Archive for the ‘lectures dispensables’ Category

La canaille d’Alexis Bouvier (musique Joseph Darcier)

Saturday, December 8th, 2007

Pour le plaisir…

La Canaille

Dans la vieille cité française
Existe une race de fer
Dont l’âme comme une fournaise
A de son feu bronzé la chair.
Tous ses fils naissent sur la paille,
Pour palais ils n’ont qu’un taudis.
C’est la canaille, et bien j’en suis.

Ce n’est pas le pilier du bagne,
C’est l’honnête homme dont la main
Par la plume ou le marteau gagne
En suant son morceau de pain.
C’est le père enfin qui travaille
Des jours et quelques fois des nuits.
C’est la canaille, et bien j’en suis.

C’est l’artiste, c’est le bohème
Qui sans souffler rime rêveur,
Un sonnet à celle qu’il aime
Trompant l’estomac par le cœur.
C’est à crédit qu’il fait ripaille
Qu’il loge et qu’il a des habits.
C’est la canaille, et bien j’en suis.

C’est l’homme à la face terreuse,
Au corps maigre, à l’œil de hibou,
Au bras de fer, à main nerveuse,
Qui sort d’on ne sait où,
Toujours avec esprit vous raille
Se riant de votre mépris.
C’est la canaille, et bien j’en suis.

C’est l’enfant que la destinée
Force à rejeter ses haillons
Quand sonne sa vingtième année,
Pour entrer dans vos bataillons.
Chair à canon de la bataille,
Toujours il succombe sans cris.
C’est la canaille, et bien j’en suis.

Ils fredonnaient la Marseillaise,
Nos pères les vieux vagabonds
Attaquant en quatre-vingt-treize
Les bastilles dont les canons
Défendaient la muraille
Que d’étrangleurs ont dit depuis
C’est la canaille, et bien j’en suis.

Les uns travaillent par la plume,
Le front dégarni de cheveux
Les autres martèlent l’enclume
Et se saoulent pour être heureux,
Car la misère en sa tenaille
Fait saigner leurs flancs amaigris.
C’est la canaille, et bien j’en suis.

Enfin c’est une armée immense
Vêtue en haillons, en sabots
Mais qu’aujourd’hui la belle France
Appelle sous ses drapeaux
On les verra dans la mitraille,
Ils feront dire aux ennemis :
C’est la canaille, et bien j’en suis.

Je dysemble donc je suis

Wednesday, November 28th, 2007

Hostilina, citée dans le livre de Michel Onfray “La sculpture de soi. La morale esthétique”, publié au Livre de Poche dans la collection Essais, est une divinité romaine associée à Cérès et dont le rôle était de veiller à la bonne mesure des épis de blé.

Dans son livre, difficile, Onfray associe cette divinité avec le côté imbécile et grégaire des Etats et des Religions qui ne veulent voir “qu’une seule tête” et coupent tout ce qui dépasse, vers le haut comme vers le bas, rendant les choses identiques, insipides, uniformes.

J’aimerais voir le lien fait avec le consumérisme, mais je n’ai pas encore fini le livre -on attendra.

Je lisais dans le Canard enchaîné du 7 novembre un article de Jean-Luc Porquet sur la fabrication des films hollywoodiens qui suivent un canevas codifié, standardisé et pour lesquels Peter Watkins a inventé le terme de Monoforme. Le lien m’apparaît évident entre les deux idées.

On ne peut s’empêcher de penser, notamment comme Onfray, aux écoles, aux usines, aux casernes, aux amicales, qui nous font ressembler plus que nous rassemblent (ce dernier terme ne plairait pas au philosophe de l’hapax existentiel fondateur de l’université populaire de caen, je crois), et comme Watkins, à une production des médias destinées à nous faire penser tous la même chose -et même plus clairement à nous faire arrêter de penser- mais aussi aux tomates, aux oeufs et aux tranches de veau aux couleurs vives, mais sans odeur et “dé-goûtés”, calibrés par l’UE et qui ont fait toute la réputation de Bruxelles et Strasbourg.

Hostilina, déesse décérébrée du Premier Monde? En tout cas symbole de l’interdiction de dysembler (néologisme?) sous peine de se faire couper l’épi… Un sujet de réflexion que me livrent le camarade Watkins et le penseur Onfray, dont j’avais apprécié le traité d’athéologie, mais qui, là, pour l’instant, me sort un peu par les trous de nez: élitiste dans son langage, il glorifie des personnages comme le Condottiere ou Hercule qui ne s’accordent pas vraiment aux principes de paix et d’égalité que je considère aussi importants que la liberté (ni plus, ni moins, je dirais consubtantiels si je n’avais pas peur de faire grimacer certains, et donc plutôt interdépendants, ou, sans peur de paraphraser, n’allant pas l’un sans l’autre). Je me répète: ‘faut que je termine la chose.

Note: Peter Watkins, dont je n’ai jamais rien vu, a sorti en 2000 “La commune (Paris 1871)“, un film dont la version courte dure 3h30 et qui raconte l’événement de l’Histoire dont je me sens le plus proche. D’après l’article du Canard sus-cité, il paraît qu’il ressort. Toute info bienvenue

L’essentiel est dit

Saturday, November 24th, 2007

Histoire d’alléger les derniers orages de ce blog (tu parles), voici ma dernière nouvelle éditée.

Ceci pour vous rappeler aussi qu’au côté droit de ce blog, vous trouvez déjà deux nouvelles et deux textes en plus de quelques pages de réflexions personnelles et d’argumentations…

Je suis sur le point de finir une autre nouvelle que certains ont déjà lu, dont Ju, qui m’en a fait une critique dont je suis en train de tenir compte… Ça vient, ça vient…

Au plaisir de lire vos commentaires sur celle-ci…

tout Proust

Sunday, October 28th, 2007

Bon j’ai assez cassé du sucre sur qui vous savez (et si vous cliquez, n’oubliez pas d’en revenir). Surtout que j’ai appris entre-temps qu’il était de gauche. Sans rire…

Bon, alors pour rehausser un peu le niveau, je ne m’empêcherai pas de vous filer un petit quiz: qui est l’auteur de ces lignes (légèrement tronquées pour que ce ne soit pas trop facile) et quel est le titre du livre? Si vous ne savez pas répondre mais que vous connaissez le nom de tous les sorciers de Poudlard, allez plonger dans un bain d’acide sulfurique en chantant le cantique des moldus…

-Pourquoi sont-ils si méprisants? (…) Ce n’est pas tellement bien de travailler…
-On leur a dit que c’était bien (…). En général, on trouve ça bien. En fait, personne ne le pense. On le fait par habitude et pour ne pas y penser, justement. (…) Les gens perdent leur temps à vivre, alors, il ne leur en reste plus pour travailler.
-Ce n’est pas plutôt le contraire? (…)
-Non (…) Ce que je veux dire, c’est qu’ils travaillent pour vivre au lieu de travailler à construire des machines qui les feraient vivre sans travailler.
-C’est compliqué (…).
-Non (…). C’est très simple. Ça devrait, bien entendu, venir progressivement. Mais on perd tellement de temps à faire des choses qui s’usent…
-Mais, tu crois qu’ils n’aimeraient pas mieux rester chez eux et embrasser leur femme et aller à la piscine et aux divertissements?
-Non (…). Parce qu’ils n’y pensent pas.
-Mais, est-ce de leur faute si ils croient que c’est bien de travailler?
-Non (…), ce n’est pas leur faute. C’est parce qu’on leur a dit: “le travail, c’est sacré, c’est bien, c’est beau, c’est ce qui compte avant tout, et seuls les travailleurs ont droit à tout.” Seulement on s’arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter.
-Mais alors ils sont bêtes? (…)
-Oui, ils sont bêtes(…).

Un indice? L’auteur est mort d’épuisement… Ironie du sort…

La presse belge devrait être un plaisir…

Sunday, October 28th, 2007

Je m’apprêtais à faire un post sur le Brésil dont les bizarreries et les difficultés ne sont pas toujours évidentes à vivre au quotidien… Et puis, en ouvrant la Libre, je suis tombé sur ses fiches cuisines de philo… J’ai bien ri, et je suis sûr que vous rirez tout autant en lisant notamment ce petit paragraphe consacré à un philosophe intéressant du 3e siècle de l’ère chrétienne (donc un petit 1600 ans avant la république chère à un homme), Plotin:

La philosophie de Plotin est une doctrine de salut, d’ordre mystique. Pour lui, l’origine de toutes choses n’est pas l’Etre mais l’Un, totalité parfaite et surabondante d’où tout procède, à commencer par le Logos et l’Ame. Le Logos, ou Intelligence, est conscience de soi. On pourrait dire d’un autre point de vue que l’Un, parfait, doit forcément se connaître, et que cette connaissance de soi est le Logos. Cette Intelligence englobe les Idées de Platon, ce qui fait qu’elle se découvre à la fois une (il n’y a qu’une seule Intelligence) et multiple (il y a beaucoup d’Idées). Le Logos produit l’Ame universelle, principe actif qui donne vie à tous les êtres.

C’est clair qu’après la lecture de ce genre de réflexion, on va amener le plus grand nombre à l’étude des grands penseurs de la chose…

Ah et puis cette conclusion:

Avec Plotin, la recherche de la sagesse devient une quête du salut de l’âme. Cette théorie influença les Pères de l’Eglise, notamment saint Augustin. On en retrouve des échos dans les mystiques musulmane et chrétienne. Le désintérêt de notre société pour l’âme et l’au-delà nous a rendu la pensée de Plotin un peu étrangère, voire bizarre. Cela va-t-il durer ? Peut-être pas. Après tout, la mort est trop présente dans nos vies pour que l’on puisse toujours occulter ces questions.

Mais visiblement le salut de l’âme en Belgique passe avant la libération des enfants en centre fermé, comme me l’apprennent (était-il besoin) mes amis militants qui poursuivent la lutte aujourd’hui aux abords du camp de la honte (le 127bis à Steenokkerzeel)…

Heureusement, on est sauvé par Le Soir, qui lance un grand sondage:

Le dernier tome de Harry Potter sort cette nuit

* Je l’achète
* Je l’ai lu en anglais
* J’attends le film
* Je lirai le résumé
* Je dois d’abord lire les 6 autres tomes

Il n’y a curieusement pas d’option alternative genre “je m’en carre” ou “je préfère finir tout Proust”…
Deux positions pourtant largement plus intelligentes…
(oui je sais, je vais encore me mettre des mères de familles et des groupies du malingre à lunettes sur le dos; je m’en fous)

À propos, j’ai oublié de vous dire, il y a plusieurs mois que j’ai vu l’épisode avec le gobelet qui pête (traduction libre du “and the goblet of fire”)…

Et je réitère: je ne comprends pas l’intérêt… C’était nul, pas drôle, convenu, sans fond, sans message… Non, je vois pas…

7 petit nègres

Wednesday, October 17th, 2007

C’est l’histoire d’une poignée de salauds qui se retrouvent isolés et qui doivent tenter de survivre jusqu’à la fin de l’histoire…

Le scénario vaut Agatha Christie au niveau du suspense -il y a bien un “assassin”, mais, à la limite, ce n’est pas le plus important: ce qui est intéressant, c’est la manière et c’est la raison.

Comment et pourquoi chacun est éliminé…

Dans ce film de Marcelo Piñeyro, les personnages sont candidats à un poste d’exécutif dans une grosse boîte madrilène. Le piquant de la sauce est rehaussé par les manifestations anti-mondialisation (discrètes, mais jouant un rôle certain dans l’histoire) en bas de l’immeuble hyper-sophistiqué où ont lieu les dernières épreuves de sélection.

Qui va accéder au poste de (Salaud en chef)?

El Método
est un film relevé, subtil, qui ne fond pas (ou si peu) dans la caricature. Chaque candidat est éliminé impitoyablement, plus par les autres que par les psychologues (invisibles?) de l’entreprise, un par un, en commençant par les “moins” salauds…

À la fin de l’histoire, les deux derniers (prévisibles quand même) ont une espèce de petite chance de rédemption… Mais ils se sont montrés crapuleux pendant tout le film… Parviendront-ils à sortir de leur rôle de sales capitalistes libéraux sans scrupules pour sauver la petite chose qui semblait les retenir dans le clan des humains?

Sérieusement, ce film, qui pourrait être une pièce de théâtre ne pèche que par de rares détails (un acteur un peu faible sur la sélection -les autres sont parfaits -et puis son rôle d’hypocrite n’était pas facile du tout, il faut l’avouer).

À voir, pour les mêmes raisons que le Couperet de Costa-Gavras, mais avec ici plus de pertinence dans le sujet traité…

Les bourreaux entre eux, qui appliquent la loi du marché, de la concurrence, ont bien du mal à justifier de leur existence…

lecture facile -mais avec quelque chose dedans

Monday, July 30th, 2007

Comme la maman d’Y et L disait que ça lui plaisait bien de lire du Henry Potier au fond de ses plumes, je voudrais profiter de la tribune que je m’offre en plus de celle que m’offre Un Homme ici pour évoquer mes dernières lectures positives -je veux dire celles qui m’ont franchement emballé et qui, en plus, ont le mérite d’être faciles à lire.

Léo Malet est un auteur libertaire bien connu des amateurs de Tardi. Il a créé le personnage de Burma, détective de choc, qui trimbale sa dégaine essentiellement à Paris, un Paris qui commence pendant la IIe guerre mondiale et se poursuit tout au long des trente glorieuses.

Un Paris donc, où les intrigues apparaissent toutes plus ou moins invraisemblables, pleines de rebondissements étranges que Burma résoud pus grâce à la solidité de son crâne (qu’est-ce qu’il se prend dans la gueule) que celle de ses muscles. Mais c’est le portrait attachant des rencontres de Tardi et les descriptions d’une ville aujourd’hui disparue (le Paris d’avant Pompidou et Chirac) qui retiennent l’attention. Dans le contexte de l’après-guerre, socialement très intéressant (dimension que Simenon lui n’évoquait que de manière plus plate et franchement neutre), Léo Malet raconte la haute et les prol’ avec une égale acuité, ne ménageant aucun, mais visiblement plein de fraternité pour les plus démunis, les plus courageux, les plus débrouillards, même s’ils sont (surtout s’ils sont?) hors-la-loi…

Je viens de m’enfiler coup sur coup “Les eaux troubles de Javel” et “Un croque-mort nommé Nestor”. Le premier fait partie de la série “Les nouveaux Mystères de Paris”, le second est plus général (il se partage entre Paris, Nîmes et Fontainebleau). Le langage mi-crû, mi-latinisant, signe du “flic privé” qui a certes de l’éducation, mais se sent plus à l’aise dans les bars ouvriers que dans les salons des hôtels particuliers, ce langage anticipe -et selon moi vaut largement- Frédéric Dard, apportant une touche sociale que je n’ai pas réussi à distinguer chez San Antonio. Mais je ne suis pas un spécialiste de cette majesté-là, donc je nuance mon propos.

Catzecat (car je t’ai reconnue), si tu t’ennuies au fond de ton lit, prends-toi plutôt un bon Malet, soit chez Robert Laffont, soit de seconde main aux éditions Fleuve noir (ou chez Robert Laffont aussi) :-), ça casse trois pattes à un canard, et c’est de la bonne littérature pas traduite… (j’ai rien contre les traductions a priori, mais c’est quand même généralement mieux en original -même si pas toujours)

Et en plus c’est bien drôle…

la démocratie du travail

Thursday, July 12th, 2007

dans le livre de Wilhelm REICH, Psychologie de masse du fascisme, dont j’ai lu l’an dernier l’édition 1972 de chez Payot (en traduction donc), on trouvera p. 27, une définition intéressante:

“Démocratie du travail. La démocratie du travail n’est pas un système idéologique; elle n’est pas non plus un système “politique” qui pourrait être imposé à la société humaine par la propagande d’un parti, de politiciens ou d’un groupe partageant une idéologie commune. La démocratie naturelle du travail est la somme de toutes les fonctions vitales régies par les relations rationnelles interpersonnelles qui ont pris naissance, qui ont grandi et se sont développées d’une manière naturelle et organique. La nouveauté de la démocratie du travail réside dans le fait qu’une régulation future possible de la société humaine a été dégagée pour la première fois dans l’histoire de la sociologie non pas d’idéologies ou de conditions devant être créées, mais de processus naturels qui ont existé et se sont développés depuis toujours. La “politique” de la démocratie du travail est caractérisée par le fait qu’elle rejette toute sorte de politique et de démagogie. Les masses laborieuses loin d’être affranchies de leur responsabilité sociale en seront au contraire chargées.

La définition se poursuit et je vais la retranscrire tout de suite, mais je désirais faire une pause ici. Les italiques sont de Reich; par contre, c’est moi qui souligne. Pourquoi précisément ces passages? Comme toute définition, elle ne peut exister qu’en son ensemble et il ne saurait être question d’en retirer une partie arbitrairement. Ce n’est pas le but, mais les deux passages soulignés sont remarquables dans leurs intentions particulières.

Le premier mène à l’affirmation que la démocratie du travail est un fait, non une construction; elle s’exerce dans les relations entre travailleurs qui admettent l’égale considération du travail de l’autre. Je ne suis pas trop accroché par le terme “naturel” qui lie ces relations. Selon moi, le terme naturel est assez osé et il ne m’importe pas de savoir si oui ou non une démocratie humaine repose sur une existence naturelle ou non. La guerre comme la paix, l’égalité comme l’inégalité, la dictature comme la démocratie sont des phénomènes humains; qu’ils soient culturels ou naturels, je fais mon choix parmi eux. Si un jour quelqu’un me montrait que la démocratie, la paix et l’égalité sont des choix culturels contraires aux réalités naturelles, je n’en ferais pas moins le choix de ces trois-là contre les trois autres.
Par ailleurs, le côté central du terme “travail” me gène un peu dans cette définition, sans pour autant que me vienne à l’esprit l’envie de contester sa valeur générale. Le travail et les travailleurs étaient logiquement au centre des préoccupations de l’époque de l’écriture de Reich, époque où contester le travail était une hérésie des deux côtés de la guerre froide; et puis Reich est tout de même encore très influencé par la force de frappe marxiste…

Le deuxième passage souligné est, lui, véritablement d’actualité dans sa problématique: si Reich aujourd’hui serait sans doute heureux de constater le progrès de la liberté sexuelle (encore à poursuivre), il ne pourrait qu’admettre que la responsabilité sociale n’est pas plus entre les mains des bases sociales qu’auparavant.
Nous sommes donc encore loin de la démocratie du travail vue par Reich. Ce qui n’empêche pas que son aspiration m’apparaisse légitime et désirable, en effet.

Suite de la définition:

“Les démocrates du travail ne briguent pas des postes de “fürher”. La démocratie du travail développe à bon escient la démocratie formelle caractérisée surtout par l’élection des délégués politiques et n’implique aucune autre responsabilité de la part des électeurs, la démocratie du travail est une démocratie authentique, effective et pratique, conçue sur une base internationale. Cette démocratie repose sur les fonctions de l’amour, du travail et de la connaissance et se développe d’une manière organique. Elle combat le mysticisme et l’idée d’un Etat totalitaire non par une attitude politique, mais par les fonctions vitales pratiques qui obéissent à leurs propres lois. Bref, la démocratie naturelle du travail est une fonction bio-sociologique naturelle et fondamentale qui vient d’être découverte. Elle n’est pas un programme politique.”

En bref, la démocratie du travail envisagée par Reich est la simple application des coopérations qu’il estime naturelles (moi, moins, mais qu’importe). Si ces coopérations ont surtout lieu dans le travail humain, Reich précisera sa pensée au long du livre sur ce qu’il appelle le travail, ou du moins sur le travail digne d’intérêt et porteur de démocratie.
Sera considérée comme travail toute occupation utile ou nécessaire à la vie humaine. En sera donc exclue toute activité neutre ou nuisible à la vie humaine… Mais ceci, c’est presque la conclusion du livre. Entre-temps, Reich passe en revue les techniques utilisées par tout pouvoir autoritaire convaincu de sa légitimité pour conserver sa force. Ces techniques semblent résolument concentrées autour du concept d’économie sexuelle.
L’anxiété, le manque, la frustration, fondés sur les interdits, les codes, la morale, tous plus émotionnellement et irrationnellement marqués, conduisent hommes et femmes vers la soumission apparemment délibérée à l’autorité. Reich montre que l’histoire du fascisme (au sens large, qu’il ne limite pas à ce qu’il connaît directement au cours des années 20 et 30) se nourrit de cette économie sexuelle à contre-sens de la vie.

Je viens encore de voir “Angela’s Ashes” de Alan Parker, qui évoque la répression morale en Irlande dans les années 30′ et 40’… Ça parle directement…

Citations

Monday, July 2nd, 2007

Un aperçu de mes lectures actuelles:

“Confusion is a word we have invented for an order which is not understood.”
Miller, Tropic of Capricorn.

“We are a society of notoriously unhappy people: lonely, anxious, depressed, destructive, dependent-people who are glad when we have killed the time we are trying so hard to save.”
Erich Fromm, To have or to be?

“Si les hommes naissaient libres, ils ne formeraient aucun concept du bien et du mal, aussi longtemps qu’ils seraient libres.”
Baruch Spinoza, L’Éthique (trad. du latin par R. Caillois)

“Alors, je me suis retrouvé soudain comme une sorte de cornichon à contempler l’humanité d’en haut et à me dire qu’on était tous pareillement lotis, réduits à crapahuter comme des malheureux à la surface du globe, et que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’était pas à l’ordre du jour.”
Léo Malet, Casse-pipe à la nation (adaptation Tardi)

Il l’a dit (2e épisode)

Friday, May 18th, 2007

“Nous devons renoncer à vouloir résoudre nos problèmes en tentant de changer les rapports de force ou de créer des machines bureaucratiques plus efficaces.”

Ivan Illich, Appel à la célébration; traduction personnelle d’une traduction…

Mais que veut-il dire par là?
Et puis, êtes-vous d’accord?
en tout, en partie, en rien?

(je dis ça parce que visiblement le sujet de la propriété n’emballe pas grand monde)