Le Soir, journal indépendant, mais également fun, décalé et impertinent, comme le sous-entend l’article ci-lié, parvient à se faire une petite auto-promo tout en faisant de l’info, et ce sur un sujet, “ô combien d’actualité”, comme on dit quand on est décalé, fun et surtout impertinent:
La pub.
Et ses awards…
Le Creative Club of Belgium, dont je découvre l’existence, a tenu sa remise des prix annuelle (d’après le site, c’est la 5e, cette année), récompensant le meilleur cru en matière de pub.
(Malheureusement, au moment où je tape ces lignes, le palmarès n’est pas encore affiché sur le site, ce qui montre que le webmaster ne connaissait pas les résultats au moment où le jury en délibérait. Mais ceci est pure supposition de ma part et je ne voudrais pas être attaqué pour diffammation: je ne sais pas si c’est de la distraction ou de l’ignorance de la part du webmaster).
Le Soir se réjouit -en passant, presque négligemment- d’un succès qu’il ne doit qu’à son choix de la bonne boîte de créatifs, ce qui lui permet d’espérer de rester indépendant, fun et toute cette sorte de chose pendant, oh, au moins un an encore.
Indépendant de la profondeur d’investigation, de l’esprit critique et de la bataille des idées, tout au moins. Mais c’était ça ou ne pas être fun. Et donc.
C’est à coups de “chapeaux”, puisqu’il s’agit des prix remis par le “Cri-yé-tif cleub off Belgioum” à Knokke –A real short festival of creativity in Knokke-Heist, ´comme à Cannes´, je ne plaisante pas-, que l’on saluera notamment la campagne de pub d’Eurostar qui a -fort intelligemment- fait comprendre au chaland que “Londres est au coin de la rue”.
Quand on pense qu’il y a encore des cons qui prennent l’avion ou le bateau pour y aller, on se dit que la communication a encore des progrès à faire:
PUISQU’ON VOUS DIT QUE C’EST AU COIN DE LA RUE! ALLEZ-Y EN TRAIN!
-Ah ben justement, mon boulanger aussi, il est au coin de la rue, chérie, je prends vite le Thalys, je prends une demi-baguette et je reviens. Je te prends quelque chose?
Pleine d’humour, l’association des créatines a encore offert un award à la boîte de crayons qui a trouvé la géniale idée de la campagne Braille de cette année, encourageant les “Blind calls” (appels aveugles) sur les gsm pour qu’ils soient dirigés vers un appel payant en faveur de ladite association caritative. Je vous épargne les détails, ça n’a pas dû vous échapper.
À se demander si cette campagne n’a pas été aussi soutenue par l’un des trois opérateurs de téléphonie en sus -ou deux -ou les trois…
Je m’abstiendrai de divaguer sur le goût légèrement douteux de l’utilisation du terme “blind call” dans le cas qui nous occupe… Puisque la Ligue Braille a trouvé ça drôle, c’est que nous pouvons en rire aussi.
Enfin, gros regret de l’auteure de l’article (à qui je me refuse de faire du tort en lui faisant de la pub -sic!) sur la faible quantité de prix obtenus par les médias dits classiques (presse, télé, radio -ça y est, la télé est devenue un “classique”).
“Ce serait vraiment dommage (que la pub s’éloigne de ces trois médias) parce (qu’ils) restent de très beaux canaux de communication”
estime Jens Mortier, président du “Cicibi” et fondateur de l’agence Mortierbrigade -et, accessoirement, vainqueur d’au moins un prix mentionné par Le Soir, mais, c’est curieux, il ne fait pas le lien -un oubli, certainement, c’est con, il aurait pu le féliciter.
Et le même Jens de poursuivre:
“Tout l’art est de les renouveler.”
Car, oui, mauvais sujet que je suis, j’oublie d’insister sur le fait que les artistes d’aujourd’hui sont les publifères, égaux en qualité, sens, vitalité, créativité, audace, anticonformisme avec les Cézanne, Satie, Villon, Franquin (qui, reconnaissons-le, a commis quelques pubs pour arrondir ses fins de mois à Charleroi, mais il y a des hommes à qui on pardonnerait tout, ‘spas?) et autres Niemeyer (qui a fêté l’an dernier son centenaire et doit se réjouir de cette comparaison s’il me lit). Les communicants, publicitaires, designers et petites mains du marketing sont les membres d’une nouvelle grande famille d’artistes pour qui il conviendrait, c’est évident, de créer une appellation genre “10e art” ou “11e”, peut-être, je ne sais pas trop où on en est…
Et enfin, le même créatif:
“Une chose est sûre : les annonceurs commencent à prendre très au sérieux tous les nouveaux supports de communication.”
Jens fait donc de l’info, tout à coup, et est repris par le Soir qui ne savait plus trop comment terminer son article…
Et donc, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, toi qui, avec ta connexion à 100 unités par seconde, te colle des dizaines de zolies petites images en mouvement te prenant des plombes à charger alors que tu veux juste lire tes mails tranquille (Ça t’apprendra aussi à choisir un fournisseur gratuit, tiens),
toi qui, si tu possèdes un firewall, un anti-spam, six anti-virus et une douzaine d’autres protections, te coltinera encore des messages publicitaires sur ta boite e-mail parce que, nom de dieu, c’est de l’info, la pub, et qu’on ne rigole pas avec la liberté d’être informé, surtout quand c’est du gratuit,
toi qui espérais depuis dix minutes recevoir le sms de ton/ta petit(e) chéri(e) et qui, à la place, apprends que, si, si, si tu réponds dans les huit secondes, tu peux recharger ton compte pré-payé de 78 unités sans payer la dernière tranche -mais, et ça c’est nouveau, tu vas commencer à payer ce genre de message-,
toi qui te prends pour la troisième fois ce matin la tête dans un panneau JCDecaux sponsorisant généreusement des informations locales souvent vieilles de dix ou douze ans (and more) et accessibles parfois à ceux qui savent lire à une distance d’un escalier,
toi qui aimais à regarder les paysages sur la route, toi qui aimais encore naveter un peu, parce qu’il y avait moyen de compter les vaches et les poteaux téléphoniques entre Louvain-en-Brousse et Bruxelles-sur-l’Égoût, mais qui maintenant, parce qu’on les distingue parfois mal entre les panneaux d’infos gratuites, préfères dormir ou faire le Sudoku du… tiens, du Soir, pourquoi pas,
réjouis-toi, et apprends que les annonceurs “commencent” à prendre ces nouveaux supports au sérieux, et que donc ça ne fait guère que commencer,
tout ça…
Mais heureusement, il nous reste la résistance passive.
Si, si…
Et le Soir… Journal impertinent, fun et décalé…
À défaut du Grand Soir…
Et merde…