qu’on a réussi à attirer en ait produit septante fois dix.”

(phrase courte du sieur Marcel)

Dans le sketch “Le douanier“, Fernand Reynaud fait dire à l’étranger du village: mille neuf cent septante-deux.

D’après le site Wikipedia, les mots septante et nonante ont une histoire française également.

“C’est au XVIIe siècle, sous l’influence de Vaugelas et de Ménage, que l’Académie et les autres auteurs de dictionnaires ont adopté définitivement les formes soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix au lieu de septante, octante, nonante. Pourtant, les mots septante, octante, nonante figurent dans toutes les éditions du Dictionnaire de l’Académie française. Encore conseillés par les Instructions officielles de 1945 pour faciliter l’apprentissage du calcul, ils restent connus dans l’usage parlé de nombreuses régions de l’Est et du Midi de la France, ainsi qu’en Acadie.”

C’est intéressant, hein?

100.000 morts par jour… jusqu’à hier

May 8th, 2008

Ils appellent ça les commodities

Ça fait plus chic. Ou alors, et je crois que c’est la bonne explication, ça permet d’éviter de se prendre la tête avec la conscience au moment de poser ses ordres de vente et d’achat, à trop penser que ce sur quoi on spécule et fait du profit, c’est des matières premières agricoles, autrement dit les trucs bizarres qui sortent du sol et qui empêchent les Haïtiens, les Camerounais et les Afghans de mourir de faim… d’habitude.

Moins maintenant.

Jean Ziegler, rapporteur spécial de l’ONU pour les questions de faim dans le monde, tire depuis des années le cordon de la clochette d’alarme (y’a pas le modèle corne de brume à l’ONU) comme un frappé: ça va nous péter à la gueule, ça va nous péter à la gueule. Déjà, jusqu’à hier cent mille personnes décédaient tous les jours des suites de carence alimentaire ou de faim.
Cent mille.
Tous les jours.
Et ça, c’était hier.
(Et donc meurent 6 millions d’enfants de moins de 5 ans par an)

Aujourd’hui, sous prétexte que
1) les spéculateurs n’arrivent plus à faire du profit sur les marchés technologiques, sur l’immobilier (cf. le scandale des subprimes) et autres gadgets dont les conséquences ne sont finalement que secondaires (emploi, misère sociale, confort, pression salariale, expulsions) et qu’il y a du blé à se faire sur le froment;

2) les voitures doivent continuer à consommer leur ration journalière de carburant, mais qu’il est temps de passer à autre chose et, ô surprise, elles peuvent aussi s’enfiler des huiles de colza et du jus de maïs –ah ben oui, tant pis, c’est d’autant moins de bouffe pour Dilma, Youssouf et Mohammed, ou alors ils n’ont qu’à travailler plus pour gagner plus de fric, et puis voilà;

3) les ajustements libéraux promus par le FMI et la Banque Mondiale dans les pays en développement, si, si, c’était de bonnes choses (mais pour qui exactement? Pour le commerce qui merde de partout? Pour les États déresponsabilisés? Pour les anciennes métropoles, les propriétaires de terrains, les spéculateurs et les multinationales de vente de semence et de chimie amusante? en tout cas pas pour les agriculteurs du tiers-monde, et pas non plus pour leurs collègues du Premier Monde), même si maintenant ils s’en mordent un peu les doigts –mais juste un peu, et pas question de réclamer des renationalisations, oh, on n’est pas des communistes, quand même;

4) le dollar est si bas qu’il fait l’humilité;

5) les Chinois et les Indiens sont entrés sur le marché de la consommation internationales et que ces petits salauds, tels des Amerloques et des Britons, veulent manger de la viande trois fois par jour (enfin, on va commencer par trois fois par mois, mais ils sont tellement nombreux…), et que donc ça va diminuer d’autant les surfaces agricoles, sauf qu’en même temps ces sales bêtes, il faut bien qu’elles bouffent, donc ça va augmenter d’autant les surfaces agricoles, j’espère que vous avez suivi;

6) il faudra bien trouver d’autres raisons pour s’ingérer dans les politiques internes des pays qui prétendent ne plus être colonisés;

Pour toutes ces raisons, donc, 850 millions de personnes sont directement menacées par la faim en ce moment même.

Là.

Maintenant.

Quand vous lisez ces lignes.

Parce que spéculer sur les “commodities” est ce qu’ils ont trouvé de plus rentable, de plus sûr, en ce moment.

(Au passage, ça arrange super-bien le Brésil qui est exportateur net de ces trucs-là… C’est vous dire si on en parle, ici)

Le problème, c’est que les chiffres sont devenus tellement énormes qu’ils ne siginifient plus grand-chose dans l’esprit du francophone moyen qui a accès à internet. Surtout s’il pense aux difficultés qu’il va avoir ce mois-ci à payer sa facture de téléphone portable.

De même, on aura beau accumuler les différents émoluments, salaires, défraiements, appointements, traitements, honoraires, jetons de présence, et autres rémunérations que cumulent les élites de nos nations, aussi bien publiques que privées, quand on découvre les pointes icebergiennes de leurs frais de bouche, faux-frais, notes de frais et autres avantages plus ou moins frais, on ne peut s’empêcher de soupirer d’aise à l’idée que ce ne sera pas à nous de déclarer tout cela au fisc. Ni à eux, d’ailleurs, bien souvent…

Les chiffres devraient dire quelque chose pourtant.

Jean Ziegler ne sera bientôt plus là (on ne le lui souhaite pas, mais il ne rajeunit pas, le pauvre) pour marteler qu’un gosse meurt toutes les cinq secondes –de faim. Et que demain, ce sera toutes les quatre secondes. Ou toutes les trois…

(À écouter encore ici, sacré Jean)

L’idée cependant que la résolution à court, moyen et long terme de ce problème serait que nous consommions moins d’à peu près tout (y compris de viande et de tabac, de vin, de bière et de fromage, de sauces, de truffes et de chocolat, et même de café… Non, pas de café… Ah ben, si de café aussi, merde…) pour que d’autres puissent s’empiffrer d’une poignée de grains de riz et d’un bol de gruau d’avoine en plus d’une papaye au dessert, cette idée ne fait pas encore son chemin dans l’esprit de la toute grande majorité –de la quase-totalité des gens du Premier Monde.

L’idée que nous devrions habiter plus près de notre travail, ou que nous devrions partager notre voiture, ou même l’abandonner (et non pas la revendre pour en acheter une moins polluante) et prendre le train et le bus, le taxi en cas de nécessité, plutôt que de penser à coupler notre moteur au gaz ou au biocarburant, l’idée que nous devrions mettre un pull quand il fait seize degrés et pas monter le chauffage (une idée qui m’avait marqué dans des petits tracts dessinés par Franquin quand j’avais dix ans), que nous devrions repenser à toute cette énergie que nous faisons voyager sur des milliers de kilomètres, plutôt que de transformer nos usines au charbon en usines au tourteau, ces idées-là non plus ne font pas encore beaucoup de petits dans nos têtes. Pourtant elles commencent à prendre de l’âge, ces idées.

Lorsque le Brésil est critiqué pour vouloir se faire un peu de beurre sur les bagnoles à l’éthanol (ici à la canne à sucre), on oublie un peu vite que, d’une part, c’est nous qui consommons l’énergie qu’ils vont produire, d’autre part, ce que fait le Brésil (déboiser, pâturiser, chimiser, rendementiser, irriguer, désertifier, exil-ruraliser, bidonvilliser, etc.), l’Europe et les USA l’ont déjà fait au cours des trois derniers siècles et qu’on devrait commencer à reboiser avant de les montrer du doigt, qu’enfin le plus gros brûleur de nourriture (du maïs), c’est déjà, c’est encore les USA…

De même que l’on craint l’arrivée sur le marché de deux milliards et quelque d’Indiens et de Chinois qui voudraient se gaver de filet mignon, de bordeau rouge et de Roquefort Société, mais ils sont encore très loin, en chiffres absolus comme en chiffres relatifs, de titiller les statistiques des héritiers dorés de l’ère de l’industrialisation. Je veux dire: nous…

Et youpie! Vive Adam Smith, vive von Mieses, vive Friedman!

Et puis vive Ricardo, un peu plus pessimiste, quand même

it’s christmas in heaven…

May 3rd, 2008

Un jour,

Toutes les économies de tous les pays seront formidables.

Toutes les dettes seront remboursées ou stabilisées.

Le commerce sera vraiment libre et équitable.

La concurrence sera loyale, les prix conformes à la loi de l’offre et de la demande et la satisfaction de chacun rencontrée.

Chaque région du monde cultivera ses propres compétences et l’excellence de sa population.

Les entreprises pourront se développer harmonieusement et les travailleurs choisir leur emploi.

Les subventions et les taxes douanières auront disparu.

Le commerce aura apporté la paix dans tous les pays et toutes les balances commerciales seront positives.

Et même, les entrepreneurs, les actionnaires, les patrons associeront le souci de la rentabilité à celui des conditions de travail des employés et de l’impact environnemental de leur production.

Le rêve d’Adam Smith.

On échangera du vin du Portugal contre des draperies d’Angleterre, quoi…

Youpie…

Vous n’avez pas un peu l’impression qu’on se fout de votre gueule?

(Nota: Imaginez un instant, déjà, que toutes les balances commerciales soient positives, et revenez me voir après…)

Rome, ville fermée

May 1st, 2008

C’est pas que la victoire de Rutelli aux élections municipales de Rome m’aurait plus réjoui que ça: je n’en aurais pas parlé.

Mais qu’Alemanno, vieux facho, se soit emparé des rênes de la “Ville ouverte” de Rossellini et qu’elle revienne entre les mains des héritiers de Mussolini, ça la fout un peu mal, quand même…

Décidément, la démocratie, ça marche du tonnerre de dieu, ces derniers temps…

Georges Jacobs, baron -vu par l’Écho

April 29th, 2008

Le meilleur journal de Belgique (francophone), et c’est peu dire. L’Écho ne mérite ce titre que parce que les autres sont pires, voilà tout.

Je m’amusais, ce 23 avril, à regarder le petit reportage consacré à Georges Jacobs, jeune retraité de la charge de Président du CA d’UCB, sans doute réalisé par un gembloutois tout frais sorti d’un quelconque double cocon universitaire et familial et récemment promu sur le site en ligne du journal.
Vous le trouverez ici:
http://lecho.be/echotv/?id=FzB41e_P_6E

On commencera par les qualités:
-sobriété dans la présentation: l’Écho peut se permettre de ne pas faire dans le pétaradant imbécile, ses lecteurs ne sont pas là pour les paillettes de Naguy.
-c’est tout…

C’est tout parce que le reste est nul. La diction du journaliste est pauvre, son texte minable, l’introduction de son sujet ridicule, le baron inintéressant:

1) “Président du conseil d’administration de Delhaize, (Jacobs) entend rebondir dans le monde des PME.”

Je veux bien que tous les journalistes ne sont pas Proust, mais il y a des limites à la construction bancale de phrase. Commencer par un apposé au sujet en évoquant la présidence du CA de Delhaize pour balancer l’intérêt du gars pour les PME, il y a de quoi lever les sourcils. Répétez-vous la phrase tout haut, si vous n’êtes pas convaincus.

2) “L’occasion de revenir avec lui sur les moments difficiles que traverse UCB.”

Suit un peu plus loin le discours de Jacobs, ex-Président du CA, qui commence par un lapidaire:
“D’abord je voudrais vous dire que, heu, il y a un si haut (sic) responsable de l’entreprise (Jacobs parle probablement du pauvre Roch Doliveux) et je préfère que… J’ai d’ailleurs le respect des… des… des choses, c’est que c’est à lui de répondre à ce genre de questions.”

Donc en gros: je ne dirai rien…

Néanmoins (parce qu’on a son petit orgueil, tout de même, ndé), comme la réponse pour moi est tellement évidente, je vous la donne. Il n’y a rien pour moi de fondamental qui ait changé à UCB. Nous avons aujourd’hui certains problèmes qui se sont traduits par le recul du cours de l’action; c’est des problèmes d’agenda, de timing (…) Je fais pleinement confiance (…) (au) management (d’UCB).”

Il aurait gagné en efficacité en se contentant de dire: “Je laisse une entreprise dans la merde, le coeur en paix et le portefeuille intact.”

3) “C’est toujours des mixed-feelings (sic et avec l’accent de chez nous) quand on quitte une situation (comme la mienne).”

Il est beau, le rhéteur, quand même. Ce n’est d’ailleurs pas facile de reproduire ses citations, parce qu’il commence beaucoup de phrases sans les finir…

Genre:

“Mais il est clair que, un, j’ai la satisfaction d’un travail accompli…”

Jacobs connaît ses poncifs…

“…Qu’il est temps à un moment de céder le flambeau à tous les niveaux à d’autres.”
L’impatience gagnait les p’tits jeunes, sans doute…

Accessoirement, et donc, on attendra le “deux” longtemps…

4) Ensuite, le camarade Jacobs évoque ses autres occupations: autres mandats, occupations familiales et hobby, au point qu’on se demande s’il dormait parfois, vu qu’on imagine mal le bonhomme farouchement attaché à ses 35 heures…

5) “J’ai plusieurs projets. D’abord, peut-être avoir un agenda un peu plus flexible…”

(gn?)

Ah.

Voyons ce que c’est qu’un agenda flexible dans l’esprit de Monsieur le Patron…

“…pour me réserver un peu plus à des choses (…) de type familial ou personnel -j’ai un grand hobby pour la nature et les bois qui…”

Que peut-on bien faire dans les bois quand on est baron, à part courir la gueuze?

“un agenda un peu plus flexible sera le bienvenu…”

Je crois qu’il va falloir songer à requalifier la flexibilité dans le travail…

La flexibilité, était-on stupide, ça veut dire qu’on aura plus de temps pour aller chasser avec Monsieur le Baron…

Comme c’était intéressant.

Dis donc…

6) Le reste fait déjà plus peur: Jacobs se propose de faire profiter de son expérience à de petites sociétés qui auraient besoin des “conseils d’un dinosaure”.

En tout cas, bonne retraite, Monsieur le Baron.

Et bien le bonjour à vot’ dam’, eh-m’sieur l’baron…

Le pays du libéralisme qui gagne…

April 23rd, 2008

Il est interdit à une compagnie étrangère de vendre du pétrole ou du gaz extrait aux USA à l’étranger, sauf autorisation expresse du Président des USA, autorisation qui peut être retirée s’il en ressent le besoin. (source: document publicitaire de Petrobras dans le CartaCapital du 26 décembre 2007). Par contre, ils se réservent le droit d’aller en chercher ailleurs à coups de baïonnettes…

Une banque étrangère ne peut être actionnaire à plus de 25 pour-cent d’une compagnie d’assurance étatsunienne.(Affaire du Crédit Lyonnais et Executive Life) C’est bien dommage: avec le dollar si bas, pour l’instant, c’est donné d’acheter de l’amerloque…

L’agriculture étatsunienne est subventionnée et sa concurrence envers l’agriculture étrangère est donc déloyale. En 2005, ces subventions s’élevaient à 25 milliards de dollars. Sans oublier que ces subventions ne profitent pas nécessairement au travailleur… (Source) Le résultat étant plus la protection des proprios que des fermiers, les conséquences en sont doublement désastreuses.

De nombreux produits fabriqués aux USA sont protégés par des taxes à l’importation de concurrents étrangers, comme par exemple l’acier (30% jusqu’en 2004), ou les biocarburants (48%). (Source: CartaCapital du 23 avril 2008.) Histoire de protéger leur système de protection sociale, sans doute?

De nombreux contrats commerciaux juteux ont été signés dans le cadre des guerres “gagnées” par les USA à l’étranger. À commencer par la reconstruction des pays détruits… Vous avez besoin d’une source ici?

En 2008, ce sont plus de 33 milliards de dollars qui seront distribués aux 28 millions d’habitants les plus pauvres du pays. On ne s’en plaindra certes pas, mais ce n’est pas très conforme au libéralisme.
(CartaCapital 16 avril 2008)
..

Dois-je rappeler comme je l’ai écrit ici que sans les interventions armées, le budget militaire et l’accroissement sans fin de leur dette, les USA auraient une croissance négative?

Il est beau l’exemple libéral d’Outre-Atlantique…

Et je ne vous parle même pas des effets… seulement des faits…

Ah, si les USA étaient toujours aussi lents!

April 21st, 2008

D’après ces deux articles (l’un étant la source de l’autre, qui est en français), les USA s’apprêtent à ôter l’ANC de la liste des organisations terroristes. Ce qui permettra à Nelson Mandela, ancien président d’Afrique du Sud et aujourd’hui vénérable vieillard considéré comme sage parmi les sages, de ne plus devoir demander un visa spécial pour entrer sur le territoire du pays “où Dieu habite”.

L’Appartheid ayant pris fin en 1994, les USA étaient les derniers hurluberlus à considérer que le combat de l’ANC avait été -était -est encore injuste… À part probablement les attardés qui regrettent le bon temps de la dictature afrikaans…

Apparemment, les USA viennent aussi de se rendre compte que l’ANC est le principal parti au gouvernement encore aujourd’hui en Afrique du Sud… Mais que faisait l’ambassade depuis 14 ans? elle prenait les empreintes des membres du gouvernement qu’elle visitait?

Et pourquoi est-ce toujours dans ce sens que les USA sont lents?


Pourquoi je vous entends sourire?

(J’aime beaucoup cette phrase du membre du Congrès à l’origine du changement de politique amerloque à l’égard de l’ANC: “Basic principles of fairness and opportunity for Members of the African National Congress have been wrongly denied for some time.” -Allons donc: pas d’excès d’auto-critique, je vous prie.)

Qui a dit, le retour

April 17th, 2008

Maintenant qu’on l’a mis à la mode, surtout chez Un homme, on va s’en faire encore un petit.

Qui a dit:

“Nous avons besoin d’une nouvelle morale pour abolir les privileges de la classe politique.”

1) le président Medvedev de Russie
2) son premier ministre, le délicieux Vladimir Poutine
3) un de ses meilleurs amis, “il cavaliere”, Berlusconi
4) un interlocuteur privilégié de ce dernier: George W. Bush
5) l’un des derniers amis de celui-ci, Alvaro Uribe, dirigeant de Colombie…

En tout cas, quel qu’il soit, ça devait être un gag…

Le monde à l’envers

April 16th, 2008

En 1988, un des pays les plus libéraux du monde abandonnait la constitution dictatoriale qui était la sienne depuis 1964. Le pays redevenait démocratique (rions deux fois). Et se dotait d’une nouvelle constitution avec des élections où on pourra élire même des gens pas cultivés, même des métallurgistes, je te jure, même qu’ils ont été cap’, et que maintenant il y a un paquet de cons qui le regrettent amèrement…

Dans la constitution, les Brésiliens (car c’est bien d’eux qu’il s’agit au cazou tu ne l’avais pas remarqué) ont introduit la création d’un système de santé payé par l’État pour tous les Brésiliens indistinctement. Jusqu’en 1988, les Brésiliens se divisaient en trois catégories: les riches qui avaient souscrit une assurance privée; les travailleurs qui cotisaient pour un service public; les pauvres et les clandestins (y compris les ennemis du régime, ces sales communistes) qui pouvaient toujours aller se brosser…

Étonnant non? En pleine vague reaganienne, un pays dont les politiciens sont en général des adeptes du libéralisme pur et dur va figer dans sa constitution le droit à tous les Brésiliens de bénéficier d’une médecine minimale

Et ça ne marche pas si mal. Certes, c’est pas encore le “premier monde”, mais, bien que les mêmes éternels imbéciles pleurent après ces gaspillages, ces dépenses inconsidérées de l’État et veuillent qu’on privatise tout, la mortalité infantile a baissé de moitié en vingt ans, les épidémies les plus fréquentes ont été freinées ou éradiquées et il ne reste plus que deux catégories de personnes, maintenant: ceux qui bénéficient du SUS (Système Unique de Santé) et ceux qui bénéficient d’une assurance privée… et accessoirement du SUS qui prend encore en charge pas mal de trucs même pour ceux qui paient des commerçants de la santé (dont je suis, puisque mon école m’en fait bénéficier…).

Mais au moment où les logiques marchandes de nos pays civilisés (je parle de la Belgique, de la France, etc.) nous forcent à reconnaître, qu’il serait temps pour le bien de tous de liquider les collectivités et favoriser les grosses boîtes d’assureurs, les cliniques privées et les usines à psychotropes légaux, le Brésil poursuit sur sa lancée, renchérit: l’ancien ministre de la santé, Adib Jatene, actif sous le gouvernement Cardoso, pourtant de droite, estime que la santé avance dans le bon sens au Brésil: plus de gestion collective, plus d’argent (et il en manque selon lui). L’actuel ministre, José Gomes Temporão, membre du parti très droitiste PMDB, ne dit pas autre chose.

Aujourd’hui, la couverture publique permet à 100 millions de Brésiliens de bénéficier des services de santé et prévention de 216 mille agents, le tout avec un budget de santé de 50 milliards de reais (moins de 20 milliards d’euros). En 1994, seuls 16 millions de Brésiliens étaient couverts et il n’y avait que 30 mille agents.

(Notons que le nombre de praticiens par habitants ferait pâlir d’envie les maniaques des quotas d’étudiants en médecine de nos chers pays soc-dém… Il y a bien des jeunes qui reviennent diplômés de Cuba pour tenter de pallier aux manques, mais on ne leur reconnaît pas la validité de leurs diplômes. Notons aussi que les homéopathes ne sont pas conventionnés et que nous payons donc le médecin de notre bébé plus de 100 euros la séance… Si, si…)

Les deux serviteurs de l’État avouent (pas sous la torture) que la médecine publique assure même des opérations dans les cliniques privées. Et donc, les riches privilégiés (et les salariés aussi) sont également soignés parfois par l’État vampire… Ce qui bénéficie d’autant plus à l’image des assureurs privés qui se font ici des bénéfices gigantesques et ont accru également leur… patientèle… (ceci ne les empêche pas d’être en tête des réclamations de consommateurs…)

Le Brésil, libéral, gouverné par un gros bien laid inculte et prétendument gauchiste(1), c’est le monde à l’envers…

Source: CartaCapital du 16 avril 2008 et Caros Amigos spécial Cuba (2007).

(1) c’est le genre de réflexions très élevées que j’entends très souvent à son endroit…