La raison qui venait du froid

January 9th, 2011

L’Islande ne paiera pas

Serait-ce la premier pays à retrouver la raison? Fallait-il tomber si loin dans l’irrationnel pour retrouver l’esprit critique suffisant pour ne plus s’identifier à “ses banques”?

Toujours est-il que le petit peuple des geysers a décidé que les dettes contractées par les trois premières banques privées auprès de personnes privées en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas étaient… une affaire privée.

Et, par Thor, ils ont bien raison!

Il est certes clair que l’économie islandaise n’était pas un grand modèle de décence avant la crise ((Voir notamment ici et ici.)): le niveau de vie de la population avait considérablement augmenté dans les décennies qui précédèrent 2008, essentiellement parce que le pays était devenu une espèce de rêve libéral capitaliste financier, dont la plus grande partie de la création de richesses était basée sur des spéculations financières pratiquées par un réseau bancaire totalement privatisé et, surtout, totalement débridé, ayant permis aux épargnants islandais, naïfs, peut-être, mais pas tout à fait innocents non plus, de multiplier leurs avoirs en peu de temps et leur permettant de tabler entièrement sur un système d’assurance santé et pension lié à leurs institutions financières (aka, les mêmes banques). L’Islande devint rapidement le modèle à suivre selon l’ONU ou l’OCDE; en 2008, juste avant de chuter sur les subprimes étatsuniennes, elle se trouvait au premier rang de l’index de développement humain du PNUD ((Outre les références déjà reprises dans la note précédente, voir J. E. Stiglitz, Freefall, penguin, Londres, 2010, p. 359.)). Le rêve capitaliste incarné.

Plus dure fut la chute lorsque l’île-étape des vikings vers le Groenland se rendit compte qu’elle était au coeur du cyclone financier. Les trois banques principales qui semblaient indéfiniment produire de la valeur et avaient attiré des avoirs financiers largement supérieurs au PIB islandais se cassèrent la gueule. Ceux des Néerlandais et des Britanniques qui avaient investi auprès d’elles, cliques politiques en tête ((Le ministre des Finances britannique activa une loi anti-terroriste contre l’Islande. Dans la série des clowneries sans nom, on fait guère mieux.)) et dans la schizophrénie créée par les renflouements imbéciles et incohérents réalisés auprès des AIG, Fanny Mae, Freddy Mac, Goldman Sachs (aux USA) ou des Dexia et autres (en Europe), réclamèrent des Islandais qu’ils règlent la note de leurs banques.

Mais pourquoi?

Les 300.000 et quelque Islandais qui avaient effectivement mis tout leur calcif dans ces banques étaient certes bien coupables d’avoir cru en ces rêves financiers d’extension sans fin, mais les ressortissants étrangers qui sont venus y glisser leurs Livres et leurs Euros attirés par le même ponziesque schéma ne le sont pas moins. Pourquoi faudrait-il que, sous prétexte que ces banques sont situées entre deux fjörds, une centrale de pêcherie et un studio de musique néo-psychédélique, une population entière soit rendue responsable des agissements d’une poignée de prétentieuses têtes d’oeufs?

Amusant de penser que, en règle générale, le capitalisme n’a pas de frontière, mais que quand ça arrange l’un d’eux il peut se les retrouver, comme un coin sous une table, qu’il enlève, histoire de la faire pencher de son côté.

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Aujourd’hui, donc, si j’en crois le site de M. Collon, les Islandais se réveillent et vont écrire, avec un peu de chance, une nouvelle page de démocratie…
Avec de vrais morceaux de nationalisation des ressources naturelles dedans…
On dirait du Mélenchon, c’est beau comme du NPA… J’ai des copains qui s’en satisferont. Moi, je ferai comme avec Chavéz: j’attendrai pour juger sur pièce. Mais, cela dit, c’est plutôt bon signe…

L’Islande, prochaine destination d’embargo?

J’ai une super idée pour Noël

December 24th, 2010

Voilà, je propose que les patrons-actionnaires-propriétaires des moyens de production fassent un super-cadeau à leurs employés:

-Dès que leur capital investi, plus les intérêts (soyons pas chiens), plus l’indexation (et hop), aura été remboursé par les intérêts de l’entreprise amassés par l’actionnariat (ou par les propriétaires tout bêtes, genre Colruyt), pour chaque euro, franc CFA, yen, yuan, voire dollar, gagné en plus par les actionnaires, ils attribueront un euro d’action à l’ensemble des travailleurs rémunérés en dessous du salaire du cadre moyen. Bon, c’est un exemple, on peut discuter sur le barème. Mais en tout cas, faudra que ce soit en Golden Share, pas de blague!
-Ce qui signifierait qu’au bout de, (gnmgnmgnm, fais semblant de calculer) un sacré paquet de temps, les salariés sans pouvoir en gagneront finalement un petit bout… Évidemment, me direz-vous, cela existe déjà: l’intéressement, la participation, blablabla, sauf qu’ici, z’allez voir qu’ils vont réfléchir à deux fois avant d’augmenter les dividendes, et peut-être plus foutre du pognon dans l’investissement ou, à tout prendre, qui sait, augmenter les salaires pour éviter d’augmenter les intérêts bruts de la boîte…

-Tu rêves
-Je rêve? Mais bien sûr que je rêve… c’était juste pour dire qu’en tout état de cause, les patrons-actionnaires-propriétaires, ça ne les intéresse jamais de partager le pouvoir, parce qu’ils nous prennent pour ce que nous sommes: des subalternes incapables de gérer une entreprise.
-Pour ce que nous sommes? Eh, mais tu nous insultes!
-Prouvez-moi le contraire, et je vous offre une bière brassée en coopérative. Suis fatigué des doutes et des peurs…

das Kapital libéral

December 24th, 2010

Une réflexion comme je les aime.

Imaginons qu’un jour les libéraux, les purs et durs, les vrais de vrais, l’emportent -je veux dire qu’on ait vraiment du néolibéralisme en Europe -parce qu’en fait, vous n’avez rien vu, parole de Brésilien d’adoption…

Que se passera-t-il?

Première chose: les transports publics seront intégralement privatisés. Ce qui signifie forcément, outre qu’ils baisseront probablement de qualité, que les chauffeurs seront payés au kilomètre parcouru -et non plus à l’heure- et au client chargé, et que le prix du billet va sacrément augmenter -ou alors ce sera le bus qui va baisser de qualité-. En conséquence de quoi, les poubelles à quatre roues vont commencer à pulluler, parce que les gens préféreront acheter des ruines “privées” ou des voitures bon marché que de payer des fortunes par an pour des services médiocres. Le tout, évidemment, à crédit (rebonjour les bulles). En quelques années, les embouteillages deviendront la règle plutôt que l’exception, à pratiquement toute heure du jour. C’est à peu près le lot de São Paulo, il paraît que c’est pire à Mexico-City. Sans compter que les chantiers routiers ne seront plus menés par une administration publique, mais entièrement soumis à des marchés privés, directement réalisés morceaux par morceaux par des instances d’arbitrage local -on se sera éloigné de la corruption de l’État, mais les marchés privés ne mènent pas moins au gâchis et au précaire. Et je vous dis pas l’état des routes et des trottoirs ici…

Deuxième chose: les assurances-maladies se vendront comme des petits pains dans des bureaux minables installés à tous les coins de rue; des entreprises de soins dentaires verront le jour, croîtront et s’effondreront, laissant les assurés sans l’assurance de garder leurs dents, qu’ils auront fait blanchir, redresser, rechausser, évider, par des mécaniciens dentistes sous-formés, recrutés dans des facultés de quatrième catégorie, comme il commencera à en pulluler, sans qu’on ait l’assurance que leurs professeurs en soient bien, qu’ils sachent exactement de quoi ils parlent, et soient même capables d’appliquer leurs doctrines. Le tout sera masqué par “les meilleurs services dentaires de la planète” ou “la deuxième nation en terme de chirurgie plastique” -dit-on autour de moi. Mais, même si c’est vrai, cela vaut-il le détour?

Troisième chose: les notaires seront entièrement libres d’exercer comme ils l’entendent, au prix qu’ils l’entendent, d’engager qui ils veulent, de faire tourner leurs “études” comme des super-marchés du service notarial. Ils vendront les mariages et leurs contrats, les déclarations de naissance et de mort, les successions détaxées et les historiques de propriété privée… Naturellement, ces bureaux deviendront les seules références en matière de droit patrimonial et, rapidement, de véritables chambres d’entérinement de situations théoriquement irrégulières, comme une appropriation indue ou un contrat de mariage inégal. J’espère que vous imaginez sans peine le détail de l’anti-réforme agraire qui s’est passée et se passe encore au Brésil. C’est ça aussi, le libéralisme…

Quatrième chose: la justice gratuite sera de l’histoire ancienne -encore que, déjà que, bon… Mais vous regretterez le bon vieux de la justice bourgeoise occidentale…

Cinquième chose: les normes de fabrication, de contrôle, de service, d’usage, de transport, de soins, etc., toutes disparaîtront pour faire place à des conventions, des contrats, des échelles, personnalisées, ciblées, catégorisées en fonction des demandes et des besoins des clients. Les accidents, les négligences, les accrocs aux contrats, les réparations hasardeuses nécessiteront peu à peu la disparition des statistiques, le recentrage de l’information -qui de toute façon, bon… Les agences de vérification seront encore plus “indépendantes” qu’elles ne le sont aujourd’hui. Tellement indépendantes et tellement bien payées par les producteurs, qu’elles agiront encore plus comme des agences de notation financière -vous savez? ces machins qui sont en grande partie responsables de la crise qui vous est tombée dessus ces trois dernières années… Bonjour les conflits d’intérêts!

Sixième chose: les espaces publics vont progressivement être vendus à des propriétaires privés. Vos déplacements seront progressivement réduits aux espaces qu’ils vous laisseront. Peut-être existera-t-il encore un droit de servitude minimal, peut-être pas. Alors? Des péages tous les dix mètres? Comment ça impraticable? N’avez qu’à rester chez vous et commander des pizzas…

Je réfléchis encore à d’autres trucs, mais je trouve que c’est déjà assez encourageant (pour nous inciter à la vigilance, veux-je dire)… Cela dit, je n’excuse pas les politiques libérales de nos politiciens modérés, je lance juste un appel du pied à ceux qui, en théorie, sont censés défendre les droits des travailleurs, les acquis sociaux, la justice sociale… Et qui y renoncent à petits pas, tels de gentils écologistes…

Ah, si le syndicalisme retrouvait ses couleurs d’avant les annés 70’…

La Galanterie n’a pas de limites…

December 16th, 2010

Madame Galant, vous avez sorti au cours d’un interview la phrase “Nous sommes le pays où c’est le plus facile d’entrer, de s’installer et de devenir Belge (sic)”. Outre que votre phrase comporte une lapalissade sur laquelle je ne m’étendrai pas (où peut-on devenir belge, sinon en Belgique?), vous ne connaissez manifestement pas la condition des étrangers en Belgique, pour les mettre ainsi au pilori au profit de votre image politique. Ou si vous la connaissez, vous êtes d’une inhumanité crasse.

Par ailleurs, il serait intéressant de confronter votre point de vue à celui de M. Eric Besson, qui disait le 5 novembre 2009, sur france 3, dans l’émission “Ce soir ou jamais”, que la France était le pays qui accordait le plus de cartes d’identités; par ailleurs dans une émission de septembre 2010, il a évoqué le fait que la France est le pays qui accorde le plus la nationalité française((Les deux émissions se trouvent facilement sur Dailymotion, et je viens de retrouver la dernière citation dans le Canard Enchaîné.)).

Certes, en apparence, vous ne parlez pas de la même chose -devenir belge >< la nationalité française - facile de >< accorder le plus... il semble que l'on puisse jouer sur les mots: la Belgique n'est peut-être pas le pays où l'on accorde le plus de cartes d'identités, ni la France celui où il est le plus facile de devenir (allez, ne chipotons bas, même si j'aurais pu mettre "belge") français. Mais en tout état de cause vous utilisez le même argument, la même rhétorique -que j'ai entendue en Italie lorsque j'y vivais, d'ailleurs, dans la bouche d'autres conservateurs-, dans le même but: faire peur aux électeurs (la veille de Noël, c'est sympa), histoire de rappeler votre fonds de commerce, dans ce qu'il représente de plus bas: l'attaque contre ceux qui ont le moins de possibilité de se défendre, et qui pourtant accumulent toutes les conditions pour obtenir un minimum de clémence. Les émigrés qui, désespérés par les conditions économiques ou politiques de leur pays d'origine, qu'ils n'ont le plus souvent pas quitté de gaieté de coeur, se retrouvent dans la plupart des cas dans des pays limitrophes du leur ((Le moindre scientifique sérieux sur la question vous montrerait que la plupart des déplacements de population se font à l’intérieur du pays, si pauvre soit-il, puis dans les pays limitrophes, puis dans des pays du même continent, avant d’envisager l’exil vers le Premier Monde, région la plus riche de la planète.)), avec l’espoir d’y revenir, car, pour beaucoup, quitter la terre de ses ancêtres, c’est infiniment plus difficile moralement, mentalement, que pour un Européen d’avoir la chance de devenir “Expat” et de faire fortune dans un pays “en développement”, avant de revenir profiter de nos systèmes sociaux, dont nous devrions être fiers, plutôt que de les détricoter lentement, mais c’est une autre histoire.

Quand ils arrivent “chez nous”, “dans notre maison”, pour utiliser la détestable nomenclature de Monsieur Pascal Smet à l’époque où il occupait le poste de directeur aux expulsions, c’est en dernier ressort, et en espérant que la région du monde (le “Premier Monde”) qui est fréquemment co-responsable de la ruine de leur pays ait un minimum de compassion pour eux.

Mais non: alors même qu’ils participent activement et positivement à notre économie, qu’en toute grande majorité ils aimeraient bien se voir régularisés pour pouvoir bénéficier d’une certaine tranquillité d’esprit, que, tout naturellement, ils préfèrent voir leur famille à leur côté plutôt que de la savoir encore dans les affres d’une guerre, d’une famine ou d’une misère endémique là où ils l’ont laissée ((Et quel “Expat” de longue durée ne préfère pas emmener ses mômes et son conjoint avec lui, quand il en a?)), la Belgique, comme bien d’autres pays privilégiés, les confine dans des situations en marge du droit, non parce qu’elle ne pourrait pas les intégrer dans ses frontières, mais parce que les gouvernants (qui alternent, et dont vous faites donc partie, à moins de vous désolidariser de la politique du MR et du PRL depuis plus de 30 ans, quand il est au pouvoir) bénéficient d’une telle situation qui leur permet de détourner les yeux des électeurs de leur incurie dans d’autres matières: regardez, ces étrangers profiteurs, ils ne font rien qu’à nous envahir.

En outre, cela fait des années maintenant que, histoire de tourner en rond, on parle d’immigration choisie, de sélection des immigrés, en fonction de nos intérêts, oubliant que ce faisant on réduit encore d’autant les forces vives des pays dont on fait venir les intellectuels, les spécialistes; d’un autre côté, le pillage des anciennes colonies continue, mais ça, je suppose que malgré la pseudo-repentance du gouvernement belge, ça ne mérite pas le moindre intérêt.

Votre argumentation qui se permet de mettre en concurrence la situation des Belges les plus démunis avec celle des étrangers en situation irrégulière est l’une des pires attitudes humaines qui soient: vous poursuivez la politique qui a été menée par les plus immondes gouvernants de la planète et de l’histoire qui, pour assurer leur trône, jetaient et jettent encore les plus malheureux de leur système les uns contre les autres. Pourquoi ne pas faire une politique anti-roux, anti-sorcière, anti-juive, tant que vous y êtes?

Mais c’est proprement inutile: vous savez parfaitement bien que les partis traditionnels se féliciteront toujours de conserver ce matelas de haine sociale pour les coups durs, pour justifier le fait qu’ils n’ont aucune imagination quand il s’agit de mener une contre-politique aux assauts des agresseurs financiers, quand on critique les avantages fiscaux des plus privilégiés ou de grandes entreprises pour qui la Belgique est un paradis fiscal (combien de milliardaires français en Belgique, déjà?), quand vous ne pouvez plus culpabiliser “l’Europe”, “la conjoncture”, “la crise”, “les Flamands”, ou que sais-je encore pour votre incapacité à assumer la défaite de votre système de pensée: le capitalisme.

“Fuego”

December 2nd, 2010

Les petits bras qui éructent contre Castro à la veille de sa mort me font profondément vomir. Je n’ai jamais aimé le kaki qui faisait ressortir sa longue barbe, mais il faudrait quand même pas oublier d’où vient Cuba et où il se trouve.

En 1959, au moment où un certain type de barbus prenait le pouvoir à Cuba, la plupart des gens n’avaient accès ni à l’éducation, ni surtout aux soins de santé. Ils coupaient le sucre de cane pour que les gros fions puissent sucer du Bacardi dans les salons du monde libre; ils ciraient les pompes des riches “touristes”; ils vendaient des fruits dans la rue pour pouvoir en bouffer les plus pourris; quant aux femmes, il ne faut pas avoir vu “Soy Cuba” pour savoir dans quelles perspectives elles vivaient…

Entre-temps, la liberté de la presse… bourgeoise… a disparu; pas celle de la presse populaire: elle n’a jamais existé;
Les terres… bourgeoises… ont été confisquées; pas les terres du peuple: ils n’en avaient pas.
Andy Garcia et ses costumes blancs sous les Tropiques, désolé de perdre l’héritage paternel, ça me pompe le haricot.
Les Cubains exilés qui crient à la liberté depuis les côtes de Floride, ça me fait cracher par terre.

C’est sûrement pas le paradis, là-bas, mais c’est pas en mettant les compagnies de téléphone en accès libre que vous le leur donner… vendrez…

Et vous imaginez que les Cubains voudraient redevenir une enclave amerloque parce que “le libre échange…”?

Et allez donc…

… Et si 1945-1989… en Europe… Occidentale

November 30th, 2010

Et si, avec tous les progrès sociaux aboutis au cours du XXe Siècle, les 44 ans de paix relative, le keynésianisme, la révolution sexuelle, les contestations, tout ça…

Et si cette période, en Europe, avant Berlusconi, avant Sarkozy, au moment où Miss Maggie commençait à faire de l’effet, juste avant que la Communauté de l’Acier et du Charbon ne devienne vraiment chiante, si cette période avait été une espèce de… comment dire,…

Si nous avions été plus que privilégiés de vivre une époque où on ne battait plus les enfants à l’école, où le temps de travail diminuait sensiblement, encore, pendant que l’espérance de vie après la retraite augmentait, où le nombre de profs par élève ne baissait pas, où les journaux de gauche, bon, …

Si la peine de mort disparue, les peines carcérales aménagées, les prisons, même horribles encore, humanisées, les permis de manifester, de faire grève, de voter communiste ou de ne pas voter du tout, si tout ça, loin -très loin- d’être parfait, n’était encore que des acquis de sable,…

Et que maintenant, toute honte bue, sans plus aucune idéologie, uniquement poussée par ses propres soifs et désirs de puissance, dans la meilleure tradition de la concurrence et de la lutte pour la survie, la race supérieure, celle qui peut tout se permettre parce qu’elle tient tout dans toutes ses mains, bien visibles, bien hypocrites, bien servies, délivrés des pressions populaires -culpabilisées par des mots comme “populistes”, “nationalistes”, “paternalistes” ou même, c’est un comble, “communistes”-, des petits et des grands maîtres du monde nous fasse refaire le film en arrière, tout en nous précipitant dans la spirale de l’irrationnelle religion du matérialisme et des délires rétrogrades de celles qui emmerdent l’humanité depuis l’âge du fer…

Aidée naturellement par la pince-monseigneur de toutes les chapelles…

Et, non, je ne suis pas paranoïaque: le monde n’a jamais appartenu -selon les lois des notaires- à une aussi petite proportion d’hommes et de femmes de par le monde… Quant au jeu démocratique, il n’a jamais vraiment convaincu, mais il cache de moins en moins les véritables leviers de commande.

Ça chie, ma bonne dame, ça chie, et on est dans la cuvette…

Les vieux, avec nous…

À propos, c’est quoi, l’anarchie?

November 18th, 2010

Le chaos, la tourmente, le désordre, la violence, sourde ou éclatante!

L’expression d’un malaise, la pauvreté imaginative d’adolescents en pleine crise, à peine plus que de la poésie, un luxe d’artiste, un caprice d’intellectuel, un esprit bourgeois-rebelle…

Rien de tout ça? Tout à la fois? Autre chose?

Je vous parlais la semaine dernière d’anarchistes et d’actions, de violence surtout; je vous évoquais la rareté de celle-ci dans le chef des anars (le chef des anars, elle est bien bonne), du fait que nous étions plutôt sérieux de ce côté-là, qu’il était rare qu’on frappe à l’aveugle comme savent par contre si bien le faire les dictatures et les démocraties parlementaires.

Il y a pas mal de définitions qui peuvent convenir à l’anarchie. Celle de l’un des frères Reclus, par exemple, “L’ordre moins le pouvoir”, a le mérite de la concision et de l’efficacité. On a quand même un peu l’impression de voir le cauchemar de Foucault abouti. Mais bon…

Entre des visions plutôt conservatrices qui ne voient en elle que l’absence de gouvernement et par extension du désordre -ce qui ne manque pas de s’opposer à la vision d’Elisée Reclus- et celles de poètes plus ou moins romantiques qui n’y voient que la liberté toute pure, il y a des schèmes un peu plus élaborés.

Faire une définition en deux lignes serait à la fois prétentieux et sans ambition. Tant il est vrai que, pour commencer, l’anarchie, c’est de nombreuses conceptions différentes. Et je ne m’attacherai qu’à celles “de gauche”, et de renvoyer pour les autres à Stirner ou aux libertariens, qui ne sont guère que des extensions du libéralisme à mes yeux.

Vu que des Godwin, Proudhon, Kropotkine, et autres Durutti se sont chargés de vivre avant nous l’anarchie, certains se demanderont si elle aboutit bien. Certes, elle pourrait aboutir, achever, terminer, arriver, prendre racine, mais alors elle risquerait simplement de ne plus être elle-même. L’anarchie, en tant qu’idéal politique ou social, c’est une aspiration permanente, un mode de pensée, plus qu’une utopie ou qu’un système, comme le socialisme marxiste ou le libéralisme -ou même le fascisme.

Parce que les hommes sont ce qu’ils sont -des êtres mortels, fondamentalement différents, incapables de penser la même chose sur la vie, la mort, l’amour, la sécurité, la liberté, bien qu’ils soient tous fondamentalement liés dans ces principes, ils ne parviendront jamais à s’entendre sur un système. La peur, puissant moteur de l’autorité, ne saurait être vaincue facilement, puisque la conscience de sa mortalité a fait de l’homme l’animal le plus soucieux de sa survie -en dépit de la futilité de ce projet dont il sait l’inanité.

Aussi, à moins d’un grand sursaut rationnel, l’anarchie ne sera toujours qu’un beau projet vers lequel chacun de ses acteurs cherchera à tendre, sans, selon toute probabilité, jamais l’atteindre. Il n’empêche qu’il persiste, ce beau projet…

L’anarchiste de gauche, plus humaniste, plus philanthrope que son homologue de droite, a une tendance largement socialiste de désir d’émancipation générale: impossible d’être heureux si mon prochain ne l’est pas. Il a aussi une haute conscience des liens sociaux produits par l’économie de marché, par l’existence de l’Etat et par le culte de l’autorité et de la hiérarchie. Le plus souvent -mais malheureusement pas toujours-, il est également parfaitement au fait du scandale patriarcal et aspire à le renverser.

Lorsqu’il est de tendance irrationnelle, romantique, il peut aller jusqu’à désirer retourner les schémas et viser une société matriarcale, trouve ses modèles dans des sociétés plus archaïques, plus proches de la nature, plantes médicinales et danses tribales.

Lorsqu’il est de tendance rationnelle, plus scientifique, il réfléchit au retournement des schémas, constate que les sociétés matriarcales sont plus égalitaires, que les études anthropologiques, sans les idéaliser, reconnaissent la valeur des sociétés mal qualifiées d’archaïques, que l’homme vit en meilleure santé et moins aliéné lorsqu’il est proche de la nature. Et en plus, fumer du chanvre et danser sur la Makhnochtchina fait du bien.

Bref, c’est fou comme le rationnel et l’irrationnel lui vont bien…

Les relations des anarchistes avec les communistes sont souvent tendues, non parce qu’ils divergent particulièrement dans l’objectif, mais en raison d’un lourd contentieux historique et des différences dans l’idée des moyens. C’est bien dommage.

L’anarchiste a, basiquement, une double tendance, l’une plutôt fleur bleue et pâquerette, qui lui rappelle que tous les hommes sont égaux, méritent notre considération, ont droit à la liberté de penser, de jouir, de s’extasier, de baiser et de fôlatrer jusqu’à ce que mort s’ensuive; l’autre, plus agressive, constate qu’historiquement l’exploitation de l’homme par l’homme est violente, réelle, fréquente, implacable, que les exploiteurs se justifient de bien des manières, toutes plus éloignées de la justice et du droit naturel qu’a chacun de vivre sa part de vie sur Terre -ou ailleurs- sans avoir de compte à rendre à des privilégiés et des principes patrimoniaux. Cette dernière tendance, frustrante, mène souvent à la révolte organisée, et parfois à la violence.

Mais les anarchistes n’aiment pas les dégâts collatéraux, les crimes aveugles, les victimes innocentes -parce qu’ils ne croient pas stupidement à la raison d’État ou à un bien supérieur à la vie humaine. Ils méprisent l’honneur, la nation, les hymnes (sauf la Makhnovchtchina, mais c’est pour de rire), les uniformes et le respect au drapeau. Ils réfutent le secret-défense, conchient les interdictions préventives, refusent de servir des lois faites par d’autres et des constitutions élaborées généralement avant leur naissance.

Bref, pour eux, frapper cent hommes pour en atteindre un seul ne fait pas partie de leurs programmes.

Quand les anarchistes deviennent violents, ils s’en prennent principalement aux choses, aux biens, aux entraves, à la propriété, à ce qui n’a à leurs yeux aucune valeur.

Quand la colère devient si forte que plus rien n’arrête la révolte, la grogne, la fronde, l’anarchiste, le plus souvent, reste conscient de la valeur humaine -et, quand il frappe, s’il frappe, c’est d’abord symboliquement (vive la tarte à la crême), puis, s’il passe à plus sérieux, c’est toujours de manière ciblée, et jamais en visant au hasard ou en masse.

Certes, il y eut des exceptions. Mais quand Vaillant s’attaque aux députés, il précise que sa bombe n’avait pas l’intention de tuer -ce qu’elle ne fit d’ailleurs pas- mais qu’elle avait une ambition symbolique. Réponse de l’ordre établi: la guillotine;
Bonnot et ses complices tuèrent beaucoup, mais, précisa Raymond la Science lors de son procès (remarquablement mis en scène par Brel dans un film où Bonnot est joué par Bruno Crémer), ils ne tirèrent que sur des bourgeois ou sur leurs complices.

Deux exemples extrêmes, pris exprès pour ne pas faire dans la dentelle.

Le premier doit être compris comme issu de la stratégie de la Propagande par le Fait, dont l’objectif était de frapper les esprits et de pointer du doigt -et de la marmite- certains des responsables de l’exploitation sociale. On ne peut comprendre la violence anarchiste si l’on oublie qu’elle est une réaction à une violence autrement plus performante: celle de l’inertie de l’ordre établi qui n’hésite pas à lancer des guerres civilisatrices, justes, défensives, pour de basses raisons financières, commerciales, expansionnistes. Auguste Vaillant était un amateur en matière de violence. C’est sans doute pour cela qu’il prit la peine capitale alors qu’il n’avait tué personne.

Quant à Bonnot et à se proches, ils naviguaient entre l’illégalisme, la propagande par le fait et l’anarchisme individualiste. La plupart d’entre eux, après une carrière de militants convaincus, puis déçus, avaient perdu leurs illusions, mais par leur révolte.

Il faut noter que la plupart des illégalistes, de nouveau, n’étaient en rien des violents…

Est-ce que je cautionne le meurtre? Non. Je veux encore penser qu’il existe d’autres voies plus efficaces pour mener à l’amélioration des liens sociaux.
Est-ce que je le pratiquerais? Non. Mais j’aime de temps en temps me poser la petite charade du bouton-pression qui actionnerait la bombe de la Java.
Est-ce que je le condamne? Non. Le boulot des juges, c’est eux qui l’ont choisi: personne ne les a forcés à endosser leurs robes.

Pour terminer, je constate toujours que la place que prend la violence dans un texte sur l’anarchie est toujours de loin supérieure à la proportion qu’elle occupe dans la vie des anarchistes. Et ça c’est important. Parce qu’a contrario, la violence ne prend pas assez de place dans les traités sur les “dites” démocraties, qui, elles, la pratiquent bien plus souvent qu’à leur tour…

C’est encore les anarchistes…

November 4th, 2010

Je ne suis pas trop l’actualité européenne pour l’instant, vous m’excuserez, il y a plus spectaculaire, sinon plus important, de ce côté-ci de l’Atlantique. Des élections, des élections, des élections…

Mais il paraît que les anarchistes ont remis ça.

Ces petits irresponsables envoient des bombes partout et après ils s’étonnent qu’elles pètent au hasard et tuent des innocents.

‘faut dire qu’on a une de ces réputations…

Les anars sont réputés violents, poseurs de bombes, barbus, russes ou italiens, voire espagnols (pour ceux qui ont des lettres), misanthropes, sombres, pessimistes, taciturnes

Tout mon portrait.

Ceux d’entre vous qui m’ont cotoyé savent que je ne diffère pas d’un iota de ce descriptif. On dirait ma fiche signalétique aux Renseignements Généraux (ah, oui, j’oubliais, nous sommes aussi paranoïaques et suspicieux, mais ça c’est déjà plus vrai, en fait, parce que, pour ceux qui ne l’ont pas compris, jusqu’ici, j’étais un tout petit peu ironique).

Et donc, il paraît qu’on a remis ça. En Grèce. Le pays de la démocratie. Les sages, les philosophes. Tous des nez droits (sauf Socrate), pas un métèque… Violence aveugle, gestes irréfléchis, désir de détruire, de terroriser, de se venger, de vider ses frustrations, que sais-je.

Tout nous, encore. Enfin, tout moi, je veux dire. Tout mon portrait: rien dans la tête, tout dans les tripes; aucune notion des conséquences de mes actes; pas de compassion, pas d’humanisme

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Décidément, les réputations ont la vie dure…

Tolstoï, Proudhon, Kropotkine, Godwin, James Guillaume, La Boétie, Diogène, Whitman, Thoreau, Chomsky sont les références intellectuelles les plus fréquentes dans le monde anar. Malgré leurs éventuelles colères, on ne compte parmi eux aucun violent.

Emma Goldman, Alexandre Berkman, Bakhounine, Malatesta, Durutti, étaient déjà plus versés dans la lutte armée. Certains pour cause de guerre, d’autres par simple logique de continuation de la lutte des classes.

Et puis il y a ceux qui, tels Ravachol, Emile Henry, Czolgosz, et bien d’autres, qui passèrent à l’action individuelles… Que dire encore? La bande à Bonnot, évidemment…

Meurtriers, assassins aveugles, fous, demeurés, inconscients… montrent bien que les anarchistes sont violents, irresponsables, sans foi ni loi… Si ça se trouve, c’est eux qui ont causé la Première Guerre Mondiale ((En réalité, il n’en est rien: de nombreux attentats attribués aux anarchistes sont souvent le fait de nationalistes ou de nihilistes. Ainsi, le meurtre de l’Archiduc héritier de l’Empire autrichien, en 1914, était le fait d’un nationaliste serbe qui n’avait rien à voir avec l’anarchie.)). Qui sait s’ils ne se regorgent pas du sang des bébés, comme des Catilina, des Cathares ou des Communistes…

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Ce n’est pas toujours drôle de vivre avec une telle réputation, alors que les crimes les plus nombreux, les plus aveugles, les plus incroyablement effroyables, les crimes qui touchèrent le plus d’enfants, de civils, de personnes totalement étrangères à la moindre idéologie, ce sont bien les réputées démocraties qui les ont commis, en compagnie, certes, des dictatures.

Lorsqu’une guerre éclate, ce sont souvent des centaines de milliers de gens, voire des millions, qui meurent pour des raisons d’État, de sécurité, d’intérêts nationaux, commerciaux, que sais-je.
Lorsqu’une politique migratoire se durcit, ce sont des dizaines de milliers de personnes chaque années qui sont criminalisées, pourchassées, et des milliers qui meurent, aussi, dans le monde, parce que les sédentaires croient pouvoir arrêter les nomades.
Lorsque le capitalisme ferme ses vannes d’un côté pour les ouvrir de l’autre, ce sont des quantités invraisemblable de familles qui perdent tous leurs revenus, la précarité de leur sécurité, leur droit à la santé, à l’eau, à l’énergie; en un mot, si vous pensez à votre propre situation, à la vie…

Les anarchistes ont parfois tué. C’est vrai. Mais il faut insister sur deux choses: historiquement, les anarchistes ont presque toujours ciblé leurs victimes et n’ont jamais commis de meurtre de masses comme Madeleine Allbright le justifiait en parlant de la Première Guerre d’Irak et de ses suites; d’autre part, sur tous les anarchistes, rares sont ceux qui sont passés à l’acte violent; pour un Vaillant, on compte cent Victor Serge ou Sébastien Faure, pour un Nechaiev, cent Reclus.

Et si certains deviennent violents, le plus souvent ils ne s’attaquent qu’à des biens matériels: vitrines, caméras, voitures, barrières: la violence contre les hommes, du fait anarchiste, est rarissime et, comme je viens de le dire, le plus souvent ciblée. Même des événements comme celui de la rue des Bons-Enfants, ressortissent de faits isolés.

Même la Bande à Bonnot, peut-être un des groupes les plus atypiques du mouvement anarchiste ((Parmi les illégalistes, rares étaient ceux qui utilisaient la violence.)), se justifiait de n’avoir jamais attenté à la vie d’un ouvrier et de ne s’être attaqué qu’aux bourgeois et à leurs serviteurs. Certes, c’est déjà de la violence, mais elle est extrêmement ciblée -peut-on en dire autant des frappes chirurgicales? Et, en outre, la plupart d’entre nous n’approuvent pas de telles procédures. Mais dans notre échelle de valeurs, les crimes de Bonnot et Raymond la Science sont loin d’égaler Dresde, Hiroshima, Nagasaki, le Napalm, l’Agent Orange, la lutte contre les syndicats en Amérique Latine, les politiques coloniales et néo-coloniales, l’Apartheid -et, bien sûr, les meurtres officiels de Sacco et Vanzettti… Pour ne donner que quelques exemples… Pour s’arrêter à quelques détails de l’histoire qui n’eurent jamais l’heure de voir leurs coupables devant la justice -bourgeoise.

la religion est une trop vieille reliure

October 24th, 2010

Pendant que des évêques et d’autres imbéciles au Brésil ressortent le vieux discours anti-athée contre la candidate du PT, comme cela arrive régulièrement en Amérique Latine ((On en a régulièrement des exemples un peu partout, en particulier en Bolivie, au Vénézuéla, au Honduras, en Equateur.)), mais aussi dans des pays réputés “développés” (sans rire), y compris dans “la plus grande démocratie du monde” (comprenez les USA, où l’ingérence religieuse est une des plus pernicieuses qui soient), on apprend qu’une dizaine de personnes, dont des enfants, pris d’une peur panique à la vue d’un homme qu’ils ont pris pour le diable, se sont jetés par la fenêtre du deuxième étage de leur immeuble, provoquant la mort d’un bébé parmi eux. Ça, c’était dans les Yvelines, en France. Un pays éclairé par les principes des Lumières, mais dont le président baise les genoux du Vatican quand il veut regagner les voix de l’électorat traditionnaliste…

L’influence de la religion, des religions, sur la société n’a plus rien de positif, si même elle a pu l’être dans le passé. Elle abêtit, éloigne de la raison, de la science, sous des prétextes oiseux; elle dénature d’ailleurs l’existence même de celle-ci, la faisant passer pour une adversaire avec une vie propre, alors que la science n’est qu’un instrument dans les mains des hommes, une méthode, pas une doctrine.

Les scientifiques qui utilisent la science en cherchant -du mieux qu’ils peuvent, ils sont humains aussi- à établir des faits en fonction d’une méthode rigoureuse, sont régulièrement condamnés par des obscurantistes arc-boutés sur leur foi et leurs préjugés plusieurs fois millénaires. Leur dénier une conscience sous prétexte qu’ils seraient athées ou éloignés de la foi est digne des discours qui, il y a 300 ans et plus, déniaient aux Indiens et aux noirs la possession d’une âme que l’on réservait plutôt aux blancs -alors même que l’existence de l’âme n’était qu’un acte de foi.

Si les religions n’étaient pas autorisées de s’exprimer sur la scène politique, et en dépit de tous les autres défauts de celle-ci, l’histoire compterait probablement bien moins de dictatures, d’autres auraient moins de prétextes pour exister et l’on pourrait parler infiniment plus librement de sujets importants, principalement liés à la médecine et la santé, à la liberté des femmes concernant leurs corps, aux progrès scientifiques

Les religions, qu’elles demandent pardon, se corrigent, se réforment, ou au contraire se replient sur leurs principes, reviennent aux principes les plus sectaires, sont toujours en retard par rapport à l’évolution de la société vers un mieux-être, l’égalité, la liberté, l’émancipation des femmes, des hommes, des enfants, la reconnaissance des droits de chacun et de tous.

Les religions, quand elles sont considérées comme une liberté privée, non seulement empiètent sur la liberté des enfants soumis aux parents, mais en réalité s’arrogent toujours plus de privilèges de paroles au niveau public et collectif. Quand une religion est minoritaire, elle réclame automatiquement plus de tolérance, qu’elle dénie quand elle se sent en position de force. Pape, imam, évêque, lama, marabout, rabbin, même combat contre la vérité factuelle et la recherche du bonheur terrestre -le seul véritablement prouvé comme possible.

La religion, au singulier, si elle relie les hommes -comme elle le prétend, ce que je ne vois pas qu’elle fasse en réalité-, est une reliure qui sent le moisi et ne répand plus que des champignons qui détruisent la fibre des individus et interdit ou freine toute véritable relation humaine libre et vivante.

La religion ne devrait plus avoir droit au chapitre au niveau public.

Tropique du Capricorne

October 18th, 2010

Il n’est jamais mauvais de revenir à ses propres classiques; Henry Miller est l’un des miens.

“Wherever there is cold there are people who work for themselves to the bone and when they produce young they preach to the young the gospel of work -which is nothing, at bottom, but the doctrine of inertia.”

Je ne peux m’empêcher de retrouver, dans le fond, comme dans la forme (les traits d’union introduisant une idée supplémentaire, par exemple), Rimbaud, que Miller aimait également, à qui il a consacré un livre.

“My people were entirely Nordic, which is to say idiots.”

On croirait lire les jugements de Rimb’ dans “Mauvais sang”.

Et il continue ad nauseam…